
Antogmano, oh Ton voit encore des raines appelées
le grotte del campo ; celle de Mecene, près dev
Pontanello, oh il refte de vieux murs ; celle d Au-
gufte, qui étoit près de la maifon Cornelia , dans
l’endroit nommé i Maruti; celle delà maifon Vi-
tellia, qu’on appelle i Vitelli ; celle de Séjan, fur
le bord des marais Pontins ; celle de la famille Julia ,
autour de Baffiano fief des Gaëtans. Ce pays étoit délicieux
par fa fituation, par la fertilité de fes campagnes
en blôd$, huiles, fruits , par la bonté de fes
vins, & par les plaifirs de la chaffe & de la peche qui
en font encore aujourd’hui une partie des agremens :
gufli les Romains prirent loin de procurer 1 écoulement
des eaux, ôc d’empêcher les debordemens.
Appius Claudius ,310 ans avant I. C. paroit avoir ;
été le premier qui fit travailler aux marais Pontins,
lorfque faifant paffer fa route au travers, il y nt faire
des canaux, des ponts & des chauffées, dont il refte
des vertiges confidérables ; 158 ans avant J. C. il y
fallut faire des réparations confidérables : le fénat
donna au conful Cornélius Céthégus qui les entreprit,
en récompenfe de fes foins, une partie du territoire
qu’il avôit defféché.
Jules Céfar forma les plus vaftes projets pour la
bonification de ces campagnes, en donnant un écoulement'aux
marais Pontins : mais fa mort précipitée
en empêcha l’exécution.
Ce fut Augufte qui reprit le projet de defféche-
ment : Strabon dit qu’on creufa un grand canal qui
étoit rempli par les rivières & les marais, fur lequel
on naviguoit la nuit-, & dont on fortoit le matin pour
continuer fa route par la voie Appienne.
L’empereur Trajan fit paverle chemin qui traver-
foit les marais Pontins, & y fit bâtir des ponts & des
maifons ; on en voit la preuve par l’infcription fui-
vante qui eft fur une pierre : Imper. C ce far divi Herva
F. Nerva Trajanus Aug. German. pont. max. cojf. III.
Pater patriee rtfccit. Il y a d’autres monumens de
cette efpece qui font rapportes dans Kircher, Cor-
radini, Bichi, Pratifl».
L’inondation des marais recommença dans le tems
de la décadence de l’empire : on voit que Théodoric
les abandonna à Décius pour les deffécher, & il pa-
roît que l’entreprife de Decius eut tout le fucces
defiré. L’infcription gravée à ce fujetfe voit près de
la cathédrale de Terracine, & elle eft rapportée dans
l’ouvrage de’M. Bolognini, fur les marais Pontins.
Boniface VIII fut le premier des papes qui s’occupa
de leurdefféchement. A u x n iefiecle,MartinV,
de l’illuftre maifon des Colonnes, fit creufer le canal
qu’on appelle rio Martino, ouvrage fi, confidérable,
que bien des gens n’ont pu çroire que ce fût un ouvrage
moderne. Cette belle entreprife manqua par
la mort de ce pape, arrivée en 1431 , & ne fut point
continuée par fes fucceffeurs.
Léon X , en 1514» donna ces marais à Julien de
Médicis en toute propriété , fous la Redevance de
cinq livres de cire. Sixte V, en 15 8 5 , reprit le même
projet pour aflainer l’ air & augmenter la fertilité :
il fit faire un grand canal appellé Fiume Sifto, & fit
déboucher les eaux dans la mer au pied du ,mont
Circello, & fit faire des chauffées : mais les digues
fe rompirent après fa moft, & très-peu d’eau débouche
parce canal.
Huit papes jufqu’à Clément X III, firent faire des
vifites, formèrent des projets, & n’exécuterent rien.
Celui-ci en 1759, s’ en occupa férieufement. M. de
la Lande, célébré académicien de Paris, prouva au
pape en 171S6, la poffibilité & les avantages de ce
defféchement , & dit que ce feroit une époque de
gloire pour fon régné ; le faint-pere joignant les
mains au ciel,- lui répondit prefque les larmes aux
yeux: « Ce n’eft pas la gloire qui nous touche, c’eft
» le bien de nos peuples que nous cherchons ». La
mort a mis fin à fes projets.
On trouve dans ces marais des fangliers, des cerfs,
des bécaffes ; les buffles y pâturent en quantité : il n’y
a guere de pays oh cette efpece d’animal foit plus
commune. Les joncs »qui croiffent dans ces> marais
fervent à ioutenir les vignes des coteaux voifins ;
les payfans en font aufli des torches pour s’éclairer
pendant là nuit dans leurs maifons.
La partie de ces marais qui avoifine la montagne
de Sezz^e & de Piperno, reçoit des fources d’eaux
fulphureufes qu’on appelle Aquapu^a. Çes eaux
produifent une efpece de concrétion affez finguliere.
La pellicule graffe de ces eaux fert à frotter ceux qui
ont la galle : on s’en fert aufli pour guérir les chiens.
Voyage d'un François en Italie. (Cl)
MARAMAROS, ( Gèogr. ) province de la, haute-
Hongrie , à titre de comté, fituée à l’orient de la
Theifs, divifée en quatre diftri&s, & renfermant
cinq ville s , dont la principale eft Szigeth. L’on y
trouve de bonnes falines, de vaftes plaines., & les
fources de la Theifs au pied du mont Krapack. Les
habitans en font d’origines diverfes : il y a des Hongrois,
desRuffes, des Valaques&des Allemands.
( D .G . )
§ MARBRES, (Hiß. nat. Minéral.) Il eft éton-,
nant que dans l’énumération des marbres de France,
qu’on lit dans le Dict'.raif.des Sciences, & c. l’auteur
ait oublié ceux de Bourgogne : c’eft pour fuppléer à
cette omiflion que nous allons en donner une notice.
M. le duc de Bourbon ayant formé le projet de
réunir à Chantilli des échantillons de toutes les productions
de la terre, fit écrire par feu M. de Mdnti-
gny, tréforier des états de Bourgogne, des lettres
d’invitation aux amateurs de l’hiftoire naturelle.
M. de Buffon fut.un des plus zélés à s’y conformer ,
il fit polir des morceaux de toutes les carrières de
Montbard, & fur-tout de celle de la Louëre qui réu-
niffoient les accidens, les couleurs & le grain du
véritable marbre. Ce favant obtint même duconfeil
le privilège exclufif de l’exploitation de ces marbres
en 174 1 , à Condition de délivrer les blocs à raifon
de fix livres par pied cube. 9
C’eft à cette époque qu’il convient de fixer les
premières découvertes de marbre en Bourgogne ;
avant ce tems la pierre rouge délavée de Tournus ,
le faux porphyre de Fixin , la pierre noirâtre de.
Viteaux, celle d’un rouge-pâle ou grife de Dijon ,
de PremeauX & de Lorgoloin , éroient les feules
qu’on fe fût avifé de polir pour la décoration intérieure
des appartemens.
Le fond gris du marbre de la Louëre eft femé de
taches brunes ou café , à-peu-près rondes & bien,
diftincles ; quelques naturaliftes penfent que ce font
des bélemnites tranchées horizontalement qui produifent
ces taches ; mais l’efpece la plus abondante
eft veinée de blanc, de rouges différens, & de jaune
plus ou moins foncé fur un fond gris. La carrière
de Saint-Michel, fituée au nord de Montbard, fournit
des échantillons d’une forte de faux-porphyre ,
compofé de pointes d’ourfin, d’entroques britées ,
d’aftroïtes & d’autres détrimens de coquillages.
Les marbres de Corlon, d’Alife-fainte-Reine &
d’Ogny, font affez analogues à ceux de Montbard :
celui d’Alife tient du couleur de chair, v if , affez
brillant ; on y trouve des tables, dont le fond gris
eft femé de taches rondes & diftinftes.
Le fieur’ Bellevaut avoit formé un magafin des
différens marbres de Bourgogne, au palais des états,
en 1756 ; on y voyoit i° . le marbre de Dromont,
paroiffe d’Arceau : c’eft une breche d’un jaune affez
femblable au giallo-antiquo, mêlé de rouge, & qui
prend un beau poli.
a°. La pierre de la Douée eft recommandable par
la pureté & la fineffe du grain, par le jeu varié de
petites taches, couleur de chair-pâle , fur un fond
rouge tendre, & par la franchife du poli.
30. La breche & l’albâtre de Saint-Romain, bailliage
de Beaune ; on voit fur la breche des taches plus
ou moins grandes, rouges, blanches,; jaunes, àga-
thes, &c même quelquefois des accidens violets, le
tout affemblé fur un fond rouge : quant à l’albâtre ,
c’eft un compofé femi-tranfparent de toutes fortes
de couleurs, arrangées par ondes & par zones dans
quelques-unes de fes parties , & jettées dans quelques
autres par pièces détachées, comme il s’en rencontre
fur le jafpe fleuri.
Mais ce qui mérité l’attention des naturaliftes ,
'c’eft le mélange fans ordre des blocs des deux natures
différentes dans la même carrière ; les blocs
errans qui la compofent ont depuis quatre jufqu’à
neuf pieds de largeur, fur une épaiffeur de deux
pieds : ils font difpofés diagonalement & féparés par
des efpaces peu confidérables, remplis de terre rouge
ou jaune ; la bafe du tout enfemble eft un,e glâife
colorée, mélangée de pierres ordinaires.
40. La breche de la Rochepot, à deux lieues de
Beaune , les couleurs en font du rouge de plufieurs
nuances , du gris agathe & du blanc ; le grain eft fin,
la pierre faine, & le poli brillant ; le hazard, auteur
de tant de découvertes, contribua beaucoup à celle
de cefte breche nouvelle ; ce fut en travaillant à la
grande route de Châlons à Saulieu que le fieur Bellevaut,
en 1756, en apperçùt le premier en entrant
dans deux cavernes qu’il en trouva prefque remplies;
L’entrepreneur Machureau découvrit*de même ,
en f757 > Ie marbre de Viteaux, en faifant travailler
à des remuemens de terre fur la montagne, il eft à
fond cendré, veiné de grandes taches blanches; il
en avoit déjà tiré une autre forte veinée de jaune,
de brun-rouge & gris fur la montagne de Semarey.
M. Varenne de Beort a remarqué que tout le coteau
qui borde l’Yonne, du côté du nord-eft , dans
l’Auxerrois, fourniroit à peu de profondeur une
couche unique entre deux terres de lumâchello-
agathe, duquel on pourrôit former de très-jolies
tables , le banc n’étant pas .affez épais pour d’autres
ouvrages : on ne fauroit mieux décrire ce marbre
qu’en le comparant à ces fortes de tabatières travaillées
avec les racines de certains arbres, dans lef-
quelles l’imaginaüon fait âppercevoir une multitude
d’objets différens.
Corcelles-Fremoy, en Auxois, poffede une autre
efpece de lumachello-jaunâtre, avec un peu de
bleu , mais celui d’Auxerre prend mieux le poli.
La carrière de Mêniont, près Somljemon, bailliage
d’Arnai-le-duc , fournit d’excellens pavés
noirs, marquetés de griphites blanches; la pierre de
Nolay reffemble begpeoup à celle de Mêmont.
A Solutré, en Mâfeonnois, on a découvert une
belle carrière de marbre , en 1766, près de Berzé-
la-ville*
En Mâconnois on voit une belle carrière de plâtre
, du fond de laquelle on a tiré des grands morceaux
d’albâtre.
A la Broffe , bailliage de Bourbon-Lanci, eft un
marbre gris, jafpé, veiné d’un peu de blanc & de
jaune-doré , qu’on pourroit appeller faux-port-or,
& qui fe polit parfaitement.
Le pavé de Notre-Dame de Paris, refait depuis
peu, eft de carreaux de marbre blanc & de couleur,
tire des carrières du Bourbùnnois : on voit par la
comparaifon de ces marbres avec ceux des chapelles
adoffees au choeur, que les marbres François ne le
cedent point à ceux d’Italie, ni ceux du Bourbonnois
à ceux du Languedoc & des Pyrénées, La découverte
Tome 1 1 I%
des carrières du Bourbonnois' eft due aux foins
patriotiques de feu M. le comte de Caylus , qui de
concert avec M. Soufflot, engagea le fieur Carrey
de faire la,recherche du marbre que les Romains dévoient
avoir exploité anciennement dans ces cantons,
puifqu’ils en avoient placé plus de quatrè
millions de pieds cubes dans la conftruflion des bains
de Bourbon-Lanci ( aqux nifenia ) , & des palais de
la ville d’Autun, oiil’on en voit les ruines. Ges,carrières
ont ete remifcs en pleine exploitation par les
fecours & la prote&ion du gouvernement qui s’en
occupe depuis 1760.
J’ai vu chez madame la comteffe de Roche-
chouàrt, dans fon chateâu d’Agey , un cabinet garni
du plus beau corail, qui eft tour pavé de trente-cinq
fortes de carreaux de marbre de Bourgogne. Cette
dame , diftingùée par fon goût éclairé pour la p h y -
fique & les beaux arts , a fu y raffembler à grands
frais une riche collection d’hiftoire naturelle.
i l y a peu de provinces dans le royaume où il y ait
autant de granit qu’en Bourgogne; les villes de
Semur & d’Avallon font alfifes fur un rocher, capable
de fournir des colonnes & des obélifques d’une
feule pièce , fi l’on avoit comme autrefois le talent
ôu le moyen de les travailler ; le granit de Semur eft
rouge, celui d’Avallon eft à plus petit grain & moins
rouge ; on en trouve de très-beau à Bouvrai & à là
Roche-en-Breni, noir & blanc. M. Sallier , fous^
prieur de la Roche , en a montré des piecès à un
curieux qui revenoit d’Italie, & qui ne pouvoit fe
perfuader que ce granit fût du pays ; il y en a encore
dans l’Autunois & le Charolois, & même des morceaux
de jafpe.
Indiquons, en finiffant,une carrierede piérre meulière
que M. d’Aligni, feigneur de Montregard,a fait
exploiter dans l’Autunois avec fuccès. Des experts,
par ordre de l’intendant, reconnurent en 1757, que
les meules dépofées à Manley étoient d’un excellent
grain, de la meilleure qualité , & qu’elles d’ôn-
noient un beau fon ; M. d’Aligni abandonné fes meules
à un prix moindre d’un quart que celles de Brie ,
il les garantit, & la carrière eft abondante. Précis
d'un mémoire fur. les carrières de Bourgogne, dans les
tablettes de Bourg. tySS. ( C.)
MARC ( l'ordre defaint ) , ordre de chevalerie de
la république de Venife , qui eft fous la protection
de faint Marc l’évangélifte ; le tems de fon inftitution
eft ignoré.
On donne cet ordre à ceux qui ont rendu des fer-
vices importans à la république , foit dans les ain-
baffades ou autrement ; ceux-là reçoivent le titre des
chevaliers de faint Marc, du fénat même , ils ont le
privilège de porter la ftole d’or les jours de cérémonies,
& la ftole noire galonnée d’or tous les
jours.
Ceux qui ont l ’ordre d e faint Marc pour récompenfe
de valeur ou de mérite littéraire, le reçoivent
de la main du doge.
Le collier eft une chaîne d’or, où eft attachée une
médaille de même, qui repréfente le lion de faint
Marc ailé, Iéopardé, la tête en rencontre, couronnée
d’une couronne ducale de fouverain, le toiit de
gueules fur une terrafle de finople; ce lion a à la
patte dextre une épée nue d’argent, la pointe én
haut & ‘appuyéje’fur un livre d’évangile ouvert ; fur
le revers de cette médaille eft le nom du doge régnant.
Voye[ Planche X X V , fig. S g , de l'Art Héraldique,
dans le Dictionnaire raif. des Sciences, Arts &
Métiers., (G. D . L .T .)
MARCASSITE , f. f. (Hift. nat. Minéral. ) mar-
cajfita, cryfialli pytitacei, drufa pyritacea , Julphur
ferro plerumque mineralifatum forma cryflallifatâ , en
allemand marcafite, kieskriflalle. On peut diftinguer
O O o*o 0 ij