Toutes les efpeces de garance fourniffent cette
teinture. 1 , . TT .
L’efpece n°. i . eft la feule que l’on cultive en Hollande,
en Flandre, & dans plufieurs provinces de
France. Les Anglois ont ceffé de la cultiver, & lui en
ont fubftitué une efpece baffe, que M. Miller dit etre
fort différente, & d’un meilleur ufage pour la teinture.
Ce naturalise attentif obferve que plus les
racines ont d’amertume en fortant de terre, moins
leur poids diminue à l’étuve ; 6c en conféquence leur
couleur eft plus eftimée.
La garance cultivée en Suiffe, eft beaucoup plus
rude que celle de Zelande: les racines font d un rouge
plus v if, & n’ont point à l’axe un point noir qui
ôte à la garance de Zélande une partie de fa belle
couleur ; mais elle a l’avantage d’être féchée avec
la derniere exa&itude par un peuple qui ne négligé
aucune précaution.
L’azala de Smyrne eft employé à Darnetal & à
Aubenas, pour faire fur coton de belles teintures
incarnates, qui imitent celles d’Andrinople. Nous
avons parlé ci-deffus n°. g . d’une efpece trouvée
fur les côtes de Normandie, qui fournit une auffi belle
teinture. . . .
Les garances de Flandre ne produifent jamais un
tel incarnat fur le coton. M. Duhamel paroit bien fondé
à croire que cette différence dépend d’autre chofe
que de l’efpece particulière de garance. Auffi M.
Miller obferve-t-il que trop de fumier , ou de cendres
de charbon de terre, empêche les racines de
prendre une teinte fuffifamment rouge, & que c’eft
le cas des garances cultivées affez près de Londres,
pour que les fumées du charbon püiffent y influer.
M. Tournefort nomme Boia l’efpece n° . 5. Il rapporte
qu’on envoyoit tous les ans à Erzeron plus de
deux mille charges de chameaux de fa racine, recueillie
dans les environs deTeflis & dans le refte de
la Géorgie ; que d’Erzeron elle paffoitdansle Diar-
bequir, oit on l’employoit à teindre des toiles def-
tinéespour la Pologne ; & que la Géorgie fourniffoit
encore beaucoup de cette raane pour l’Indoftan, à
l’ufage des peintures de toiles.
M. Garcin dit que le chaye, dont nous parlons
fous le n°. (f,' eft employé par les Indiens, pour affu-
rer toutes leurs couleurs fur les toiles, foit imprimées
, foit peintes, & les rendre inaltérables à l’eau
& à l’air. Cette racine donne naturellement une couleur
de chair qui réfifte à tout. Son mélange augmente
encore la vivacité des autres couleurs, particuliérement
du Bréfil 6c du bleu. M. Garcin foup-
çonne que notre garance auroit les mêmes avantage^.
Des fa vans , dignes de la confiance du public,
produifent des expériences oppofées concernant le
dégré de teinture plus ou moins analogue à celle de
garance, que peuvent fournir les racines de gallium,
dont le raye de chaye eft regardé comme une
efpece.
L’efpece n°. 1. eft employée en médecine.
Nous avons déjà dit, en parlant de la culture de
cette plante, quefes feuilles 6c tiges font un bon
fourrage pour le bétail.
M. Duhamel en ayant mêlé la racine avec la man-
geaille de quelques animaux, a eu lieu d’obferver
que la teinture fe communiqua à la portion des os
qui s’endurcit pendant qu’ils firent ufage de cet aliment
; que celles qui étoient à moitié endurcies,
n’étoient que d’un rouge pâle, & les autres parfaitement
blanches.
Les feuilles & les tigés peuvent fervir à nettoyer
la vaiffelle d’étain : celle de Suiffe eft fur-tout propre
à cet ufage. ( D . )
• G AR AN T , ( Gèodejte. ) L’on donne communément
le nom de garant aux morceaux de caillou que
l’on place au pied des limites pour conftater leur
exiftence , 6c pour vérifier la direflion de l’alignement.
Jufqu’à ce jour, 011 s’eft borné à employer
pour garant, des cailloux vifs, de quartz ou de granité
que l’on divife en deux ; chaque partie doit
avoir environ cinq pouces de longueur; on les place
en regard de la maniéré fuivante.
Q m . ...................... j n û
Quelques perfonnes oht ajouté à ces précautions
celle de mettre des charbons fur les garans, 6c de
faire des raies avec du fer fur les garans 6c fur les
groffes pierres que l’on emploie pour limites, parce
que les charbons font incorruptibles dans la terre ;
& les raies que l’on fait avec du fer, fur un caillou
v if ou dur, font ineffaçables. Mais toutes ces pratiques
ont paru infuffifantes à un auteur moderne ; il
a démontré que pour garantir exactement la limitation
des terres, il falloit i ° . ouvrir au pied de chaque
limite un foffé de fept pieds de long & d’environ
quinze pouces de large, 6c autant de profondeur;
20. diriger ce foffé & l’aligner à la limite correfpon-
dante; 30. coucher horizontalement au fond de ce
foffé huit ou dix briques, ou tuiles plates qui fe touchent
bout à bout ; 40. graver fur le milieu de ces
briques une ligne qui marque précifément la direction
de l’alignement ; <jQ. divifer cette ligne en fix
pieds ; 6°. graver fur les mêmes briques le nombre
de toifes ou de perches qu’il y a de la première limite
à la fécondé ; mettre fur ces briques quelques
charbons entiers ou en pouffiere ; 8°. combler
le foffé en le couvrant de terre pure ; 90. répéter
les mêmes opérations au pied de chaque limite. . I I GARÇIE, roi d’Oviedo & de Léon, (Zfi/?. <TEfp.)
Pour être aimé de fes fujets , il ne fuffit pas à un roi
de fe couvrir dé gloire par la plus héroïque valeur ;
ce n’eft pas même affez pour lui d’avoir reçu de la
nature &c de l’éducation les plus rares talens; eut-il
encore les qualités les plus brillantes, s’il n’eft pas
doux 6c bienfaifant, s’il n’eft point acceffible', fi
même, par un zele outré pour la juftice, il affiche
une trop inflexible févérité, dès-lors il perd inévitablement
la confiance de fes peuples, 6c jamais,
quoi qu’il faffe, il ne parviendra à fe concilier l’attachement
de fes fujets. Tel fut le roi don Garde qui,
par fon affidue application, par fa valeur 6c fes heu-
reufes difpofitions, mérita l’eftime publique ; mais
qui, par fes rigueurs 6c fon cara&ere fombre, ne put
que fe faire craindre, & ne fut point aimé. D ’ailleurs ,
. les moyens qu’il avoit employés pour devancer le
jour de fon avènement au trône, avoient fait contre
lui l’impreffion la plus défavorable. Fils d’Alphonfe
III, dit le grand, 6c digne d’un tel pere à bien des
égards, mais cependant moins modéré, beaucoup
moins vertueux, Garde impatient de gouverner ,
forma, de concert avec Nunno Fernandez, dont il
avoit époufé la fille , le complot odieux de détrôner
fon pere 6c de lui ravir la couronné. Alphonfe I II,
inftruitde cette criminelle trame , marcha contre fon
fils ingrat qui déjas’étoit armé, le combattit, remporta
la viftoire, prit fon fils 6c le fit enfermer au
château de Gauzon, oii il le retint prifonnier pendant
deux ou trois ans, quelque preffantes que fuf-
fent les follicitations de la reine, mere du captif, 6c
celles de Nunno Fernandez. Don Ordogno, frere du
prifonnier, fe joignit à fa mere 6c à Nunno : ils cef-
ferent de travailler à fléchir la jufte colere d’Al-,
phonfe ; mais ils fouleverent le peuple en faveur de
Garde, 6c l’état étoit menacé d’une guerre civile ,
lorfque le roi Alphonfe, facrifiant fes plus chers
intérêts,
Intérêts, fes droits 6c fon rang à la tranquillité publique
, mit le prince don Garde en liberté, affembla
les états, & abdiqua la couronne en faveur dé ce
même fils dont les états indignés euffent du punir
l’audace 6c la rébellion. Ge fut ainfi que Garde
monta fur le trône en 910. Il voulut effacer l’iniquité
du moyen dont il s’étoit fervi, & dans cette vue, il
commença par fonder un monaftere qu’il enrichit
enfuite, ce qui, dans ce tems de fuperftition, réparait
les plus grands crimes. Après cette aôion qui
lui acquit la réputation d’un prince très-pieux, il
affembla fon armée, & alla porter la guerre chez les
Maures. Le roi de Cordoue lui oppolà i’élite de fes
troupes fous le commandement d’Ayola, regardé
comme le plus habile général Maure de fon fiecle ;
mais malgré fa valeur 6c fon habileté-,, il fut vaincu,
fes troupes maffacrées, & lui-même fait prifonnier
6c réfervé à une longue captivité, dont il s’affranchit
cependant, en trouvant le moyen de s’évader,
malgré la vigilance de fes gardes. Animé par ce fuc-
cès , Garde, de retour dans fes états, concerta avec
fon pere le plan de la campagne fuivante ; 6c Alphonfe
, quelque fu jet de mécontentement qu’il eût
contre fon fils, voulut bien fe charger du commandement
d’une partie des troupes., à la tête defquelles
il alla ravager les terres des infidèles. Après mille actions
glorieufes & éclatantes, il revint chargé de lauriers
6c de butin à Zamora, où il mourut deux ans
après fon abdication. Les regrets, que cette irréparable
perte caufa à Garde , ne l’empêcherent
point de pourfuivre la guerre qu’il avoit déclarée
aux Maures ; mais avant que de continuer le cours •
de fes opérations, il tenta d’enlever la Galice à fon
frere don Ordogno, auquel pourtant il avoit les plus
grandes obligations : ce projet ne lui réuffit point. :
Don Ordogno, aimé de fes fujets autant que le roi
de Léon étoit craint 6c peu chéri des liens, fe dif-
pofoit à la plus vigoureufe réfiftance, lorfque la
reine-mere réconcilia fes deux fils qui fe lièrent de la
plus étroite amitié, 6c portèrent enfemble avec
fuccès la guerre chez les Maures : rien ne leur ré-
fifta, 6c le roi de Léon eût porté fes conquêtes tout
auffi loin qu’il le defirbit, fi la mort ne l’eût arrêté au
milieu de fa courfe ; il tomba malade à Léon, languit
quelques jours, & mourut fort eftimé, mais
très-peu regretté de fes peuples, après un régné de
trois ans. (Z.C.)
Garcie I, Fernandez, comte de Caftille, ,
( H i f l . d 'E fp . ) Il n’y avoit que peu d’années que la
Caftille s’étoit rendue indépendante 6c formoit un
état fépare auffi puiffant & auffi redoutable qu’aucune
des fouverainetés qui divifoient l’Elpagne,
lorfque Ferdinand Gonçalez qui avoit opéré par fa
valeur 6c Ion ambitieufe habileté , cette grande révolution,
tranfmit paifiblement fes états à don Garde ;
Fernandez fon fils, 6c mourut ainfi tranquille poffef-
feur de la fouyeraineté de Caftille, que fi elle eût :
été dans fa maifbn aux titres les plus légitimes. Garde
fucceda fans obftacles aux états de fon pere, en 970,
& ne tarda point à gagner la confiance de fes fujets,
par les foins qu’il fe donna pour les rendre heureux
& contens. Il confacra les fept premières années de I
fon gouvernement à la félicité publique, 6c les •
moyens qu’il prit pour la fixer dans les états, réuf- !
firent au gré de fes defirs & au-delà de fon attente.
Le comte de Vêla qui avoit les droits les mieux fondes
fur la fouveraineté de la fertile province d’A lava,
ont fl avoit été dépouillé par Ferdinand, intérefla
a la^caufe le roi de Cordoue qui, jaloux d’ailleurs
e accroiffement fucçeffifque prenoit la puiffance
des comtes de Caftille, prit les armes en faveur du
coque de Vêla, fit contre les Caftillans les plus for-
midables préparatifs, & chargea fon général Orr uan
| e*ravraSer pcftéffions. G a rd e, informé de 1 ’orage J
qui fe préparoit.eontçe lit;, fe liguaavec Sanche, rQj
de Navarre, & marcha contre Orduan qui avoit
pénétré déjà dans fes états, où il exerçoit les fureurs
de la plus meurtrière dévaftarion ; Garde lui livra
bataille, remporta fur lui une viftoire éclatante, le
mit en fuite & délivra fes fujets des hoftilités des
Maures. Ceux-ci firent dès l’année fuivante les plus
grands efforts pour rétablir l’honneur & la gloire de
leurs armes ; mais Garcie déconcerta tous leurs projets
, & quoiqiie fon armée fût de beaucoup inférieure
à celle de fes ennemis, rl les contraignit encore
de fe retirer, après avoir fouffert des pertes
tres-confidérables. Almançor, qui déjas’étoit rendu
fi redoutable aux chrétiens, entreprit de venger les
infidèles ; mais il n’eut que peu de fuccès, & Garcie
eut plus d’une fois la gloire de rendre la viâoire incertaine
entre lui & ce fameux général. Cette guerre
dura plufieurs années toujours avec la même incertitude
; mais à la fin la fortune fe déclara pour le
comte de Caftille qui remporta divers avantages
décififs fur les Maures, qu’il battit complètement
dans les plaines d’Ofma ; il mit le comble à fa gloire
parla juftice qp’il rendit à la famille de Vêla,qu’il
rappella en Caftille , & qu’il remit en poffeffion des
biens que Ferdinand lui avoit ravis. La guerre terminée
, & fes états rendus auffi floriffans qu’ils pou-
voient le devenir, Garcie eut le chagrin de voir fon
fils réduit par les confeils de quelques lâches adulateurs,
fe foiilever contre lui & former des complots
odieux: il fit tous fes efforts pour ramener ce
fils ingrat ; mais le voyant décidément déterminé à
la rébellion , il le prévint, prit les armes, lui livra
bataille, le prit lui-même , & eut la généralité de lui
pardonner fon crime. Cette guerre civile étoit à peine
éteinte, que l’armée du roi de Cordoue fe jetta fur
les terres de Caftille & y commit d’affreux ravages.
Garcie raffembla toutes fes troupes , marcha contre
les infidèles, les rencontra entre Alcocer & Ber-
langa , leur livra bataille, fut malheureux; & entraîné
par fa valeur, s’engagea fi avant dans les efea-
drons ennemis, qu’il fut enveloppé de toutes parts ,
couvert de bleffures & fait prifonnier , tandis que
fon armée confternée de cet accident, s’abandonna
à la terreur & prit la fuite avec précipitation. Garde
nefurvécut que deux jours à fa défaite, & mourut
de fes bleffures entre les mains des Maures qui, malgré
la violence de leur haine pour les Chrétiens, ne
purent s’empêcher d’admirer la fermeté du comte
de Caftille, captif & mourant, comme ils avoient fi
fouvent redouté fa valeur au milieu des combats.
m m
Garcie II, comte de Caftille, ( Hiß. d'Efp, ) Si
ce jeune fouverain eût vécu plus long-tems , difent
les hiftoriens Efpagnols, il eût été fans doute le modele
des rois ; car il n’eut ni défauts, ni foibleffes ni
vices : il n’eut que des vertus, des talens infiniment
au-deßiis de fon âge, & les qualités les plus propres
à illuftrer les princes. Il avoit quatorze ans à peine ,
lorfque don Sanche fon pere lui tranfmit, en .mourant
, la fouyeraineté de Caftille, en 1022, fous la
tutelle de dona Elyire fa mere r & fous la proteâion
de don Sanche, roi de Navarre, fon oncle. On affure
que malgré fa jeuneffe, Garcie I I eût pu gouverner
leul, 6c qu’alors même fes fujets, ainfi que les nations
voifines, avoient pour lui l’admiration la plus profonde
6c la plus méritée. Cependant quelqu’émi-
nentes que fuffent fes vertus, fon élévation ne laiffa
pas d’occafionner des troubles, par l’ambition de
quelques faftieux qui,.méprifant la jeuneffe de leur
nouveau comte, entreprirent d’exciter desfouleve-
mens, & de fe rendre indépendans. Le plus dangereux
de ces rébelles étoit don Ferdinand Guittierez,
qui s’empara du château de Monçon, arma fes parti-
fans contre le fouverain, & fe ligua fecrétement avec
Aa