
quelque chofe des anciens ; les vaîfleautf n’y font
point en perfpe&ive, & ils ne lèvent point la que-
ftion des biremes, des iriremes & des quadriremes ,
toutes les ta mes paroiflent fortir de la même ligne.
La fécondé marine, quoique fort mutilée, dans
un coin découvre un fite agréable, avec un front
terminé par des montagnes , & quelques bâtimens
mêlés d’arbres qui forment un bon effer.
Les terreins qui fervent de repouflbir * font traités
dans le goût, de ceux qu’emploient quelques-uns de
nos peintres pour produire de femblahles effets.
On conferve dans cette colledion quelques tableaux
en mofaïque, trop mauvais pour qu’on entre
dans aucun détail à leur fujet.
On remarque dans ces peintures en général un
bon caraétere de deflin & de l’expreffion; mais il
paroît que les peintres étoient peu favarts dans l’art
des raccourcis, que leur maniéré de draper confiftoit
en petits plis fouvent confus, &c que rarement, par la
difpofition de leurs étoffes, ils s’attachoient à produire
de grandes maffes , mais qu’ils accufôient toujours
le nud avec auftérité. Ils étoient peu avancés
dans la couleur locale , encore moins dans la magie
du clair-obfcur, qu’ils ont, pour ainfi dire , totalement
ignoré. Ils n’avoient aucune notion, ni de la
perfpettive locale , ni de la perfpective aérienne.
A l’égard de la compolitiori , ils réuffiffoient bien
dans les figures ifolées , qu’ils difpofoient dans le
ftyle de celles des bas-reliefs ou des fïatues, fans
ççnnoîrre cependant l’agencement des grouppes,
aufli prefque tous leurs fujets font-ils rendus avec
froideur. On n’y voit nulle part cet enthoufiafme,
q u i, à l’afpeû de plufieurs peintures modernes ,
remue les pallions & excite dans l’ame des impref-
fions fi vives ; il efl furprenant que, dans des fiecles
où la fculpture avoit été portée à un fi haut dégré
de perfeûion , la peinture n’eût pas marché avec
elle d’un pas égal ; car quoique ces tableaux paroif-
fent être des peintres médiocres de ce tems-Ià , les
principes qu’ils ont fui vis répandent beaucoup de
doutes fur les talens des maîtres de leurs écoles.
Peut-être aufli découvrira-t-on par la fuite des morceaux
plus précieux, qui renverferont cette conjecture.
Il faut convenir qu’on ne peut pas exiger une
grande perfeftion dans les tableaux que nous venons
de décrire , plufieurs ayant été enlevés de defftisles
murs du théâtre & autres lieux publics d’une petite
ville , où l’on n’a dû chercher qu’une décoration
générale ; les autres paroiffent avoir été tirés de
quelques maifons de particuliers, qui n’étoient pas
affcz opulens ou affez curieux pour employer des
artiftes' du premier ordre.
Quant aux matières dont on fe fervoit alors pour
peindre, il paroît, en regardant ces tableaux avec
attention, qu’on y a employé toutes fortes de couleurs
,,comme nous l’avons dit plus haut, & que ces
couleurs font les mêmes dont on fe fert aujourd’hui;
cela paroît détruire l’opinion de quelques modernes,
qui prétendent que les anciens n’ont connu que le
blanc de Milet, le jaune d’Athènes, le rouge de Si-
nôpe, & le fimple noir : on voit à la vérité dans un
paffage de Pline que les peintres de fon tems fe fer-
voient de ces quatre couleurs, mais non pas que ce
fuffent les feules dpnt ils fiffent ufage. Les deffinateurs
qu’on a employés pour les gravures du recueil dont
nous avons parlé, deffinoient avec beaucoup de propreté
, mais ils n’ont rendu que mollement & fans ef-,
prit, les endroits les mieux reffentis des originaux;
quelquefois auffiils ont pris la liberté de corriger les
fautes de perfpeftive qui s’y trouvoient, enforte
qu’il ne'faut pas précifément juger des originaux par
lés figures qu’on en publie. Mais dans le pays où il
y auroit lé plus d’habiles artiftes, il feroit bien difficile
d’exécuter à la rigueur un ouvrage d’une fi yaftç
étendue. ‘
La fculpture efl: bien meilleure dans les relies
iïHcrculanurn , que la peinture; peut-être parce
que cet art étoit plus perfectionné ; peut-être aufli
parce qü’il étoit facile de tranfporter les ftatues, au
lieu que les peintures étoient faites néceffairement
par les artiftes du pays.
On ne fauroit trop regretter le grand nombre de
belles figures, dont on ne trouve que les débris,
la plupart des ftatues de bronze font en partie fondues
, celles de marbre font en morceaux, la chaleur
a détruit les unes, & les autres ont été broyées
parla chute des pierres & des murs: mais les deux
Nonius dont nous avons parlé, font au rang de ce
qu’il y a de mieux dans l’antique, foit à Rome, foit
à Florence; & les autres ftatues, fans être d’une
aufli grande perfection que ces deux premières, ont
prefque toutes des beautés qui les rendent dignes
d’être placées dans la féconde claffe. Au rcfte, on
ne fauroit hazarder une defcription & une critique
bien étendue de ces monumens , n’étant permis à
perfonne d’écrire dans ces cabinets, ce qui fait que
l’on ne peut rapporter que de mémoire les différentes
particularités. (-J-)
Perfonne n’a mieux décrit que M. Gérard Heer-
kens, Hollan. 1770, la maifon où fe font trouvés
les feuls livres qu’on ait encore découverts depuis
qu’on travaille à faire fortir de fes ruines cette ville
enfevelie fous les cendres duVéfuve, depuis près
de dix-fept fiecles, le corps du logis de cette maifon
étoit près du forum : il n’a voit qu’un étage, & il
paroît que les autres maifons d'Hercul'anum n’étoiënt
pas plus élevées. Au milieu du jardin , long de 3 0 0
pieds fur 8b de large, étoit une belle pifcine de 250
piéds de longueur fur 27 de largeur, revêtue de
pierres. :
C ’efl: dàns une chambre de cette maifon qu’on a
trouvé une bibliothèque compofée, au moins, de
mille volumes en rouleaux, placés les uns fur les
autres. L’inondation de la mer qui précéda l’irruption
du Véfuve & les cendres enflammées de la montagne
, ont tellement altéré & calciné ces livres qu’ils
reffemblent à des charbons. Cependant le P. Piaggi,
comme on l’a dit ci-deffus, a trouvé le moyen de développer
ce papier brûlé, qui efl aufli fin que celui
de la Chine, de l’appliquer fur une matière folide, &
d’en tranfcrire l’écriture : il a déjà développé quatre
ouvrages de Philodemus, écrivain grec. Cette bibliothèque
qui étoit autrefois à' 24 pieds au - deffus de
la mer, efl maintenant de plus de 80 pieds au-
deffous, tant le terrein d’Herculanum fut affaiffé par
le tremblement de terre. ( C. )
HERCU LE, ( AJlronomie. ) conftellation boréale ,
appellée auffi ehgonajis , c’en - à - dire , genuflexus ,
ovillus ou mdlûs -, parce qu’il efl couvert d’une peau
de centaure ; Ne(fusy du nom de ce centaure y eer-
nuator-9 claviger, thamyris ou tkracien ; nifus, à eau l e
de la ville de Nifa ; Mélicerta, roi de la Cité., ou Mé-
lica, c’eft le nom d’Hercule le Phénicien ou le Ti-
rien ; Defanes, Defanaus ou Dorfanes, c’étoit le nom,
de Y Hercule des Indiens; Maceris, nom de Y Hercule
des Lybiens ; .fl étoit pere de Sardus qui conduifit
une colonie en Sardaigne ySantus, Sanclus, c’efl le
nom de Y Hercule romain; Almannus c’étoit le nom
de Y Hercule germain ou celtique.;Xyc<zo«, roi d’Arcadie
, que Jupiter changea ère loup ; Ixion, Prométhée ,
Orphée, Thefée, Palemon, &c\ car cette conflellation
a porté autant de-noms ep\ Hercule lui-même ; on fait
afl’ez combien il y a de differtations parmi les érudits,
fur le tems, la patrie & les.travaux d'Hercule: mais
on attribue communément cette conflellation àHcr-
0«/«leThébain, fils d’Amphitrion & d’Alcmène, qui
vivoit,quelques années avant le fiege de T rq y e , & fut
du voyage des Argonautes: il e'fl repréfenpï communément
dan$ l’attitude d’un combattant, vin genou
en terre, tenant d’une main fa maflue, & de Eamté
la peau du lion de la forêt de Némée , qu’il préfente
comme un bouclier; on lui met aufli dans la main le
rameau qu’il arracha dans fa defeente aux enfers,
pour délivrer Théfée & un ferpent fous le nom de
Cerbere, Mais d’autres difent que cette- figure d’un
homme à genou efl celle de Théfée , qui leve avec
effort la pierre fous laquelle fon pere avoit caché
fon épée. Quoi qu’il en foit, cette conftellation renferme
113 étoiles dans le catalogue britannique
de Flamfleed ; la plus remarquable défignée par la
lettre a. efl fituée fur la tête d’Hercule. Elle efl de
fécondé 8c de troifieme grandeur. Son afeenfion
étoit en 1750 de 25^ 48' 46^; & fa déclinaifon
boréale I4d 41'46^ fuivant le Catalogue de M. de
la Caille. ( M. d e l a L a n d e . )
HERDALIÉ, HÆRIEDDLEN, ( Géogr. ) province
du royaume de Suède dans le Nordland aux
confins du Jemptland & de la Norwege , détachée
de ce dernier royaume en 1545 à la paix de Bremfer
bro , & ne formant qu’une feule jurifdiélion avec le
Jemptland. On lui donne 18 milles de longueur, &
7 à 8 de largeur. Elle efl pleine de montagnes & de;
forets, & ne cultive que très7peu de grains; mais
fes pâturages forit excellens, & lui font entretenir
beaucoup de bétail. Elle a des lacs & des ruiffeaux
poiffonneux, & quelques mines de cuivre. L’on ne
trouve aucune ville dans fon enceinte. ( D. G. )
HERDICKE, ( Géogr. ) petite ville d’Allemagne ,
dans la Weflphalie, & dans le comté de la Marche,
au bailliage de Wetter, fur la Ruhr. Elle n’exifle à
titre de ville que dès l’an 1738. Les réformés, les
luthériens & les catholiques y ont chacuns leuréglife ;
& il y a une abbaye de filles nobles, où celles de la
première & de la derniere de ces communions font
.également reçues. ( D . G. )
HERISSON, f. m. ( terme de Blafon. ) petit animal
qui a la tête, .le dos & les flancs couverts d’aiguillons
ou de pointes affez femblables aux épines.
Il paroît dans l’ecu marchant, & différé du porc-
épic , en ce que ce dernier efl plus haut fur fes
jambes & en ce qu’il a fes piquans beaucoup plus
longs.
Le herijfon a la faculté de fe mettre en boule, ce
cpi’il fait quand il ne peut fe fauver à la cqurfe; alors
il paroît, comme une châtaigne, armé de fes piquans,
& fes ennemis ne peuvent l ’attaquer.
Il efl l’hiéroglyphe de la prudence.
Heriey de Montbray , de Fierville, en Normandie
; d'argent à trois kérijfons defable. ( G. D . L. T.)
HERMANMIESTECZ, {Géogr.) ville de Bohême
, dans lé cercle de Czaflau : elle appartient à des
comtes de Spork, & elle efl en afîez mauvais état.
{ D .G . )
§ HERMAPHRODITE, f. & adj. {Anat. ) On a
cru de tout tems aux hermaphrodites. Les premiers
hommes etoient bergers ; ils avoient vu des moutons
& des boucs, qui avec la marque effentielle du fexe
viril, ont affez fouvent une fente affez reffemblante
à l’organe de la femeüe. Des hommes , comme nous
allons voir, ont paru d,e tems en tems en réunir les
deux fexes de plufieurs maniérés : on a cru remarquer
qu’ils font plus communs dans les pays
chauds.
Les fiecles de la crédulité ont été nombreux ; celui
de la critique efl venu à la fin: mais à force de
fables la vérité avoit.perdu fon crédit, parce qu’elle
leur reffembloit ; on a nié qu’il y eût des hermaphro-
dites.Guy Patin, qui ne croyoit guere qu’à la faignée
, v r0P de rofes pâles, fut le premier à nier 1 exmence de ces hommes ambigus. On a penfé de
même de nos jours.
Ne croyons qu’à la vérité, mais croyons y :,' ne
donftonS ni dans un fcepticifme injuflé, hï dans une
crédulité imbécillev
Il n’eft pas doutelix qu’il n’y ait de nombreux
genres d’animaux naturellement hermaphrodites ; une
grande partie des coquillages efl de ce nombre.
Dans la claffe des infetles & des poiflons, dont
les ovaires ou les vaiffeaux féminaux font doubles,
il n efl pas rare de trouver des hermaphro dit es acci*
dentels, dont le côté droit, par exemple , efl m âle,
&dont le côté gauche efl femelle. On a vu cette variété
dans des anguilles, des carpes, des homars ,des
écrevifles, & on a cru l’avoir vue dans des papillons.
Mais la chofe efl plus difficile à admettre dans les
animaux ^ qui n’ont qu’un feul organe extérieur,
placé dans le milieu, & qui décide du (exe. On comprend,
fans que nous entrions dans un grand détail,
que dans la claffe précédente les parties génitales
gauches ne gênent point les droites ; & que chacune
d’elles attachée naturellement à fon côté, ne prend
rien fur l’autre. Mais dans les quadrupèdes analogues
à l’homme , l’organe extérieur du fexe mâle occupe
une place qui exclut l’organe femelle.
On a vu cependant des perfonnes dont il n’étoic
pas aifé de déterminer le fexe. Un nombre affei
grand de femmes riaiffent avec l’organe analogue du
mâle, porté à une grandeur extraordinaire : il y en
a d’autres où des turpitudes fecretes ont augmenté
le volume d’une partie qui naturellement ne fe préfente
pas à la vue.-C’efl peut-être des hermaphrodites
prétendus de cette efpece qui fe trouvent plus ordinairement
dans les pays chauds : une opération chi-
rurgique, adoptée par la religion en Egypte & ert
Abiffinie, rend cette conjecture affez probable.
C ’efl à cette claffe qu’on a rapporté entr’au très
Marie-Anne Drouart : nous ne fommes cependant
pas décidés de fon fexe , & on ne pourra l’être que
lorfqu’une diffeClion exaâe aura donné des lumières
fuffifantes fur fon.utérus & fur fon vac<in.
Mais fi cet exemple peut être conteflé, il y en a
bien d’autres recueillis par des auteurs dignes de fo i,
où certainement le clitoris feul .en a impdfé, & a
fait paffer pour mâles de véritables filles.
Mais il y a une autre claffe de perfonnes beau*
coup plus nombreufe qui font véritablement hommes,
& dont Puretre s’ouvre dans le périné. Cette
fente tendre , rouge & un peu épanouie, porte une
reffemblancé affez complette dé l’autre fexe. C’efl
cette claffe qui efl affez commune parmi les béliers *
pour être connue aux bergers & aux gens de la campagne
: le genre des boucs fi voifin des béliers . of-
froit fréquemment cette variété dès le tems d’Ariffote.
Dans ces animaux & dans les hommes qui leur ref*
femblent, l’organe du fexe mâle efl fans canal & fans
ouverture ; l’uretre efl très-courte, & s’ouvre par
un petit canal à la bafe du pénis. Mais ce qui rend
les béliers flériles encore plus analogues à leurs femelles,
c’efl la réunion des canaux féminaux qui
forme un' conduit beaucoup plus large qu’il nrefî
dans l’animal bien formé, & qui peut être pris pour
un vagin, dont il tient la place. Ce faux vagin s’ouvre
dans Puretre. C’efl, fuivant les apparences, le
même vagin qu’on a découvert dans la prétendue
Marie-Anne Prouart, qui s’ouvroit dans l’uretre, &&
par lequel la liqueur féminale s’y verfe.
Gn a de nombreux exemples ‘de cette efpece
d hommes, & Kaauw Boerhaave en a décrit quatre
dans les Mémoires de Petersbourg. Le fexe devient
encore plus ambigu, quand leurs tefticules ne pa-
roiflènt pas.j’ & qui dans les boucs fe font trouvés
dans le bas-ventre.
Mais n’y a-t-il pas de véritables hermaphrodites?
Nous entendons par cette expreffion les perfonnes
qui réunifient le pénis, les tefticules & les véficules
féminales, avec le. vagin, lutérüs & les ovaires.