reffemblanee qu’elle a av e c un capuchon ; e lle eft
placée à l’endroit oii le canal de la baguette eft cou v
er t p a rle bois: e’eft une el'peced’anneau q u i, ferrant
le canon fur le bois : l’arrête , le fixe 6c le contient
à fa pla ce, en forte qu’il ne peut pas tourner.
Le porte-vis (Voy.fig. H ) a la forme d’uneS. Les
ouvriers appellent fouvent cette pièce une ejfc : fes
deux extrémités font percées, pour donner pafî’age à
deux_grandes vis qui tiennent fa platine à là place ,
& qui vont trou v er leur écrou dans le corps, même
de la pla tine: s’il n’y avo it point de p o r te -v is , les
têtes de ces grandes v is porteraient fur le bois 6c
le gâteraient bientôt.
La platine (fig. K ) vue en dehors 6c (fig. L ) vue
en dedans, eft une machine affez compliquée , par la
quantité de pièces qui la compofent 6c qui font
toutes néceffaires ; car li l’une manque, elle eft fans
effet. On appelle platines rondes, celles dont le corps
& le chien font convexes à l’extérieur : cette forme
donne plus d’épaiffeur à ces parties & eft par-là plus
avan tageufe, parce que les trou s , dont le corps de
platine eft percé , ayant plus de profondeur, les pièces
qui s’ y adaptent y font plus folidement établies &
moins fujettes à balotter: les vis 6c les écrous ont plus
de filets 6c le chien eft mieux appuyé à fon quarré.
O n appelle platines quarrées, celles dont le corps 6c
le chien font dreffés à la lime 6c plats : telles font
celles des fufils de munition : pour rapprocher celles-
ci des platines rondes 6c des avantages quiréfultent
de cette fo rm e , il faut donner de l’épaifleur au corps
de platine 6c au chien.
La platine eft compofée de vingt pièces : le corps
de platine , i ; le chien , 2 ; le clou de chien , 3 ; la
v is de chien, 4 ; la mâchoire fupérieure, 5 ; le baflï-
n e t , 6 ; la vis du baffinet, 7 ; le grand reffor t, 8 ; la
v is du grand r e f fo r t, 9; le reffort de gâchette, 10 ;
la vis du reffort de gâchette, 11 ; la gâche tte , 1 2 ;
la vis de la gâchette, 13 ; la n o ix , 14 ; la bride de la
n o ix , 1 5 ; la vis de la bride , 16 ; la batterie , 1 7 ; la
vis de batterie, 18 ; le reffort de b a tterie, 1 9 ; la
v is du reffort de ba tterie , 20.
L e corps de platine eft la piece fur laquelle toutes
les autres s’appuient, en dedans & en dehors : on voit
à l’e xté rieu r, le clou du chien, le chien, la b a tterie ,
le baflinet 6c le reffort de batterie. Le grand re ffo r t,
celui de la gâchette, la g âchette, la n o ix , la bride
de la noix font en dedans : il faut , comme nous l’avons
d it, que toutes ces pièces intérieures aient un
gîte commode dans le bois 6c qu’elles n’éprou v ent,
de fa part aucun frottement.
L’effet de la platine dépend des forces relatives
d e fes trois refforts 6c des pofitions refpe&ives de
toutes fes pièce s : un problème, parmi beaucoup
d’autres, q u in ’eft pas encore réfolu en arquebufe-
r ie , eft de déterminer la force d’un des refforts, les
deux autres étant donnés. On ne v a guere qu’en
tâtonnant, on fait la platine, on la m onte , on la fait
rouler & l e ta& décide la queftion. On y eft cependant
trompé quelque fo is , car fi la griffe de la noix eft mal
coupée,celle du grand reffort la montera difficilement
& on le croira trop fo r t , lors même qu’il fera trop
foib le :. le même inconvénient aura l ie u , pour peu
qu ’il y ait de frottement de la longue branche du grand
reffort ,d e la noix ou dû chien furie corps de platine:
i l faut donc é viter les. frottemens, avec fo in, en ajustant
les pièces de la platine. La taille de la noix eft
très-importante : fa partie inférieure doit être une
portion de c e r c le , le cran du bandé doit être fur la
circonférence de^et arc 6c le cran du rep os , un peu
plus en dedans, afin que lorfque le chien s’abat, ce
qu i fe fait tres-brufquement lorfqu’on appuie fur la
d étente , le bec de gâchette ne foit pas heurté par le
cran du repos : ce feroit un défaut capital qu’on appelle
rencontrer, 6c qui cafferoit bientôt le bec de gachette
en tout ou en partie, & alors le chien ne tien-
droit plus au repos: celui qui a une pareille arme,
court des rifques 6c en fait courir à ceux qui l’approchent
. La tige de la noix eft quarrée, fa bafe eft
ronde & doit déborder, tant foit peu, le plan du
corps de platine, afin que le chien, exa&ement ajuf-
té à cette tige, s’abaiffe 6c s’élève fans balottement
6c fans frottement.
Toutes les pièces de la platine fe trempent en paquet
: il y a beaucoup d’art à donner à telle piece 6c
même à telle partie d’une piece, le dégré exaft de
trempe, qui lui convient ; en général une trempe
trop molle eft un défaut, mais une trempe trop
dure eft un défaut plus grand encore. Il y a des pièces
fi minces, telles que le bec de la gâchette,qui font
fi bien pénétrées par la cémentation de la trempe ,
qu’elles deviennent de l’acier très-caffant : c ’eft cependant
cette piece fi frêle qui balance la plus
grande force du reffort, lorfque le chien eft armé
6c qu’on tient quelquefois long-tems dans cette fi-
tuation, fans en connoître les conféquences.
La baterie, dont la face doit être couverte d’un
bon acier, doit fermer hermétiquement le baflinet:
les filets des vis 6c des écrous doivent-être vifs 6c
fans bavures ; on ne peut donc renouveller trop fou-
vent les filières & les tarods dont on fe fort dans les
manufa&ures d’armes.
Si l’on vouloit détailler la fabrication de cette machine
, l’ajuftement des pièces qui la compofent ,
leur forme la plus avantageufe , leur pofition, &c.
On feroit un très-gros volume, & le tems feroit
peut-être mieux employé à chercher les moyens de
la Amplifier 6c de diminuer les inconvénient: quiréfultent
de fa cOnftruélion trop compliquée.
La bafonnette(/^ôy._/?g. 0 )n’étoit autrefois qu’une
lame d’acier adaptée à un manche de bois qui entroit
dans le canon : il réfultoit de cette forme que , lorf-
que la baïonnette étoit au bout du canon,on ne pouvoir
ni charger ni tirer le fujil. fia conftru&ion
a&uelle donne la facilité de charger & de tirer ,
par le moyen de la douille qui enveloppe le
bout du canon auquel elle eft fixée par un tenon : la
douille s’ufant à la longue 6c s’élargiffant, le tenon
ne fuffifoit pas pour la contenir & l’empêcher de
tomber: on y a remédié depuis peu, en l’aflùjettif-
fant avec un reffort.
L’avantage de charger 6c de tirer en confervant la
baïonnette aubout Au fujil,cü très-grand aflurément:
de grands capitaines & ’le maréchal deSaxe, entr’au-
tres, ont pourtant fenti de quelle conféquence il
étoit de fe rendre maître du feu, afin de pouvoir l’arrêter,
le modérer 6c le précipiter à fon gré. Ce général
dit, dans fes Rêveries, qu’il veut que fes foldats
aient des baïonnettes à manche.La douille de la baïonnettes
feroit bien préférable au manche', s’il étoit
pofiîble d’empêcher le foldat de tirer , lorfqu’on le
juge à propos , 6c Yhifioire militaire nous fournit plus
d’un exemple de l’indocilité des troupes -à cet
égard.
On a effayé, dans différens tems, de rendre le feu
de la moufqueterie plus v if 6c plus rapide, & par
conféquent plus meurtrier : le fleur Deschamps provençal
fut, à ce qu’on dit, l’inventeur des fujils à. dé,
que le maréchal de Saxe adopta depuis ( Voy. ci-après
Fusil a dé. ) ; vinrent enfuite les fujils f i la chau-
mette , conduits d’après une piece de canon du calibre
de 12, inventée par M. de la Chaumette ( Voy.
ci-après Fusil A iA Chaumette. ) : enfin on imagina
, de nos jours, les fujils à canons brifés, de Vin-
cennes j Voy- ci-après Fusil de Vingen.nes. ).
Ces différentes efpeces de fujil parurent d’abord offrir
de fi grands avantages, qu’ils furent propofés,
exécutés, reçus avec une efpece d’enthoufiafme; mais
après
après les avoir examinés de plus près, on les abaïf-
donna,& l’on s’en eft tenu au fujil de munition, tel
que nous les préfentons aujourd’hui.
4 Fusil a dé , on ne s’eft pas propofe de difcuter
ici de quelle importance peut être, dans les combats,,
un feu de moufqueterie auflï v if que rapide: il eft
quelques occafions à la guerre ou il eft neceffaire,
& une infinité d’autres où il devient inutile & iou-
vent dangereux ; des raifons de tems, de lieu 6c de
circonftances, doivent le décider ; & ceft au genie
6c à l’habileté du général, à tout diriger en pareil
cas : car ce n’eft pas ordinairement le nombre d’hommes
quej’on tue à l’ennemi qui donne la vi&oire ,
mais la conduite dans l’aûion, les manoeuvres fa vantes
6c hardies, 6c le terrain que l’on gagne. Les Confié,
les Turenne, les Saxe & le s grands capitaines
de’ notre fiecle,,ont fènti que le gain des batailles
dépendoit bien plutôt, d’une bonne difpofition,
d’une pofition heurenfement faifie,de ce coup-d oeil
qui fait appercevoir 6c profiter fur le champ d une
faute de l’ennemi, &c. que du grand feu de la moufqueterie
: mais dans les combats de pied ferme où
l’on ne.peut aborder*l’ennemi, le feu eft d’une ref-
fource trop néceflàire pour le négliger , 6c c’eft fans
doute pour ces cas- là qu’on a .imagine^ differens
moyens de tirer avec la plus grande vîteffe , en
abrégeant, autant qu’il étoit. poflible , le tems1 employé
à charger les fujils.
11 eft certain qu’en (ùpprimant la baguette des ju -
Jils , on gagne le tems employé à conduire la charge
au fond de l’anie du canon, ce qui s’exécute de deux
maniérés, foit en adaptant au fond du tonnerre uh
cylindre creux ou dé , capable de contenir là charge
de poudre 6c de faifir la balle, par la circonférence
de fon grand cercle, foit en forant, ou plutôt alé-
fant cette partie du canon., de.maniéré qu’elle loit
plus étroite que le refte du tube : ce font ces efpeces
d z fujils que le maréchal de Saxe, appelle, dans fes
Rêveries, des fujils à dé ou à feçret. Voy. (p l.V . fig.
A , Fabrique dés armes , fujil de munition, dans ce
Suppl.) le fufil des pefamment armés dont il eft queftion
dans les Rêveries. B repréfente le dé où cylindre
creux, brazé fur le bouton de la culaffe 6c qui
rétrécit le tonnerre C , lorfqu’on l’introduit dans le
canon, 6c qu’on remet la culaffe E à fa place. Le fujil
F eft celui des armés à la légère, tel que M. de Saxe
l ’avoif donné à fes Hullands : celui-ci différé de l’autre
en ce qu’au lieu d’opérer le rétreciffement dû tonnerre
G , par le moyen d’un dé, on le rétrécit à la machine
à forer, ce qui eft beaucoup plus fimple. On
v o it , dans l’un 6c l’autre canons, la balle enchaffée
à l’origine du rétreciffement du tonnerre.
« Je veux , dit le maréchal de Saxe, que les fû ts
fils de mes foldats aient un gros calibre , avec un
» dé au fond : que les cartouches foient de carton,
» plus groffes que les calibres, pour qu’ils ne puiffent
» pas, par diftra&ion, les y faire entrer; qu’elles
» foient fermées avec un parchemin collé deffus ,
» afin que le foldr.t puiffe aifément les décoëffer avec
» les dents ;.elles doivent contenir autant de poùdre
» qu’il en faut pour le baffinet & pour la charge :
» les balles dont le foldat eft muni , doivent être
» dans la giberne ; 6c lorfqu’il eft queftion de tirer ,
t> il en prendra.une poignée, qu’il mettra dans fa
»> bouche, pour.en laiffër couler une dans le. canon,
» dès qu’il aura jetté la cartouche. Pour qu’on puiffe
» tenir ces fufils, lorfqu’ils s’échauffent par la con-
» tinuation du grand feu, il faut qu’ils aient un talon
» de bois, à fix pouces de la platine , qui foit du
» même bois que la monture.
J ai rapporté ces paflàges des Rêveries du maréchal
de Saxe pour faire mieux comprendre le mé-
canifme & l’effet des fufils.k dé ou à fecret: lorfqu’ils
font amorcés à l’ordinaire , on introduit la poudre
Tome III,
parla bouche du canon avec la cartouche de carton,
qui, étant plus, groffe que le calibre du fu fil, ne
peut pas y entrer : le foldat ayant jette à cote de lui
la cartouche vuide, fait couler une balle dans le
canon, laquelle en defcendant de la bouche au tonnerre
, avec un mouvement accéléré, s’enchâffe a
l’origine du rétreciflement du tonnerre, par fon propre
poids augmenté à la fin de fa chute , enlorte
qu’en renverlant le fufil, elle ne tombe pas, 6c l’objet
eft rempli.
Le dé exigeant une certaine exaffitude , dans fa
conftruâion, dont tous.les ouvriers ne font pas capables,
6c étant d’ailleurs fujet à s’altérer après
un certain nombre de coups 6c en deculaffant le canon
, on a préféré le rétreciffement du tonnerre ,
opéré par le forage ; en effet le dé n’ayaot pour objet
que de rétrécir le tonnerre, afin que la balle dont
le poids fe trouve augmenté à la fin de fa chûte,
puiffe s’enchâffer- à l’origine du rétreciffement, on
évite tous les inconvéniens du dé , par le feul refi-
ferrement du calibre du canon , à l’endroit où doit
pofer la balle, qui s’enchâffe effedivementtrès-bien,
dans ces derniers.
Le talon de bois, placé à fix pouces delà platine,'
a fait appeller auflï ces fufils, des fufils à bojfe : quelques
troupes légères en ont fait ufage pendant dix
ou douze ans,& l’ont abandonné pour reprendre la
baguette de fer ou d’acier.
Que le tonnerre du canon foit rétréci par le moyen
d’un dé , ou de toute autre maniéré,, la balle ne
peut s’enchâffer qu’à l’origine du rétreciffement ôc
doit toujours être à desdiftances inégales de la char-?
ge de poudre, laquelle varie néceflàirement, par
la plus ou moins grande quantité qu’on en emploie
à amorcer , 6c le plus ou le moins de ce qui s’en
perd en la mettant dans le canon, félon que le foldat
eft gêné , par fa propre pofition, ou fes voifins.
La quantité de poudre qui entre dans la partie du
tonnerre rétrécie &deftinée à la recevoir, ne pouvant
donc être toujours la même, 6c lè lieu où doit
s’arrêter la balle, étant déterminé, il fuit que la balle
eft toujours à des diftances^ différentes de la charge
de poudre,& que les portées doivent varier.
A l’inftant que la balle cede à l’effort de la poudre
6c qu’elle eft chaffée de la partie du tonnerre où elle
étoit enchaffée , elle a un très-grand flottement dans
tout le refte de la longueur du canon, parce qu’elle
eft nue 6c n'eft pas enveloppée de papier, comme
daps les cartouches ordinaires, 6c parce que la partie
antérieure, ou le devant du canon, eft d’un plus
grand calibre que le tonnerre , enforte qu’une partie
de la force de la poudre, deftinée à agir fur la
balle, s’échappe entre fa furface & le s parois inté^
rieures du canon, ce qui doit diminuer la portée ÔC
rendre les coups incertains.
Comme on peut tirer,. avec ces fufils, un très-
grand nombre de coups , en très-peu de tems , ils
fe craffent plutôt que les autres 6c la poudre ni la
balle ne fe placent plus où elles doivent être ,
mais s’arrêtent à différens endroits où la craffe fait
engorgement, ce qui rend encore les portées courtes
6c les direûions incertaines : dans ce cas, fi le coup
ne part pas, & que le foldat ne s’en apperçoive pas,
il mettra plùfieurs charges les unes fur les autres &
s’expofera à faire crever fon canon & à s’eftropier.
C’eft fans doute d’après ces obfer.vations 6c beaucoup
d’autres, qui alongeroient inutilement cet article
, qu’on a quitté ces fortes 6c fufils , pour reprendre
celui qui eft en ufage, bien plus fur à tous égards,
par la néceflîté où l’on eft de conduire avec la baguette
, la charge au fond du canon 6c avec lequel
on peut aifément tirer cinq ou fix coups par minute.
Fusil a la Chaumette. Poufrendre compte
de ce fu fil, il faut néceflàirement faire connoître la