'Ôe flanelles font les feules qui foierit en quelque
Réputation dans 4a province : elles fleuriffent fur-
tout dans le boirrg de Welch-Pool, auprès duquel
la Saverne commence à devenir navigable. ( D. G.)
MONT-MÊNALE, ( AJlron. ) Conftellation boréale
, introduite par Hévélius pour renfermer diver-
fes étoiles qu’il avoit obfervées fous les pieds du
bouvier ; il a pris le nom d’une montagne, oii,fuivant
les poètes, le bouvier s’arrêta ; mais cette conftellation
étant fort petite, il ne l’a pas féparée de celle
du bouvier. ( M. d e l a L a n d e . )
§ MONTMORENCI, ( Gèogr. ) cette petite ville
du Parifis qui a donné le nom à l’une des plus anciennes
maifons de France , a toujours porté le titre de
baronnie ; plus de fix cens fiefs ont relevé de fon
domaine ; elle a châtellenie 6c prévôté: c’eftlefiege
du premier doyen rural du diocefe de Paris, ayant
cent paroiffes dans fon diftrift.
L’églife collégiale 6c paroiffiale, dédiée à faint
Martin, eft fi ancienne qu’on n’eri connoît pas le
fondateur. Elle fut rebâtie dans le x v ie fiecle fur les
ruines de l’ancien château , par Guillaume de Mont-
morenci, pere d’Anne le connétable, chambellan de
Charles VIII, Louis XII 6c François I. On voit
par-tout l’écu de fes armes, au portail, aux voûtes
, &c.
C e feigneur, mort en 1525, 6c & femme Anne
Pot en 1510, y ont un tombeau magnifique. L’églife
fut achevée par leur fils Anne le connétable : fon
petit-fils Henri II, duc de Montmorenci, donna en
1617, cette églife aux prêtres de l’oratoire , qui la
deffervent depuis ce tems. Le R. P. de Mully en
étoit curé depuis 30 ans, lorfqu’il fut élu,malgré lui,
général de fa congrégation, en mai 1773 , à l’âge de
80 ans ; on dit alors qu’on avoit fait choix de la
vertu.
Le roi pour récompenfer fon mérite, lui accorda
une petite abbaye en Comté.
On fait que J. J. Rouffeau a demeuré plufieurs
années à Montmorenci : il y connut M. le maréchal
de Luxembourg ; ce feigneur l’aima , honora en lui
les talens, le protégea ; & par cette proteftion acquit
un droit fur la reconnoiffance de tous les gens de
lettres ; car on fait que ce feigneur ne prodigua jamais
fes bienfaits à ces infedes de la littérature, qui
font la honte de leursprote&eurs. ( C .)
MONT - MORILLON , (Gèogr. ) Mons-Mo-
rillium, Mons-Morillio, ville du Poitou, aux confins
de la Marche & du Berri, à neuf lieues de Poitiers,
fur la riviere de Gartempe, avec églife collégiale ,
des cordeliers & des auguftins réformés.
D. Bernard de Monfaucon 6c D. Jacques Martin,
ont donné la defeription 6c la gravure d’un temple
qu’ils ont prétendu être Gaulois ; M. Expilli le croit
Romain : mais le favant abbé le Beuf qui fe transporta
fur les lieux en 175 1 , au fortir de Ci vaux,
reconnut dans ce prétendu temple de Mont-Morillon
un ancien hôpital, deftiné pour les pèlerins qui
alloient ou revenoient de Paleftine. L’ouverture qui
fe trouve à la voûte de l ’églife fupérieure , eft à
l’imitation de celle qu’on a pratiquée au S. Sépulcre
de Jérufalem. On voit une pareille chapelle au Puy
en V ela y , qui fut bâtie par les pèlerins , par les ordres
d’un évêque de cette ville. Les ftatues païennes
placées au-deuus de la porte, iont beaucoup plus
anciennes que l’églife , qui eft de la fin du xie fiecle
ou du commencement du x n e ; elles auront été
trouvées par hazard, 6c on les aura placées par ignorance
dans cet endroit.
Le cimetiere de la chapelle paroît très-ancien,
puifqu’on y voit des tombes qui peuvent avoir cinq
ou fix cens ans : il n’en refte plus que lesNcouvercles
qui font fort épais, 6c faits en forme de toit : ce font
fans doute les tombeaux des pèlerins qui mouroient
dàns l’hôpital, & qu’on enterroit darfs le cimetiere.
Les auguftins auxquels il fut donné en firent une
églife ; leur couvent a été conllruit avec une partie
des pierres des tombeaux qui étoient dans cet
endroit. Mém. de Cacad. des inf. tome X I I , page2.20 ,
in-12. (C. )
MONTRÉAL, ( Gèogr. ) petite ville d’Efpagne,
au royaume d’Aragon, vers les frontieres.de la nouvelle
Caftille , avec un château ; elle eft fur leXilo-
ca. Long. 161 2 1, lat. 40 9 Jo.;( + )
Mo n t r é a l , Gèogr. ) ville d’Allemagne, dans le
cercle du bas-Rhin, & dans l’archevêché de Trêves,
fur la riviere d’Elz ; elle fait partie du grand bailliage
de Mayen, 6c elle eft munie de bo'nnes fortifications
: c’eft d’ailleurs une petite ville, ( D. G . )
MONTREUIL-SUR-MER, ( Gèogr. ) Cette ville
de Picardie fut fondée par Heldegaud , premier
comte de Ponthieu, vers la fin du IX e fiecle. En
en 1224, le roi Louis VIII acquit cette ville de
Guillaume de Maineriis ; fes villages qui; font cenfés
de la banlieue de Montreuil, ne paient, point de
taille , & ne font pas fujets à la gabelle. Le lel dans
la ville fe diftribue à 14 fols le boiffeau.
Les Scythes faifoient nourrir leurs enfans par les
animaux, afin de les préferver des miferes auxquelles
les enfans des Grecs., nourris par des femmes,
étoient expofés. Il y a bien des endroits, dit
M. Raulin , où on fe fert de chevres : l’inftinft de ces
animaux, leurs foins, leur afliduité aux heures réglées
auprès de leur nourriffon, font quelque chofe
de fingulier : cet ufage s’eft rendu général à Mon-
treuil-fur-mer chez les riches & chez les pauvres ;
on l’obferve dans les campagnes voifines de cette
ville avec le même luccès. Nombre de maifons dans
le royaume fuivent cet exemple avec le même avantage
: on voit avec admiration des enfans plus fains,
plus robuftes que ceux des maifons voifines, dont
les enfans font nourris par des femmes. Voyez Traité
de la confervation des enfans, par M. Raulin, médecin
, tome / / , /76c),. ( C. )
Mo n t r e u il -l’A r g il e , ( Gèogr. Hifl. Litt. )
bourg de Normandie., diocefe de Lifieux, intendance
d’Alençon, éle&ion de Bernay, fergenterie
de Chambrais, fur le Ternant, a 160 feux.
C’eft la patrie de Jean Boiüyin, fils & petit-fils de
deux célébrés avocats, penfionnaire'de l’Académie
des belles-lettres, l’un des quarante de l’Académie
françoife , profeffeur royal en langue grecque, garde
de la bibliothèque du roi, frere de Louis Boivin,
un des plus favans hommes de l’Europe : on peut
voir fon éloge dans l'Hifl. de l'acad. des inferiptions t
par M. de R oze, tome VII.
Son mérite lui fit d’illuftres prote&eurs & amis
tels que MM. l’abbé de Louvois, Bignon, d’Aguef-
fau 6c Rollin ; il mourut à Paris en 1726, âgé de 65
ans, 6c fut inhumé à S. Euftache : il étoit poète
latin, grec & françois. ( C.')
MONT-SAINT-MICHEL, ( Gèogr. anc. ) Avant
le chriftianifme le Mont-faint-Michel s’appelloit le
Mont-Belen, parce qu’il étoit confacré à Belenus, un
des quatre grands dieux qu’adoroient les Gaulois.
Il y avoit fur ce mont un college de neuf druidefles :
la plus anciennerendoit des oracles; ellesvendoient
auftiaux marins des flèches qui avoient la prétendue
♦ ertu de calmer les orages, en.les faifant lancer
dans la mer par un jeune homme de vingt-un ans,
qui n’avoit point encore perdu fa virginité* ; .
Quand le vaiffeau étoit arrivé, on députoit le
jeune homme pour porter à ces druidefles des pré-
fens plus ou moins confidérables. EJJais fur Paris,
tome Vj> pag. 48. (C.)
MONYOROK.EREK, ( Gèogr. ) ville de la baffe
Hongrie, dans'le comté d’Eifenbourg, 6c dans une
fituation élevée. Elle eft munie d’un château, 6c
elle
elle eft fous la feigneurie des comtes d’Erdodi. ( D. G.)
MOOS , ou MOSS, ( Gèogr. ) place commerçante
de la Norvège méridionale , dans la préfedure de
Chriftiania , au diftrid de Borre. L’on y travaille
beaucoup en fer , 6c l’on y a établi récemment une
fonderie de canons. Ses environs font connus d’ailleurs
par les deux défaites que les Suédois y effuye-
rent l’an 1717. (D . G. )
§ MORAILLES, f. f. plur. ( terme de Blafon.')
meuble d’armoiries repréfentant deux tenailles qui
fervent à ferrer le nez du cheval, pour empêcher
qu’il ne fe tourmente lorfqu’on le tient au travail :
ce font deux branches de fer jointes par une charnière
à l’un des bouts, 6c que l’on ferre ou lâche
du côté oppofé tant que l’on (veut. Voye^fig. 5i89
pi. X de Blafon, dans le Dictionnaire raifonné des
Sciences, &c.
Ce meuble eft ordinairement ouvert, tendu en
fafce;s’i l y a plufieurs morailles, on les met l’une-
fur l’autre ; leur émail eft l’or ou l’argent ; elles font
rares dans l’écu.
De Moreilles à Pafis ; d’azur à trois morailles d'ar-
gem aifafces.
De Girard à Bourges ; de gueules à deux morailles
d'or 9 liées d'argent, pofèes en chevrons l'unefur C autre.
( G. D . L. T. )
MORALITÉ , f. f. ( Belles - Lettres. Poéjte. )
Quelle eft la fin que la poéfie fe propofe ? Il faut
l’avouer, le plaifir. S’il eft vicieux, il la déshonore ;
s’il eft vertueux, il l’annoblit; s’il eft pur, fans
autre utilité que d’adoucir de tems en tems les
amertumes de la vie , de ferfter les fleurs de l’illu-
fion fur les épines de la vérité , c’eft encore un bien
précieux. Horace diftingue dans la poéfie l’agrément
fans utilité, 6c l’utilité lans agrément : l’un des deux
peut fe paffer de l’autre, je l’avoue; mais cela n’eft
pas réciproque, 6c le poème didadique même a
befoin de plaire pour inftruire avec plus d’attrait.
Mais qu’à l’afped des merveilles de la nature , plein
de reconnoiffance 6c d’amour , .le génie aux ailes de
flamm e fe rapproche de la divinité', par le defir
d’être le bienfaiteur du monde ; qu’ami paflionné
des hommes , il confacré fes veilles à la noble ambition
de les rendre meilleurs 6c plus heureux ; que
dans l’ame héroïque du poète l’enthoufiafme de la
vertu fe mêle à celui de la gloire ; c’eft alors que la
poéfie eft digne de cette origine célefte qu’elle s’eft
donnée autrefois.
Ainfi toute poéfie un peu férieufe doit avoir fon
objet d’utilité , fon but moràl ; & la vérité de fenti-
ment ou de réflexion qui en réfulte , l’impreflion
falutaire de crainte , de pitié , d’admiration, de
mépris , dé haine ou d’amour qu’elle fait fur l’ame,
eft ce qu’on appelle moralité.
Quelquefois la moralité fe préfente diredèment,
comme dans un poème en préceptes ; mais le plus
fouvent on la laiffe à déduire , 6c l’e'ffet n’en eft
que plus infaillible , lorlque le mérite de l’avoir
faifie trompe 6c confole la vanité , que le précepté
auroit blefîee : c’eft l’artifice de l’apologue, c’eft
plus en grand celui de la tragédie & de l’épopée.
Nous avons fait voir, en parlant de là tragédie,
comment elle eft une leçon de moeurs.
Dans l’épopée , la moralité n’eft pas toujours aufli
fenfible , ni aufli généralement reconnue.
Le Boflù veut que ce poème , pour être moral,
foit compofé comme l’apologue. « Homere , dit-il,
» a fait la fable 6c le deflin de fes poèmes fans penfer
Ȉ ces princes (Achille 6c U ly ffe ), & enfuite il
» leur a fait l’honneur de donner leurs noms aux
» héros qu’il.avoit feints ». Homere feroit, je crois,
bien furpris d’entendre comme on lui fait compofer
fes poèmes. Ariftote ne le feroit pas moins , du fens
qu’on donne à fes leçons. « La fable , dit ce philo-
Tome I I I%
» fophe, eft la compofition des chofes ». Or, deux
choies compofent la. fable , dit le Boflù, la vérité
qui lui fert de fondement ; 6c la fidion qui déguife
la vérité, 6c qui lùi donne la forme de fable. Arif-
tote n’a jamais penfé à ce déguifement. Il ne veut
pas que la fable enveloppé la vérité, il veut qu’elle
l’imite. Ce n’eft donc pas dans l’allégorie, mais dans
l’imitation qu’il en fait confifter l’eflence. Le propre
de l’allegot ie eft que l’efprit y cherche un autre fens
que celui qu’elle préfente. Or , dans la querelle
d’Achille 6c d’Agamemnon, le fens littéral 6c fimple
nous fatisfait aufli pleinement que dans la guerre
civile entre Céfar 6c Pompée. Le fens moral de
l’Odyffée n’eft pas plus myftérieux : il eft dired, immédiat
, aufli naturel enfin que dans un exemple
tiré de l’hiftoire ; 6c l’abfence d’Ulyffe, prife à la
lettre , a toute fa moralité. La peine inutile que le
Boflù s’eft donnée pour appliquer fon principe à
l’Enéide , auroit dû l’en difluader. Qui jamais avant
lui s’étoit âvifé de voir dans l’adion de ce poème
«< l’avantage d’un gouvernement doux 6c modéré fur
» une conduite dure , févere, 6c qui n’infpire que
» la crainte ». Voilà où conduit l’efprir de fyftême.
On s’apperçoit que l’on s’égare, mais on ne veut
pas reculer.
L’abbé Terraffon veut que , fans avoir égard à la
moralité, on prenne pour fujet de l’épopée l’exécution
d’un grand deffein , & en conféquence il condamne
le fùjët de l’ Iliade , qu’il appelle une inaction.
Mais la colere d’Achille ne produit-elle pasrfon effet,
6c l’effet le plus terrible , par l’ina&ion même de ce
héros } Ce n’eft pas la colere d’Achille en elle^même,
mais la colere d?Achille fatale aux Grecs , qui fait le
fujet de l’Iiiade. Si par elle une armée triomphante
paffe tout-à-coup de la gloire de vaincre à la honte
de fuir , & de la plus brillante profpérité à la plus
affreufe défolation, l’a&ion eft grande 6c pathétique.
Le Taffe prétend qu’Homere a voulu démontrer
dans Heâor, que c’eft une chofe très-louable que de
défendre fa patrie, 6c dans Achille, que la vengeance
eft digne d’une grande ame. Le quali opinioni effendo
per fe probabili non verijjimili, e per Cartificio cCHomero
divennero projïabilijjim ’e e provatiffime e JimiliJJime al
veto. Homere n’a perifé à rien de tout cela : car ,
i 9. il n’a jamais été douteux qu’il fût beau de fervir
fa patrie , 6c il n’a jamais été utile de perfuader qu’il
fut grand de fe venger foi-même.
11 eft encore moins raifonnablë de prétendre que
l’Iliade foit l’éloge d’Achille ; c’eft-vouloir que le
Paradis perdu foit l’ éloge de Satan. Un panégyrifte
peint les hommes comme ils doivent être ; Homere
les peint comme ils étoient. Achille & la plupart de
fes héros ont plus de vices que de vertus , 6c l’Iliade
eft plutôt la fatyre que l’apologie de la Grece.
Je ne fais pas pourquoi l’on cherche dans l’Iliade
une autre moralité que celle qui fe préfente naturellement;
celle que le poète annonce en débutant,
& qu’il met encore dans la plainte d’Achille à la
mere après la mort de fon ami Patrocle. ■ « Ah ! pé-
» riffent dans l’univers les contentions 6c les. que-
» relies ; puiffent-elles être bannies du féjour des
» hommes 6c de celui des dieux , avec la colere qui
» renverfe de fon aflxette l’homme 'le plus fage &
» le plus modéré, & q u i, plus douce que le miel ,
» s’enflé 6c s’augmente dans le coeur commé la fu-
» mée ! Je viens d’en faire une cruelle expérience
» par ce funefte emportement où m’a précipité l’in-
» juftice d’Agamemnon ».
On voit ici bien clairement que la paflïon , pour
avoir fa moralité, doit être funefte à celui qui s’y
livre. C’eft un principe qu’Homere feul a connu
parmi les poètes anciens; & s’il l’a négligé à l’égard
d’Agamemnon, il l’a obfervé à l’égard d’Achille.
Luçain eft fur-tout recommandable par la hardieffe
F F F f f f