Si on la diflbut clans de l’eau très-pcfante, elle tombe
& entraîne avec elle un fédiment. Mêlée avec du
fable | elle* eft très propre à clarifia• le vin. Quand
on In met ttans lest anneaux, elle fie fond, 61 forme
fur Is‘ fupei‘ticie du 'rin une peau qui venant à le précipitctr,
entraîne avec elle toutes les parties grolliere
s , 6c elari fie la \lqueur.
Oi1 l'emploie emDore à donner du luftre aux rubans
de fcfie, à bhinchir les gazes, à contrefaire,
dit-on , les perles ünés, à éclaircir 1<ï çafé, H’c.
Pcnvr fe lervir cle la colle de poij(fon, à d’autres
ufagtîS m'*i cia ri lier des liqueurs pota b les, il faut la
bien barritî , 6c la taire amollir pendant quelques
jours; dans du vinaig;re. On y ajoute enfuite de l’eau
comiruine, 6c on la fait bien bouillit■ ; fi l ’on y mêle
un pisu de chaux d\hain, cette colle fera plus forte.
Il fai;ic remuer 6c nilêler bien le tout enfemble, 6c
s’en (ervirle plus chaudement qu’il iera poflible.
Il e(l bon de la palier dans un linge, quand elle a
bouilli un demi-quarc-d'heure.
D’autres font tremper la colle durant une nuit,
dans de l'eau nette, un demi-l'etier d’eau pour quatre
onces de colle ; puis la coupent en petits morceaux,
la font bouillir dans d'autre eau pendant un demi-
quart-d’heure, en remuant bien tandis qu’elle bout ;
enfuite ils la patient dans un linge, laifl'ent repofer
la liqueur, 8c l’écument. On remet l’écume avec le
marc, pour les faire bouillir avec un'peu d’eau : ce
qui donne une colle plus claire.
On fait un vernis, en mettant tremper la colle
dans de l’eau-de-vie, au lieu d’eau commune : elle en
eft bien plus belle.
Il n’y a guere de drogue qui colle mieux la porcelaine
ôc la faïance, que la colle de poiJJ'on, détrempée
dans de l’eau-de-vie ou dans de l’efprit-de-vin. (+ )
I D
IDÉAL, adj. ( Beaux-Arts.) B e a u Idéal. Idéal
dans l’ufage commun fignifie une chofe qui n’a point
de réalité , & qui n’exille que dans l’imagination ou
dans l’opinion. Mais lorfqu’il s’agit des beaux-arts,
cette expreflion, loin d’être prife en mauvaife part,
. défigne fouvent le. plus haut point de perfection auquel
ils puiflent atteindre. C’eft à la peinture & à la
Iculpture qu’elle s’applique particuliérement, quoiqu’elle
ne l’oit pas plus étrangère à la poélie & à la
mufique , comme nous aurons occafion de le voir
par la fuite. Commençons par la peinture, parce que
tout ce que nous aurons à dire à ce fujet n’aura pas
un rapport moins immédiat à la fculpture 8c même
à l’architeCture.
La peinture ne connoît que deux genres bien di-
flinfts, le genre imitatif, 8c le genre idéal; ce qui renferme
trois objets différens: imitation exaCte de la
nature, genre vulgaire 8c borné qui ne .confifte
proprement qu’à copier ce qu’on a fous les yeux ;
choix de la belle nature , ce qui demande déjà du
goût 8c de l’élévation ; recherche de la beauté abftraite
& idéale , ce qui exige plus que du talent, &
qui eft vraiment l’ouvrage du génie. De ces trois
opérations de l’art, deux appartiennent au genre
imitatif, une feulement au genre idéal.
Nulle perfonne un peu initiée dans les beaux-arts
qui croie avec le peuple que le choix de la belle
nature fuifife aux peintres ou aux ftatuaires pour
donner naiffance à un modèle de beauté, tel que
Y Apollon du Belvedere, la Vénus de Médicis, la
Madonna délia Seggiola , ou la Magdelaine de Parme.
Lorfque Zeuxis raffembla les plus belles filles de
Crotone pour copier les beautés particulières 8c
locales que chacune d’elles poffédoit éminemment,
il ne voulut faire que de fimples études, ôc ce fut fans
doute par le fecours de l’abftraCtion qu’il parvint à
peindre une figure parfaite. Mais par quel moyen Par-
tifte s’élcve-t-il à ce concept admirable qui furpafle en
quelque forte le créateur, linon dans fes vues, du
moins dans fes oeuvres ? C’eft fur cette queftion em-
barrallante que les métaphyficiens fe font affez infruc-
tufiufemént exercés depuis plus de vingt fiecles. Obligé
de me renfermer dans d’étroites limites, je me
contenterai de choifir parmi leurs opinions celles qui
portent du moins quelque caraCtere de vraifemblan-
ce. Je ne dirai donc pas avec Platon que notre ame
émanée de la divinité renferme en elle-même les
idées originaires, les modèles de toutes chofes, modèles
parfaits auxquels elle rapporte fans cefl’c les
images informes que nos fens lui tranfmettent. Je ne
m arrêterai pas davantage à la théorie non moins ab-
ftraite de quelques modernes qui, regardant l’idée
de la perfection comme déterminée 6c abfolue, veulent
que cette idée foit 6c le principe de nos travaux
6c la fource de nos plaifirs ; j’aime mieux tranf-
mettre au public quelques réflexions très-ingénieu-
fes, dont M. Mengs, premier peintre du roi d’Ef-
pagne,ou plutôt, le premier des peintres de notre
âge, a bien voulu me faire part.
Je m’étois trouvé avec lui au milieu des chefs-
d’oeuvre dont l’Italie abonde, 6c j’avois remarqué
plufieurs fois l’admiration profonde qu’excitoient
en lui les tableaux de Raphaël ; je m’apperçus que
plus on étoit favant dans l’art de la peinture , plus
on découvroit de beautés particulières dans les ouvrages
de ce grand maître , ou pour mieux dire ,
plus on y reconnoifloit la véritable beauté, la beauté
idéale, fi fupérieure à toute beauté d’imitation. Je vou-
lois former mon goût 6c mon jugement, 6c je cher-
chois des échelons pour élever ma penfée au niveau
de la fienne: notre converfàtion tomba bientôt fur
le beau idéal; il ne fallut que peu de mots pour me
convaincre que tout ce qui rappelloit des idées trop
inviduelles de tel ou tel objet, reflerroit l’imagination
6c faifoit plutôt un portrait qu’un tableau. Si la
Galatée , fl la Pfychè de la Farnefint reflembloient,
me difoit-il, aux aCtrices que vous avez vues hier à
l’opéra ; fi vous reconnoiffîez dans les chevaux de
Marc-Aurele, de Balbus 6c de Nonnius, ceux qu’on
exerçoit ce matin dans la place publique, auriez-
vous éprouvé la fenfation vive 6c profonde que ces
chefs-d’oeuvre ont excitée en vous ? J’avouai fans
peine que le plaifir qu’ils m’avoient caufé tenoit à
je ne fais quelle abftraCtion dont je ûe pouvois me
rendre compte ; j ’avois peine à concevoir fur-tout
comment les anciens, 6c Raphaël leur r ival, avoient
pu trouver ces modèles parfaits dont ils nous retra-
çoient l’image. Alors M. Mengs continua, 6c me demanda
fi les idées que nous avions des chofes en général
n’étoient pas des idées abftraites ? fi: lorfque
nous nous rappelions celle d’un homme, celle d’un
cheval, nous avons tel homme en particuliër,
tel cheval préfent à notre imagination ? Il femble au
contraire , ajouta-t-il, que- nous ayons rejetté' de
notre mémoire tout ce qui eft particulier à telle nation
, à telle claffe d’hommes, à tel objet ifolé. Or,
c’eft cette idée abftraite que l’artifte doit confulter
plutôt qu’aucun fouvenir individuel1; c’eft elle qu’il
doit s’efforcer d’exprimer ou fur'la toile ou fur le
marbre. Rubens, Vandyck, Paul Veronefe avoient
fans doute des parens, des amis, des domeftiques
même qui reflembloient aux héros dont leurs tableaux
offroient l’image ; mais jamais Raphaël n’a-
voit vu de têtes femblables à celles de la fainte famille
qui eft à Verfailles : c’eft l’idée abftraite 6c générale
d’une belle femme', d’un bel enfant qu’il
conçut dans fa tê te , 6c qu’il traduifit, pour ainfi dire,
avec fa palette 8c fon pinceau. Si l’on1 veut donc atteindre
au beau idéal, ce ne font pas les chofes qu’il
faut copier, mais les idées des chofes qu’il faut exprimer.
Cette maxime renfermant tout le fyftôme de
M. Mengs, il fuflït de l’énoncer pour faire connoître
line théorie que chacun pourra admettre ou rejetter
à fon gré ; c’eft aux gens de l’art à juger fi cette
idée abftraite peut jamais être affez vive, aflcz déterminée
pour qu’il foit poflible au peintre de la
tranfporter de fon imagination fur la toile, 6c fi
dans cette ré production il n’entre pas toujours une
cfpece de tâtonnement, une forte d’inftinCt de la
main 6c du crayon qui fait le complément du premier
concept, à mefure qu’il fe réalife. Un peintre
télebre, je crois que c’eft Carie Maratte, retouchoit
fans ceffe nne tête que tous fes amis trouvoient parfaitement
belle. Quel défaut pouvez-vous donc encore
y trouver, lui difoit-on? Celui de ne pas ref-
fembler. - Et à quoi ? - A celle qui eft là , répliqua-t-
il , en mettant la main fur fon front. Ce trait paroît
confirmer l’opinion de M. Mengs ; mais lorfque
Carie Maratte s’exprimoit ainfi, n’étoir-cc pas feulement
une maniéré ingénieufe de faire entendre à
fes amis qu’il n’étoit pas encore parfaitement content
de fon ouvrage ? Enfin, je trouve dans ce fy-
ftême je ne fais quoi de métaphyfique qui m’infpire
quelque défiance.
Winkelman qu’une mort tragique a trop tôt enlevé
aux beaux-arts 6c à M. Mengs fon ami, le célébré
"Winkelman qui n’étoit pas non plus ennemi
de là métaphyfiquè , me paroît defeendre à une
théorie plus acceflîble dans fes Lettres fur les Beaux-
Arts. L’objet de cét ouvrage eft de prouver que
l’étude de l’antique eft le plus fur moyen de former
6c le goût 6c la main. S’il faut l’en croire, c’eft le
feul alyle qui refte à la véritable beauté, 8c c’eft-là
feulement qu’on doit la chercher. Que les anciens
aient eu de grands avantages pour la connoître 8c
pour l’apprécier , c’eft ce qu’il lui eft aifé de démontrer.
Senfibilitédans les organes intérieurs, perfection
dans les formes extérieures, concours du
climat, des moeurs, de la légiflation, tout fe trou-
voit réuni chez les Grecs ; mais tant de fecours ne
fuffifoient pas encore pour les élever jufqu’à cette
beauté idéale, au-deffus de toute beauté fenfible 8c
exiftante. M. Winkelman pënfe donc que la nécef-
fité de repréfenter à des yeux crédules 8c prévenus
les dieux 6c les héros de là fable, força les artiftes à
étendre leurs idées, 6c à rejetter tout ce qui auroit
rappelle des objets vulgaires 6c familiers. Quand
même un Apollon eût reffemblé au chanteur le plus
beau*, au berger le mieux fait 6c le plus aimable j
quand même un Jupiter auroit égalé le monarque
le plus majeftueux, le plus redoutable, l’artifte n’àu-
roit encore fait que des hommes 6c non pas des
dieux. Il fallut donc s’élever par la penfée 6c par
l ’abftraCtion ; il fallut compofer des figures qui n’euf-
fent qu’une feule expreffion, qui ne préfentaffent
qu’une idée grande, magnifique , tout-à-fait au-
deffus de l’humanité. Tout ce qui n’eut pas été ma-
jefté dans la figure de Jupiter, beauté dans celle de
Vénus, grâce dans celle de Galatée , auroit été contradictoire
à l’objet du peintre ou du ftatuaire. Ainfi,
de l’habitude d’abftraire 6c des efforts continuels pour
exprimer plutôt la penfée de l’artifte que les formes
vulgaires 6c connues, fe forma chez les anciens ce
beau idéal dont il nous ont tranfmis l’idée , 8c que
nous n’aürions peut-être jamais trouvé, fi nous n’a:
vions retrouvé leurs ouvrages. On fait affez que Ra-1
phaël, après avoir appris la partie la plus élémentaire
de fon art fous Pierre Perugin, après avoir perfectionné
fon pinceau fous Léonard de Vinci, après
avoir enhardi fa main près de Michel Ange, fe livra
tout entier à l’étude des antiques -, à quoi il fut mer-
yeilleufement aidé, non feulement par les fouilles
Tome I I I •
qu’on fit alors tant dans les grottes de la ville
Aérienne, que dans plufieurs autres endroits de l’Italie,
mais encore par fes richeflës 6c fon crédit qui le
mirent en état d’envoyer jufqu’au fond de la Grcce
deffiner tout ce qui avoit éenappé aux ravages du
teins ; aufli doit-on confidérer cet arrifte admirable
comme le rcftaurateur du genre idéalÿ qu’il faifit
dans fon entier, 8c dont on ne retrouve plus que des
parties dans les peintres qui font venus apres lui.
Maintenant fi d’après ces réflexions, convaincus
qu’il exifte un beau idéal, nous voulons en acquérir
une notion plus firnple 6c plus exaCte, il eft nécef-
faire d’examiner ce que l’on entend par beauté dans
les ouvrages de l’art. Mais à peine a-t-on entrepris
de pénétrer dans cette matière, qu’on eft étonné 6c
de la frivolité des théories les plus accréditées, 6c
de l’extrême généralité des principes fur lefquels on
a prétendu les fonder. Les uns veulent que la beauté
confifte dans la perfection, de forte qu’à les en
croire, une marmite parfaitement faite eft une très-
belle chofe ; les autres la placent dans l’imitation
de la nature, de forte que s’il arrive qu’un peintre
ou un fculpteur ait bien repréfenté un âne ou un
pourceau, on doit dire, voilà un bel âne, voilà un
beau cochon. Seroit-ce à caufe de fa {implicite .qu’on
auroit rejetté cette idée fi claire 6c fi naturelle, que
la beauté relative eft ce qui plaît à nos fens, 6c
la beauté abfolue ce qui plaît aux fens exercés
6c perfectionnés par l’habitude de juger 6c de comparer.
Je fais que ce qu’on entend par le beau proprement
dit, a des limites aflignées; que cette ex-
preflion ne doit pas s’appliquer à des chofes communes
6c triviales qui ne peuvent exciter ni furprife,
ni admiration, 6c fur ce point, je ne puis mieux faire
que de renvoyer à l’excellent article que M. deMar-
montèl a inféré dans le premier volume du Suppléé
ment. Mais il s’agit ici de définir quel eft l’objet des
arts en général, 6c c’eft dans cette vue qu’il eft né-
ceffaire d’obferver: i°. que lorfqu’on fuppofe que
la perfedion eft le but des arts 8c la mefure de la
beauté, on fait une étrange meprife, en prenant les
moyens pour la fin ; car la perfection , dans le fens
où il faut l’entendre,n’eft pas une chofe abfolue,
mais relative, 6c la perfection d’un ouvrage quelconque
aura toujours pour mefure l’impreflion qu’il
fera fur nos fens : z°. que ce n’eft pas avec plus de
fondement qu’on fubftitue à ce principe celui de l’imitation
, car avant que l’imitation eût plus ou moins de
mérite, la chofe imitée avoit plus ou moins de beauté.
Il eft des arts qui n’imitent rien, ou qui n’imitent
que par accident, 8t par des rapports très-vagues 6c
très-éloignés : tel font l’architeCture 6c la mufique
inftrumentale. J’entends répéter que l’architeCture
eft l’imitation des premières cabanes qu’on .faifoit
avec différentes pièces de bois ; que les colonnes
repréfentent des troncs d’arbres ; que le fronton ,
les architraves , imitent l’affemblage des poutres
de traverfe, &c? Une cabane eft donc une belle
chofe? Qu oi, les temples, les palais feront beaux
parce qu’ils imitent des chaumières ? l’harmonie d’un
prélude, la mélodie d’une ritournelle vous rappellent,
dites-vous, le chant des oifeaux ou le murmure des
ruiffeaux? Je ne le crois pas: mais en le fuppofant pour
un inftant, je vous demanderai ce que les ruifleaux
8c les roflïgnols imitent à leur tour ? La nature, dont
les vues ne font pas bornées à l’homme , aura donc
feule le droit de lui offrir des plaifirs , 6c l’homme ,
fon plus bel ouvrage, l’homme qui l’embellit 5c la
perfectionne, n’aura pas le pouvoir de les augmenter
par fa propre induftrie , de fe former de fes propres
mains des objets de fatisfaction 6c de jouiffance ?
Vous voulez m’expliquer pourquoi j’aime à regarder
un beau tableau, une belle ftatue ; pourquoi l’afpeâ
d’un vifage régulier me flatteplus que celui d’une
T t t i j