8 x4 LUN
pouvoit imiter cette perfe&ion de la nature , en
combinant divers milieux dans les Lunettes , & il
calcula les courbures des verres entre lefquels il
falloit mettre de l’eau pour raffembler les rayons de
diverfes couleurs à un même foyer ; mais les verres
qu’on exécuta , d’après fon mémoire , n’eurent pas
le fuccès qu’il en avoir efpéré.
M. Jean Dollond, célébré opticien de Londres,
chercha, en 1753, à corriger cette différente réfrangibilité
, en combinant enfemble plulîeurs verres de
différentes courbures, Philof.tranf.ujô$ , p. 103 ;
mais les effais n’eurcnt encore que peu de fuccès ,
en comparaifon de ce que l’on fit bientôt après.
M. Euler avoit employé des loix de réfraftion
purement hypothétiques qui auroient dû être fixées
fur l’expérience : M. Dollohd y fubftitua celles que
Newton avoit données , mais elles lui donnèrent
des réfultats dont on ne pouvoit rien efpérer, Mém.
acad. de Paris, ] j5 6 , p. 382. M. Euler, dans les
Mém. de Berlin pour 1753 , répondit à M. Dollond,
ôc entreprit de prouver que la proportion employée
par Newton , n’étoit point prouvée dans fon optique
; qu’elle ne pouvoit avoir lieu dans la nature,
Ôc qu’elle renfermoit des contradiôions manifeftes.
M. Klingenftierna, mathématicien fuédois, fut
celui qui eut la gloire de faire revenir M. Dollond
de fon préjugé pour la loi newtonienne de réfraction
, & il fit remettre, en 1757 , à M. Dollond une
lettre, dans laquelle il faifoit des raifonnemens fort
naturels, pour prouver que cette/ loi n’étoit pas
d’accord avec la nature des chofes , Mém. acad. de
Paris, \j$y ,p. 624. On a fait des obje&ions contre
ces raifonnemens ; cependant M. Dollond ouvrit
enfin les yeux, Ôc commença à faire des expériences ;
c’étoit le feul moyen de lever les doutes. Il reconnut
que Newton s’étoit réellement trompé, & le 8
juin 1758 , il envoya à la fociété de Londres un mémoire
, dans lequel il annonce une expérience importante
& contraire à celle de Newton; favoir,
qu’en détruifant .la réfraûion d’un rayon par une
réfra&ion contraire d’un milieu différent , on ne
détruifoit pas les couleurs, Ôc qu’en détruifant les
couleurs, il reftoit une réfra&ion moyenne. Il fe
fervit de deux fortes de verres qu’on emploie en
Angleterre } flint-glaffd>c crown-glaffÔc il trouva que
les difperfions des rayons colorés y étoient comme
trois à deux fous le même angle d’incidence , Tranf.
philof. i j 5S , p. 740. Il partit de ce principe pour
faire des lunettes plus parfaites que tout ce qu’on
avoit eu jufqu’alors..
M. Clairaut entreprit, en 176 1 , de rechercher
par l’analyfe les courbures qui étoient les plus propres
à corriger la différente réfrangibilité , & il en
donna les formules qui font imprimées dans le volume
de l’académie de Paris pour 1756 , qui fe pu-
blioit en 1761. Dans le volume fuivant, il donna le
développement de fes formules ; enfin il donna, en
1764 , dans le volume pour 1662 , un troifieme
mémoire qui contenoit une application détaillée de
fes formules. Il trouva, par exemple, qu’en fuppo-
fant l’obje&if compofé d’un ménifque de cryftal
d’Angleterre en-dedans de la lunette , 6c d’une lentille
de verre commun placée au-dehors , on avoit
les rayons des quatre furfaces , en divifant la longueur
focale par 1 ,0 3 4 ; 5 ,6 3 3 ; 5 ■» 555 , ôc 1 ,
m : la première ou la furface extérieure ayant un
rayon pofitif, 8c les autres un rayon négatif ou
placé au-dehors de la lunette , la convexité étant
tournée en-dedans , Mém. de Paris, //6/, p. <013.
M. Anthéaulme adopta ce fyflême d’objectifs pour
une lunette de 7 pieds qu’il exécuta lui-même , &
qui fe trouva équivalente à une lunette ordinaire de
30 ou 35 pieds. Cette lunette eft actuellement entre
LUN
les mains de M. Pingré , qui la regarde comme une
des meilleures que l’on ait faites.
M.-Clairaut examina aufii les dimenfions des lunettes
dont l’objeétif feroit triple , 8c il donna plu-
fieurs combinaifons que M. de l’Etang exécuta , 8c
qui réuffirent très-bien.
Il rechercha les formules d’aberration pour des
objectifs à trois lentilles, dont la première 8c la dernière
font pareilles 8c fymmétriquement placées par
rapport à la lentille intérieure que l’on fuppofe ifo-
celle. Voici deux fyftêmes de courbures par lefquels
M. Clairaut terminoit fon mémoire. Dans le premier
fyflême, chacune des deux lentilles extérieures, a
pour ràyon de fes deux convexités ttzÎÎ du foyer
pour les furfaces extérieures , 8c pour celles
qui font en-dedans de l’objeétif, la lentille intérieure
biconcave de flint-glaff a o , 45 du même foyer
total.
Dans la fécondé conftruCtion, les lentilles extérieures
ont chacune leur furface de dehors décrites
du rayon jrtff-, 8c leurs furfaces du dedans
la lentille intérieure biconcave étant toujours d’un
rayon 0 , 4 5 , comme dans la précédente.
Tandis que M. Clairaut s’occupoit, en 1764, de
ces recherches, M. Dollond cherchoit à perfectionner
en Angleterre ces lunettes à trois objeftifs. Le
7 février 1765 , la fociété royale de Londres fut
avertie par M. Short,, que M. Dollond le fils étoit
parvenu à faire une lunette achromatique de 3 pieds
ôc demi de foyer feulement, qui portoit 3 pouces
& demi d’ouverture, 6c qui groflifloit 170 fois le,
diamètre des objets, fans être fujet aux iris ni à la
confufion ; l’objedif étoit compofé de deux lentilles
convexes de crown-glaff 8c d’un verre concave de
flint-glaff: on en.eut bientôt à Paris ,, 8c j’ai donné
les dimenfions de la première au mot A c h r o m a t i q
u e ; je vais ajouter ici les dimenfions d’une autre
que j’ai actuellement, ôc qui eft encore meilleure ; le
foyer eft de 43 pouces 5 lignes ; elle a 40 lignes d’ouverture
; les fix rayons de courbure , à commencer
par celui de la furface qui eft tourné vers l’objet
où au dehors du tiibe, font 315 lignes, 400, 238 ,
290, 316 & 316 : il y a toujours'une des lentilles de
crown-glaff qui eft ifocelle, 6c dont le rayon eft environ
| de la longueur focale.
M. d’Alembert,, vers le même tems, donna aufli
une théorie des lunettes achromatiques ; fes recherches
ont paru d’abord dans le tome I I I de fes Opùf-
cules, publié en 1764 , enfuite dans le tome IV qui
a paru en 1 7 6 8 ,6c dans les Mémoires de /’académie
de Paris pour 1764 6c 1765. Dans ce dernier écrit,
il propofe fur-tout des vues pour la perfection des
oculaires 6c pour la maniéré la plus avantageufe de
les combiner avec les objeCtifs. Nous en avons donné
un extrait dans ce Suppl, au mot A c h r o m a t i q u e .
M. Euler , qui a donné trois volumes i/z-40. fu r .
la dioptrique , a traité aufli la partie des lunettes
achromatiques, quoiqu’il faffe peu de cas de l’ufage
des deux fubftances pour les limettes.
Enfin le P. Bofcovich a donné d’abord cinq w a
tâtions qui font dans les Mem. de Üinfuut de Bologne,
& réimprimées à Vienne. Il a donné aufli, en 1 7 7 1 ,'
un petit ouvrage élémentaire, très-bien fait, imprimé
à Milan, & qui a pour titre, Memorie fulli
çannocçhiali diottrici : il infifte fur-tout dans cet ouvrage
fur la néceflité de faire dés oculaires achromatiques.
Cela feul firffit fouvent pour ôter les
couleurs fenfibles à l’oe il, même dans les lunettes
qui n’ont qu’un objeCtif Ample 6c ordinaire. Parmi
les réfultats qu’il y donne, en voici un des plus
Amples ; on peut unir une lentille biconvexe ifocelle
de verre commun, avec un verre biconcave 6c ifocelle
de flint, en faifant leurs rayons de fphéricité
comme deux eft à trois ; 6c fl l’on emploie le ftrafs
L UN
qui difperfe* encore davantage, les rayons devront
être comme deux eft à quatre.
Si l’on veut que les furfaces internes fe touchent,
6c que le verre concave foit ifocelle , il faut faire le
rayon de l’autre convexité la moitié de celui des
irois furfaces qui ont la même courbure.
Dans les Dijfertations du même auteur, on voit
que deux fubftances différentes, comme le crown-
glaff 6c le flint-glaff, ne fufiifenr pas pour réunir ,
même fenfiblement, toutes les couleurs , il en fau-
droit au moins trois. Il donne les formules néceffaires
pour les fphéricités de trois lentilles de fubftances
différentes ; mais on n’a pas encore trouvé des
fubftances qui aient les trois dégrés de difperflon
néceffaires.
On s’occupe depuis long-tems en France à faire
au moins du flint-glaff, dont la matière foit bien homogène
6c exempte de ftriès, de bouillons , de filandres,
qui dérangent la réfraélion 6c qui défigurent
les objets. L’académie a propofé inutilement un prix
à ce fujet ; M. Macquer, célébré chymifte, M. Roux,
chargé des expériences de la manufacture royale des
glaces , 6c plufieurs autres, s’en font occupés fans
fuccès ; il faudroit une verrerie en grand oii l’on
employât, comme en Angleterre , un tiers de minium
pour la compofition du verre , afin que , fur
la grande quantité de verres qu’on y fabriqueroit,
il y eût au moins quelques morceaux parfaits. Il
arrive fouvent à Londres que, fur cent livres pefant
de cette efpece de verre, on trouve à peine d'e quoi
faire un grand objectif: c’eft un inconvénient auquel
il faut efpprer qu’on remédiera tôt ou tard. La théorie
ni la pratique des lunettes achromatiques ne font
pas encore au degré de perfection que nous avons
lieu d’entrevoir ; -c’eft ce" qui fait que nous ne nous
fommes pas fort étendus fur cet article : d’ailleurs ,
les démonftrations font trop longues 6c trop compliquées
pour pouvoir entrer dans cet ouvrage. M.
A lu t, qui eft à la tête d’une belle manufacture de
glaces à Rouelles, à quatre lieues de Langres 6c dix
de Dijon , m’a promis de s’occuper bientôt à faire
du flint-glaff, 6c j’ai lieu d’efpérer qu’il y réuffira.
( M. d e l a L a n d e . )
L u n e t t e d'épreuve , ( Aflron. ) eft une lunette
bien centrée., qui porte deux carres aux extrémités
de fon tube, 6c qui fert à vérifier divers inftrumens;
cette lunette d’épreuve (fig- 42 , pl. d'Afron. dans ce
Suppl. ) , peut s’appeller aufli lunette centrée , lunette
contre-pointée ; les taffeaux carrés C ôc D doivent
être exactement égaux 6c rectangles avec leurs faces
oppofées parallèles 6c bien dreffées ; l’objectif doit
être fi bien centré, que la ligne A B paffant par la
croifée des fils, réponde au même point, lorfqu’on
place la lunette fur chacune de fes deux faces à volonté
: ceux qui font les inftrumens d’aftronomie ,
ont befoin de cette lunette d’épreuve, pour rendre
la lunette d’un quart de cercle parallèle au plan.
Voye{ PARALLELISME. ( M. DE LA LANDE. )
LUNNA, ( Géogr. anc.) Ce lieu eft marqué dans
l ’Itinéraire cî’Antonin, entre Ajfa Paulini ( Anfe ) 6c
Matijco (Mâcon), en indiquant la diftance à 15 mille
pas ou dix-lieues Gauloifes. La Table Théodofienne
l’appelle Ludna. M. d’Anville dans fes Eclairciffemens
Géographiques, publiés i/z-/2 en 1741, indiquoit Lunna
à Belleville ; mais il reconnoît dans fa Notice de la
Gaule,pag. 426", que Belleville eft trop près d’Anfe
ôc trop loin de Mâcon pour répondre à l’égalité dè
diftance que marque ritinéraire, 6c il croit que cette
égalité fe ü Ouveroit mieux vers les limités communes
du Maconois 6c du Beaujolois. Simter dit que
c’eft Cluni, ôc qu’il faut peut-être lire dans l’Itinéraire
Cluriia. ( C. )
# § L’UN-SUR-L’AUTRE, ( terme de Blafon. ) fe
dit de trois, quatre, ou d’un plus grand nombre
L UX 8 1 5
^ô i,'onf > léopards, lévriers ou d’autres g S # H |
polés l’un au-deffus de l’autre, l'o y ez p l. y i
Blrfon , Dicl. reif. des Sciences. L o r f q u ’ iV ii’ y
a que de
tion ord:
- . -------quil n’y
que deux animaux l'un fur l'autre, c’eft leur pofi-
Les pièces de longueur , comme fléchés, piques
6C autres, pofées horizontalement, font dites en faces.
De Monlaulnin de Montai en Dauphiné ; de
gueules a trois léopards d'or, l'un fur l'autre.
De Chanàleilles de la Saumès, du Villar en Viva-
rais ,d or a trois Lévriers de fable , accolés d'argent,
courans l'un fur l'autre. (G . D . L. T .)
LURE, ( Géogr. eccléf. ) en Latin Lutkra, Ludera ,
appellee par les Allemands Ludders, fameufe abbaye
de Bénédictins, en Comté , diocèfede Befançon, à
trois lieues de Luxeuil : elle fut fondée par S. Dei-
cole ou Die l, difciple de S. Colomban, vers 611
u>us le régné de Clotaire I I , roi de France ôc de
Bourgogne. Ce monaftere fut pillé par les Huns, fous
Attila, Ôç^rétabli enfuite Hugiies., comte d’Alface,
qui s ^ confiera à la vie monaftique, avec deux
de fes fils. L abbe avoit rang autrefois entre les princes
de 1 empire. Cette abbaye oii il faut faire preuve
de noblefle, a été réunie à celle de Murbach en
Allace. Lure eft chef-lieu d’un diftriét de fon nom ,
du bailliage de Vefoul, à dix lieues de Befançon, 6c
cinq^ de Betfort. ( C. )
LUTE V A , Forum Vîronis , ( Géogr. anc. ), Pline
fait mention dans la Narbonnoife de Luteva, fous le
nom de Lutevani. On lit dans la Table Théodofienne ,
Loteva. Selon la Notice des Provinces de la Gaule, Civi-
tas Lutevenfium eft une de celles de la Narbonoife
première.
Entre les fouferiptions du concile d’Agde de l’an
506, on trouve Maternus, epifeopus Lutevenfii; 6c du
concile de Narbonne en ^89, Agrippinus de Civitate
Loteva : c’eft Lodeve , ville épifcopale du Languedoc.
D’Anv. Not. Gaul. pag. 4.2<). (C.)
LUTH, [Luth. ) Les habitans du Congo ont une
efpece affez fmguliere de luth. Le corps 6c le manche
de cet infiniment reffemblent à ceux du nôtre
mais le ventre , c’eft-à-dire l’endroit oii eft la rofe
dans un luth, eft d’une peau fort mince ; cè qui figni-
fie probablement que la table de cet inftrument eft
de peau au lieu de bois. Les cordes font des poils de
la queue d’un éléphant; on choifit les plus beaux &
les plus forts, ou bien ces cordes font des fils de palmiers:
elles régnent d’un bout de l’inftrument à l’autre,
6c tiennent à plufieurs anneaux en différens endroits
de l’inftrument, les uns plus haut, les autres
plus bas. A ces anneaux font lufpendues de petites
plaques de fer 6c d’argent de différentes grandeurs
6c de différéns tons. En pinçant les cordes, on remue
les anneaux qui font mouvoir aufli les plaques, 6c
le tout forme une harmonie confufe, ou plutôt, un
bfuit qu’on prétend n’être pas défagréable. On ajoute
encore .qu’en pinçant les cordes de cet inftrument
comme nous pinçons1 celles de la harpe, le muficien
exprime fes penféés aufli clairement que s’il parloit.
(E .D .C . ) .
LUTHIER, f. m. ( Arts méch.Inflr. de Mufique.')
ouvrier qui fait des violons, violoncelles , 6cautres
inftrumens femblables. Ce nom qui Lignifie facteurs
de luths ,-eft demeuré par fynecdoque à cette forte
d’ouvriers, parce qu’autrefois le luth étoit l’inftrument
le plus commun 6c dont il fe faifoit le plus
■
• LU X , L u c u s , L v s c i v m , (Géôgr.) bourg de
Bourgogne dans le Dijonois, à quatre lieues 6c demie
de Dijon, deux d’Is-fur-Tille, deux de Befe. Ce lieu
eft ancien, 6c paroît tirer fon nom d’un bois lacré du
tems des Druides ou des Romains.
Guy de Til-Châtel le prit en fief en 1186 du duc
Hugues III, il a été poffédé par les feigneurs de