8 I Ö L U
Malain.-On fait que les deux derniers barons de Luxt
pere 6c fils , périrent en un mois , de la main du che-
valier de Guife en 1613. Ils étoient l’un & l’autre •
honorés du cordon de l’ordre du Sàint-Efprit, 6c
lieutenans-généraux en Bourgogne. Du ducde Bellegarde
, cette baronnie a paffé à la mailon de Saulx-
Tavannes.
Parmi plufieurs tableaux qui ornent le falon du
château, on admire celui du fameux Gafpard de
Saulx-Tavannes, maréchal de France , qui reçoit à
genoux de Henri III, le cordon de fes ordres que ce
prince victorieux ôte de fon col pour en revêtir le
maréchal, après la bataille.de Renti en ï’554* Un
autre tableau repréfente une fille qui porte fur fa
tête un panier rempli de fruits où montent des fourmis
, qu’elle garde d’une main, avec ces-mots, difficile
à garder.
On voit par un Capitulaire de Charlemagne ,
c. qu’il fe tint à Lux un malle public, où les
comtes, les évêques §£ les échevinsrendoient la
juftice.
Près de Lux eft une petite contrée appellée Val-
ctOgne, où l’on prétend -qu’il y a eu autrefois une
ville de ce nom. Saint-Julien de Balcare croit bonnement
que c’eft de - là que fortent les Bourguignons.
-
Ce qu’il y a de certain, c’eft qu’en fouillant la
terre, on a découvert il y a 80 ans, & en 17 7 1 , des
briques longues 8c larges, des fragmens de vieilles
ferrures, d’armes, & dix médailles, dont trois d’argent
, des empereurs Augufte, Antonin, Adrien ; de
Julie, fille d’Augufte ; de Crifpina-Augufta, d’Agrippine
, de Fauftine : je les ai vues en oCtobre 1773 ,
chez M. Dubois , contrôleur à Til-Châtel, &c dire-
fleur des chemins.
Des tombeaux, du marbre blanc, & d’autres morceaux
curieux qu’on y déterre chaque jour, annoncent
l’antiquité de ce lieu, où il n’y a pas une mai-
fon. (C.) ;
LUX EU ou L u x e u i l , Luxovium , ( Géograph. )
cette ville eft très-ancienne 8c ne doit point fon
origine à l’abbaye fondée à la fin du v i° fiecle par
Saint-Colomban, ( comme on le prétend dans le
Dict. raif. des Sciences ) , puifqu’une infcription fur
une pierre quarrée, trouvée dans l’étang des Bénédictins
, prouve que l’endroit exiftoit avant J. Céfar.
L i x o v i i . T h e r m .
R e p a r . L a b i e n u s
Jussu. C. Jul. *Cæs. Imp.
L’endroit des bains eft celui oîi l’on découvre le
plus de marques de l’ancienneté, de la magnificence
& de la grandeur de LuxeuiL, qui jadis s’étendoit de
ce côté , 8c renfermoit les bains dans fon enceinte :
au lieu qu’aujourd’hui ils en font dehors, 8c environ
à 400 pas auprès du fauxbourg des bains : on y
a trouvé des pilaftres qu’on a tranfportés à.l’hôteî-
de-ville , une ftatue équeftre fort_ endommagée, un
pied de cheval d’une feule piece%avec une tête humaine
, la ftatue eft de pierre; il y a cinq bains , le
bain des bénédictins , des dames, le grand bain, le
petit bain ou le bain des pauvres, 8c celui des capucins.
Dans le bain des dames, .la liqueur du thermomètre
a monté au trente-deuxieme dégré &
demi. Luxeuil a été une pépinière de faints 8c de
grands hommes. Selon la lifte qu’en a donnée dom
Edme Martine dans la première partie de fon Voyage
Littéraire, pag. 168, on y compte 14 abbés faints,
18 évêques prefque-tous reconnus pour .faints tirés
de ce monaftere, 8c 23 abbés qui.en font fortis pour
gouverner d’autres monafteres, dont les plus illuftres
font Saint G ai, Saint Deicole ou D ié , Saint Beotin,
Saint Bertran , Saint Berchaire...
11 refte dans la bibliothèque des religieux de Saint-
Vanne J un leCtionnaire de la liturgie ‘Gallicane,
écrit en lettres Mérovingiennes, un commentaire -
fur les pfeaumes d’environ 800 ans, & le s lettres de
Clèmangis. Ibid.p. tG8. ( C. ')
LUZARA , ( Géogr. ) bourg de Lombardie , au
duché de Mantoue, remarquable par la bataille qui
s’y livra le 15 août 170 1 , où Philippe V , roi d’Ef-
pagne fe trouva en perfonne : l’armée des François
étoit commandée par le duc de Vendôme. La prife
de Luçara 8c de Guaftalle affura la victoire aux
François. L’officier Efpagnol dépêché à là cour de
France avec le détail de la bataille de Luqara , s’ex-
primoit avec tant d’embarras , que madame la du-
cheffe de Bourgogne ne put/s’empêcher d’en rire
avec éclat. Après qu’il eut fini fon récit, il dit gravement
à la princeffe : « Eft-cè que vous croy ez,
» madame , qu’il eft auffi aifé de raconter une
» bataille, qu’à M. de Vendôme de la gagner ? Anecd.
» Efpag. 1773.
L Y*
§ LYBIE, ( Géogr. anc.') Le mot Lybia chez les
Grecs , s’étendoit à toute l’Afrique , mais dans un
fens plus ftriCt; la Lybie étoit comprife dans le pays
qui s’étend de l’Egypte à l’oueft, julqu’à un golfe de
la Méditerranée , appellée la grande Syrte. Les Ptolo-
mées pofféderentcepays, & fous l’empire d’Orient,
la Lybie fut annexée au gouvernement d’Egypte. On
y diftingue deux provinces, Marmarica ou Marco-
tide, 8c Cyrenaica. La première , limitrophe de l’Egypte
, tiroit fon nom de la nation des Marmaridce ;
la fécondé , étoit reculée vers la Syrte. En fuivant
la côte , on trouve P aratonium, place que les Pto-
lonïées regardoient comme une tête avancée pour
couvrir leur frontière ; Apis, lieu Egyptien, célébré
par le culte qui y étoit établi. Toute cette partie
compofe; dans Ptolomée un Rôn\e appellé Lybicus.
Ammon ou Hammon, qui étoit le Jupiter de l’Egypte
, repréfenté avec une tête de bélier comme à
Thebes, avoit fon temple dans un canton plus reculé,
que les fables de la Lybie environnoient. Ce
lieu renfermoit différens quartiers dans une triple
enceinte; 8c les Ammoniens ayant eu des rois, comme
on le voit dans Hérodote , leur demeure com-
pofoit un de ces quartiers.
Le lieu nommé Catabathus magnus, ou la grande
defcente, faifoit, félon quelques anciens auteurs, la
féparation de.l’Afie d’avec l’Afrique : c’eft le terme
de la Martnarique.
Cinq villes principales faifoient diftinguer la Cyré»
naïque par le nom de Pentapolis. Damis, félon Ptolomée
, eft la première ville à cite r, & Derne eft
encore fon nom. Des Lacédémoniens fortis de
Thera ,île de la mer Egée, fondèrent Cyrene. Le dernier
des Ptolomées qui y régna, furnommé Apion,
légua fon royaume aux Romains,qui de là Cyrénaïque
8c de Pile de Crete , formèrent une province.
Apollonia étoit le port de cette ville , fituée avan-
tageufement. Cyrene dégradée dans le bas-empire,
conferve néanmoins quelques reftes, avec le nom
de Curin.
Ptolémaïs garde fon nom dans celui de Tolomefa j
8c le nom de Barca, de la ville de Barçe , eft affez
connu. Teuchira, prit fous le régné des princes Egyptiens
le nom àfArJinoe. Adriane eft aujourd’hui Bengali:
Bérénice fe fait connoître par le nom de Ber-
nic; la même ville étoit auffi délignée par le nom
d'Hefperis, 8c l’antiquité y place le jardin des Hefpè-
rides. On trouve dans ces pays des palmiers 8c des
datiers. Les Nafo.mones étoient décriés par leurs brigandages.
D ’Anville, Géographie ancienne, 111. vol.
1768. (f.)
LYCHANOS,
-
L Y M
LYCHANOS, ( Mujiq. des anc. ) Voyez L icha-
NOS. ( Mufiq. ) Dict. raif. des Sciences. (F . D . C. )
LYCTUS, ( Géogr. anc. ) ville de Crete, dans la
partie orientale, au lud-eft de Gnojfus. C’étoit la
patrie d’idomenée qui commandoit les Crétois ali
liege de Troyes. Obligé de quitter Pile, à caufe d’un
voeu indiferet qu’il avoit fait fur mer, 8c dont fon
fils de voit être la viCtime , il vint s’établir en Italie
, à l’entrée du golfe de Tarente, . auprès du promontoire
Salentin ou Japygien, & y fonda une ville
qui devint floriffante parles loix qu’il lui donna.
Géogr. de Virg. par Helliez, p. iGG. (C.)
§ LYDIEN, ( Mujiq. des artc.) On appelloit auffi
quelquefois mode barbare, le mode Lydien, parce
qu’il portoit le nom d’un peuple Afiatique.
Le caraCtere du mode Lydien étoit animé, piquant,
trifte cependant, pathétique & propre à la molleffe;
c’eft pourquoi Platon le bannit de fa république ,
c’eft fur ce mode qu’Orphée apprivoifoit, dit-on,
les bêtes même, 8c qu’Amphion bâtit les murs de
Thebes. Il fut inventé, les uns difent, par cet Am-
phion, fils de Jupiter & d’Antiope ; d’autres par
Olympe, Myfien, difciple de Marfias ; d’autres enfin,
par Mélampides: & Pindare dit qu’il fut employé
pour la première fois aux noces de Niobé. ( S )
Póllux , au chap. 10 du IV. livre de fon Onoma-
Jlicon, parle d’une harmonie Lydienne propre à la
flûte, 8c dont il attribue l’invention à Anthippus ;
un peu plus bas , il dit que le nome Lydien, auffi
propre à’ la flûte, a été inventé par Olympe ou par
Marfias, car le palfage eft équivoque; ici Pollux
5 .prend le mot harmonie pour fynonyme de mode. ou
pour fynonyme de genre. Voyez D o r ie n , (Mujiq.
des anc. ) Suppl. ( F. D . C. ) '
LYDIENNE, (Mujiq. des anci) furnom d’une des
flûtes des anciens. Vóyei Flûte. ( Littéral. ) Dict.
raif. des S c . ( F .D . C.)
§ LYMPHATIQUES , (A n a t.) Ces vaiffeaux
ont été découverts dans le foie par Fallope & par
Vefling, dans plufieurs places du bas-ventre, & même
de la poitrine. C ’eft cependant Rudbeck , qui le premier
les a vus dans plufieurs animaux, 8c qui en a
donné plufieurs figures. Après une recherche feru-
puleufe , on trouvera que Bartholin avoit l’ouvrage
de Rudbeck devant les yeux, quand il écrivit le fien,
quoique l’Europe favorable à Bartholin lui ait attribué
affez généralement cette grande découverte.
Ils font, auffi bien que les vaiffeaux rouges, des
vaiffeaux effentiels à l’animal, puifqu’onles trouve
dans les quadrupèdes à fang chaud, dans les oifeaux,
dans les quadrupèdes à fang froid 8c dans les poif-
fons. On avoit quelques indices de leur exiftence
dans les dernieres de ces claflés, mais on ne les con-
noiflbit que très-imparfaitement ; ce n’eft que depuis
quelques années que Mrs Hunter 8c Hewfqn ont fait
la découverte entière du fyftême lymphatique dans
les oifeaux, les quadrupèdes à fang froid &lespoif-
fons.
Dans les animaux à fang chaud même ,'nous n’avons
guere que des lambeaux de l’hiftoire de ces
vaiffeaux. Nous ne les connoiffons que dans le bas-
Ventre, la poitrine & le cou. Ceux du cerveau font
inconnus encore , auffi-bien que ceux de la matrice
humaine: nous en avons des indices dans les'extrê-
mités, mais qui font fort éloignés d’être complets.
Ces vaiffeaux font d’aiHeûrs encore plus variables
que les veines rouges , & il eft prefqu’impoffible
d’en donner une defeription, qui réponde à plus
d’un fujet.
En général, ces vaiffeaux font plus petits que les *
veines rouges. Le conduit thorachique même, qui
eft le tronc commun du plus grand nombre de ces
vaiffeaux, n’a pas deux lignes de diamètre : leurs
membranes font plus fines, quoiqu’elles ne laiflènt
Tome III.
L Y M 817.
pas que d’avoir une Certaine fermeté : elles paroif-
fent douées d’une forcé irritable très-confiderable *
non-feulement les vaiffeaux fe centraient 81 fe vui-
dent par l’a&ion des liqueurs acides , mais ils fe vui-
dent encore dans l’animal qui vient d’expirer. Leurs
fibres mufculaires ne font cependant pas vifibles.
Ils ont de commun avec les veines rouges d’être
remplies de valvules , ils furpaffent même de beaucoup
ces veines par le nombre 8c la fréquence de
ces valvules: elles font fémi-lunaires 8c placées deux
à deux. La cavité de leur finus regarde le canal tho-
rachique, & la convexité les extrémités d’oii naif-
fent ces vaiffeaux. Quand on les preffe dans l’animal
vivant, ou qu’on les injféte du tronc aux branches
, les valvules fe gonflent & forment des noeuds
très-apparens. C ’eft un des grands obftacles qui a
retardé l’entiere découverte des vaiffeaux lymphatiques
; il eft impoffible de les inje&er depuis le
tronc ; le mercure furmonte la réfiftance d’une ou
de deux paires de valvules, mais il eft bientôt
arrêté.- ■
Il paroît cependant, comme dans les Veines rouges
, que les lymphatiques des vifeeres n’ont pas de
valvules. J’ai enflé , injeété même les vaiffeaux du
poumon, fans y trouver d’empêchement. On a fait
la même expérience fur les lymphatiques de la partie
convexe du foie.
^ Leur origine eft un fujet de controverfe. Il eft
sur qu un très-grand nombre de ces vaiffeaux naît
des petites cavités du tiffu cellulaire. C’eft en Angleterre
qu’on a infifté le plus fur cette origine. On a
cru s’appercevoir que les vaiffeaux lymphatiques ne fe
remplirent de mercure injeété par les arteres ou par
les veines, que lorfquel’on avoit ufé d’une certaine
violence, capable de rompre les vaiffeaux , & de
faire extravafer le métal dans les efpaces cellulaires.
Je vais parler de mes expériences qui ne mènent
pas a ces conclufions. Je conviens que les vaiffeaux
lymphatiques repompent une humeur fine épanchée
dans la cellulofité; mais je ne conviens pas que ce
foit leur unique origine.
Il en naît certainement des grandes cavités. Nous
avons l ’exemple des inteftins, dont la cavité donne
naiffance aux vaiffeaux laélés, véritables lymphatiques
, 8c qui hors de la digeftion charrient du chyle.
D ’ailleurs les tumeurs des glandes lymphatiques font
une des caufes les plus communes de l’hydropifie ; il
eft évident que ces tumeurs arrêtent le retour de la
vapeur qui remplit les grandes cavités, & qu i,
arrêtée par des squirrhes, augmente tous les jours
de volume & dilate énormément ces cavités. M.
Kaauw, célébré par fes connoiffances fur la fine
anatomie, favoit remplir les lymphatiques, & en
jpême tems les pores réforbans de la plevre & du
bas-ventre.
Une autre origine des vaiffeaux lymphatiques eft
bien certainement Celle par laquelle ils naiffent des
vaiffeaux, des arteres rouges, des veines 8c des conduits
excrétoires. Les expériences ne font point
équivoques là-deffus. Par rapport aux arteres, j’ai
injeété bien des fois l’aorte, 8c j’ai vu les vaiffeaux
laftés & le canal thorachique fe colorer par l’huile
de térébenthine teinte de rouge, que j’y avois injectée.
Cette expérience ne me paroît pas pouvoir
être rapportée à la reforptipn d’une humeur extra-
vafée; elle eft en général difficile à comprendre dans
un cadavre; mais il eft sûr que lé cinabre trop pe-
(ant 6c trop groffier, ne fe repomperoit point, s’il
étoit forti de la continuité des petits vaiffeaux pour
s’épancher dans les cellules^ Le cinabre a fi peu de
mobilité, que mêlé à la cire , il s’en fépare ; quand
elle a rompu un vaiffeau , il en.abandonne la maffe
8c fe réunit dans le centre. Quand le vaiffeau n’eft
L LT 11
I