Pordinaire s’abcedc promptement par le moyen de
quelque fuppuratif: il en réfulte unnlcere qu’il faut
traiter* & panfer comme une plaie fimple.
On 'connaît les dartres &c la galle, 8c leur traitement;
ainfi nous ne nous y arrêterons pas. Nous dirons
feulement que l’huile de cadè eft un bon reme-
de ; on en frotte les parties malades durant deux
jours. Gette huile eft plus efficace que l’onguent
gris.
La malandre eft au genou , ce que la folandre eft
au pli du jarret.'C’eft une crevaiïe , dont il découle
une humeur âcre. Ce mal eft long à guérir, à caufe
du mouvement qui l’irrite fans celle. Si c’eft une fimple
creva fie qui n’ait point de caufe interne, il faut
tondre la partie-, puis la frotter jufqu’au fang avec
une broffe , 6c y appliquer le bandage indiqué pour
les plaies du genou : peu de jours après la fuppura-
tion s’établit. La folandre , qui eft une crevafle au
pli du jarret, fe traite de la même maniéré.
La mule traverfineeftune crevaflcquifurvientaux
pieds de derrier'e-, au-defllis du boulet, d’où fuinte.
continuellement une humeur féreufe. Le traitement
de cette crevaffe eft le même que celui que nous
venons d’indiquer.
Le javart en général eft un petit bourbillon, ou
une portion de peau qui tombe en gangrené, & qui
fc détache de ion corps , en produifant une légère
férofité, : il peut être comparé au furoncle ou clou
dans l’homme. Ce mal n’attaque guere que les extrémités
, depuis le genou jufqu’en bas. La caufe du
javart eft l’épaiffifTement de l’hume.ur de la tranfpi-
ration : épaifliflementoccafionné par les boues, par la
mal-propreté , par les mauvais alimens , ou par les
exercices violens. Quoiqu’on puiffe regarder cette
maladie comme de peu de conféquence, néanmoins
elle fait boiter les chevaux tout bas. Il faut obferver
que les.javarts qui naifient en-dedans du paturon
ou en-dedans du boulet, font boiter l’animal comme
s’il avoit un écart. Bien des gens^s’y trompent, faute
de pafl'er la main le long de la jambe. D’après ce
que nous venons de dire, on voit qu’il faut traiter
le javart avec les fuppùratifs.
Le javart fimple eft celui qui n’attaque que la peau
& une partie du tiflit cellulaire : il vient ordinairement
dans le paturon , plus fou vent aux pieds de
derrière qu’à ceux de devant, 6c quelquefois aux
côtés du paturon. Ce mal eft plus commun à Paris
qu’ailleurs ; l’âcreté des boues en eft la principale
caufe. Souvent ce javart n’eft pas bien apparent:
on ne s’en apperçoit que parce que le cheval boite ,
& qu’en portant la main au paturon on fent le poil
mouillé d’une matière qui donne une mauvaife
odeur. L’indication eft de faire détacher le bourbillon
, & d’exciter la fuppuration par les moyens ordinaires.
On a donné le nom de javart nerveux à celui qui
attaque la gaîne du tendon. Cette efpece de javart
fe fixe plus fouvent dans le paturon qu’ailleurs, 6c
vient de ce que l’humeur du javart fimple a fuie &c
pénétré jufqu’à la gaîne du tendon. On s’en apperçoit
parce qu’à la lortie du bourbillon il fuinte de la
plaie une ferofité fanieufe, qu’il refte une petite
ouverture & un fond dont on s’aflùre par le moyen
de la fonde. Dans ce cas il faut faire avec un biftouri
une incîfion qu’on prolonge jufqu’au foyer du mal :
elle doit être longitudinale, afin de ne pas couper
les principaux vaiffeaux, ou d’altérer quelques parties
, foient tendineufes, foient ligamenteufes. On
eft quelquefois obligé d’en venir à une fécondé &
troifieme incifion , principalement quand les gaînes
des tendons font ouvertes. Dans ce cas, il faut faire
fon incifion en tirant vers le milieu de la fourchette,
pour éviter de toucher au cartilage latéral de l’os du
p i e d .
Le javart encorné, proprement dit, ne diiïbre dti
javart fimple que par la pofition. Le premier a
toujours-fon fiege fur la couronne , au commencement
du fabot. Les caufes font les mêmes que celles
du javart fimple : les remedes font suffi les -mêmes.
Cependant .lorfque le bourbillon ne fe détache pas
au bout de quatre ou cinq jours, il faut faire marcher
le cheval ; le mouvement facilite 6c aide la for-
tie de la matière.
On donne communément le nom de javart encorné
, improprement d it , à la carie du cartilage placé
fur la partie latérale & fupérieure de l’os du pied.
Il y a en même tems un fuintement fanieux , 6c une
tumeur dans la partie poftérieure du pied, à l’endroit
du cartilage. On le reconnoît encore par l’enflure
du pied, 6c le fond qu’on fent avec la fonde.
Ce mal reconnoît pour caule toute.matière âcre qui
fe jette fur le cartilage. Il eft fort grave & difficile à
guérir, fouvent même incurable : i°. lorfque l’opération
a été mal faite , c’eft-à-dire , qu’ona coupé le
ligament latéral de-l’os coronaire à l’os du pied, détruit
la capfule ducartilagedel’os coronaire ;dans ce
cas le cheval eft eftropié : 2°; lorfqu’elle ne l’a pas été
à tems , c’eft-à-dire, qu’on n’a coupé du javart que ce
qui paroît gâté , dans Pefpérance que le refte fe con-
fervera , 6c que la plaie fe cicatrifera ; mais le cartilage
une fois attaqué fe gâte tout entier ; 6c fi l’on
n’en coupe qu’une partie , i l . faut revenir fréquemment
à l’opération, car ce qu’on laifl'e fe gâte de
nouveau jufqu’à ce qu’on l’ait entièrement enlevé :
3°. lorfque durant le traitement, &c quelque tems
après l’opération, le cheval fait un faux pas dans l’écurie.
Pour guérir ce.javart, il faut couper le cartilage
; mais cette opération n’eft pas facile. On ne
peut réuffir qu’autant qu’on connoit bien la ftructure
du pied, la fituation du cartilage, fa figure, fes attaches,
fon étendue , la fituation des ligamens de la
capfule ; autrement on court rifque de toucher ces
parties avec l’inftrument 6c d’eftropier fansreflource
le cheval. Le cartilage eft fi tué fur l’apophyfe latérale
de l’os du pied : il s’étend depuis la partie de
l’os qui répond à la muraille des quartiers jufqu’à la
fin des talons ; il va fouvent jufqu’à l’articulation de
l’os du paturon, à l’os coronaire. Au lieu de ce cartilage,
on trouve fouvent un os qui forme une éminence
applatie , continue avec le corps de l’os du
pied;
On appelle coup de boutoir dans la fo ie , lorfqu’ers
parant le pied on a donné un coup de boutoir qui a
pénétré jufqu’à la foie charnue : fur le champ il faut
appliquer des plumaceaux 6c bien comprimer l’appareil
, afin que les chairs ne furmontent pas : il faut
empêcher que le cheval mette le pied dans l'humidité
, de crainte que la plaie ne devienne livide 6c
baveufe , 6c ne dégénéré bientôt en fie.
La feime eft une fente , ou une folution de continuité
, ou une féparation du fabot , qui arrive à la
muraille du haut en bas , tant aux pieds de devant
qu’aux pieds de derrière. Les feimes font plus ou
moins profondes, 8c communément toujours à la
couronne. Il ne faut pas les confondre avec ces petites
fentes répandues çà & là fur la lu perfide de la
muraille, 6c qui ne font autre chofe qu’une légère
aridité de cette partie , occafionnée par des coups de
râpe donnés fur la muraille. Les feimes viennent de
la fécherefle de la peau, de la couronne & de la muraille.
Lorfque cette derniere eft ainfi deflechée, elle
n’a plus cette humidité &c cette foupleffe néceflaires
à toutes les parties ; elle le creve , le fend 6c forme
les feimes. La fécherefle de la muraille vient fouvent
de ce qu’on a trop paré le pied, ou râpé le fabot. Si
la feime eft commençante , il faut feulement rafraîchir
les:bords de la partie fupérieure de la feime,
aller jufqu’au vif, & y mettre des plumaceaux chargés
de térébenthine. Si la chair cannelée furmonte 6c
fe trouve pincée entre les deux bords de la mu-,
raille, on amincira ces deux bords avec le boutoir ;
on les rafraîchira depuis la couronne jufqu’à la fin de
la feime ; on coupera même la chair, fi elle furmonte
de beaucoup, 6c on appliquera delïùs une tente
chargée de térébenthine. On comprimera avec une
ligature ferrée pour que la chair canneleè ne furmonte
.pas. Lorfqu’au bout de quinze jours ou trois
femaines , la.plaie continue à jetter de la matière, il
y a lieu de erpire que l’os eft carié : on s’en allure
par le moyen de la fonde ; lorfqu’on fent l’os ( ce
qui annonce prefque toujours la carie ), on coupe un
peu plus;de la muraille, afin d’ouvrir une iflue plus
grande ; puis onrugine pour emporter la carie, ou
bien on y met une pointe de feu.
La goutte-fereine ne fe diftingue dans le cheval
que par fa marche, car il n’y voit point, quoiqu’il ait
les yeux très beaux. Il leve les pieds très-haut, foit
au pas., foit au trot; il porte fes oreilles l’une en
avant, l’autre en arriéré alternativement, 6c fouvent
toutes les deux en avant. Ce mal n’eft point incurable
: il vient de la paralyfie du nerf optique.
Il arrive quelquefois aux chevaux un gonflement
qu’on appelle emphyfeme, ou bourfouflure, qui tantôt
occupe la poitrine, tantôt le co l, 6c tantôt les épaules
, &c. il occupe même, mais plus rarement, toute
l’habitude du corps. On reconnoît l’emphyfeme à
plufieurs lignes : Ie*. fi on porte les doigts fur la bour-
îbuflure, ils n’y laiffent point d’impreffion , comme
dans l’oedeme ; 2°. on entend l’air réfonner dans le
îiflîi cellulaire ; 30/ en comprimant on chalTe l’air
d’un endroit, lequel le porte dans un autre ; 40. il
n’y a ni chaleur ni douleur. Cette maladie n’eft point
dangereufe par ejle-même : elle ne peut l’être qu’autant
que la caufe qui l’a produite eft elle-même dangereufe
; telle qu’une plaie profonde qui auroit attaqué
quelques parties effentielles à la vie de l’animal.
11 eft rare qu’elle dure au-delà de huit jours. La curation
confifte à faire des ouvertures à la peau dans
différens endroits, ce qui donne une ifliie très-prompte
à l’air.
Les chevaux ferrés des épaules font fujets à une
inflammation accompagnée de beaucoup de gerfure :
elle paroît en-defibus du poitrail 6c au-dedans de
l’avant-bras; ce que l’on appelle frayé aux ars. Cette
maladie , qui fait écarter le cheval, vient à la fuite
d’un long exercice. La guérifon de ce mal n’eft pas
difficile, : elle confifte à baffiner fouvent cette partie
avec des décodions émollientes; 6c fi c’eft en été,
à envoyer le cheval à l’eau.
La crampe eft une roideur au jarret qui empêche
le cheval de fléchir la jambe : ce qui vient d’un arrêt
de la circulation du fang qui comprime les filets nerveux.
Il faut fridionner l ’étendue de la jambe avec
une broffe rude & à rebrouffe-poil.
On appelle arrête, un-endroit dont le poil eft tombé
où il n’en revient plus , & fur lequel on remarque
une efpece de corne farineufe. Il n’y a point de re-
mede qui faffe renaître le poil.
L’avaluré eft la féparation de la corne d’avec la
peau à la couronne ; ce mal peut occuper toute
l’étendue de la couronne, il a pour caufe le pus qui
a féjourné entre la chair cannelée & la muraille , à
la fuite d’une enclouure, 6c qui a fufé jufqu’à la couronne
, 6c détaché la peau de la partie.fupérieure de
la muraille : l’avalure ne fait boîter le cheval que
lorfqu’elle eft récente, il n’en boîte jamais lorfqu’elle
eft descendue ; il faut mettre fur l’avalure une. tente
imbibée d’efl'ence de térébenthine, un plumaceau,
&c.
La fourmilliere eft un vuide qui fe fait entre la
chair cannelée & la muraille, 6c qui régné ordinairement
depuis la couronne jufqu’en bas ; les caufes
d e c e t t e m a l a d i e f o n t , u n c o u p f u r la m u r a i l l e , u n e
a l t é r a t i o n d u f a b o t , u n d e f f é c h e m e n t d e c e t t e p a r t i e
o c c a f i o n n é p a r u n f e r c h a u d ; u n e f o u r b u r e p e u t
e n c o r e l a p r o d u i r e : i l f a u t o u v r i r la m u r a i l l e à l a
p a r t i e a n t é r i e u r e , 6c in t r o d u i r e d a n s l ’o u v e r t u r e d e s
t e n t e s c h a r g é e s d e t é r é b e n t h in e .
L ’ e n c a f t e lu r e e f t u n r e f f e r r em e n t d e la p a r t i e f u -
p é r i e u r e d e l a m u r a i l l e d a n s t o u t f o n p o u r t o u r , o i t .
l ’ a r t i c u j a t i o n d e l’ o s c o r o n a i r e , a v e c l ’o s d u p a t u r o n ,
p a r o î t f u r p a f f e r e n d ia m è t r e la t e rm in a i f o n d e la p e a u
à la m u r a i l l e . O n p e u t d i f t in g u e r d e u x f o r t e s d ’ e n - .
c a f t e lu r e , l a n a t u r e l le 6c l ’a c c i d e n t e l l e ; la n a t u r e l le .
e f t c e l l e q u i v i e n t d e c o n f t i t u t i o n ; le s c h e v a u x b a r b
e s & le s e f p a g n o l s y f o n t p lu s fu j e t s q u e d ’a u t r e s :
l ’ a c c id e n t e l l e v i e n t p o u r l ’o r d in a i r e d e c e q u ’o n a
p a r é l a f o l é d e c o r n e , d é t r u i t le s a r c s - b o u t a n s , d e *
c e q u ’o n a r â p é l a m u r a i l l e , f u r - t o u t la c o u r o n n e '
p r o c h e l e p o i l . L ’ e n c a f t e lu r e p e u t e n c o r e f u r v e n i r à
l a f u i t e d ’ u n e f o u r b u r e o u d ’u n e f f o r t d e l ’o s c o r o n
a i r e fu r l ’o s d u p i e d ; e l l e p e u t a u f f i f u r v e n i r à u n
c h e v a l q u ’o n a u r a d e f f o l é p lu f i e u r s f o i s . D e s r a i e s
d e f e u m i f e s t r o p p r o f o n d é m e n t fo n t .d e m ê m e c a p a ^ j
b l é s d ’y d o n n e r n a i f f a n c e ; c e d e r n i e r a c c id e n t & l a
d e f f o lu r e o c c a f i o n n e n t p lu s . f r é q u e m m e n t P e n c a f t e -
l u r e q u ’o n n e p e n f e : à P e n c a f t e lu r e n a tu r e l le i l n ’ y .
a p o in t d e r em e d e ; p o u r l ’ a c c id e n t e l l e c ’ e f t d e t e n i r
l e p i e d h u m e f t é a v e c d e la t e r r e g l a i f e m o u i l l é e o u
d e s e m m i e l lu r e s .
Les poux ou maladie pédiculaire, eft très-commune
, 6c fait fouvent maigrir les chevaux ; les vieux
y font plus fujets que les jeunes : la peau eft pour
l’ordinaire dure , tendue ; les poils font hérifl’és 6c
femés clair ; on voit des chevaux tout couverts de
poux : le remede le plus efficace feroit de faire des
fridions mercurielles, mais elles ne font pas fans
danger; c’eft pourquoi on emploie avec fuccès une
infufion de tabac dans de l’eau-de-vie , 6c on en lave
le cheval ; il eft rare que les chevaux aient des poux
fans avoir en même tems des dartres farineufes ou
la galle.
Opérations. Les endroits où l’on doit faigner le cheval
font au co l, aux ars, au plat de la cuiffe : l’on peut,
encore tirer du fang de la queue , en y coupant une
partie tuméfiée que l’on voudra dégorger, en la fea-
rifiant. On appelleflamme l’inftrument avec lequel on.
faigne ; il y a des flammes à reffort avec lefquelles or*
faigne plus fûrement 6c plus facilement ; on donne,
du fer autant qu’il eft néceffaire : je crois même
qu’il eft indifpenfable de faire ufage de cet infiniment,
lorfqu’on veut faigner aux ars, 6c principalement
au plat de la cuiffe. On peut faigner au,
col avec ou fans ligature ; fi l’on fe fert d’une ligature
, elle doit pafl'er par-deflùs le c o l, le plus près
du poitrail qu’il fe pourra : on fera tenir la tête du
cheval un peu élevée, afin que le vaiffeau foit moins
roulant, qu’il forte davantage, & qu’il fe remplifle
mieux; alors le phlébotomifte étant placé convenablement
, faignera à un demi-pied de l’angle de la
mâchoire inférieure, il fera fon ouverture longitudinale
; il doit éviter de piquer ces groffeurs qui pa-
roiffent difperfées comme des grains de chapelet, ce
font autant de valvules, qui venant à être coupées,
ont quelquefois beaucoup de peine à reprendre, 8c
font fouvent le principe de fiftules à la faignée du col.
Lorfque la veine eft ouverte, on facilite la fortie du-
fang par le mouvement des mâchoires, qu’on excite
par différens moyens ; après la faignée on prend une
épingle, avec laquelle on perce les bords de la peau
au milieu de Pincifion ; on prend enfuite des crins ,
dont on entortille l’épingle , en formant un double
noeud : on peut auffi ne pas mettre d’épingle ; pour
lors, avatOîque de faigner , l ’opérateur fait tirer la
peau du col vers le haut ou vers le bas; dès qu’on a
tiré autant de fang qu’il eft befoin, on lâche la peau