la tumeur. Quand elle fe forme lentement, elle contient
du pus.
Dès qu’on s’apperçoit d’une groffeur, il faut voir
fi elle eft féreufe ou purulente. Si elle eft féreufe , il
faut l’ouvrir fur le champ, & traiter la plaie avec un
digeftif. Si la tumeur ne tient d’aucun caraftere, il
faut préliminairement mettre le cheval au fon & à
l’eau blanche, le faigper', & fomenter enfuite la tumeur
avecJ’eau dans laquelle on aura fait fondre du
fel jufqu’à fon point de lalivation. Lorfque la tumeur
ne diminue pas au bout de cinq ou fix jours, il y a
lieu de croire qu’elle renferme du pus ou de l’eau
ronfle : ce qu’on recorinoît facilement au taâv
Il faut ouvrir la taupe fuivant fa longueur, pour
donner écoulement à la matière qui y eft contenue,
& traiter la plaie comme une plaie ordinaire. Le cheval
guérit ordinairement dans l’efpace de quinze
jours ; mais fi au bout decetemsla plaie fuppure encore
, il y a tout lieu de croire que le ligament cervical
eft endommagé. Dans ce cas on pratiquera une
nouvelle ouverture, qu’on prolongera jufqu’au fond
de la piale, afin d’enlever toute la partie du ligament
qui eft gâtée. Si l’os occipital eft carié, ce dont on
s’afliire par la fonde, on en procure l’exfoliation.
£n fuivant cette méthode, ou guérit furement &
fans peine cette maladie, qu’on regarde comme dan-
gereufe , qui ne le devient que parce que le pus, en
fufant, peut attaquer le ligament cervical, carier l’os
occipital, & quelquefois la première vertebre du
col ; & parce qu’il gâte aufli aflez fouvent le ligament
capfulaire de la première vertebre avec l’os
occipital, & pénétré dans le canal épineux.
Les avives, ou ouvertures des glandesfalivaires ,
doivent être ouvertes avec beaucoup de précaution,
dans la crainte d?ouvrir le canal falivaire , ce qui
produiroit une fiftule incurable. L’on a vu de ces
fiftules arriver à la fuite de quelque dépôt critique ,
furvenu à la fuite d’une fauffe gourme : ce canal
étant ouvert, laiffe échapper continuellement la
falive au-dehors , & fouvent fait tomber le cheval
dans le marafme. Ce mal fe guérit rarement, & encore
eft-ce la nature qui opéré, car on ne fauroit y
porter l’inftrument fans courir rifque d’exciter encore
plus de mal. Le mieux dans ces circonftances,
eft donc d’abandonner la cure à elle-même , en fe
contentant de laver fouvent cette partie avec de
l’eau acidulée : en continuant long-tems ce remede,
on parvient à refferrer les vaifleaux falivaires & à
modérer l’écoulement.
Ilfnrvient quelquefois au-dedansde la conque de
l ’oreille une groffeur qui en remplit toute la cavités
elle eft la fuite d’un coup ou d’une morfure, & eft
ordinairement remplie d’eau rouflfe , jaunâtre , &
rarement de pus. Il faut ouvrir la tumeur & panfer
la plaie à l’ordinaire. Ce mal n’a pas de fuite.
Les maladies des yeux des chevaux font à-peu-
près les mêmes que celles de l’homme , & fe traitent
de la même maniéré : telles que l’opthalmie,
la tumcfa&ion des glandes des yeux , l’enflure des ‘
paupières. Pour la léfion de la cornée , on s’en ap-
perçoit aifément par la blancheur, qui ne lui eft pas
ordinaire ; par l’abondance des larmes qui s’écou- ,
lent fouvent ; par de petites pellicules quis’enlevent
de deflus la cornée tranfpareme ; par fon affaiffe-
roent fur l’u yce, ou par une couleur rouge dans
toute fon épaiffeur. Cette maladie eft prefque
toujours accompagnée d’une inflammation de la
conjonûive : dans ce cas il faut faigner une ou deux
fois le cheval ; le niettre à la paille & à l’eau blanche
; lui bafliner l’oeil avec une décoûion tiede de
plantain & de fleurs de rofes. II eft étonnant qu’on
n’ait pas encore abandonné la pratique dange-
reufe de mettre fur l’oeil de la tutie, & même des
poudres corrofives, dans la vue dit-on, de manger
la taie. On ne fait pas attention que cette taie n’eft
point un corps étranger, mais Amplement un e'm-
barras dans les vaifleaux de cette partie ; ainft on
doit chercher à adoucir & détendre , & enfuite à
réfoudre.
Rien n’eft plus commun que de voir des chevaux
avoir la langue coupée, par la longe que l’on met
dans leur bouche pour les faire trotter , & avec laquelle
on les attache à un autre cheval ou derrière
une voiture. Le mal eft prefque toujours curable,
quand même la langue feroit coupée aux trois
quarts , à moins qu’elle ne le fut en-deffous , car là
fe trouvent les principaux vaifleaux : s’ils étoient
coupés, il faudroit néceflairetrient faire la feftion
de la langue , pour éviter la gangrené qui y furvien-
droit. Cette feéHon ne feroit pas dangereufe : il ref*
teroit toujours aflez de langue à l’animal pour
promener les alimens fur l’un & l’autre côtés des
dents mâchelieres.
On appelle barres, cet efpace uni & dénué de
dents qui fe trouve entre les dents mâchelieres &
les crochets ; c’eft fur cet endroit que porte le mors
de la bride ; c’eft la forte impreflion de ce mors qui
y produit du mal : pour remédier à la blefliire légère
des barres, on met dans la bouche du cheval un
billot, enveloppé d’un linge, qu’on couvre de miel,
d’heure en heure ; fl l’os eft carié, il faut emporter
la carie. Quoique la plaie foit guérie, on ne mettra
pendant quelque teras dans la bouche du cheval,
qu’un billot de fapin & fans gourmette, & on ne lui
mettra un mors de fer que quand il fe fera formé
une pellicule dure & capable de réfifter.
Il furvient fouvent au col des tumeurs- produites
par la morfure des chevaux, le collier ou quelqu’au-
tre caufe. Si au bout de quatre à cinq jours l’enflure
ne diminue pas par les remedes ordinaires, il fe
forme un cors au milieu de cette groffeur qu’il faut
détacher : fl au bout de dix ou douze jours la plaie
fournit de la matière, il y a à craindre que le ligament
ne foit endommagé ; dans ce cas, il faut fonder ;
& fi l’on trouve du fond, fendre la peau pouf donner
iffue à la matière , & enlever ce qu’il y a de gâté.
On appelle mal de garrot, toute tumeur ou ulcéré
qui fe trouve fur la partie de ce nom : pour l’ordinaire
la maladie commence par un gonflement fem-
blable à la taupe , qui tient du phlegmon ou de
l’oedeme; il faut traiter la tumeur félon l’efpece
dont elle eft : fl au bout de deux jours elle ne diminue
pas, on doit faire une petite incifion pour donner
iffue à l’eau qui y eft contenue. Quand après quinze
ou vingt jours la plaie fournit beaucoup de matière ,
il y a lieu de croire que le ligament eft gâté; il faut
alors débrider la plaie, aller jufqu’au foyer du mal,
& ôter ce qu’il y a d’attaqué : fouvent même le mal
a gagné la partie fupérieure des apophyfes épineufes
des vertebres du dos, qui,. pour l’ordinaire, font
cartilagineufes ; dans ce cas il faut couper tout ce
qui eft gâté, c’eft-à-dire, tout le cartilage, & pénétrer
jufqu’à l’os , parce qu’il ne fe fait d’exfoliation
que dans la partie offeufe.
La felle ou le bât qui portent principalement fur
la partie latérale des côtes, y font une compreflion
forte qui meurtrit fouvent le dos, & y produit une
tumeur inflammatoire, appellée cors; dès qu’on s’en
apperçoit, il faut en procurer, la réfolution par les
remedes appropriés ; fi elle ne fe fait pas, la tumeur
fe termine par fuppuration ou par induration, c’eft-
à-dire, par une dureté nommée cors, lequel eft indolent
& demeure dans cet état, tant qu’on l’entretient
dans une certaine foupleffe. Si on continue à
le comprimer avec la felle ou le bât, il fe forme dans
la peau une couenne noirâtre, qui n’eft autre chofe
qu’une efcarre gangreneufe : fouvent la fuppuration
s’établit d’elle-même & l’efcarre tombe ; mais fi elle
tarde trop à fe faire , il faut emporter cette efcarre
avec le biftouri, de peur que le pus ne creufe & ne
carie les o s , ou ne pénétré dans la poitrine : on
trouve quelquefois des côtes caflees au-deffous de
la plaie qui, dans ce cas, doit être traitée avec beaucoup
de ménagement; il fautlaifler repofer le cheval,
afin de donner le tems aux deux extrémités des
côtes de fe reprendre, & aux calus de fe former.
Si au bout de quinze ou vingt jours la plaie fournit
encore beaucoup de matière fanieufe, on doit croire
que quelque obftacle s’oppôfe à la formation du
calus, & même qu’il y a carie ; dans ce cas il faut
faire une ouverture (k mettre 1 ’qs à découvert, &
procurer l’exfoliation par les remedes appropriés.
Le cheval fait un effort des reins en tombant, ou
en fe relevant, ou lorfqu’il eft accablé par un poids
confidérable ; cet accident s’annonce par un mouvement
alternatif, qui fe remarque fur les côtés, &
qu’on appelle tour -de-bateau : outre les remedes généraux
de l’inflammation, il faut empêcher le cheval
de fe coucher, de peur qu’en fe relevant il ne renouvelle
l’ effort. Lorfque ces remedes font infuffifans ,
on applique des pointes de feu fur les reins; ce remede
eft quelquefois falutaire, mais l’animal ne peut
plus fervir qu’à tirer, & non à porter.
On appelle mal de rognon toute tumeur ou plaie
qui attaque les vertebres des lombes, depuis l’endroit
de la felle jufqu’au haut de la croupe : la felle,
un porte-manteau, & tout corps dur occafionne cette
maladie, qui eft la même que celle du garrot, parce
que les parties qui fe trouvent attaquées font les
mêmes ; c’eft pourquoi la cure n’en eft pas différente
: tout cheval bleffé dans cette partie, furies côtés
ou fur le garrot, l’eft toujours par la faute du cavalier
qui l’a monté , ou du palfrenier qui l’a bâté , fi
c ’eft un cheval de bât.
Au-deffus du fternum, dans la facette même, ou
entre la pointe de l’épaule &c le poitrail, il furvient
fouvent une tumeur confidérable , qu’on nomme
avant-coeur, que bien des perfonnes regardent comme
mortelle, ce qui eft cependant très-rare. Cette
tumeur gêne le mouvement de l’épaule fur le thorax,
elle s’abcede rarement d’elle-même , & forme pour
l ’ordinaire un kifte ; il faut quelquefois attendre
quatre à cinq mois pour qu’elle arrive au moment
de maturité qui indique l’opération, qui fe fait en
fendant la peau dans toute la longueur de la tumeur
de bas en haut : on dégage enfuite les bords de cette
peau qui, dans tous les cas doit être ménagée ; puis
on coupe une portion de la tumeur en côte de melon
, laquelle eft une partie du mufcle commun ; on
parvient au centre du mal, puis on vuide le pus contenu
dans le fac. La méthode d’ouvrir la tumeur avec
différentes pointes de feu , ne vaut rien ; par-là on
retarde la guérifon qui n’eft pas radicale, car le fac
du kifte n’eft pas enlevé : s’il arrivoit que la tumeur
fut fquirreufe , il faudroit l’emporter entièrement,
elle ne peut être guérie par une autre voie : cette
opération eft un peu délicate, fur-tout quand le
fquirre eft volumineux, & qu’il fe trouve collé à la
carotide : l’opérateur doit s’attendre à la feélion d’une
forte branche qui part de l’axillaire, & qui donne
beaucoup de fang; mais cette hémorragie ne doit
point l’inquiéter : le lycoperdon ou une pointe de
feu appliqués fur le vaiffeau, fuffit pour arrêter le
fang. Les chevaux de trait auxquels on met des côtiers
font plus fujets à cette maladie que les autres.
L’anthrax, nmfaraigne ou mufette eft une maladie
qui fe manifefte par une petite tumeur à la partie
fupérieure & interne de la cuiffe ; elle furvient fubi-
îement & fait boiter le cheval : elle eft accompagnée
de dégoût, de trifteffe , de friffons, de fievre , de
difficulté de refpirer ; & la mort fuit de près fi l’on
ne fe hâte d’y remédier. L’anthrax eft un dépôt cri-
Tome III.
tique, formé à la fuite d’une fievre inflammatoire ,
& produit par une humeur âcre &c corrofive; les
vaifleaux lymphatiques font engorgés & gros comme
des plumes à écrire ; les cellules du tifl’u cellulaire
font remplies d’une lymphe noirâtre, coagulée
corrompue : cette maladie ne vient point de la
morfure de la mufaraigne, ainfi qu’on l’a cru pendant
long-tems.
Dès qu’on s’apperçoit de ce mal, il faut coucher
le cheval par terre , fendre la peau , fuivant la longueur
de la tumeur, & enfoncer le biftouri jufqu’au
mufcle , pour dégorger les vaifleaux, & donner une
iffue libre à la lymphe qui y eft contenue ; il peut fe
faire qu’en opérant on coupe la veine crurale externe
qui rampe au-deffous de la peau, parce qu’on
ne fauroit guere la voir ni la fentir, à caufe de l’inflammation
: il eft encore poflible qu’on ouvre quel-
qu’artere , dans ce cas on applique à l’ouverture de
l’artere ou de la veine, de la poudre de lycoperdon,
qu’on y tient avec la main pendant quinze ou trente
minutes,au moins, ce qui fuffit pour arrêter le fang.
Je ne parle point des remedes qu’on emploie après
ces opérations, ce font ceux qui font appropriés
aux ulcérés & aux plaies en général, & qu’il eft facile
d’imaginer.
Les chevaux ne font fujets qu’à deux efpeces
de hernies , favoir, la ventrale & la crurale ; les autres
font fort rares chez eux : ces hernies font la fuite
d’un effort, d’un, coup, &c. Dans la ventrale, provenant
d’un coup donné par une bête à corne, ou par
le bout d’un bâton , il arrive quelquefois une dilacération
des mufcles du bas-ventre, & les inteftins
tombent fur la peau ; alors il faut faire rentrer les
inteftins dans leur place, & les foutenir par le moyen
d’un fufpenfoir qu’on applique fous le ventre.
La hernie crurale eft la fortie d’une partie des
boyaux hors du baflin, par-deffus le ligament de pou-
part : dans cette hernie, les boyaux fortis du baflin
forment une poche confidérable fur les vaifleaux
cruraux au-dedans de la cuiffe ; pour y remédier on
renverfe le cheval furie dos, on repouffe doucement
avec les doigts le boyau dans le ventre : fi on ne peut
réuflir de cette maniéré, il faut ouvrir les tégumens,
& débrider le ligament de poupart, afin de faciliter
la rentrée de l’inteftin, puis faire fur le champ un
point de future aux ligamens.
Les tumeurs dés tefticules; favoir, le fpermato-
cele , le fquirre, le farcocelle, l’hydrocele , & le
pneumatocele* font, dans le cheval, abfolumentde
la même nature que dans l’homme ; les fymptômes,
le diagnoftic, le prognoftic , la curation, &c. font
les mêmes : c’eft pourquoi nous n’en parlerons
point.
Le phimofis eft un rétréciffement du fourreau
capable d’empêcher le cheval de tirer fa verge pour,
piffer:le paraphimofis eft un alongement du-membre
avec étranglement du fourreau, qui ne permet pas
à la verge de fe retirer. Les caufes du phimofis font
l’âcreté &c le féjour de l’humeur fébacée, des ulcérés
farcineux, & d’une nature vérolique qui fe trouvent
dans le fourreau, &c. Si les remedes généraux, par
lefquels on doit commencer, ne fuffifent pas, alors
il faut débrider le fourreau ; & pour cela on jette le
cheval par terre, & on lui prend une jambe de derrière
, comme fi on vouloit le châtrer; cette opération
fe pratique à côté du raphé : fi cette incifion
étoit faite latéralement, on formeroit par-là une
bande de peau difficile à guérir, & qui d’ailleurs
feroit toujours pendante. L’opération achevée, il
faut frotter avec une broffe rude tous les ulcérés ,
jufqu’à les rendre fanglans, après quoi on les lave
avec une eau ftyptique, puis on laiffe la fuppuration
s’établir.
E e e ij