M. le préfiderit Hefnault dit « que tes peres du
concile de Francfort , en même tems.qu’ils condam-
noient la doârine de Neftorius que l’on avoit voulu
renouveller, furent d’un autre côté induits en erreur
Fur de faux aftes qui leur furent produits contre le
fécond concile de Nicée-, où l’impératrice Irene avoit
fait juftement condamner les Iconoclaftes; & qu’ils
rejettérent ce fécond concile de N icée, qui fut dans
la fuite reconnu pour oecuménique, lôrfque les véritables
aftes'eurent été produits *>. On peut encore ;
confulter le cardinal du Perron, M. de Sporide ; :Ie
pere Alexandre, &c.
Francfort embraffa la conftffion d.' Ausbourgen 1S30... [
Les réformés, les catholiques Romains & même Us Juifs,
y font également bien reçus, & y habitent avec liberté,
quoiqu'ils n y aient point d'exercice public de leurs religions.
Je trouve dans MM. Corneille , de la Marii-
niere, Nicolle de la C roix, Vofgièn, &c. que les Catholiques
Romains ont plufieurs églifes à Francfort.
M. de la Martiniere allure qu’ils y ont les principales
églifes, & qu’ils en pofledenit le plus grand nombre,
quatorze, félon M. Corneille. Eft-il poffible qu’ils n’y
aient point d’exercice public de leur religion ? Lettres
fur tEncyclopédie.
FRANÇOIS I {Hiß. de France. ) comte d’Angou-
lême & duc de Valois,étoit arriere*petit-fîls de Louis,
duc d’Orléans, & de Valentine de Milan. Il naquit
loin du trône, où il monta en 1515. Au
moment de fa naiflance, Charles VIII qui régnoit
avoit un fils, ôt l’on comptoit des princes dont la
branche d’Orléans-Angoulême ii’étoit que la cadette.
François vint au monde à Coignac en 1494; fa mere,
Louife de Savoie, prit foin de l'on enfance , .qui fut
alliégée de différens périls. Louis X I I , fon coulin,
parvenu à la couronne, fe fit un devoir de fe charger
de fon éducation : il lui donna pour inftituteur Artur
de Gouffier-Boiffi, gentilhomme d’une des plus anciennes
mailbns de Poitou, & qui n’avoit point be-
foin du privilège d’une illulfre naiflance pour être
refpe&able. Le goût national étoit alors fixé fur la
fcience militaire : ainfi Gouffier, aflùjetti aux préju-
jugé's de fon fiecle, lui donna une éducation toute
guerriere. Les exercices du corps fortifièrent fa vigueur
naturelle, & perfectionnèrent fon adrefle à
dompter les chevaux les plus fougueux. Il fe diftin-
guoit à la courlè dans les tournois & dans le manie*
ment des armes, autant par fa légéreté que par l’élégance
de fa taille & la majefté de fa phylionomie.
C ’étoit la coutume de ce tems de donner aux princes
des compagnons d’enfance, & l’on avoit foin de
choilir ceux qui pouvoient leur infpirer le plus d’émulation.
François élevé avec l’élite de la noblefle ,
témoigna beaucoup de prédilection pour Montmo-
renci, Bçion & Montchenu, qui dans la fuite parvinrent
aux premières dignités de l’état, qu’ils remplirent
avec gloire.
La barbarie où ce fiecle étoit plongé n’àttachoit
point encore de l’aviliflfement à l’ignorance ; la ru*
defle étoit dans les maniérés & lés moeurs : un certain
héroïfme de chevalerie tenoit lieu de tous les
talens ; il étoit plus glorieux de favoit fe battre que
defavoir penfer. Boiflï, captivé par le préjugé national,
s’apperçut enfin que les François belliqueux
tenoient encore un peu de la barbarie. L’ignbrance lui
parut un opprobre ; & ne pouvant faire un favant
de fon éleve, il tourna fès difpofitions du côté dë la
gloire ; il lui infpira le goût des fciences qui pourvoient
perfectionner la raifon,&infpirer de l’affabili-
té.Ce fut en luifaifant aimer les arts qu’il le difpofa à
en être un jour le protecteur. Sa mere, prinCefle inquiété
& altiere, parut avec lui à la cour, qu’elle
troubla par fes prétentions & fes intrigues. Ses
brouilleries avec la reine, qui" avoit toutes fes vertus
fans avoir aucun de fes défauts, allumèrent des
querelles domeftiques; le roi fans cefle occupé à le$
réconcilier, crut devoir étouffer le germe de ces dif*
fentions, en faifant époufer fa fille aînée au cômte
d’Angoulême, qu’il fit duc de Valois ; mais la reine
avoit trop d’averfion contre la mere, pour faire un
gendre de fon fils. La mort d’Anne de Bretagne leva
cet obftacle ; le mariage de Claude avec le duc s’accomplit
à Saint - Germain - en - L a y e , le 1 3 mai
I 5I4-
François devenu plus cher à Louis XII par cette
alliance, vit toute la France empreflée à lui plaire ;
fon affabilité faifoit difparoître l’inégalité du rang ;
& lôrfqu’il fut'chargé du commandement de"l’armée
pour rétablir Jean d’Albret dans le royaume de Navarre,
la nobleffe fe rangea à l’envi fous fes drapeaux.
Ce fut dans cette guerre qu’il fit éclore ce
germe d’héroïfme trop long-tems renfermé dans fon
coeur : fon début fut brillant ; mais il fut arrêté dans
fes conquêtes par la nouvelle que l’empereur & le
roi d’Angleterre avoient fait une irruption en Picar*
die : il fut obligé de ramener l’armée en France. Les
François ayant eflùyé une fanglante défaite à la jour*
née des Eperons, Louis X II, plein d’une jufte confiance
dans la valeur & la capacité du duc de Valois,
le mit à la tête de l’armée, pour effacer la honte de
fes armes. Le fort de la Fiance ne dépendoit que
d’une bataille dont la perte eût livré nos plus riches
•provinces à l’ennemi. On enchaîna la valeur impé-
tueufe du prince, à qui l’on défendit de hafarder un
combat avec des forces trop inégales pour fe promettre
des fuccès : fon courage bouillant fut réduit à
une guerre défenfive. Les vieux capitaines qu’on luî
avoit donnés pour guides reconnurent à fa circonf*
peétion qu’il étoit véritablement né pour la guerre ; il
choifit des poftes fi avantageux , que l’ennemi défef-
pérant de le forcer ,'infulta plufieurs poftes pour l’en
tirer ; mais inébranlable dans la réfolution de fauvéf
la Picardie, il les laifla s’épuifer par plufieurs fieges
inutiles. Cette guerre fut terminée par le mariage de
Louis XII avec Marie, fceùr du roi d’Angleterre».
Cette princeffe fut reçue en France comme l’ange de
la paix; le duc de Valois, qu’elle alloit peut-être
éloigner du trône ,■ s’avança jufqu’à Boulogne pouf
la recevoir ; en la voyant fi belle, il oublia qu’elle
•pôuvoit donner unhéririer à Louis XII : il l’aima &£
fut aimé; mais Duprat & Gouffier lui firent fentif
l’imprudence d’un amour qui pOuvoit lui donner un
maître ; & dès ce moment fa paffion fut fubordonnéô
à l’ambition. Les infirmités du ro i, fruit des erreurs
de fa jeuneflë, trouvèrent un mauvais remede dans
les charmes de fa nouvelle époufe ; fon empreffement
à lui plaire hâta le moment de fa mort : il ne vécut
que deux mois & demi avec elle ; il expira efttre les
bras du duc de Valois, qui, long-tems incertain.fuf
les dégrés du trône, y monta en 15 15 , à l’âge de 21
ans. A fon avènement, il fe fignala par fa tendreflô
pour fa mere, & par fa reconnoiflance envers ceux
qui l’avoient fervi dans fa vie privée ; le comté d’Angoulême
fut érigé en duché pour Louife de Savoie ;
, & pour mieux lui plaire, il éleva le duc de Bourbon
à la dignité de connétable ; /Antoine Duprat, qui lui
avoit toujours été dévoué , fut nommé chancelier»
Ce nouveau chef dé la juftice, décrié par fês artifices,
pofledoit la (cience du gouvernement ; toutes
lés parties de I’adminiftration lui étoient familières ;
il eût été le plus grand homme de fon fiecle , s’il eût
été homme de bien. La dignité de maréchal de France
, qui jufqu’alors avoit été amovible, fut déformais
à vie. François 1, adoptant le fyftême guerrief
de fon prédécefleur, fe fortifia de l’alliarice des Vénitiens
pour porter la guerre en Italie , où il renou-
vella fes prétentions fur le Milanois, dont la défenfe!
étoit confiée auxSuifîes» La conquête fut le fruit de
la bataille de Marignan, qu’on nomme la bataille des
g'cdns .‘ jamais a&ion né fut phi s vivement difpùtéê ;
on combattit pendant deux jours avec une fureur
opiniâtre ; le roi en eut toute la gloire par lë's prodiges
d’une valeur qu’il femblà communiqiiér à toiis
fès foidatSi
Devenu maître du Milanois par la victoire, il s’en
fit aflùrer la poffeffiôn par Maximilien Sforce, qui
lui céda tous fes droits pour fe retirer en France, où
il reçut des dédommagemens’de ce fac'rifice; les G énois,
qui fe déclarèrent pôur lui, fembloïe'nt le rendre
l’arbitre du fort de l’Iralie» Le papè alarmé de fa
puiflance, craignit de l’avoir pour ennemi ; il affeéta
le titre de pacificateur, & fe rendit à Boulogne auprès
du monarque pour ménager un accommodement.
Ce fut dans cette conférence qu’on forma le
projet du concordat, qui fut confirmé l’année fuivan-
te par le concile de Latran ; le roi heureux à combattre
, y manifefta fa dextérité dans la négociation :
une partie desSuifles qui avoit éprouvé fà valeur &
fa générofité, entra dans fon alliance : un parlement
fut créé à Milan fur le modèle de celui de Paris ; le
fénat de Venife le déclara noble Vénitien, & ce titre
fut déféré à tous les princes de la maifon de Valois *
qui parurent en être flattés. Le roi rentra en France',
& laifla le gouvernement du Milanois au connétable
de Bourbon, qui réprima la tentation que l’empe-
ïeur Maximilien eut d’y rentrer»
Jean d’Albret, favorifé de la France ; arma pour
recouvrer le royaume de Navarre ; Charles-Quint,
qui avoit pris le titre de roi du vivant de fa mere,
lui ojjpofa des forces fuperieures : on eut recours à
la negpciàti'p'h : le traité de NoycSn conclu èritrë
Charles & François I promettOitTa reflifiïtion clé la
Navarre; mais il n’ÿLa quë la nétëfeé qui oblige le
plus foible à reftituet des pofleffions ufurpees Le
traité rëflà !a:is exécution : la paix conclue à Fri-
hoiitg avec les Suifles fut nommée perpétuelle l’événement
a (nftifie ce titre; depuis cette époque,cette
alliance n’a éprouvé aucune altération. Le cohbôrdat
par lequel le roi & le pape s’étoient réciproquement
donné ce qui në Ktir appartetiolt pas, excita autant
àe plaintes que de fcandales ; le clergé, les univerfi-
tés & les parlemens réumreht leurs voix pour ré'cîa-
tuer contre cët abus ; mais comme ils n’avotent point
de légions il oppofer, On lés laifla crier , & !e concordat
fut publié dans toute la Fràncé ; on s’eft femi-
liarilc avec cette innovation ; qui révolta nos ancêtres,
timides & religieux. LéonX, qui éüêrçôît alors
le pontificat, affermit fon aiiiance avec le roi par Té
mariage de Laurent de Medicis avec là fille dé François
de Bourbon, duc de Vendôme. L’année i c t y
donna naiflance aux erreurs du luthéranifme • lès in-
üulgences que Léon X fit prêcher en Aliémaêiiè.fm
rent l occafion de ce fcandale. La monde l’empemir
Maximilien fut la cauféde nouveaux troublés; C.iiar-
les - Quint & Ffantfii I (e mirehr fur les rangs H |
difputer fon héritage : là politique tortueufedu premier
1 emporta fur fon concurrent, plus magni&M |
6£ P,us geneteux, mais trop franc & trop oiivèrt
pour ménager le fuccès d’é ^ intrigue vénale. Dep
u is« tems, une rivalité degl6ire & dé puiffancè 1
mit ia divifion entre ces deux princeV, "qui fie cefle-
f,int Te s’eflimer. L’Angleterre tenoif la balancé dé
lLurope. François I ménagea le cardinal Volfêi, qui
gouvernoit fon maître; ce fut par Ion entremiféqtiê !
t ournai fut rendu : on traita anfli de la reftitutibn dé
v-alats. Cette négociation n’eut point de ifuccéi; lei ■
ueux rois eurent Une conférenicé erifemblé entre
Guine & ^ r d r e ; Henri s’engagea de déclarer la
à '.empereur, s’il tournoit fes armes contre
W S S m m! is m prince inconftaut v i 'o i t H
M | I |H h Hh S f"ciIi:té T."’!1' fhontroit à y foiîfé
■ I . ~^ülnt allant fe’fairë couronner en Al-
Untagne ,-pâffl en Anglêterre, dont le monarque ,V
fa pfeniiere téquifition, réfillâ tous (es èhgagemensi
La guêtre fe ralluma dans la Navarre ; Henri d’Al-
b re f, héritier des droits d'à'roi Jean , les fit valoir;
ce profitant des difcuffio'ns que les prioces de
la uiaifon d Aragon »voient excitées en Efpaghe
pendant l’abfence de Charles-Quint il leva une ar-
rnéè dont il confia le commandement iV André de
Foix. Ce général, plus habile à combaitré qii’à coh-
ferver fes conquêtes, reprit toute la Navarre, mais
H î1 eut Pas affez fle dextérité pour ménager les ef*
pnts ries peuples, aigris de fon gouvernement, rentrèrent
ïoùs la domination de leurs tyrans.
Les deux princes rivaux & ennemis fe faifoient
une guerrë fecrete fous le nom de leurs alliés; ils en
vinrent à une rupture ouverte, dont le duc de Bouillon
fournit le prétexte; ce duc, qui nWoit aucune
relfource en lui-même, ofa déclarer la guerre à
Charles-Quint: il fut ailé de préfumer qu’il étoit appuyé
en lecretpàr François 1, qui en effet envoya
des troupes pour protéger fes pofleffions. A l’appro-
che de eëtte armée , les Impériaux, qui pouvoient
lui d o u te r le paflhge de l’Elcaut, le retirèrent en
delorurc. On àùroit pu les pourluivre avec fuccès ;
mqis des mtoguès dè çoiir avoi,ent fémé la mëfintel-
Iigcnce entre les généraux François, qui né furent
poînt profiter dë l’oecafion offerte par la fortune; Le
fo i, plus heîireùx, fe rendit maître d’Heflin, dont la
conquête, le dédommagea de ia perie de Tournai,
prife par lés impériaux.
Laimee t ; u fut remarquable par la chiite de
Baune Sémblançây, accufé de péculat dans I’admi-
niflration dés finances. S» coroplaifance pour la du-
chefle d Angouleme, à qui i! avoit prodigué le tréfor
public, fut la caufe dé fâ .oKîtte: il en avoit tiré des
quittances qui imroier.t 'fait fà juffificàtion ; mais elles
lui furent fouftraites pal la t ahifon de fqn commis
Le malheureux Semblençay, r.eprëhenfible fans être
criminel, fut Jondamné à être pendu, & fon commis,
plus coupable, eut la même delimee quelques anneqs
apre’s. Cet exemple terrible a été impuiffant pour réprimer
cëux qui leur ont fiiccede dans le,maniement
des finances, les intrigues de la cour & la licence de
mulfipHé leasféîbrdies&les procèdes.
Lê roi créa vingt charges de confèilier au par'
lement, l’ignSrance dont les ténèbres couvraient
tous les tribunaux repandoit beffroi dans tous ceux
qui sien approchent. L ’afcehtlant que la ducheffe
'd’Ahgqtilein'ë ayo'ît fiif i’éïptit du'roi îdn fils , nùî-
fOlt # fagioire ; cette prineéïïë qui avoir beaucoup de
capacité, étoit trop afferyie à fes ca p r ic e sp o u r
faire iln heureux ùfage dë ,fa ràifon : tendre iê
fenfible , dans un âge avancé „ efle avoir, ditrah .
èffiîÿë Tes dédains du connétable de. Bourbon :
l’amour méprifé dégénéra en fureur. Bourbon eii
bulle aux përrécütid|s^ nè crut pouvoir trouver
d’afyle qiiï^ che'z lés ennemis de la Fiance, que
fon bras avoit fait triompher : il fe retira’ chez
l’emperétir q u i® confia le commandement de
fes armées. Il nidifia , malheûreufement pour fa
patrie , le choix qu’on avoir fait pour l’afiervir;
B°nmver, qu’on lui ôppofa , fut abandonné par
tes Mufles ; fon arriere-garde défaite par le con-
nclalile à Ja'retraite de Hëbbc, entraîna la perte
du, Milanois. Le roi reconnut trop tard que les prof-
pen.es d un royaume font (auvent attachées aux ta.
lens d'un feu! homme: i fg e n lin que plus âflënt à
«SP««P fes pertes. Les grandes âmes s’irritent par les
obitaeieè. fl xépùioit faire rougir par fes fuccès les
eleneùrs rqiii avoient donné la préférence à fon ri-
vàl, qui, de fon çôte , vouloit taire avouer ï ' ï ’Éu-
rope que, fupérieur à fon concurrent dans les af-
> T Jj'çpaffoit encore dans l’art de la guerre’
Français l paffe éh Italie, réfélit de touttenter pour
fèconquêfif Milan.’ 11 eûâifé de jngeir combieiidans