( ce qui prouve que la racine du fie n’eft pas entiére-
rement détruite ) , il faut les couper de nouveau. Il
fe trouve quelquefois des chevaux qui ont des fies
aux quatre pieds en même tems ; avant que d’en venir
à l’opération , il eft néceffaire de les y préparer
durant quelques jours; enfuite on opéré fur deux
pieds à la fois; favoir, fur un de devant & fur un de
derrière du côté oppofé ; on ne fera l’opération fur
les deux autres que quand les douleurs de la première
feront appaifées. Si le cheval avoit des eaux ou quelque
poireau dans le paturon, il faudrait commencer
parles guérir, parce que la férofité du paturon s’écoulant
dans le pied empêcherait la guérifon du fie. Souvent
on peut prévenir les fies en abattant les talons
lorfqu’ils font trop hauts, ce qui fait porter la fourchette
à terre.
Le feu ou cautere a&uel, eft un remede des plus
ufités & des plus efficaces pour les tumeurs oedéma-
teufes» pour les engorgemens de cette nature qui
furviennent aux jambes, pour les épanchemens de
finovie, ou de lymphe tendineufe ; tels que les veffi-
gons, molette, jardon , courbe, éparvins , furos
eommençans & autres : à l’exception de ces cas, on ne
doit jamais avoir recours au feu pour ouvrir des
abcès; on ne doit employer que des inftrumens de
fer, & ce font les couteaux ou les pointes. On met
le feu avec les couteaux quand les tumeurs ont de
l’étendue ; on préféré les pointes émouffées quand
ces tumeurs n’en ontguere : il paraît qu’il vaut mieux
briller en côtes de melon & en patte.d’oie, que de
toute autre maniéré ; l’effentiel eft d’embrafl'er
toute la tumeur. Quand on emploie la fécondé maniéré
il faut avoir foin de ménager les angles où les
lignes fe réunifient, de peur d’occafionner de trop
grandes efearres : il faut paffer le fer chaud légèrement
; car en appuyant trop fort, on court rifque
d’outrepaffer la peau; alors au lieu de lui donner du
reflort & du ton , on les lui ôte, & on occafionne
fouvent dés eaux aux jambes , lefquelles guériflent
difficilement : à ce mal fuccedent des poireaux, & à
ceux-ci dès fies qui, affez fouvent, deviennent incurables.
Après avoir appliqué le feu avec précifion,
on frotte la partie avec un peu d’huile de laurier,
ce qui eft préférable au firouane que l’on a coutume
de mettre. Au bout de onze ou douze jours l’efcarre
tombe ; le refte du traitement eft fimple : il faut avoir
attention de ^promener un peu tous les jours le chev
a l, principalement s’il a eude feu aux deux jambes
foit de devant foit de derrière; quelquefois op le
met aux quatre jambes, tant en-dedans qu’en-dehors
depuis le jarret & le genou jufqu’en-bas: mais le
parti le plus fage eft de mettre le feu en tranftravat,
c ’eft-à-dire ,'à une jambe de devant & à une jambe
de derrière oppofée; puis on vient aux deux autres
quand les efearres font tombées ; par ce moyen on eft
à l’abri de tout danger.
Pour couper la queue à l’angloife, il faut jëtter le
cheval par terre du côté du montoir, préférablement
à l’autre, pour avoir l’aifance d’opérer; prendre en-
fuite les dimenfions de la queue pour ne pas faire les
incitions trop près les unes des autres, car il en réfuterait
une feule plaie & les bandes de la peau fe
déchireraient : on fait jufqu’à cinq incifîons tranfver-
fales, ce qui vaut mieux, parce que plus la queue a
d’étendue, plus elle fe recourbe & femble former,
par fon crin, un éventail : la queue étant retrouflée,
il faut faire la première incifion à deux pouces du
reftum, de peur d’attaquer les fibres du fphinclcr de
l’ânus , ce qui formerait une plaie fiftuleufe. Chaque
incifion doit fe faire en deux tems ; dans le premier
on incife la peau & on met les mufcjes à découvert ;
& dans le fécond on les coupe. Lorfquela feétion des
mufcles eft faite, on a coutume de renverferla queue
fur lç dos ôc de la contenir dans une efpeee de goûttiere
, ce qui eft une mauvaife méthode, parce qu’etf
renverfant ainfi la queue, on enfonce les noeuds, on
ôte l’aûion des mufcles releveurs, il fe forme desplis
■ qui s'échauffent, produifent inflammation, d’où réfute
quelquefois la gangrené : au lieu de cela, il faut
laifler pendre la queue dans fort état naturel ; car lès
mufcles abaiffeurs étant coupés, les releveurs anta-
goniftes opèrent leur effet dès le moment même &
mieux encore lorfqu’ils font guéris.
Avant que d’en venir à l’opération du javart, on
doit s’affurer fi la tumeur eft dure ou molle, fi la
fiftule eft caufée par une tumeur furnaturelle , & fi
le pus qui en fort vient du cartilage, dans fon état
de belle nature, ou s’il vient d’un bord cartilagineux,
fitué fur ce que j’appelle forme de nature, cette exof-
tofe ou offification dont nous avons parlé S* l’article
de la forme. Dès qu’on a reconnu, par le taél & par
le moyen de la fonde, que le javart eft produit par
une carie dans le.corps du cartilage, il faut parer le
pied & en général humeéler le fabot avec des emmiellé
e s pendant deux jours ; le jour deJ’opération l’on
r-ape la muraille du quartier & du talon du côté
de la fiftule, delà longueur d’un pouce, depuis la
couronne jufqu’en-bas, en mangeant le côté du talon ,
de maniéré qu’on puiffe emporter avec le biftouri
toute la portion de .corne qùilogela chair de la couronne.
Pour ce. qui regarde le manuel de l’opération,
je renvoie encore à mon traité tfhippiatrique 9
pag. j 14 & fuivantes , édition de Paris, 1772. Après
le fécond appareil levé, fi l’on apperçoit, du côté de
la pince un petit point élevé, qu une tache noirâtre ,
à laquelle on donne le nom decul- de-poule, on jime
qu’il y a un fond ; mais ce fond n’eft pas aflez eonfidé-
rable pour qu’on s’en inquiété ; on ne doit pas même
le fonder ; fouvent c’eft une portion du cartilage que
l’on a I'aiffée fur l’os du pied, quelquefois c’eft l’os
du pied qui veut s’exfolier. Il eft bon d’obferver que
dans toutes les plaies de pied, le palfrenier , en levant
le pied, doit tendre le genou & ne pas plier le
paturon, ce qui ferait faigner la plaie: celui qui
panfe doit fe baiffer & pofer fon appareil de maniéré
qu’il n’intercepte point la circulation du fang. 11 faut
bien fe garder de faire l’opération d’un javart encorné
incurable: ceux qui attaquent la pointe du talon
fe guériflent par l’exercice tk par la marche ; la matière
aidée par le jeu des articulations de cette partie , détache
certains paquets qui font guérir le cheval.
On'appelle, en général, tiqueux un cheval qui a
contracté une habitude de mouvoir perpétuellement
ou la tête , ou le corps , ou les jambes : mais à proprement
parler un cheval tiqueux eft celui qui met
les dents de la mâchoire fupérieure fur la mangeoire
ou ailleurs, ce qui fait ouvrir la bouche & couler
perpétuellement lafalive, la perte exceflïve de cette
humeur fait dépérir.l’animal. II. faut lui mettre un
collier de cuir bien ferré ».large de.deux pouces, pendant
tout le tems qu’il eft dans l’écurie: il y en a qui
contraient cette habitude,parce qu’ils lechentfou vent
les murs, où ils trouvent fréquemment du falpêtre.
Pour les guérir, il ne s’agit que de frotter les. murailles
avec une teinture d’àloès ou une décoction
de plantes ameres.
On appelle cheval arqué celui qui a la jambe de devant
repliée & recourbée en .forme d’arc. On fent
au-deffous de la peau, au bas du poitrail, une ef-
pece de corde: c’eft une expanfion aponévrotique
qui enveloppe prefque tout le bras. Cette membrane
étant tendue, tient la jambe arquée: Pour y remédies
on fend la peau en cet endroit, puis embraffant l’a-
ponévrofe avec la corne de chambis-, on la coupe ;
c’eft ce qu’on appelle dénerver.
On dit que le cheval fait des armes ou montre U
chemin.de J'aint Jacques, lorfqu’il n’eft pas ferme &
afluré fur fes jambes, qu’il ne réfifte pas au travail ,
qu’il
qu’il fe couche fouvent, & qu’étant levé il tient fes
ïambes en avant, tantôt l ’une, tantôt l’autre; c’eft
une marque de foibleffe à laquelle il n’y a point de
remede. H t r. r
Un cheval a le flanc rétrouffe, lorfque fon ventre
eft avalé & que fes mufcles font tendus comme une
corde: ce défaut eft ordinaire aux chevaux qui ont
le cerceau mal fait ou la côte plate ; ils mangent peu
& ont affez fouvent de l’ardeur. Nul remede pour
ce défaut qui, pour l’ordinaire, vient de conformai
s maréchaux entendent par cheval huché fur fon
derrière , un cheval ufé qui porte le boulet en avant
& qui fe foufient fur la pince.
On entend par cheval boulete, celui dont le tendon
fléchiffeur du boulet a fouffert & s’eft retiré;
& quelquefois celui dont le tendon extenfeur du
pied s’eft relâché : cette maladie vient cPufiire, d’un
travail outré, mais principalement de la ferrure;
par exemple, fi on a mis des fers longs à fortes éponges
& dont on a paré la fourchette, ce qui les empêche
de porter à terre, le tendon fléchiffeur de l’os
du pied étant toujours obligé de porter, d’être tendu,
fera de toute néceffité obligé de tenir le paturon droit
fur l’os coronaire, & fucceflivement avec le tems
de porter la partie fupérieure de l’os du paturon en
avant. Les remedes font les mêmes pour ces deux
derniers défauts : on fait la ferrure courte & on laiffe
la fourchette pofer à terre.
Le cheval épointé eft celui qui a une hanche plus
baffe que l’autre : ce défaut, qui vient ou de conftruc-
tion, ou d’une fraaure faite à la pointe des os des
île s , eft abfolument incurable.
Le pied plat eft toujours large. Tous les jours on
confond le pied plat avec le pied comble , quoique
ces défauts foient bien différens ; on peut toujours
juger du pied plat fans le lever, mais jamais du pied
comble, à moins qu’il ne foit outré. On regarde
comme pied plat tout fabot qui, pour ainfi dire , ne
tombe pas droit, ou qui tient plus de 1 obliquité ,
& qui d’ailleurs eft large : quelquefois ce défaut eft
naturel, & pour lors la couronne eft très-groffe &
la muraille mince : quelquefois il vient à la fuite d’une
fourbure ou d’un effort, & dans ce cas on fent un
creux, un vuide tout autour de la couronne, ce qui
prouve le relâchement de l’os du pied avec l’os coronaire
, & une féparation de la chair canelée d’avec
la c o r n e c a n e l é e .
On défigne fous le nom de piedfoible ou pied gras
celui dont la muraille eft minCè : C’eft un vice de conformation
qui arrive à un pied bien fait comme à un
pied plat; les chevaux chez lefquels on le remarque
font fouvent expofes à être piqués, encloués ou
ferrés» . .. . . •. t f .
Les chevaux dorttles pieds font plats, ont prefque
toujours les talons bas, auflî leur fourchette eft-elle
très-groffe : les talons peuvent quelquefois devenir
bas par la ferrure, par exemple , fi l’on met des
éponges fortes ou des crampons qui les auront abîmés.
Ôn y remédie par la ferrure des pieds plats.
Par refferrement du pied on entend une diminu-
fion totale du fabot furvenue à la fuite d’un étonnement
du fabot, d’une fourbure, ou pour avoir trop
paré :1e pied. Le feul remede eft de tenir le fabot toujours
hiinnieflé.
On appelle quartier ferré un rétreciffenient du pied
à l ’ e n d r o i t des quartiers : cette maladie eft naturelle
ou accidentelle : naturelle lorfque c’eft un vice de
conformation; accidentelle l o r f q u ’ e l l e vient de quelque
caufe extérieure, comme quand on pare trop le
pied & qu’on détruit les arcs-boutans ; alors la mu-
taille n’ayant point d’appui fe renverfe, ferre le pied,
.comprime la chair canelée , & fait boiter le cheval.
On y remédie en hume&ant le pied, en évitant de le
Tome I I I ,
pàret, en abattant du talon & en ferrant court , dè
maniéré que les talons ne portent pas fur le fer.
La mauvaife méthode que l’on a de rapetifler
d’enjoliver le pied, fait que l’on abat beaucoup de
mutaille, qu’on râpe bien le fabot tout autour, &
qu’on vuide beaucoup le dedans du pied : on l’expofè
par là au contatt de l’air qui deffeche rhumidité
fait refferrer le pied. Le remede eft le même que ci-
deffus.
Le pied altéré eft un deflechement de la foie de
corne : ce mal vient fouvent de ce qu’on a paré le
pied jufqu’à la rofée, l’air a enlevé toute l’humidité dit
pied & a fait refferrer la foie de corne, de forte
qu’elle comprime la foie charnue; ce qui rend le
cheval boiteux ; il faut adoucir & humeâer la foie
de corne.
On appelle quartierfoible, la muraille des quartiers
lorfqu’elle eft mince, plate, ferrée & quelquefois
renverfée à la partie inférieure ; ce défaut fe rencontre
plutôt en-dedans qu’en- dehors, & toujours
aux pieds de devant. II n’y a point d’autre remede
que celui qu’on peut y apporter par la ferrure.
Un quartier défeftueux eft celui dont la corne
eft devenue raboteufe & filamenteufe , foit parce
qu’on a coupé le cartilage ou la muraille, ou qu’on
a appliqué des cauftiques fur cette partie , ou parce
qu’on y a mis le feu. Si une feime a été mal guérie ,
ou mal opérée , îl le forme an quartier une fente-,
par laquelle paffe la chair cannelée, & qui rendlè
quartier fiftuleux. On ne guérit jamais ce mal ; il
faut faire une nouvelle opération , à laquelle il
faut apporter plus de foin qu’à la première.
Maladies internes. Si la connoiffance des maladies
internes du corps humain eft difficile à acquérir,
celle des maladies internes du cheval ne doit pas
l’être moins, puifqu’il ne peut fe faire entendre ,
ni défigner l’endroit de fa douleur ; aufli Vhippia-
trique eft-elle un art dont les progrès ont été lents;
ceux même qu’on a faits n’éclairent pas encore affez
pour qu’on puiffe fe flatter de marcher hardiment &
fans s’égarer, lors fur-tout qu’il s’agit de prononcer
furie fiege d’une maladie. Cependant quoique l'hip-
piatrique foit un art difficile, il.ne faut pas croire
que ce foit une fcience aveugle; elle a des principes
vrais & des réglés certaines , fur lefquels font
appuyés fes ■ préceptes : cès principes dérivent de
l’Hippotomie, de la Phyfiolôgie & de la Pathologie :
la première enfeigne la ftruéhire des parties du cheval
; la fécondé en apprend & en explique le mé-
chanifme&l’ufage ;la troifiéme développe l’hiftoire
des maladies , en affigne les câufes , en marque le
diagnoftic , en prédit les bons ou mauvais fuccès;
& décrit enfin la méthode de les traiter &c de les
guérir. Avec ces cdnnoiffances , on court moins
rifque de s’égarer; & li l’on y joint les obfervations
déjà faites-, & celles qu’on peut faire foi-même , on
poffédera tout ce qu’il faut favoir pbur être véri-
tablêment hippiatre.
A raifôn dès' parties qui font affedées, les maladies
fe diftinguent en celles de la tête, de la poitrine
& dit bas-ventre; Avant d’entrer dans aucun détail
des maladies internes , il eft bon d’indiquer les
fymptomes généraux qui font eonnbître que le-che-
val eft malade : ce font, i°. lorfqu’il eft dégoûté
& qu’il perd l’appétit ; i° . lorfqu’il eft trille
qu’il porte la tête baflè ; 30. s’il a la langue feche j
4 0 . le jioil hériffé; 50. s’il ne fléchit pas les reins
lorïqu’on le pince fur cet endroit; 6°. fi la fiehté
eft feche & par marron, plus détachée qu’à l’ordinaire
, couverte quelquefois de glaires, qu’on prend
fouvent pour graiffe , & qu’on appelle gras-fondu j
7°. lorfqu’il rend une urine de couleur rouge ;
8°. lorfqu’elle eft claire & crue comme l’eau pure;
90. fi le coeur bat plus fort qu’à l’ordinaire; 10!'i