l ’adjeftiffingulier s’accordeavec le dernier, comme :
j'ai le coeur & la bouche ouverte à vos louanges.
Selon la préfente réglé, on doit dire :fes honneurs,
/es richejfes & fa puiffance évanouirent. Mais frie dernier
fubftantif eft au fingulier, & qu’il foit accompagné
de l’adjeâif tout, qui eft un terme colleâif, le
verbe fera mieux au fingulier. Tousfes honneurs, toutes
/es richejfes , & toute /a puijfance s'évanouit. Et en
cette phrafe : non feulement fes honneurs & Jes richef-
fe s , mais auffi fa vertu s'évanouit. On ne peut pas dire,
s'évanouirent, parce que, mais aufji, n’eft pas
une conjonétion copulative , mais une adverfative.
V. Réglé. Quant à la fyntaxe de régime, en
voici les principales réglés pour les différens mots du
difeours, en commençant par les noms.
i . Les noms fubftantifs étant fuivis d’un autre nom
fubftantif,le prennent au génitif. Le Dieu de paix; le
roi de France.
2. Il ÿ a des adjectifs & des adverbes, dont les uns
gouvernent le génitif, & le s autres le datif. Avide de
gloire; peu, beaucoup, affe^ , plus , moins dé argent ;
conforme, conformement à la vérité.
3. Plufieurs pronoms régiflent le génitif. Celui,
lequel , quelqu'un , &C. de nous.
4. Les verbes aftifsgouvernent l’accufatif. Aimer
/es ennemis ; louer, bénir,fervir, adorer Dieu. Plufieurs
de ceS verbes prennent après eux un accufatif de la
perfonne , & un génitif ou un ablatif de la chofe.
Accu/er quelqu'un de larcin ; détourner quelqu un d'un
mauvais dejjéin.
Plufieurs verbes neutres gouvernent le datif. Plaire
, nuire , obéir à quelqu'un.
Une infinité de verbes prennent après eux l’infini-
nitifavec les prépofitions à 8>C de. Exciter, exhorter,
porter à faire le bien ; prier, craindre', différer, efpérer
de faire quelque chofe ; il ejl a plaindre; j'a i à craindre,
c’eft-à-dire ,je puis , ou je dois craindre ; c'eft à vous
à parler, ou de parler ; ilvient déarriver , c’eft-à-dire,
il ri y a qu'un moment qu'il eft arrivé, & c .
Les Verbes qui lignifient J'çavoir ,011 dire, ont après
eux la conjonction que avec un indicatif, ou avec le
premier & le fécond futur du fubjonétif. J ejçai,je
connois, jevpisbien, je crois ,jepenfe,je dis, je confejfe,
j avoue ,jepublie, je foutiens que yous ave[, que vous
aurie£, ou aurie{ euraifon.
Après les verbes de doute, on ufe de la conjonction}?,
avec un indicatif. Je foute f i vous viendreq.
Mais s’ils ont une négation , il faut ufer de que avec
le fubjonCtif. Je ne doute pas que la chofe ne foit comme
vous le dites , ou , en retournant la phrafe , que la
chofe ne foit comme vous le dites, je rien doute pas.
Les verbes qui fignifient quelque négation, doute,
ignorance, volonté, deffein, defir, commandement,
permifîion , efpérance, ou crainte , ont après eux le
JubjonCtif avec que. Jeveux, il faut que celafe Jaffe. Je
■ crains que cela n'arrive. Je prétends que cela foit, c’eft-
à-dire ,je veux ; mais fi on dit ,jeprétends que cela ejt,
cela veut dire ,jefoutiens. Néanmoins ces verbes font
mis à l’infinitif, quand cet infinitif marque l’aCtion de
la même perfonne que celle qui defire ou qui craint.
Je veux le fçavoir. Je crains de vous ennuyer: ou bien
quand la perfonne à qui l’on commande'eft exprimée :
je vous ai commandé de partir. Permette^-moi de vous
embraffer.
Quand ces verbes font au préfent de l’indicatif ou
du fubjonCtif, ou au futur de l’indicatif, ils prennent
avec la conjonction que, le préfent, ou le premier
prétérit compofé du fubjon&if. Je veux , je voudrai
que vous foye^fage. Je foühaite, je fouhaiterai toujours
qu/e vous en aye[ bien agi avec lui.
Quand ils font à l’un des cinq prétérits de l’indicat
if, ou à quelqu’un des trois du fubjondif, ou enfin
à l’un des deux futurs en rois, ils prennent après que,
le prétérit fimple, ou le fécond prétérit compofé du
fubjonftif. Jtfouhaitois , j e fouhaitat, fa i fouhaité
j'eus fouhaité, f avois fouhaité, que je fouhaitajfe, que
j'euffe fouhaité , que j'aie fouhaité , je fouhaiterois ,
fauroisfouhaité quevous fufjie{ bien, ou que vous euffie£
bien fait.
Après quelque verbe que ce foit, accompagné de
ne, ou f i , fi la conjonction que fuit avec un autre verbe
, ce dernier verbe fera mis au fubjondif. Je ne crois
pas qu'il veuille, ou qu'il ait voulu me tromper. Je ne
fçavois pas qu'il voulut, ou qu'il eut voulu me tromper•
Et fi après ce fécond verbe il en vient encore un autre
avec la conjonction que, il fera aufli au fubjonCtif.
Je ne crois pas que vouspenfie{ que je fois votre ennemi•
5. La plupart des prépofitions Françoifes gouvernent
l’accufatif,qui eft toujours femblable au nominatif.
Aller à Rome , travailler pour le ciel.
Il y en a quelques-unes qui gouvernent le génitif.
Auprès de moi, près de moi, loin de moi, proche de moi,
hors de la maifon. Mais peut-être vaut-il mieux dire
que auprès foin , &c. ne font que des adverbes joints
à la prépofition de, qui gouvernent Paccufatif.
Mais ce qu’il faut bien remarquer, c’eft qu’il y en
a beaucoup qui gouvernent l’infinitif. Manger pour
vivre, s'occuper à lire, parler fans rire, &c.
6.11 y a des conjonctions qui gouvernent l’indicatif,
& d’autres qui gouvernent le fubjonCtif. Quant
aux différens tems du fubjonCtif qta’on doit mettre
après les conjonctions qui le gouvernent, voyez là-
deflus la réglé que nous avons donnée plus haut pour
le que entre deux verbes.
Remarques.
I. Il y a certains noms collectifs qui fignifient une
quantité , grande ou petite , exprimée par le génitif
qui les fuit, après lefquels on met le verbe au même
nombre que ce génitif, contre la réglé pommune ,
qui porte que le nominatif & le verbe s’accordent
en nombre & en perfonne. Par exemple : Une infic
ni té deperfonnes me font venu confulter. Laplupart des
hommes fuivent leurs paffions. La moitié des femmes
font caufeufes. Un grand nombre de maifons furent
brûlées.
On dit aufli : il ejl trois heures, parce que cela veut
dire , il e(i la troijieme heure : il ejl mort trois rois : il
pleut des pierres.
Enfin on dit: défi moi, toi, lui, nous , vous ; mais
il faut dire , ce font eux.
II. Ces mots féminins, quelque chofe, repréfentent
fouvent le pronom neutre des Latins, aliquid, ôc
s’accordent avec le mafeulin, qui, en notre langue,
répond au neutre des Latins. Il y a quelque chofe dans
ce livre qui eft affez bon ; quelque chofe de beau , de
plaifant, &c.
On dit aufli : il a une partie du bras emporté ; il a
une partie de Vos rompu, & non pas emportée, rompue.
III. Il ne faut jamais rapporter la même conftruc-
tion à deux mots différens, dont l’un ne s’y accorde
pas. Jeveux & promets dé accomplir ma promeffe. Cette
phrafe ne vaut rien , parce qu’on dit bien ,jeprqmets
dé accomplir ; mais non ,je veux <£ accomplir. Lé aventure
démon pere 6* de ma foeur font extraordinaires : il faut
dire, & celle de ma foeur, afin que le verbe s’accorde
avec deux nominatifs. I l s'ejl brûlé, & ceux qui étoient
auprès de lui; il faut répéter , & a brûlé, &c. Dieu Je
daigne rabaijfer jufqu'à nous, & nous éleverjufqu'à lui:
dites , daigne fe rabaifj'er, &C.
On fait fort fouvent ces fortes de fautes , parce
qu’on penfe plutôt au fens qu’on a dans l’elprit,
qu’aux paroles qu’on a dans la bouche.
Réglés de Prononciation et d’Ortographe.
1. On écrit fouvent les mots comme on les prononce
9 fanté, vertu.
2. On doit avoir bien préfente à la mémoire la maniéré
dont nous avons écrit les verbes à tous leurs
temps & à tous leurs modes, les pluriels, les pronoms
, &c. qui reviennent à tout moment dans le
difeours. A
3. Les voyelles a, e , i , o , u, fe prononcent tantôt
brèves , tantôt longues : ame, dame ; bette, bete ; ville,
vile ; hotte , kôte; bulle, brûle, &c. ^
4. On doit distinguer avec foin trois fortes d e ,
pour bien prononcer Ve ouvert, l’e muet, Ve fermé.
Ces trois fortes d'e fe trouvent dans ces mots , fermeté
, netteté. Il n’y a guere que le feul ufage qui
puiffe apprendre quand on doit prononcer Ve ouvert,
ou quand on doit le prononcer autrement. Ce qu’il
y a à fçavoir là-deflus, c’eft que l'é fermé fe marque
ainfi, avec un accent aigu, fur-tout à la fin des mots,
prépofée. L’e ouvert fe marque communément ainfi
(à) à la fin des mots de plufieurs fyllabes , lorfqu’il
eft fuivi d’une i , comme procès, excès. Peut-être
qu’on auroit pu aufli fe fervirde cette marque par
tout ailleurs , comme dans lès, cès ,f è r , enfer ; mais
l’ufage commun ne l’a pas encore admife. L’e n’eft
jamais muet quand ii eft fuivi d’un autre e muet. Aimé-
j e , je caèhette , j'achetée, ils acliettent, j'achetterai, ils
achetteront ; qu'il.prenne , qu'ils prennent. On voit que
ces mots devroient avoir Ve muet à la pénultième
lyllabe, puifqu’ils viennent de cacheter, acheter, nous
prenons ; & qu’on n’a doublé la confonne qui fuit,
qu’afin d’en changer la prononciation.
5 .ae(e prononce comme a feul dans Caen ; ai comme
un é ferme dans ferai, plairai, &c. comme un è
ouvert à la fin des. mots ,paix, mais, plaies, &c. comme
un e muet, dans nous faifons ,je faijois , &c. ils
faifoient : ao- comme un a dans paon , faon , Laon ,
ville : comme un o dans taon, août, Laon faint: au
comme un 0 dans étau, haut, &c. ta, eo comme un a &
un o Amples dans la terminaifon des verbes, dont
l’infinitif eft en ger, juger, il jugea, nous jugeons ; &
dans bourgeois , bourgeon , pigeon, plongeon : ei comme
un é plus ou moins ouvert,plein ,peine : oei dans
oeil, oeillade, oeillet, comme eui dans deuil: oeu comme
eu dans boeuf,'oeuf, moeuf, coeur, choeur ,foeur : oi comme
oi dans boire , moite , loin, joigne , paroijfe, doit ;
& dans prefque tous les noms de nation , Danois ,
Suédois, &c. comme un è ouvert dans François, Anglais,
croire , tkc. j ’aimois, tuaimois, tbec.eau comme
o dans beau, eau, & c. ueidans orgueil, écueil, comme
eui dans feu il, deuil. On écrit ainfi uei & non eui
après g&c c , afin de ne pas changer leur prononciation
naturelle en / confonne & enf .
6. B fe prononce comme unp avant fS c e, obferver
obtenir; & c commeyavanté, i , o u y ;& q u a n d ily a
deffous un petit c renverfé, céder, cire, Cyrus,prononçant
, prononçons, conçu ; comme un g dans fécond ;
ch comme k dans quelques mots Grecs & Hébreux,
Archétype , Cherfonnefe ; Achab, Cham &c. em & èn
dans une même fyllabe, comme an; empereur, &c.
entier, &c. mais enfouffre bien des exceptions : g comme
un j confonne avant e & i , géant, gigot • gu avant
c , i , comme g avant a, o u, guenon, Guillaume : i
comme un e ouvert avant m&C n, imprudent, fin, & c .
excepté lorfque Vm & Vn font fuivies d’une autre m
ot n , ou d’une voyelle , immerfion, innover, chimere,
inoui, &c. m , quand elle termine les mots & les fyllabes
, comme n dans an, lien, f in , lion, un; ampoul-
le , empereur , Impériaux, ombre, humble , exceptél’in-
terjeôtionAc/«, & quelques noms étrangers , Sem,Jé-
rufalem , Stockholm, &c. Vn qui ne commence pas la
fyllabe , ou qui n’eft pas fuivie d’une voyelle, com-
wiedanstf/z, &c. hors himen , amen : ph comme ƒ ,
Jofeph : qu comme k , qualité, &c. hors aquatique ,
quon prononce comme s’il étoit écrit acouatique :
l/entre deux voyelles dans les mots Amples, comme
PrJ fn-> raifon, & c . & dans tranfaction, tranfiger.
Joint 1 II. J 9
tranfition : t comme ƒ avant ion; action, & c. dans initier
, ineptie, facétie, captieux, patience , partial ; 6C
dans quelques noms propres Latins, Dioclétien, & c.
x avant les confonnes, comme c f ; exprès : dans les
mots Grecs , Alexandre, &c. & dans Maxime, fixer
flexion, flexible, perplexité : comme g£, quand elle
eft entre deux voyelles , exil ; & dans le mot Grec
Exarque : comme c avant ce, ci; exceller, exciter,
&c. comme ƒ Amplement dans foixante, Bruxelles,
& quelques autres noms propres.
7 . Y ne s’écrit plus guere que dans les mots qui
ont en Grec un upjîlon; phyjîque, & quand c’eft la particule^
; ç ne s’écrit guere non plus , qu’aux fécondés
perfonnes plurielles des verbes après un «fermé;
vous aime{, &c. t fe met entre une voyelle qui finit
un verbe & les pronoms; aime-t-il é
8. Il y a deuxforres dé h ; l’une afpirée, qui eft une
vraie confonne , & qui en a toutes les pfbpriétés,
c’eft-à-dire, que les voyelles qui la précèdent, même
Ve muet, fe prononcent, & que les confonnes ne fe
prononcent point. On doit dire le contraire de 17* non
afpirée ; le héros, les grands héros.
9. a i, au , & c . que nous avons dit fe prononcer
comme un « & un o Amplement, font deux fyllabes
dans plufieurs mots, fur-tout dans les noms propres;
haïr, Caïn, Saul : & pour lors on met deux points
fur la fecoiide des deux voyelles, pour marquer
qu’elle eft féparée de la première.
10. L’ôrtographe & la prononciation des mots {impies
paffe dans leurs dérivés & dans leurs compofés :
faire , défaire ; prompt, promptitude.
11. La raifon la plus ordinaire pour laquelle on
écrit plufieurs mots d’une maniéré plutôt que d’une
autre, c’eft pour garder la marque de l’origine de ces
mots , qui font pris de la langue Latine, ou de quel-
qu’autre. Ainfi on écrit, plaire, faire, taire, plutôt
que plere ,fere, tere, parce qu’ils viennent de placere,
facere, tacere : de même on écrit, céder, exemple,
prompt ,fep t, &c. & non pas feder, exanple, pron ,
fe t jparce qu’ils viennent de cedere, exemplum, promp-
tus , feptem.
12. C’eft pour la même raifon qu’on double les
confonnes dans un grand nombre de mots, quoiqu’on
les prononce fimples : c’ eft aufli pour rendre plus
breve la prononciation des voyelles qui précèdent
ces doubles confonnes: accufer, affliger, alléguer,
année, approuver, affigner, attribuer, effigie, difforme,
fouffler, vallée, exceller ,feller, appeller, mille, village
, college , mollir, flamme, commode, communier,
nommer, terreur, &c.
13. Les confonnes/, r , t, fe doublent après Ve ouvert
, & jamais après l’é fermé ou l’e muet : chapelle ,
chandelle ferrer, guerre, terreur, fachctte, je cachette ,
&c. excepté un très-petit nombre de mots , comme
exceller, fceller, fellèr, rebeller., bette herbe, affujettir,
qui redoublent 17 & 1 e t , même après un e fermé ;
appeller, jetttr, qui les redoublent même après un e
muet. Un au contraire fe double fouvent après un e
fermé , & jamais après un e ouvert : mienne, tienne,
Jienne, ancienne, ils viennent, ils tiennent, ils pren-
14. Les confonnes finales b, c, d , f , g , l ,n , p , r ,
f , t , x , £, ne fe prononcent point dans les mots que
nous allons marquer, foit feuls, foit à la fin d’une
phrafe ; foit avant un mot qui commence par une
confonne. B : plomb. C: Gontraft, blanc, banc, flanc ,
franc, marc ; contrats, blancs, & c. D : fard, hazard,
nid, muid, blond, fond, rond, abord , accord, froid,
& peut-être quelqu’autres. F : clef, clefs, & nerfs,
boeufs, oeufs, neufs, pour i ordinaire. G: étang, rang,
fang, long, bourg. L : fourcil, outil, gentil ,lorfqu’il
Jignifie jo li, fils, foui. P : galop , trop coup, beaucoup,
camp , champ, firop, loup , temps, corps,
prompt, fept ; hors Gap, julep : ptifàne, exempter ,