nable & y femerez une bonne pincee de Femences de
mélefe. Il vous fera facile d’ombrager les paniers ayec
deux cerceaux croifes, fur lefquels vous mettrez des
rofeaux ou telle autre couverture légère qui fera le
plus à votre portée. Par les tems fecs, il fera poffible,
fur-tout dans le voifinage des eaux, d’arrofer ces paniers,
autour defquels vous tiendrez net d’herbes un
cercle d’un pied de rayon, à prendre des bords. Vous
en uferez dans la fuite comme il a été dit dans la méthode
première*
Les mélefes qui viendront en bois > étant d’abord
fo rt rapprochés les uns des autres, n auront pas
befoin du tout d’être élagués; la privation du courant
d’air fera périr dans la fuite leurs branches latérales.
A l’égard de ceux plantés à de grandes distances
, v oici comme il faudra s’y prendre pour
former un tronc nud : vous les laifferez durant trois
ou quatre années après la plantation fe liv rer à tout
le luxe de leur croiffance : les branches latérales
inférieures, en arrêtant la feve vers le p ied , le fortifiera
finguliérement : enfuite au mois d’o&obre ,
tandis que la feve ralentie ne laiffera exfuder de térébenthine
que ce qu’il en faudra pour garantir les
bleflùres de l ’aftion de la g e lé e , vous couperez près
de l’é co rc e , l’étage des branches les plus inférieures
; 6c v ou s vous contenterez , à l’égard de celui
qui eft immédiatement au-deffus, de le retrancher
jufqu’à quatre ou cinq pouces du corps de l’arbre.
C es chicots végéteront foiblement, tandis cjue les
plaies d’en-bas fe refermeront ; l’automne fuivante,
vou s les couperez près de l’é c o r c e , 6c formerez de
nouveaux chicots au-deffus ; vous continuerez ainfi
d’année en année , jufqu’à ce que votre arbre ait
fix pieds de tige nue ; alors vous la laifferez trois ou
quatre ans dans cette proportion : le tems r é v o lu ,
vous pourrez continuer d’é la gu e r , jufqu’à ce que
vo tre arbre ait la figure que vous voulez lui
donner.
T ou t ce que nous avons dit des femis, de Tinfti-
tution & du régime des mélefcs , convient aux pins
& aux fapins : nous nous bornerons dans les articles
de ces deux genres au traitement particulier que
demandent certaines efpeces.
Nous avons multiplié les mélefes par les marcottes,
particuliérement le mélefe noir d’Amerique ; nous
avons couché les branches en ju ille t, en faifant une
coche à la partie inférieure de leur courbure ; ces
marcottes bien foignées fe font trouvées bien enracinées
la troifieme automne ; quelques boutures
faites en feptembre de l’année d erniere, ont pouffé
des bourgeons 6c fe foutiennent encore. Un de mes
voifins a planté ce printems de ces cônes de mtlcfes,
que des branches percent par leur axe ; les branches
ont pouffé 6c étoient affez vigoureufes la derniere
fois que je les ai vues.
Enfin les efpeces rares fe g reffent, en approche
fur le mélefe commun : j ’ai deux mélefes noirs d’Amérique
que j’ai ainfi greffés, 6c qui font d’une vigueur
6c d’une beauté étonnantes ; ils font une fois plus
gros 6c plus hauts que les individus de cette efpece
qui vivent fur leurs propres racines. Les plus petites
efpeces doivent fe greffer fur le mélefe noir : je ne
doute pas que' les pins 6c les fapins ne puiffent fe
multiplier aufli par cette v o i e , en faifant un choix
convenable des efpeces les plus difpofées à contracter
entr’elles cette alliance.
Les anciens botaniftes ont diftingué dans le mélefe
, n° . i , celui à fleur blanche , 6c celui à fleur
ro u g e , mais ce ne font que des variétés féminales;
à l’égard de la couleur de leur b o is , elle dépend du
fo l où ils croiffent. Le mélefe de Sibérie & le mélefe
n a in , pouffent encore plutôt que les autres : ils
demandent plus d’ombre & de fraîcheur dans leur
jeuneffe.
Les mélefes fe taillent très-bien : on en forme fous
le cifeau des pyramides fu pe rbe s , 6c il feroit aifé
de leur donn er, comme aux ifs , toutes les figures
qu’on voudroitimaginer; on en forme des paliffades
qu’on peut élever aufli haut qu’on v e u t .- plantez des
mélefes de trois ou quatre pieds de h a u t, à quatre
ou cinq pieds les uns des autres ; taillez-les fur les
deux faces de bas en h a u t, bientôt ils fe joindront
par leurs branches latérales, 6c formeront une tenture
v erte des plus riches & des plus agréables à lâ
vue. Si vous voulez jouir v i t e , plantez les plus jeunes
à un pied & demi de diftance ; il ne faut les tailler
qu’une fo is , & choifir le mois d’o fto b r e , tems où
la feve ralen tie, ne fe perd plus par les coupures :
ceci convient également aux fapins épicéas dont on
forme aufli de belles paliffades. Les mélefes feroient
très-propres à couvrir des cabinets & des tonnelles;
la terre que ces arbres femblent préférer, quoiqu’ils
n’en rebutent aucune, eft une terre douce 6c onc-
tu eu fe , couleur de noifette ou rouge. Le cedre du
Liban eft ufte véritable mélefe ; fi on lui a laiffé le
nom de cedre , qui n’appartient qu’aux arbres bac-
ciferes , du genre des génevriers , ce n’eft que par
re lp eû pour une dénomination antique 6c confacrée
par les livres faints : on s’eft fait de cet arbre uné
idée fauffe, lorfqu’on a cru qu’il étoit d’une hauteur
prodigieufe ; il eft bien plus remarquable par fa grof-
feur énorme 6c par l’ extrême étendue de fes branches
, que par fon élévation. Maundrel , un des
derniers voyageurs qui ait vifité le Liban, n’y en a
plus trouv é que fe iz e , dont la maffe étonnante témoignât
qu’ilsiavoient vu s’écouler les fiecles ; il en
mefura un qui a v o it douze verges de tour, les branches
s’étendoient à une diftance incroyable ; c ’eft
pourquoi le roi prophète dit qu’un peuple floriffant
s’ étendra comme un cedre du Liban : un autre
v o y ag eu r leur donne une groffeur bien plus confi-
dérable.
C e t arbre impofant ne fe trouve nulle part fpon*
tané que fur le mont L iban , où il croît parmi les
neiges qui le couvrent une grande partie de l’année ;
c ’eft de cette feule forêt que font defcendues ces
maffes énormes qui ont fe rvi à la conftrufHon du
temple de Jérufalem. C e bois incorruptible a été
trouvé fain au bout de deux m ille ans dans le temple
d’A p o llo n , à Utiqu e , où il s’eft vu profané. La ftatue
de D ia n e , au temple d’E p h e fe , étoit de cedre du
Liban ; fa fciure étoit un des ingrédiens qui fervoient
à embaumer les corps en Egypte , 6c l ’on en tiroit
une huile propre à la confervation des livres.
C e t arbre fi majeftueux , dont la verdure eft per*
pétuelle , 6c dont les branches immenfes , touffues,
plates 6c horizontales, reffemblent, quand le vent
les balan/e, à des nuages qu’il chaffe devant lui*
C e t arbre fi utile enfin croît d’autant mieux que la
terre eft plus ftérile , 6c donneroit à nos montagnes
nues un vêtement fuperbe 6c précieux.
L’écorce du cedre du Liban eft u n ie , épaiffe,
fpongieufe 6c noueufe, à l’infertion des branches ;
les feuilles font difpofées comme celles des mélefes,
les cônes font aufli gros que la plus groffe pomme ,
6c affeftent la figure d’un barril ; les écailles font co -
ria cé es, larg es , 6c fe recouvrent à quelques lignes
prè s , 6c font exactement clofe s; la femence refl'em-
ble à celle du fapin à feuilles d’i f : on ne peut la tirer
des cônes qu’en les perçant par leur axe avec un fer
pointu qu’on chaffe à coups de marteau ; font-ils
pe rcés , on les jette dans l’e au , 6c on les y laiffe
quelques heures pour les amollir, alors on lev e
aifément les écailles 6c on en tire les graines ; mais
cette opération ne doit fe faire qu’au moment de
les femer : elles fe confervent faines plufieurs années
dans les cônes.
Les graines fe fement dans le même tems & de la
même maniéré que celles des mélefes, & les mêmes
foins leur conviennent en général. Vo ic i les attentions
particulières qu’il faut obferver. i ° . La terre
ne doit être mêlée d’aucune efpece de terreau ni de
terre noire de potager ; la meilleure eft un fable fin
6c gras mêlé de terre franche 6c douce. z°. II faut
cou v rir les caiffes d’un filet pour garantir du bec des
oileaux les tendres plantules, lorfqu’ elles jailliffent
du fein de la graine. 30. Au mois de ju ille t, c’eft-à-
d ir e , deux mois après fa germination, on tranfplan-
tera la moitié des petits cedres , chacun dans un pot
pa rticu lier, qu’on tiendra ombragé jufqu’à parfaite
reprife , 6c qu’on enterrera enfuite contre un m u r ,
au nord. 4 0. C es pots 6c ces caiffes pafferont les deux
premiers hivers fous une caiffe vitrée ; mais on les
en tirera au commencement de mars pour les re mettre
au même endroit d’où on les a tirés. Vers la
mi-avril on remettra chacun dans un pot ce qui fera
refté de petits cedres dans les caiffes ; on continuera
c e traitement en leur donnant fucceflivement de
plus grands p o t s , jufqu’à ce qu’ils foient en état
d’être plantés à demeure , c’eft-à-dire, jufqu’à ce
qu’ils aient un pied 6c demi de haut : on les plantera
a v e c la motte moulée par les pots ; il faut arrofer
très-fobrement les femis & les jeunes plantules, tant
qu elles font tendres ; elles fe pourriffent très-aifé-
ment rez-terre ; il faudra même garantir les caiffes
des pluies a v e c des c lo ch e s , fi elles font trop abon-
^,a,ntî s ? u tr0P fréquentes : on m’a mandé qu’on
s etoit bien trouve de la méthode fuivante d’é lever
ces arbres.
On plante trois ou quatre femences dans un petit
p o t , qu’on enterre dans une couche faite contre un
mur expofé au nord ; lorfqu’il pleut on tire ces pots
de te rre , 6c on les tient inclinés. D è s que le cedre
du Liban eft une fois planté au lieu de fa demeure,
il ne demande plus d’autre foin que de tenir la terre
nette d’herbes à l’entour , 6c de dreffer contre un
tuteur fa fléché qui eft difpofée à s’incliner & à fe
tourmenter;
Nous avons fait reprendre le cedre du Liban de
boutures faites en juillet 6c en feptembre, & de marcottes
couchées dans les mêmes mois. ( M . le Baron
DE T s c h o u d i . )
M É L Ê T É T IQ U E , (Mujiq. infi. des anc. ) fuivant
Solinus, c’étoit la même flûte que celle qu’on appel-
loit en latin vafca : apparemment qu’elle étoit d’une
exécution plus facile que les autres flûtes, car il ajoute
que les muficiennes s’en fervoient pour faire leurs
premiers effais: d’autres veulent que la flûte mélété-
eique foit la même que la phonafca ou phonafcica
dont les muficiens fe fervoient pour diriger les tons
de la v o i x , 6c que Quintilien appelle tonorion : en-
forte que probablement la plagiaule, la flûte appel-
lée vafca, celle furnommée phonafca, la mélététiquc
6c le tonorion ne font qu’une feule 6c même flûte.
( F .D .C . )
M É L IC E R T E , ( Myth. ) fils d’Ath ama s, roi de
T heb es , & d’In o , fuyant avec fa mere les fureurs
de fon p e r e , fe précipita dans la mer ; mais un dauphin
le reçut fur fon d o s , 6c le porta dans l’ifthme
de C or in the , fur le rivage près de C rom ion , où
Sifiphe , beau - pere de Laërte , l’ayant trouvé expof
é , le fit enterrer honorablement ; 6c changeant fon
nom en celui de Palémon, il inftitua en fon honneur
les jeux ifthmiques. Mèlicerte fut honoré principale-
ment dans rîle d eT én éd os , où l’on porta la fuper-
ftition jufqu’à lui offrir des enfans en facrifice. ( + )
M E L L A , ( Géogr. anc.') fleuve de la G a u le , félon
Se rv iu s , célébré commentateur de Virgile , par où
il faut entendre la Gaule Cifalpine. En vain cherche-
r o i t - o n le fleuve Mella au-delà des Alpes; nous
avons obferve que la partie feptentrionale de l’Italie
étoit appellée proprement Gaule. Le Mella fort
du mont Bre'nnus fur les frontières du T ren tin , paffe
auprès de Breffe autrefois B n c ia, & fe jette dans mm ™jT ; f hui Wm c’eft dans p a r ie s
qu arrofe le Mella. qu on trouve l’amellum, plante
qui tire fon nom du fleu v e , & dans laquelle V ireile
trouv e un remede affiiré contre les malheurs des
■ B m m M W t H 27 *- Hu/ùsodoraio... . .
quoiqu il 1 ait décrite av e c fo in, on ne la reconnoît pas
■ ■ fn- eft partagé tntre l’aller a uicu s, la
camomille & la mélifie. Georg. Vire, pas ■ ( r 1
, H H ( G ‘V . ) v i l l e d L H H
des bailliages libres en Suiffe. L ’biftoire de cette
ville eft à-peu-près la même que celle de Bremaar-
tenSc des bailliages libres. C ’eft le paffage delaRufc-
& le péage que la v ille fe fait payer eft très-lu cra tif
pour e lle , onéreux aux marchands.■ Cette ville a
d eu xadvo yers , un petit & un grand confeil. T outes
les,charges font à la nomination de la ville. Ces con-
H f f l jugent toutes les affaires civiles & criminelles
de leur diftn û 11 y a appel au fyndicat qui s’affemble
annuellement à Baden. La bourgeoifie s’affemble aufli
deux fois par an, & elle e xerce quelques droits par
exemple, celui de rece vo ir de nouveaux bourgeois.
Les habitans font de la religion catholique romaine.
La v ille donne fon nom à_un des chapitres dans
lequel le diocefe de Confiance eft partagé. (HA
M É LO D IE , f. f. ( Mufiq. ) fucceflion de fons tellement
ordonnes félon les loix du rhythme 6c de la
modulation, qu’elle forme un fens agréable à l’oreille
; la mélodie vocale s’appelle chant; 6c l ’inftrumen-
ta le , fymphonie.
L idée du rhythme entre néceffairement dans celle
de la mckdie .• un chant n’eft un chant qu’autant qu’il
eit mefure; la meme fucceflion de fons peu trec e -
voir autant de carafteres, autant de mélodies diffé-
rentes-, qu’on peut la feander différemment; & le
leul changement de valeur des notes peut défigurer
cette même fucceflion au point de la rendre mécon-
noiffable. Ainfi la mélodie n’eft rien par elle même;
c eft la mefure qui la détermine, 6c il n’y a point de
chant fans le tems. On ne doit donc pas comparer
la mélodie avec l’harmonie, abftraaion faite de la
mefure dans toutes les deux: car elle eft effentielle
à 1 une, & non pas à l ’autre.
L a mélodie fe rapporte à des principes différens,
félon la maniéré dont on la confidere. Prife par les
rapports des fons 6c par les réglés du mo de , elle a
fon principe dans l’harmonie ; puifque c’eft une ana-
ly fe harmonique qui donne les dégrés de la gamme
les cordes du mode, 6c les loix de la modulation’
uniques elemens du chant. Selon ce principe, toute la
force de la mélodie fe borne à flatter l’oreille par des
fons agréables, comme on peut flatter la vue par d’agréables
accords de couleurs : mais prife pour un art
d im itation par lequel on peut affeâer l’efprit de di-
verfes images, émouvoir le coeur de divers fenti-
mens, exciter & calmer les pallions, opérer, en un
m o t, des effets moraux qui paffent l’empire immédiat
des fens, il lui faut chercher un autre principe:
car on ne v o it aucune prife par laquelle la feule
harmonie, 6c tout ce qui vient d’e lle , puiffe nous
a ffeâ er ainfi.
Qu el eft ce fécond principe? II eft dans la nature
ainfi que le premier ; mais pour l’y découvrir, il faut
une obfervation plus fin e , quoique plus fimple, &
plus de fenfibihte dans l’obfervateur. Ce principe eft le
même qui fait varier le ton de la v o ix , quand on parle,
félon les chofes qu’on dit & les mouvemens qu’on
éprouve en les difant. C ’eft l’accent des langues qui
détermine la mélodie de chaque nation ; c’eft l’accent
qui fait qu’on parle en chanrant, 6c qu’on parle avec
plus ou moins d’énergie, félon que la langue a plus ou
moins d’accent. Celle dont l’accent eft plus marqué
doit donner une mélodie plus v ive 6c plus paflionnee ;