la fituatlon de cette montagne qui enveloppe la Ma*
cédoine du côté du midi, alors on fe perfuade aifé-
ment que c’eft encore la clarté du pôle arâique qui
a occationné tous les phénomènes qu’on a pris pour
les décorations de la cour célefte & pour les rayons
mêmes des dieux, lorfqu’ils tenoient un confeil,
dont les dieux avoient cependant très-peu befoin.
Les Grecs étoient, par rapport à l’Olympe, dans
une fouation exactement femblable à celle des ha-
bitans de Reggio , par rapport aux montagnes de la
Calabre & à l’Apennin : c’e f t-à -d ire , qu’ils la
voyoient en fe tournant au nord , 6c la lueur qu’ils
y appercevoient de tems en tems paroît leur avoir
fait imaginer ce mot même d'Olympe, qu’on a en-
fuite appliqué, par une extrême licence du langage
poétique, à tout l’empirée. Parmi les Opufcules de feu
M. de Mairan, imprimés dans la Collection de l'academie
des Infcriptions, 6c féparément au Louvre,
en 1770,on trouve l’empreinte d’une fardoine du cabinet
du roi qui repréfente Neptune plongé dans
l’Océan jufqu’à la moitié du corps, 6c tenant au-
deftus de fa tête une efpece dévoilé qui forme un
arc fous-courbé, fur lequel Jupiter eft aflis avec la
foudre en main. M. de Mairan a foupçonné que
ce voile figure le fegment obfcur de l’aurore boréale
, telle qu’elle a dû apparoître à ceux qui l’ob-
fervoient du bord de la mer ; ce qui peut avoir
donné occafion à quelques mythologues de faire
fupporter le trône de Jupiter par Neptune, & quoique
cela foit peu conforme à la doCtrine commune
des Grecs, cela l’eft beaucoup à la doftrine des
Orientaux, fur-tout à celle des Indiens qui s’imaginent
qu avant la création Dieu fe promenoit toujours
^a ^ace ^es eaux qui étoient par conféquent
déjà créées, 6c ils représentent encore aujourd’hui
Bramah couché fur une feuille de palmier qui flotte
au gré des.vagues, comme l’on peut le voir dans
l’ouvrage de M. Holwell.
La fardoine du cabinet du ro i, dont nous venons
de parler , eft encore remarquable en ce qu’une licorne
y accompagne le figne du zodiaque qu’on appelle
la vierge ; bizarrerie qu’on obferve aufli fur
une pierre gravée qui appartient au duc d’Orléans.
On dit que ce font des aftrologues qui ont fait cet
ajoute vers les tems du régné de Domitien, pour fe
conformer à l ’idée des Arabes qui s’imaginoient
qu’un quadrupède aufli cruel que la licorne, 6c qui
heureufement n’exifte point dans la nature, ne pou-
voit etre dompte que, quand on le mettoit dans le
fein d’une vierge. Il fe peut bien que ce conte foit
en quelque forte moral ou allégorique , mais nous
doutons que ce^ foit là l’origine ou la caufe du
changement fait a 1 un des fymboles du zodiaque :
car il paroît plutôt qu’il y eft queftion de l’oryx
qu’Ifis déchire, & que des fculpteurs ou des graveurs
Grecs ont pu repréfenter avec une feule corne,
quoiqu’il en ait deux.
Le, développement des fables au fujet de la fée Morgane
6c de l’apparition des dieux fur le mont Olympe,
pourra faire découvrir avec le tems l’explication
de plufieurs autres enigmes mythologiques, qu’on a
deielpere de réfoudre. Il faut moins s’attacher aux
étymologies,& sattacher davantage àlapartie phyli-
que ; puifque l’expérience a prouvé qu’au moyen
des connoiffances phyfiques,on a plus éclairci la mythologie
que par toutes les autres tentatives imaginables.
Non (lue nous prétendions ici exeufer l'audace
ou. plutôt l’imprudence de plulieurs atchy milles
ignorans qui ont voulu dévoiler l’hiltoire des dieux
& des déeffes de l’antiquité, par des termes. & des
Jirocédés de leur art illufoire & menfonger.
Quoique quelques afttonomes de nos jours &
fur-tout ceux qui ont obfervé dans le nordle paffage
de. venus fur ledifque du foleil, aient promis de
donner un nouveau fyftême fur la formation des
aurores boréales, il faut dire ici que tous les fy -
.ftêmes à cet égard font indifférens par rapport à
l’objet que nous venons de difeuter: car les Grecs
& les Calabrois n’ont point fondé leurs fables fur la
caufe du phénomène, mais fur fon effet. O r , l’effet
des lueurs polaires a dû être toujours le même, au
moins dans notre latitude: car on eft encore trop
peu inftruit pour pouvoir parler dés aurores auftra-
les ; on fait feulement qu’il en paroît de tems en
tems, 6c qu’elles font vifibles au cap Hoorn, où l’on
a fait la feule obfervation détaillée qu’on ait pu recueillir
fur cette matière. ( D .P .)
FEGGOU , (Hifoire de Danemarck. ) Ce roi de
Danemarck aflaflîna HordenmHbn frere, & fut
affafliné par Amlet fon neveu, Amlet ( Hiß.
de Darîernarck. ) Suppl. ( M. DE SACY. )
§ FELTRI, ( Géogr. ) Fßtria, ville épifcopale de
la Marche Trevifane fousfla république de Venife ,
capitale du Feltrin, U'Feltrino i quoiqu’à quarante
milles de la mer, le terrein s’y trouve de la même
nature que celui des lagunes de Venife. On y voit
beaucoup de productions marines, 6c de pétrifications.
M. Odourdi a donné en 1764 une bonne dif-
fertation fur cette matière. Gai. lin. d'Europe , novembre
1764. ( C. )
§ FEMME, ( Phyfiol. ) c’eft la femelle de l’homme.
Les deux fexes ne fe trouvent pas dans tous les
animaux : la nature paroît avoir réfervé cette diftinc-
tion pour les animaux confidérables, capables d’un
mouvement local,& d’une efpece de fociété, dont le
principal lien eft dans cette différence même 6c dans
l ’amitié à laquelle elle donne lieu.
Les animaux extrêmement Amples n?ont aucune
apparence de fexe : telle eft la claffe nombreufe des
polypes, foit qu’ils foient nuds, foit qu’ils fortent
d’un tuyau, ou-qu’ils forment enfin une moelle ani-
mép dans une efpece de plante rameufe.
Des animaux plus compofés commencent à porter
le caraCtere d’un fexe; ils font généralement femelles:
qe nom appartient aux animaux, du corps def-
quels fe produit un oeuf ou bien un individu de la même
efpece, mais qui femblable à fa mere n’en eft pas,
comme dans la clafle des polypes, une branche détachée.
Une partie des animaux qui habitent les coquillages
font de cette claffe. Les pucerons paroiffent
l’être; du moins dans quelques efpeces d’entr’eu x,
tous lesindividus donnent-ils naiflance à des animaux
formés dans leur intérieur. L’oeuf a de plus que l’animal
, des enveloppes & une humeur qui environne
le foetus.
D ’autres coquillages ont en quelque maniéré les
deux fexes réunis dans le même animal. On y trouve
des oeufs, dont fortiront avec le tems de nouveaux
individus de la même efpece, & des organes entièrement
différens. On appelle ces organes mâles, parce
qu’ils préparent non un nouvel animal, mais une liqueur
néceflaire pour faire réuflîr les oeufs, 6c fans
l’aide de laquelle ces oeufs ne reproduiroient pas
l’efpece.
Un pas de plus rapproche de nous quelques autres
coquillages qui réunifient à la véritédes organes des.
deux fexes, mais qui nefe fuffifent pas à eux-mêmes ;
ils ont befoin d’un autre individu de leur efpece ,
dont ils fécondent les oeufs par leur partie mâle, 6C
par lefquels ilsfont fécondés eux-mêmes dans leurs
organes femelles. Les efeargots font de-ee genre.
Des claffes d’animaux plus compofés, plus vifs ,
plus fociables, font divifées en deux efpeces d’individus,
dont les uns n’ont que les organes requis pour
féparer & pour répandre une liqueur fécondante ; ce
font les mâles ; & dont d’autres individus contiennent
les organes , dans lefquels fe forment ou des oeufs
ou de nouveaux- individus femblables àleur nrere ; ce
font les femelles. Les quadrupèdes, les oifeâux, les
poiffons, les ferpens, une bonne partie des infeCtes ,
quelques coquillages même font de cette grande claie.
L’homme, véritable animal par fon corps, eft de
la même clafle.
• Dans l’homme 6c dans une grande partie des quâ*
drupedes,dans quelques oifeaux même,les deux fexes
femblables en général, different en plufieurs caractères
, fans parler des organes particuliers , par lefquels
ils font ou mâles ou femelles. '
• Généralement parlant , le mâle eft plus grand &
plus vigoureux: fa fibre eft plus forte, fon tiffu cellulaire
plus ferré, fes mufcles plus gros, fes os plus
raboteux, plus anguleux & plus folides; fon aorte
même a plus de fermeté. Le mâle eft plus velu dans
l’efpece humaine ; dans plufieurs quadrupèdes il a une
crinière 6c des cornes., dont les femelles font defti-
tuées; fes dénis font plus groffes , 6c des crêtes ou
des ornemens particuliers, défignent fon fexe dans
la claffe des volatiles.
La différence de la femelle au mâle doit être affez
générale, du moins pour les quadrupèdes : elle convient’plus
effentiellement encore à la femme. Defti-
née qu’elle eft à de grandes variations dans le volu*
me de fon bas-ventre, dans celui de l’uterus, de la
peau & du fein , elle devoit avoir les fibres 6c le tif-
lu cellulaire plus fouplesJDeftinée à la vie féden-
laire, difpenfée des travaux les plus rudes, du moins
chez toutes les nations policées,elle n’a voit pas befoin
d’autant de force qiie l’homme, créé pour cultiver
la terre»
Outre cette différence générale, la femme différé
de l’homme par les proportions. L’homme, dont le
bras doit fillonner la terre, a la poitrine plus large ,
les épaules plus éloignées , 6c la mefure d’une épaule
à l’autre plus grande, en comparaifon de la ligne que
l ’on, tire d’une hanche à l’autre : fa clavicule eft plus
courte, par l’effet deTattra&iôn fupérieure du muf-
cle peétoral & du deltoïde.
Le baflin n’eft fait chez l’homme que pour placer
la veflie & le dernier inteftin: dans la femme, la
nature, y ajoute l’utérus : le baflin eft donc plus ample
dans la femme, les os des îles plus é vafés 6c riioins
épais , le facrum 6c le coccyx moins courbés en-devant
, la diftance des deux ifehions 6c des deux fémurs
plus grande, 6c fupérieure à celle qui a lieu dans
les hommes. Les ftatuaires de l’antiquité n’ont pas
négligé ce caraCtere diftinCtif: on le trouve bien exprimé
dans l’Hercule Farnefe & dans la Vénus de
Medicis,
Une autre différence encore diftingue les deux
fexes. Le genre humain doit renaître par Va femme ;
c ’eft de fon corps que fort le nouvel être deftine à
remplacer fes parera. Pour en faciliter la fortie, toujours
difficile, les os pubis font unis par un cartilage
plus large 6c plus lâche : la ligne de leur réunion eft
plus courte, 6c les deux brandies ofléufes qui vont
s’unir font avec cette union un angle beaucoup plus
obtus. C’eft par cet angle que le foetus doit fortir :
& le cartilage de l’union des os pubis fe lâche &
prête, un peu dans l’accouchement, du moins lorf*
qu’il eft difficile.
Ce n’eft donc qu’un badinage de Galien, qu’on a
renouvcllé de nos jours, lorfqu’on a voulu faire en-
vifager l’homme comme une femme, dont l’utérus fe-
roit forti du corps par la fupériorité de fes forces.
Ce n’eft pas à l’utérus que répond l’organe du mâle ;
il a fon organe analogue dans le clitoris. L’utérus &
le vagin n’ont rien d’analogue dans l’homme, comme
les véficules féminales & la proftate n’ont rien d’analogue
dans la femme. ( H. D . G. )
FENÊTRE , (. Antiq. ) Toutes les fenêtres deS
maifons découvertes dans Herculanefont petites,
fermées Amplement avec des volets en bois; quel-
Tonu I I I ,
îjües-tfnes ont des chaflis garnis de petits môfteâufê
de talc ou de pierre fpéculairs. L’on a trouvé dans
cette ville une fenêtre garnie de gros morceaux dé
plaques de verre épaiffes 6c brutes : ce qui prouvé
que l’art d’étendre le verre fur des tables pour ert
faire des efpeces de vitres, n’étoit pas totalement
ignoré. L’art de faire des verres à la canne de fe«?
percée pour les fouiller * étoit connu des anciens;
maisils n’avoient pasencoreimaginé d’étendre enfuité
ce verre en plaques minces ; pour en faire des vitres.
On voit dans lés tableaux d’Herculane quantité de
payfages embellis par de fuperbes palais, hts fenêtres
des maifons des particuliers 8c des temples ne paroiffent
pqs toujours d’une forme agréable ; l’on en
voit qui font rondes; d’autres font quarrées, d ’autres
en feuille de trefle ; en ovale, en figures très-fingu-
lieres ; quelques-urnes font placées près des angles
des murs : elles ne font pais toujours alignées 6c efpa-
cées avec régularité & proportion. En un mot, l’on
y voit, ainfi que dans les jardins aétuels de Tempe*
reur de la Chine , que les anciens s’amufoient quelquefois
à donner à leurs fenêtres des formes irrégulières.
Les Chinois aiment le grand jour : peut-être
que l’ufage des grandes fenêtres 6c le papier blanc *
dont on décore les appartemens, ont contribué à
procurer à ces peuples des yeux à demi - fermés :
peutfêtre aufli que la forme des yeux des Chinois
les néceflite aujourd’hui à faire de trks-\aQ.esfenêtres 5
leur pays abonde en aveugles.
La mode exige en France què Ton faffe dans les
maifons, des fenêtres de quatre pieds de large fur.
huit de hauteur ; mais le bon fens les proferira incef-
famment. En général, il eft ridicule dans des pays
froids,d’avoir de trop grandes fenêtres. Il pàroît que fi
Tön fe bornoit dans les pays tempérés à donner aux
fenêtres deux pieds & demi de large fur cinq pieds dé
hauteur, le jour feroit fuffifant ; les maifons feroient
plus fures 6c plus durables, 6c la Vue feroit moins
affoiblie par le trop grand jour. La police devroit régler
cet article dans chaque pays. Autrefois on éle^
voit un fronton en faillie fur chaque fenêtre : cet ùfa-
ge ridicule devient aujourd’hui néceflaire dans les
maifons oû Ton met un comble à lagénoife , parce
que la corniche ou le couvert,ayant trop peu de faillie*
la pluie entre dans la maifon, 6c il eft défagréable de
ne pouvoir pas aéluellement ouvrir une fenêtre, fans
être aufli expofé à l’intempérie de là faifon que fi Ton
étoit au milieu de la rue : les combles 6c les corniches
à la génoife ne conviennent donc que dans les payé
où il pleut très-rarement.
Les perfonnes qui étudient, ne doivent jamais tra*
vailler en face de la fenêtre ; elles doivent faire en-
forte , i° . que la lumière tombe indirectement fur
leur livre; & z°. qu’il n’y ait que la petite quantité
de lumière fuffifante pour lire ; alors elles pourront
foutenir le tràvail plus long-tems, fans nuire à leur
fanté. Les perfonnes riches emploient des rideaux
verdsoudes flores, ou des jaloufies mobiles pour
affoiblir le jour des cabinets; plufieurs religieux en
huilant les papiers de leurs chaflis ; délaient oit
broient dans l’huile quélques grains de vérd diftillé*
c’eft-à-dire, cryftaux de vénus, pour colorier en
verd les papiers de leurs chaflis. Tous ces ufageä
ont leur utilité pour conferverla vue &les meubles*
Les fenêtres descuifines, des potagers, dès écuries
, des brafferies, des greniers, doivent être très-
grandes ; jamais il ne peut y avoir un trop grand jour*
La folidité des maifons exigeroit que Ton fit peu
d’ouvertures dans le bas & beaucoup dans le haut i
mais on fait préeifément le contraire ; le rez-de-
I chauffée, fur-tout dans les villes , eft coupé par dé
gratlds arcs de boutique, qui néceflitent à foutenir lé
bâtiment par de fimples pilaftres. Il feroit à fouhaite*