afligner une pla ce, la mer de l'oueji en auroit été fort
incommodée. Le Michinipi, ou lac des Aflinipoels,
n’y a point de communication av e c la mer de Pouefl ,
laquelle a à Ion nord les prétendues découvertes de
de Fonte*, Quivira eft à l’eft de Teguaio , contre
tout c e que les autres cartes en marquent;. Celui-là
eft entre le 270e 6c 280* degré de longitude au nord
de Miffouri, au fud des Sioux. La place où Béering
doit avoir ab ord é , 2 degrés plus au nord que Tlchi-
r ik ow , n’y eft point indiquée.
40. Dans la carte du même géographe de 1752 ,
la mer de l'oueji, en y comprenant Ion entrée la plus
occidentale, eft depuis 245 6c prefque 270 de longitude
, comme ci-deffus , 6c entre 43 & 5 2 & demi
de latitude. Qu iv ira, fur le bord oriental de cette
mer. Tegu aio au fud de Quivira. Le Miffouri juf-
qu’aux montagnes: de Quiriva , prefqu’au bord de
cette mer. Le Michinipi eft changé, en lac de Fon te,
à 6 degrés plus au nord que celui de Çriftinaux. La
côte abordée par Bée ring, félon quelques-uns, n’y
eft point marquée.
50. La carte de M. Buache du 9 août 1752 place
cette mer de l'oueji■ , depuis. 250 à 264 dégrés de longitude
, de 44 à 55 de latitude. De -là une communication
à la grande e au , ou Michinipi, entre 5 5
& 58 dégrés, d'où cette grande eau s’étend jufqu’au
63e d é g ré ..
C e c i peut fuffire, parce que la plupart des autres
géographes n o n t pas mis cette mer de L'oueji fur
leurs cartes ; ou ils en ont copié la pofition fur les
cartes de ceux que j’ai cités.
C e que je viens de dire de la prétendue découverte
de F u ca , je l ’applique à celle de l’amiral de
Fonte, dont la réalité a pourtant été foutenue, & mife
dans un nouveau jour par un A n g lo is , nommé Théodore
Swyndxage, dans un ouvrage qui a pour tit re ,
The great probability o f a north-wejl paj/age, deduced
from obj’ervations on the Letter o f admirai de Fonte
( Voye1 la carte V I I I de géographie dans ce Supplément).
Mais la relation de cet amiral fe réfute par douze
faits fur lefquels elle eft ap pu yé e, 6c qui font autant
de fondemens ruineux. C e de F on te, dit-il,
ou de Fuente, s’il eût été Portugais , comme on le
pré ten d, n’auroit pas été fait amiral du Pérou , par
la cour d’Elpagne, même dans un tems où celle-ci
réunifient le Portugal à fa domination. Si de Fonte
étoit Efpagnol 6c non Portugais , fa relation devoit
être écrite dans fa langue nationale ; o r c’eft une
relation Portugaife que les Anglois ont publiée en
. 1708 , d’une découverte faite en 1640. Les jé fu ite s ,
à qui l’on doit plufieurs découvertes dans toutes les
contrées de l’Amérique , ne citent nulle part le
v o y a g e de. cet amiral qui parle lui-même de deux
millionnaires de cette fociété qu’il a rencontrés dans
fa route. Cette relation raffemble un amiral Portu-? ;
gais, un capitaine François , un pilote Anglois, employés
par les Efpagnols dans une expédition que
c eu x -c i v ou loien t, dit-on, cacher à toutes les na^
tions de l’Europe. On cite une expédition des Anglois
faite dans le même tems, fans qu’il en refte aucune
trace en Angleterre, ni dans les archives de
l ’amirauté, ni dans la mémoire des.hommes. On prépare
l’expédition de l’amiral de Fonte en fi peu de
tems, on lui fait parcourir tant de chemin , que ce
v o y a g e paroît vifiblement controuvé. C e t amiral a,vi-
fité des nations innombrables qui parloient toutes une
langue différente, & il n’avo it pour interprète que
Parmentiers, François, q u i, dit-on, avoit vécu long-
tems en Canada ; mais l’hiftoire de ce Parmentiers eft
aufîi inconnue en France , que l’eft chez les Anglois
le voy agé de Shapley en A mérique, du tems de l’amiral
de Fonte. On fiippofe. à ces peuples une douceur
envers les Efpagnols qui n’eft pas compatible avec
l ’horreur que le nom leul de ces conquérans avoit J
répandue dans toute .l’Amérique ; cette douceur eft:
démentie par la cruauté qu’on leur prête à l’égard de
Shapley qui fut maffacré, dit-on, par les Efquimaux.
Des Indiens fi humains pour les Efpagnols qui leur
ont fait tant de ma l, auront-ils été fi barbares contre
des Anglois dont ils n’avoient point encore éprouvé
d’injuftice ni d’outrage ? O n parle d’un lac de Fonte
q u i , quoique fitué au 70e dégré de latitude, conte-
noit des îles couvertes de toutes fortes de fru its , de
quadrupèdes , d’o ifeaux 6c d’arbres. On cite un lac
V e la fc o , que M.de Lifte place au 82e dégré de latitude
, & ce lac d’eau d o u c e , quoique environné de
montagnes couvertes de glaces aufli anciennes que
le monde, q’étoit point gelé ; car s’il l’eût é t é , l’on
n’auroit pu fa voir qu’il étoit d’eau d ou c e , puifque
l’eau de mer devient douce quand elle eft gelée. Enfin
tous les auteurs contemporains ignorent ces découvertes
de de Fonte ; les archives de la cour d’Ef-
pagne gardent un profond filence fur cette expédition
: cependant les Efpagnols ont conftamment publié
des relations vraies oufauffesdes pays qu’ils ont
découverts. Vo ilà certainement beaucoup plus de
raifons qu’il n’en faut pour rejetter la relation de
l’amiral dé F on te , comme abfolument fauffe & apocryph
e.
O n peut maintenant comparer les cartes de
MM. Delifle & Buache av e c la relation de Mon-
cacht-Apé, 6c enfuite av e c toutes celles des autres
Sauvages.
Les Sauvages donnent huit cens lieues de cours
au Miffouri ; il coule de l’oueft à l’eft ; le voy age de
Moncacht-Apé a é té , en fuivant cette r iv ie r e , prefque
tout entier entre le quarante &quaranse-deuxie-
me dégré de latitude ; 6c la belle riv ie re qui doit
avoir fon cours vers l’o u e ft , aufli long que depuis
cette longitude du milieu , le Miffouri à l’e f t , c ’eft-
' à-dire de quatre cens lieues, étant fuppofée être v ers
le nord de d eu x , tout au plus trois dégrés, fe trouvera
à quarante-quatre ou quarante-cinq. Que cette
mer foitdonc étendue jufqu’au foixante aucihquante-
deux 6c d em i, ou feulement au cinquantième degré.
de latitud e , on voit bien que cela ne quadre
pas avec le récit de Mopcacht-Apé qui a paffé toute
cette longitude & latitude fans trouv er aucune apparence
de mer. Si l’on veut révoquer en doute cette
relation, je ne m’y oppofe p a s , pourvu qu’on re jette
aufli celles qu’on donne fous le nom de de Fonte
& de Fuca, qui manquent de vraifemblance, tandis
qu’elle fe trouv e parfaite dans celle de Moncacht-
Apé. D u moins on convient que les fauvages font
unanimes fur l’étendue du cours du Miffouri 6c de
la riviere de l’oueft : l’on connoît d’ailleurs l’a latitude
du Miffouri, & il eft certain que la belle riviere.
doit trouv er fâ latitude, puifque les relations donnent
cinq à fept journées de diftance. de l’une à l’autre.
Ainfi de toutes maniérés la mer de l'oueji doit
difparoître entièrement.
Avant que de quitter cette relation deMoncaçht-
A p é , donnons ici l’extrait de M. le P a g e , pù l’on
verra qu’il a été' parfaitement dans mes idées fur
cette mer de l'oueft.
« La nouvelle carte de M. Delifle fait voir la pof-
» fibilité d’une continuité de terrein entre PAfie 6c
» l’Amérique; un canal qui n’eft point fans île fe-
» pare l’Afie d’ une terre qu i ne peut être autçe que
» l’Amérique. La traversée de$- Ruffes de l ’Afie à
» l’Amérique, où ils ont abordé, nous prouve que
» les terres peuvent s’étendre dans nn fens con-
» forme à celui de Moncacht-Apé ; 6c celle ou ils
» ont touché en revenant, pourroit bien,être celui
» des hommes barbus, quialloient couper du bois
» jaune , à moins que l’on ne veuille fuppofer quel-
» que île plus méridionale 6c plus voifine des îles
M E R
» du Japon, cés hommes ayant une reffemblance fi
» marqqée avec les Japonois 6c les Chinois.
» Au r e f te , je ne puis diflîmuler que la partie de
» cette carte dreffée fur l’extrait de la relation de
» l ’amiral Efpagnol de F on te , ne s’accorde en au-
» cune façon av e c la relation que Moncacht-Apé
» m’a faite de fon v o y a g e . L e bon fens que je c o n -
» nus à cet homme, qu i n’avoit ni ne pouvoit avoir
» aucun intérêt à m’en impofer, me fit ajouter fo i
» à tout ce qu’il me dit ; & je ne puis me perfuader
» autre cho ie , finon qu’il alla fur les bords même de
» la mer du fud, dont la partie la plus feptentrionale
>» peut fe nommer, fi l’on veut, merde Toueft. La belle
» riviere qu’il a defcendue eft un fleuve très-confidé-
». rable que l’on n’aura point de peine à découvrir,
» lorfqu’une fois on fera parvenu aux fources du Mif-
» fouri ; 6c je ne doute point qu’une femblable ex-
» pédition, fi elle étoit entreprife, ne fixât entié.-
» rement nos idées fur cette partie de l’Amérique
» feptentrionale 6c fur la fameufe mer de Voueßy
» dont on parle tant dans la Louifiane, 6c dont il
» paroît que l’on defire la découverte avec ardeur.
» Pour moi je fuis porté à croire qu’elle n’exifte
» qu’en imagination; car enfin, où veut-on qu’elle
» foit ? Où la trouver ? Je ne vois aucune place
» dans tout l’univers que dans les rêveries de l’ami-
» ral de Fonte vers le nord-oueft de Santa-Fé. Mais
» fuppofons qu’il y ait quelque étendue de mer de
» ce côté qui entre dans la partie feptentrionale de
» l’Amérique , cette mer de Uoueß doit être à prefent
» bien refferrée dans fes bornes, depuis qu’on fait
» que le Miffouri prend fa foiirce à huit cens lieues
» du fleuve Saint-Louis, & qu’il y a un autre fleuve
» appellé la belle riviere, qui a nn cours oppofé 6c
» parallele à celui du Miffou ri, mais au n o rd , 6c
» .que cette belle riviere tombe à l’oueft dans une
» mer, dont la côfe v a gagner l’ifthme dont on a
» p a r lé , & q u i par cette defcription n’annonce que
» la mer du fud ou Pacifique, 6c c ’eft-là la mer de
» l'ouefi, &c». '
Il n’eft pas néceffaire d’accompagner ces remarques
d’aucunes réflexions; chacun eft à même d’en
faire. Foye^ les Mémoires & Obfervations géographiques
& critiques de M. E n GEL, d ’oà cet article efi
M ER C I { le s peres de la ) , Hiß. eccléf. Cet ordre
qui prit naiffance à Barcelone en 1 2 1 8 , n’étoit au
commencement qu’une congrégation de gentilshommes
q u i , pour imiter le zele & la charité de faint
Pierre Nolafque , confacrerent une partie de leurs
biens à la rédemption des captifs ; on fait avec quelle
inhumanité ils étoient traités par des Infidèles barbares
, qui ne leur laiffoient que l’alternative de
mourir ou de changer de religion.
Le nombre de ces dignes chevaliers s’augmenta
bientôt : on les appelloit les confrères de la congrégation
de N. D . de Miféricorde. A u x trois voeu x ordinaires
de religion, ils joignirent celui de facrifier
leurs biens, leur liberté 6c leur v ie même pour le
rachat des captifs ( Q u ’il eft fublime, qu’il eft héroïque
ce dernier voeu ! qu’il fait d’honneur à l’humanité
! ) . Les fuccès rapides de cet ordre naiffant
engagèrent Grégoire IV à l’approuver en 1230 , 6c
il le mit fous la regle de S. Auguftin en-123 s. C lé ment
V . ordonna en 1308 que cet ordre fût régi par
un religieux-prêtre : ce changement occafionna la
divifion des clercs 6c des laïques ; les chevaliers fe
féparerent des eccléfiaftiques, 6c infenfiblement il
n’y eut que ceux • ci qui furent admis dans l ’ordre.
(C.)
M E R C U R E , f. m. {Minéralogie. Chymie.) Voye^
P h l o g i s t iq u e , Suppl.
M ÉR ID IENNE , f. f. {Médecine. Hygienne.) On
appelle ainfi le fommeil que l’on prend après midi.
M E R 9 03
Prefque tous les animaux dorment dès qu’ils font
raffafiés : c’eft l ’effet d’un inftinû qui ne les trompe
jamais. L’ufage de ce fommeil eft très-ancien ; on
en peut juger par le paflàge de I’Odyflée d’Homere,
où il eft dit que Neftor dormoit après avo ir mangé.
C e t ufage étoit très-commun à R ome; Augufte,
au rapport de Suéton e, dormoit à la fuite de fon dîner
; Varron dit qu’il n’auroit pu v iv re s’il n’eût
partagé les jours de l’été par la méridienne.
T ou s les peuples orientaux 6c méridionaux dorment
après le dîner; 6c plufieurs fondateurs d’ordre
religieux prefcrivent ce fommeil à leurs difciples.
On pourroit encore citer en faveur de la méridienney
l’ exemple de plufieurs perfonnes très-éclairées qui
ont éprouvé qu’elle contribuoit à leur fanté;tel étoit
M. Dumoulin, ce médecin célébré q u i , malgré les
fatigues auxquelles l’expofoit la confiance de la ville
la plus peuplée ( d e P a r is ) , eft parvenu à un âge
très-avancé.
Cependant l’utilité de ce fommeil eft devenue un
problème, & plufieurs médecins très-éclairés l’ont
regardée comme chimérique; ils font allés même
julqu’à blâmer ce fommeil comme dangereux. Mais
des préjugés ne les ont-ils pas égarés ? On a lieu de
le préfumer quand on réfléchit aux effets que doit
produire ce fommeil, & quand on v o it que pour
éloigner les inconvéniens qu’il peut a v o i r , il ne
faut que le renfermer dans de juftes bornes, 6c ne
le permettre qu’à certaines perfonnes, 6c dans des
circonftances faciles à déterminer.
C eu x qui blâment la méridienne prétendent qu’elle
nuit à ladigeftion; ceux qui l ’approuvent croient
au contraire qu’elle la favorife ; & pour fe convaincre
de fon u tilité, il ne faut donc que s’affurer
de l’effet qu’elle produit relativement à cette fonction.
La digeftion qui commence dans l’eftomac, fe perfectionne
dans le duodénum 6c les inteftins, 6c s’achève
dans la maffe humorale même par l ’aflimila-
tiôn du chy le . F . D i g e s t i o n , Dicl. raif. desSc. 6cc.
S’il eft évident que la méridienne peut favorifer
l’une de ces trois digeftions, & qu’ en la renfermant
dans de juftes bo rnes, elle ne peut nuire à aucune
des autres ; il le fera également que loin de devoir
être profcrite, elle doit être admife comme très-
àvantageufe.
La première digeftion, celle qui fe fait dans l’e ftomac,
e f t , félon Boe rhav e , l’effet de la diffolution
des alimens par les liqueurs gaftriques, par la fa-
live 6c fur-tout par le mélange du fluide nerveux qui
y aborde en grande quantité. La chaleur du lieu rend
cette diffolution fa cile , 6c la pâte alimentaire éprouve
dans l’eftomac un commencement de fermentation
putride 6c acide.
T ou t ce qui pourra entretenir dans l’eftomac une
chaleur modérée, y favorifer l’abord du fluide nerveux
6c la fermentation néceffaire, contribuera donc
à la perfeftion de cette digeftion. O r pendant le fommeil,
la circulation, fur-tout dans les gros vaiffeaux,
fe fait avec liberté, & la chaleur intérieure augmente
en même proportion. La fittiation de l ’eftomac le
fait participer à cette augmentation de cha leur, &
la méridienne, en tant que fomme il, entretiendra
dans ce vifcere la chaleur néceffaire à la digeftion.
L e fluide nerveux eft employé pendant la v eille
à tarit de fondions, qu’il en rélulte une déperdition
confidérable ; 6c comme dans le fommeil il s’en fait
une moindre confommation, il s’en dépofe alors
une plus grande quantité dans l’eftomac. La méridienne
, en économifant ce fluide précieux, fera encore
fous ce rapport favorable à la première digeftion.