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mis 44 dans fon grand catalogue Britannique, niais il
les obfervoit avec des lunettes. La principale étoile
du lynx eft à l’extrémité de fa queue , elle eft de quatrième
grandeur fuivant Flamfteed ; fa longitude en
1690 étoit de 4s, 7d, 3 i ' , io 1!:, 8c fa latitude de
i 7 d, 56', o" boréale. ( M. d e l a La n d e . )
§ LYON, (Géogr. Commé) fon commerce s’affoiblit
beaucoup ; les jéfuites-onttranfplanté de Lyon à Suzë
une colonie de manufacturiers, qui ayant fous la
main les foies de Piémont,ne manquerontpas de porter
coup aux fabriques de Lyon. Dans les dernieres
années, le défaut de fubfiftances a oCcafionné des
révoltes 8c de nombreufes émigrations d’ouvriers ,
qui ont établi à Harlem des manufactures d’étoffes
d’or & d’argents La Haye , qui annuellement droit
de Lyon pour plufieurs millions , n’y enverra plus
de commiffions. D’autres fabriques enfin fe font établies
à Vienne en Autriche, enforte que fans un foin
particulier du miniftere , pour maintenir çette grande
ville dans un état d’aifance par lequel elle puiffe
foutenir la concurrence qui y attire ÔC qui y fixe
l’induftrie , il eft tout à craindre que fon luftre ne
s’anéantiffe bien vite. Géogr. de Robert, profeffeur à
Châlon-fur-Saône, édit. lyya. , pag. $ÿ .
L YR A D I G AMB A , (Luthé) A r CHIVIOLE
DE L Y R E , ( Luth. ) Suppl. ( / C D . C. )
L y r a d i b r a c c i o , ( Luth. ) efpece de viole
plus grande que le violon , elle a fept Cordes , dont
deux font au-delà du manche, 8c ne peuvent par
conféquent donner chacune qu’un ton. C e t infiniment
n’eft qu’une efpece de deffus de Varchiviole de
lyre. Voye* ce mot ( Luth. ) Suppl. Voye{ auffi la fig.
8 , planche I I de luth. Suppl, ( F. D . C, )
§ LYRE, f. f. ( Ajlron. ) conftellation boréale,
appellee auffi en latin, lyra, cythara apollinis ,, or-
phei , mercurii, arionis , amphyonis ; tèjludo Jîve
chelys marina , fidicula. , fides ,falco fylveflris, vultur
cadens, deferens pfalterium ,pupillam & téflan ,Jîdicon ;
aquila marina, aquila cadens. La belle étoile de cette
conftellation s’appelle fouvent auffi la lyre, wega ,
pupilla, tejla. On repréfente communément un vautour
qui porte une lyre ou plutôt un déCacorde, ÔC
par-là on fatisfait aux différens noms qu’a eus cette
conftellation. On ne voit pas pourquoi les Arabes
ont mis un vautour au lieu d’une lyre, fi ce n’eft
parce que la lyre, pointue par lé haut, évàfée par
en bas, eft fufceptible d’être ornée par une figure
d’oifeau ; on l’appelle vultur cadens , parce que cet
oifeau regarde vers le midi, où il femble defcendre,
au lieu que l’aigle qu’on repréfentoit s’élevant vers
le haut du ciel, s’appella vultur volans. Cette conftellation
eft compolée de 21 étoiles dans le catalogue
britannique, la principale qui eft de première grandeur
avoit en 1750, c f i° 48' 37" de longitude ,
& 6i° 44' 5ow de latitude boréale, ( M. d e la
La n d e . )
LYRE ou L ir e , en Normandie,( Géogr. ) bourg
du diocefe d’Evreux, élection de Conches, intendance
d’Alençon fur la ville, avec une abbaye, fondée
en 1060, par Guillaume de Normandie : Alix
fa femme ôc Guillaume fon fils y font inhumés. Saint
Thomas de Cantorberi, réfugié en France, demeura
quelque tems en ce monaftere ; c’eft la patrie de
Nicolas de Lyra, qui de juif fe fit cordelier, & mourut
en 1340 au couvent de Parens, où l’on voit fon
épitaphe. ( C. )
LYRIQUE, adj. ( Belles-Lettres. Poéjte. ) Le poème
lyrique chez les Grecs , étoit non-feulement
chanté, mais compofé aux accords de la lyre : c’eft-
là d’abord ce qui le diftingue de tout ce qu’on appelle
poéfie lyrique chez les Latins 8c parmi nous. Le poète
étoit muficien , il préludoit, il s’animoit aux fons de
ce préludé ; il fe donnoit à lui-même la m e fu re le
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mouvement, la période muficale ; les vers naiffoient
avec le chant ; 8c de-là l’unité de-rythme, de caractère
8c d’expreffion, entre la mufique 8c les vers i
ce fut ainfi qu’une poéfie chantée fut naturellement
foümife au nombre & à la cadence ; ce fut ainfi que
chaque poète lyrique inventa, non-feulement le vers
qui lui convint, mais auffi la ftrophe analogue au
chant qu’il s’étoit fait lui-même, 8c fur lequel il
compofoit.
A cet égard le poème lyrique, ou l’ode, chez les Latins
8c chez les nations modernes, n’a été qu’une frivole
imitation du poème lyrique des Grecs : on a dit,/c
chante, & on n’a point chanté ; on a parlé des accorda
de fa ly r e , 8c on n’a voit point de lyre. Aucun poète,
depuis Horace inclufivement, ne paroît avoir modelé
fes odes fur un chant. Horace, en prenant tour
à tour les diverfes formules des poètes Grecs, femble
avoir fi fort oublié qu’une ode dût être chantée,
qu’il lui arrive fouvent de laiffer le fens fufpendu à
la fin de la ftrophe où le chant doit fe repofer ; comme
on le voit dans cet exemple fi fublime d’ailleurs
par les penfées & par les images :
Difiriclus enjis cui fuper impiâ
Cervice pendet / non ficulce dapes
Dulcem elaborabunt faporem ;
Non àvium, cithares que cantus
Somnum reducent. Somnus agtefiium
Lenis virorum, non humiles domos
Faflidie, umbrofamque ripam ,
Non [ephyris agita ta tempe.
Nos odes modernes ne font pas plus lyriques; & ,
à l’exception de quelques chanfons bachiques ou
galantes , qui fe rapprochent de l’ode ancienne ,
parce qu’elles ont été faites réellement dans le délire
de l’amour ou de la jo ie , 8c chantées par le poète ;
aucune de'nos odes n’eft fufceptible de chant. On a
effayé de mettre en mufique l’ode de Rouffeau à la
Fortune : e’étoit un mauvais choix; mais que l’on
prenne entre les odes du même poète, ou de Malherbe,
Ou de tel autre, celle qui a le plus de mouye-
mens 8c d’images , on ne réuffira guere mieux.
( Voye{ Air , Suppl. )
La feule forme qui convienne au chant, parmi
nos poéfies lyriques , eft celle de nos cantates ; mais
Rouffeau qui en a fait de fi belles, n’avoit ni le fen-
timent, ni l’ideede la poéfie mélique ou chantante ;
& fa cantate de Circé, qui paffe pour être la plus
füfcèptible de l’expreffion muficale, fera l’écueil des'
compofiteurs. Métaftaie lui feul, dans fes oratorio ,
a excellé dans ce genre, & en a donné des modèles
parfaits. Foye^ C o n c e r t , Suppl.
Maisde grand avantage des poètes lyriques de la
Grece , fut l’importance de leur emploi, & la vérité
de leur enthoufiafme.
Le rôle d’un poète lyrique, dans l’ancienne Rome
& dans toute l’Europe moderne , n’a jamais été que
celui d’un comédien ; chez les Grecs au contraire,
c’étoit une. efpece de miniftere public, religieux,
politique ou moral.
Ce fut d’abord à la religion que la lyre fut confa-
cré e, 8c les vers qu’elle accompagnoit furent le langage
des dieux ; mais e l l e obtint plus de faveur encore
en s’abaiffant à louer les hommes.
La Grece étoit plus idolâtre de fes héros que de
fes dieux, 8c le poète qui les chantoit le mieux, étoit
fur de charmer, d’enivrer tout un peuple. Les vivans
furent jaloux des morts : l’encens qu’ils leur voyoient
offrir ne s’exhaloit point en fumée ; les vers chantés
à leur louange paffoient de bouche en bouche 8c fe
gravoient dans tous les efprits. On vit donc les rois
de la Grece fe difputer la faveur des poètes, 8c s’attacher
à eux pour fauver leur nom de l’oubli.
i j 1 a
Ét quelle émulation ne dévoient pas infpirér des
honneur^ qui alloient jufqu’au culte ? fi l’on en croit
Homere, le plus fidele peintre des moeurs, la lyre ,
dans la cour des rois, faifoit les délices des feftins;
le chantre y étoit révéré comme l’ami des Mufes 8c
le favori d’Apollon : ainfi l ’enthoufiafme des peuples
8c des rois allumoit celui des poëtes;8c tout ce qu’il ÿ
avoit de génie dans la Gfece fe dévouoit à cet art
divin. Mais ce qui acheva de le fendre important 8c
grave , ce fut l’ûfage qu’en fit la politique , en l’affo-
ciant avec les loix pour aider à former les moeurs.
Ce n’étoit pas feulement à louer l’adreffe d’un
homme obfcur, la vîteffe de fes chevaux, ou fa v igueur
au combat de la lutte, mais à élever l’ame des
peuples que l’ode olympique étoit deftinée; & dans
l’éloge du vainqueur étaient rappellés tous les titres
de gloire du paysqui l’avoit vu naître : puiffant moyen
pour exciter l’émulation des vertus! ainfi née au fein
de la joie -, élevée, ennoblie par la religion, accueil*
lie 8c honorée par l’orgueil des rois & par la vanité
des peuples, empldyee à former les moeurs, en
rappellant de grands exemples, en donnant de grandes
leçons, la poéfie lyrique avoit un caraftere auffi
férieux que l’éloquence même ; il n’eft donc pas étonnant
qu’un poète, honoré à la cour des rois, dans les
temples des dieux, dans les folemnités de la Grece
affemblée, fût écouté dans les confeils & à la tête
des armées, lorfqu’animé lui-même par les fons de
fa ly re, il faifoit paffer dans les âmes, aux noms de
liberté, de gloire & de patrie,«les fentimens profonds
dont ii étoit rempli.
On ne veut pas ajouter foi au pouvoir de cette
éloquence fécondée de l’harmonie, & aux tranfports
qu’elle excitoit en remuant l’ame des peuples par les
refforts les plus puiffans ; on ne .veut pas y croire
tandis qu’en Italie on voit encore la mufique, par la
voix d’un homme affoibli, & dans la fi&ion la plus
vaine, enivrer tout un peuple froidement affemblé.
Suppofez au milieu de Rome, Pergolefe, la lyre
a la main, avec la voix de Timothee & l’éloquence
de Démofthenes, rappellant aux Romains leur ancienne
fplendeur & les vertus de leurs ancêtres ;
vous aurez l’idée d’un poète lyrique, & des grands
effets de fon art!
En voyant en chaire le millionnaire Bridaine , les
yeux enflammés ou remplis de larmes , le front.ruif-
felant de fueur, faifant retentir les voûtes d’un temple
des fons de fa voix déchirante, & unifiant à la
chaleur du fentiment^le plus exalté, la véhémence
de l’aétion la plus éloquente & la plus vraie ; je l’ai
fuppofé'quelquefois transformé en poète, 6c fortifiant
par les accens d’une harmonie pathétique les
fentimens ou les images dont il frappoit l’ame des'
peuples ; 6c j’ai dit : tel devoit être Epiménide au
milieu d’Athenes ; Therpandre ou Tyrtée au milieu
de Lacédémone ; Alcée au milieu de Lesbos.
Le poète lyrique n’avoit pas toujours ce caraftere
férieux, mais il avoit toujours un caraftere vrai :
Anacréon chantoit le vin 6c les plaifirs, parce qu’il
étoit buveur 6c voluptueux; Sapho chantoit l’amour
parce qu’elle brûloit d’amour.
Ces deux fortes d’ivreffe ont pu, dans tous les
tems 6c dans tous les pays, infpirér les poètes; mais
dans quel autre pays que la G rece, la poéfie lyrique
a-t-elle eu fon caraétere férieux 6c fublime, fi ce
n’eft chez les Hébreux 6c dans nos climats du Nord,
du tems des Druides 6c des Bardes ?
Chez les Romains 6c parmi nous, Horace, Malherbe
, Rouffeau , faifoient femblant de chanter fur
la lyre ; mais Orphée , Amphion ne faifoient pas
femblant, lorfqu’ils apprivoifoient les peuples’, les
raffembloient, les engageoient à-fe bâtir des murs,
à vivre fous des loix ; mais Therpandre pour adou-
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cir les moé'ufs des Lacédémoniens ; Tyrtée pour les
ranimer 6c les renvoyer aux combats ; Epiménide
pour appaifer le trouble des efprits 6c la voix des
remords, quand les Athéniens fe croyoient menacés,
pourfuivis par les Euménides ; Alcée enfin, pour dé*
clârer la guerre à la tyrannie, 6c rallumer dans l’ame
des Lesbiens 1 amour delà liberté,chantoit réellement
aux accords dé la lyre , peut-être même aux fons
des iriftrumens analogues au caradere 6c à l’intention
de leur chant.
Dans l’ancienne Rome, une poéfie éloquente eût
fouvent pu fe fignaler; mais un peuple long-tems
inculte, uniquement guerrier, peu Curieux de vers
6c de mufique, peu fenfible aux arts d’agrément, 6c
trop auftere dans fes moeurs pour fonger à mêler fes
plaifirs avec fes affaires, auroit trouvé ridicule une
lyre dans la main des Brutus ou des Gracches, ou
dans Celle de Marius ; une éloquence mâle pour,
plaider fa caufe , une épée pour la défendre, voilà
tout ce qu’il demandoit ; 6c un tribun comme Tyr-
thée, ou un conful comme Epiménide, venant fou-
lever en chantant, ou calmer le peuple Romain ,
auroit été mal accueilli. Voye^ P o é s i e , Suppl.
Dans ce même article P o é s i e , nous avons applique
à l’Italie moderne, ce que nous venons de dire
de l’Italie ancienne, 6c nous n’avons pas diflimulé
notre furprife, de voir que l’églife ait négligé celui
de tous les arts qui pouvoit le plus dignement embellir
fes folemnités. Quant à l’ode profane, elle n’y
a jàmais fait qu’un rôle fi&if, fans objet 8r fans miniftere
; auffi les hommes de génie que l’Italie a pu
produire dans ce genre fublime , comme Chiabrera
6c Crudeli, n’ayant à s’exercer que fur des fujets
vaguesj n’ont-ils é té, comme Horace, que de foi-
bles imitateurs de ces hommes paffionnés, .qui, dans
la Grece , ajoutoient aux mouvemens de la plus
fublime éloquence , le charme de la poéfie 6c la magie
des accords.
En Efpâgne nul encouragement, 6c auffi nul fuc-
cès pour le lyrique férieux 6c fublime, quoique la
langue y fût dilpofée. On ne laiffe pourtant pas de
trouver dans les poètes Efpagnols quelques odes
d’un ton elevé ; celle de Louis de Léon fur l’invafion
des Maures, eft remarquable, en ce que la fi&ion
en eft la même que l’allégorie du Camouens pour le
cap de Bonne-Efpérance. Dans le poète Efpagnol,
plus ancien que le Portugais , c’eft le Génie d’un
fleuve qui prédit la defeente des Maures ôc la d é f lation
de l'Efpagne ; dans le Portugais, c’eft le Génie
proteûeur.du promontoire des tempêtes, 6c gardien
de la mer des Indes, qui s’élève pour en défendre
le paffage aux Européens : l’image eft agrandie,
mais l’idée eft la même, 6c la première gloire en eft
à l’inventeur.
L’ode, en Angleterre, a eu plus d’émulation 8c
plus de fuccès ; mais ce n’eft encore-là qu’un enthoufiafme
fa&ice. Si on y veut trouver l ’ode antique, il
faut la chercher dans les poéfies des anciens Bardes;
c’eft Offian qu’il faut entendre, gémiffant fur le tombeau
de fon pere, ôc fe rappellant fes exploits :
« A côté d’un rocher élevé fur la montagne 6c
fous un chêne antique, le vieux Offian, ,1e dernier
de la race de Fingal, étoit affis fur la moufle; fa
barbe agitée par le vent fe replioit en ondes; trifte
6c penfif, privé de la vu e , il entendoit la voix du
nord : le chagrin fe ranima dans fon coeur ; il commença
ainfi à fe plaindre 6c à pleurer fur les morts.
Te voilà tombé comme un grand chêne, avec
toutes tes branches autour de toi. Où ès-tu, ô roi
Fingal, ô mon pere ? 6c to i, mon fils Ofcur, où es-
tu ? où eft toute ma race ? hélas ! ils repofent fous
la terre : j’étends les bras, 6c de mes mains glacées
je tâte leur tombeau; j’entends le torrent qui gronde