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nom de Pagus Morvinnus ou Morverinium, dont on
ne fait pas l’origine ; car il n’y a point de lieu dans
le. pays du nom de Morvennum qui lui ait donné ce
nom , comme le prétendent Adrien de Valois, dans
fa notice de la Gaule , page J Go, 6c M. Expilli,
tome IV,page91t.ïiô , ^ . V - > '
Héric , en parlant des églifes bâties dans le pays
en l’honneur de S. Germain d’Auxerre , dont plu-
fiéurs villages portent 1e nom, l’appelle Morvennici-
Saltus:. il regarde comme un miracle de ce faint de
faire trouver la bonne route à ceux qui fréquentent
les églifes, tant ce canton étoit fauvage, montueux
6c couvert de forêts. Fortunat dit même que c’étoit
le pays des ours , dont S. Germain de Paris fit mira-
culeufement une grande deftru&ion, dans un voyage
qu’il fit à Cervoq, pour aller delà honorer les reliques
de S. Symphorien, à Autun.
On voit dans la vie des évêques d’Auxerre , que
faint Amâtre traverfa le Morvan en allant à Autun ,
pour obtenir du préfet des Gaules la permiffion de
mettre au nombre des clercs le gouverneur Germain.
Les payfans frappés d’un de fes miracles, arrivé à
Gubiliùm:, lui firent un chemin : on croît que le lieu
où s’arrêta le faint évêque, eft Goulou , annexe de
faint-Briffon , à trois lieues oueft de Saulieu. Hifi.
d’Auxerre , tome / , page 12.
M. le Beuf prétend que la bataille contre les
Normands , ou fe trouva Anfquife , evêque de
Troyes;,::en 843 , fut donnée à Chalau, à deux
lieues de l’Orme , ad Khalaumontém in pago Mor-
vinno.' : ■
Corbigni, où fut établie une abbaye en 864, eft
marquéJ/2 pago Burgùndici Morvinenji. Corbiniacum.
Gai. chr. tome I V , page 4ÿS.
La notice de Valois place Cufli. 6c Château-Chi-
non en Morvan ; 6c Coquille nomme encore la Char-
treufe de faint-George fondée en 113 5 , par G u y ,
comte de N evers, 6c Matilde fon époufe.
L’abbaye de Reconfort, fondée en 1237 par la
même Matilde, proche Monceaux : celle de fairit-
Martin de Lures, Chora, fondée par les lires de
ChafteUux, au x n e fiecle.
Lorme, Môntfauge, Aligni, Ourrouft, non Au-
roux , comme il eft écrit dans le Dicl. raif. des Sciences
, &c. font du Morvan, comme prefque toute
l ’.éleâion de Vezeiai.
Ce pays pauvre, fec, fablonneux, eft couvert de:
montagnes, de bois &-de pâturages où l’on engraiffe
du bétail ; il n’y croît que du farrazinou bled noir ,
de l’avoine & un peu de feigle.
Les environs de Saulieu font renommés pour les,
excellens navets qu’ils produifent, 6c qu’on envoie
encore; à Lyon, à Dijon 6c à Paris.
Le commerce eft en bétail, bois 6c poiffons.
Le Morvan eft la patrie du célébré Sébaftien Le-
prêtre de Vauban, maréchal de France, un des
meilleurs officiers & des plus honnête-hommes du
fiecle de Louis X IV. Voyez ce que nous en difons
à l’article de Saint-Leger de Foucheret, fa patrie. ■
M. Quarré d’Aligni, brigadier des armées du r o i,
qui fërvit quarante arts * Ôt nous a laiffé des mémoires
intéreffans qui mériteroient l’impreffion : j’en
juge ainfi après les avoir eus en communication. M.
Moreau de Greligni-, gouverneur de Gironne, M. dé
la Tournelle , tous excellens officiers, étoient du
Morvan. ( C. )
MORVE AUX-, ( Géogr. ) Mervellum, Mervellice *
ainfi àppellé dans une chartre de Perard, page 5 /,
68 f à l’an 8 9 i ;& Morvellum in fine Bovingorurfi i
au territoire de Rouvre, dans un titre de 1017 ,
rapporté dans lliiftoire de l’églife de faint Etienne
de Dijon, page y8.
"^Cefief, près de Dijon, appartient à M. Guy ton
de Morvêaux, avocat-général du parlement de Bour-
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gogne ; ce magiftrat éclairé fait autant d’honneur au
barreau qu’aux lettres, par fes difcours éloquens'ôc
par fes ouvrages. Son éloge du préfident Jeannin ,
l’ami 6c le miniftre de Henri IV & de Louis XIII a
été imprimé en 1768 6c très-*goûté. Son nom eft
connu chez les phyficiens par des ouvrages fur la
chymie 6c la phyfique. Tout le tems qu’il peut dérober
à fes nobles 6c pénibles fondions, il le- confacre
aux fciences. Nous devons à ce favant plufieurs excellens
articles de chymie de ce Supplément. (C. )
§ MORVEDRO, en Efpagne, ( Géogr. ) autrefois
la célébré ville de Sagonte : voici l’infcription
dont parle le Dicl. raif. des Sciences, ÔCc. fans la
citer :
S e n a t u s p o p u l u s q u e
Sa g u n t i n o r u m
C l a u d i o
I n v i c t o p i o . f e l i c i im p .
CæS. PONT. MAX.
T r i b . POT . P. P.
P r o c o s ,. ( C . )
MORVILLIERS, ( Géogr. ) autrefois, nommé
Latofao , & depuis Liffourle-gr,and, eft iin bourg ,
avec titre de comté, dans le Barrois, bailliage de la
Marche , dans une plaine près des confins orientaux
de la Champagne, du diocefe de Toul.
On croit que c’eft-là que Frédégonde gagna une
fanglante bataille contre Brunehaut, en 596. Ebroin ,
mairé du palais de Neivftrie, y remporta la victoire
contre les feigneürs Auftrafiens en 680 ; 6c Charles
IV, duc de Lorraine, y battit du Hallier en 1641.
On trouve différens corps métallifés fur la montagne
de Morvilliers : on y voit auffi des ourfins. (C .)
MOSA,( Géogr.anc.) L’itinéraire d’Antonin place
ce lieu fur la route d’Andomatunum, ou de Langres
à Tullum-leuconum, T o u l, la diftance marquée x n ;
ce lieu efhMeuvi, fitué au paffage de laMeufe 6c fur
la diredion de l’ancienne voie Romaine, non Meufie ,
dont la pofition remonte aux fources de cette rivie-,
re. Ce Meufe n’étant; éloigné de Langres que de dix
à onze mille toifes. D ’Anv. Not. Gai. page 46'S.
(<•”•) • 1
MOTHON, ( Mujjq. des anc. ) nom d’un air de
danfe des Grecs,; il s’exécutoit fur des flûtes.
i F .D .C . )
MOTTE VILLE, Mattevilla, ( Géogr. ) ou M a u -
te v il le -l’En e v a l , village à trois lieues & demie
de Caudebéc, à une lieue 6c demie d’Y ve to t, fur-
nommé d’Eneval, parce qu’il a appartenu long-tems
aux feigneürs de ce nom, 6c pour le diftinguer de
Motteville fur le Durdari.-En 1056 Raoul-de-Va-
renne 6c Emerie fa femme, cédèrent cette églife à
l’abbaye de Sainte-Catherine de Rouen ; le feigneur
préfente à la cure.'Nicolas Langlois, premier préfident
à la chamhre des comptes de Rouen ,,y fonda,
en 1638, la collégiale de Saint-Michel, qui a fix
prébendes 6c un doyen-curé. -
Françoife Bertaud , née en Normandie en 1615 ,
en époufant Nicolas Langlois, feigneur de Motteville,
a rendu ce nom célébré par fes Mémoires pour fervir
à Chifioire cTAnne d’Autriche , dont elle étoit la confidente
; ils ont paru en 6 vol. in-ix , en 1732.
Cet ouvrage curieux.eft plein d’une grande con-
noiffance de L’intérieur de la cour 6c de la minorité
de Louis X IV. L’auteur fut difgracié par le cardinal
de Richelieu , jaloux des favorites de la reine-mere ;
mais après la mort de ce redoutable miniftre, madame
de Motteville fut rappellée par la reine Anne, déclarée
régente ; 6c par reconnoiflance ellë écrivit fes
Mémoires : elle mourut à Paris en 1689 à 74 ans ; les
agrémens de fon efprit& de fon cara&ere lui avoient
concilié l’amitié de la reine.d’Angleterre,' veuve de
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Charles I , qui avoit pour elle la confiance la plus
intime. ( C. )
MOULIN , ( Economie rüfiique. ) Moulin a bras
pour moudre le froment, inventé par Samuel 6c Samp-
fon Freeth de Birmingham.
Ce moulin, dont on Voit la figure, planche I I ,
Agriculture ,fig. 2 , Suppl, eft compofé d’une manivelle
A , laquelle fait mouvoir le cylindre B dans
deux forts crampons de fer 0 0 , qui tiennent au
poteau qui porte le moulin. A l’autre extrémité de
l’axe eft une roue D ,6 c à. l’endroit de la manivelle
une roue ou couteau E , qui fait mouvoir une autre
roue 2**, laquelle tient au rouleau qui fe meut dans
la boîte G. La boîte G eft fermée aux deux extrémités
HH par deux plaques de cuivre. A l’èxtrêmité
de l’axe eft une vis / , qui porte fur le centre du
rouleau, 6c qui fert à accélérer ou à ralentir fon
mouvement. Le rouleau, de même que la boîte G ,
dans laquelle il tourne, vont én appetiffant 6c garnis
de dents, dont la groffeur diminue en approchant du
centre : elles broient le grain plus ou moins fin ,
félon qu’on lâche ou qu’on ferre l’écrou /.Un homme
fuffit pour faire agir ce moulin, 6c la farine fort
fans avoir eu le tems de s’échauffer par l’auget K de
la tremie. ( Article extrait d’un journal Anglois. )
Les moulins à bras font les plus anciens, ils ne
coûtent qu’une piftole au Levant : ils confiftent en
deux pierres plates 6c rondes de deux pieds de diamètre.
L’Ecriture défend de mettre les meules en
gage.-
Les Egyptiens, les Juifs, les Romains même fe
fervoient rarement des animaux, du vent 6c de
l’eau pour faire tourner leurs meules ils em-
ployoient à cet ouvrage pénible leurs efclaves &
leurs prifonniers de guerre. Samfon tournoit la
meule chez les Philiftins. Dieu dit qu’il frappera de
mort tous les premiers nés, jufqu’à celui de la fer-
vante qui tourne la meule à moudre les grains. Dans
Térence on trouve fouvent ad pifirinum, au moulin :
•c’étoit la menace ordinaire. Les Juifs défignoientle
poids de Paftli&ion d’un homme par l’expreffion proverbiale
d’une meule qu’il portoit à fon col. On en
a trouvé deux ou trois en Angleterre parmi d’autres
antiquités Romaines , qui n’avoient que vingt pouces
de large 6c autant de long : Saumaife fur Solin en
parle.
De l’ufage des grains bruts 6c cruds on a paffé à
celui des bouillies , des pâtes , & de là au pain fermenté
6c cuit. L’ufage de faire rôtir le grain, qu’on
attribue à Numa, fit imaginer celui de le concaffer
& d’en faire des gruaux.
Pilumnus ou Pilon inventa les pilons & la maniéré
de piler ou broyer les grains dans les mortiers.
Les Pifons, l’une des plus illuftres familles de
Rome , durent leur nom,à l’art de piler les grains,
perfectionné par leurs ancêtres. Le métier de pileur
étoit exercé parles plus pauvres citoyens, parce
qu’il étoit très-rude. Plaute, ce comique célébré,
piloit des grains pour gagner fa vie. Voyez Mouture
ceconomique, in-40. par M. Beguillet de Dijon. 1769.
Les moulins à vent tirent leur origine des pays
orientaux où il y a peu de rivières. L’ufage en fut
apporté en France au retour des croifades. On voit
par ce trait, fous la première race de nos rois, qu’on
ie fervoit communément en France de moulins à
bras. Septiminie, nourrice du prince fils de Chil-
debert, ayant été convaincue de plufieurs crimes,
fut condamnée à être fuftigée, flétrie d’un fer chaud
au vifage, 6c reléguée dans un village pour y tourner
toujours la meule d’un moulin qui fervoit pour
le pain des dames de la maifon royale. Art du Meunier,
par M. Malouin, 1767, in-fol.
Le vent, l’eau font tourner nos moulins ce n’eft
plus de la farine que nous demandons à nôs'efcla-
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ves ; mais il faut qu’ils no^is fourniffent du fucre :
ce qui ieûr coûte fouvent des membres, 6c même
la vie. ’
Il n’y a point de moulins à vent en Italie : les pays
chauds 6c voifins des tropiques ne font pas fujets aux
vents variables 6c impétueux que nous avons fi fouvent
dans le Nord , 6c fur lefquels eft fondé l’ufage
des moulins à vent ; mais on y fupplée aifément par
l’abondance des eaux. Voyage d’Italie , par M. de la
Lande, tome IV. p. 499. ( C. )
MUNTER ( G e o r g e ) , Hifioire de Danemarck
étoit né en Weftphalie ; Frédéric I l’avoit attiré en
Danemarck, 6c l’avoit élevé à la dignité de maire
de Malmoë. Mais fous le régné du fils , il oublia les
bienfaits du pere, 6c confpira contre le Danemarck
avec la régence de Lubec. Il fit arrêter l’an 1534 le
gouverneur de la citadelle de Malmoë, fouleva les
habitans, emporta le château, le fit rafer, jetta dans
les fers plufieurs gentilshommes attachés à Chri-
ftiern ; il combattit avec beaiicoup de courage à la
journée d’Elfingbourg en 1535 ; mais il fut entraîné
dans la déroute de fes troupes , 6c fe jetta dans Copenhague
, où il fit une révolution momentanée :
mais voyant Chriftiern prêt à entrer dans la place ,
il alla fe jetter à fes pieds , 6c obtint pour les habitans
de Malmoë 6c pour lui-même une amniftie générale.
Il paffa le refte de fa vie dans une heureufe 6c
fage tranquillité. (M. d e Sa c y .')
MOUCHE, ( Afiron. ) mufca , conftellation méridionale
appellée auffi apis, l’abeille, fituée fous
les pieds du centaure, entre le caméléon & la croix,
elle ne contenoit que quatre étoiles dans l’ancien catalogue
, elle en renferme treize dans celui de M. de
la Caille; la principale marquée x eft de quatrième
grandeur, elle avoit en 1750, 185d 38' 44" d’afcen-
fion droite , 6c 45' 15" de déclinaifon auftrale.
( M. d e l a L a n d e . )
§ M o u c h e , (JHfl nat. Infect.) On a expofé dans
le Dictionnaire raifonné des Sciences , & c. la méthode
de M. de Réaumur, qui prend le mot de mouche dans
un fens étendu , comme renfermant des infeftes d’abord
de la claffe des tétrapteres à ailes nues, enfuite
des dipteres. Geoffroi, d’après Linné , refferrant
davantage cette dénomination, ne donne le nom de
mouche proprement dite qu’à un infette diptere , à
antennes formées par une palette plate & folide,
avec une foie ou poil latéral ; ayant une bouche
avec une trompe fans dents ; trois petits yeux liflesl
Il partage ce genre en cinq familles: la première
renferme les mouches à ailes panachées; la fécondé,
les mouches à mafquë ; la troifieme, les mouches panachées
fur le corps ; la quatrième , les mouches
dorées; enfin les mouches communes. Toutes les
autres efpeces font rapportées à d’autres claffes
d’infeftes , comme , d’entre lès tétrapteres , les
demoifelles, les perles, les rafidies, le,s éphémères,
les friganes , &c. L’hémérobe, le fourmilion , la
mouche fcorpion, le frelon, l’utôcere; la mouche à
fcie, le cinips, l’içhneumon, la guêpe, l’abeille, &c.
Dans la claffe des dipteres font l’oeftre, le taon',
l’afile, la mouche armée, la mouctie propre, le fto-
moxe, la volacelle, la némotele, la fcatopfe, l’hip-
pdbofque, la tipule, le bibion , le coufin, 6c il eft
peu de ces infeétes qui n’ait porté la dénomination
de mouche. ( B. C.j
M o u c h e à t a r r i e r e , (Hifi. nat. Infectol. )
cynips. On confond fouvent la nombreufe claffe des
mouches à tarriere avec celle des mouches à fcie , en
latin tenthredines. MM. Linné, de Réaumur, Roe-
fel ont fouvent confondu les efpeces de ces deux
genres.
L’un & l’autre font des infeûes tétrapteres à ailes
inférieures plus courtes, à bouche armée de mâchoires.
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