
qui vient recouvrir l ’ouverture de la-veiné I & fert
d’appareil. Les faignées des ars 6c de la cuiffe lé font
fans préparation, fans ligature , fans compreffiôn ;
on ferme l’ouverture de la veine avec une-épingle ,
comme au col. Le lieu où l’on ne faigne pas , 6c où
l’on devroît faigner, 6c où on peut le faire fans ligature
, c’eft dans le bas du poitrail, dans la partie
moyenne du bras antérieurement : ce font-là les ars
6c non pas en-dedans , à un demi-pied plus bas où la
veine eft moins forte 6c apparente ; d’ailleurs l’on
voit fouvent des maréchaux bleffer les parties tendi-
neufes qui s’y trouvent. La faignée de derrière doit
fe faire de même dans la partie la plus élevée de la
cuiffe , dans l’endroit “où elle commence à rentrer
en-dedans, car plus bas l’on court les mêmes rifques
que devant.
L’opération de la cataratte fe fait de deux manières
; favoir, par abailfement 6c par extra&ion ; toutes
les deux ont de grandes difficultés, 6c ne peuvent
s’exécuter qu’en jettant le cheval par terre. La première
fe fait en plongeant une petite aiguille (d e là
forme de celles qui l’ont à féton ) , dans la cornée
opaque, vers le petit angle de l’oe il, à deux ou trois
lignes du ligament ciliaire : quand on eft arrivé derrière
le criftallin, on fend fa capfule avec l’aiguille,
pour lors il fort & on l’abaiffe avec le plat de l’inf-
trument dans le fond de l’oe il, derrière l’iris ; les
mufcles rétrafteurs & l’enfoncement du globe de
l’oe il, rendent cette opération difficile. La fécondé
confifte à faire une incifion à la cornée tranfparente,
qu’il faut faire avec beaucoup de légéreté & de dextérité
, 6c être attentif à ne point toucher l’iris ou
l’uvée avec l’inftrument, autrement il y furviendroit
une forte inflammation. Si le cheval retire trop l'on
oeil dans le fond de l’orbite, & qu’on ne puiffe pas
exécuter l’opération , on introduira une fonde cannelée
deffous la corne, & on fe fervira de cifeaux :
ceci fait, on éleve la corne tranfparente, & l’on fait
uneincilion tranfvèrfale à la membrane du criftallin,
puis on comprime, légèrement la partie fupérieure de
l’oe il, afin de faciliter la partie du criftallin ; s’il eft
dur, il fort facilement ; s’il eft mou, on fe fert d’une
curette pour enlever ce qui peut refter dans fa membrane
; on abaiffe enfuite la cornée, ce qui termine
l ’opération ; on applique enfuite un appareil convenable,
qu’on ne leve qu’au bout de huit jours : il
arrive fouvent qu’après l’opération , même bien
faite , l’on eft obligé d’abandonner la cure, lorfque
la contraction des mufcles rétra&eurs comprime
le globe de l’oe il, 6c que l’humeur vitrée eft forcée
de s’écouler par l’ouverture, dans ce cas l’oeil devient
aride 6c fe deffeche ; on peut prévenir cet accident
en fendant les falieres 6c en coupant tous les mufcles
qui vont jufqu’au nerf optique; il furvient par
cette incifion une grande hémorragie, 6c la perte
prefque totale de l’a&ion de ces mufcles ; il arrive
même un appauvriffement à l’oeil par la feÛion de
nombre de vaiffeaux ; mais en revanche le cheval ne
perd point la vue. Cette opération de la cataratte
ne m’a jamais réuffi qu’en me fervant de ce moyen ;
ainfi toutes les fois qu’on voudra employer la
méthode de 1 extraction, il faudra commencer par
fendre les falieres.
Le trépan eft une operation qui fe pratique fur les
os du crâne , foit pour relever des pièces d’os enfoncées
, foit pour donner iffue aux matières épanchées
dans le cerveau : cette opération qu’on néglige
communément, eft pourtant très - néceffaire dans
certains cas, & on en voit de très-bons effets : on
s apperçoit de la lefion des os du crâne, par une
tüméur inflammatoire , qui ne manque pas de fur-
venir, par le taCt, les enfoncemens de ces os , par
des inégalités, des engourdiffemens , un fommeil
continuel. La M u r e des os de la tête, 6c l’épanchement
des matières dans; -le cerveau , prodüifent
quelquefois une inflammation de la m em b r a n e pituitaire
, il y furvient un ulcéré qui dégénéré en morve ;
d’autres fois il fe forme des dépôts ou amas de pus-
qui font périr le cheval ; pour prévenir ces accidens
ii faut trépaner ; 6c pour cela ori doit d’abord s’affu-
rer de la fraCture, de fa fituation, & du lieu où l’on
peut appliquer la couronne du trépan , puis on jette
le cheval par terre, 6c on procédé à l’opération qui
eft affez connue , ainfi nous ne la décrirons pas-. Si
■ l’on foupçonnoit, après l’opération , qu’il y eût du
. fang épanché, il faudroit faire une incifion à la dure-
mere, mais être attentif à ne couper aucune artere ;
dans ce cas il n’arrive jamais d’accident, 6c il eft rare
qu’il faille y toucher. La fraCture de l’os occipital
eft très-rare ; j’en ai cependant vu des exemples,
6c j’en ai même guéri une : la f r a C tu r e de l’os
occipital étoit complette, 6c dans fa partie fupérieure
& poftérieure à l’attache du ligament cervical.
il arrive quelquefois que la fraCture fe trouve
fur les finus frontaux, fur lés os du nez ou fürries
lirais maxillaires ; dans ce cas il faut appliquer une
très-petite couronne de trépan, afin qu’on puiffe,
avec l’élévatoire, remettre les pièces enfoncées dans
leur fituation. L’opération du trépan eft d’autant
plus néceffaire dans ce cas, que le cheyal devient
glandé, que la membrane pituitaire s’enflamme,
qu’il furvient un ulcéré, 6c enfuite la morve. La
fraCture des os du crâne peut être compliquée, c’eft-
a-dire , que le cheval peut avoir reçu un coup fur
les finus ; la partie des frontaux que recou vrent les
lobes inférieurs du cerveau peut être auffi fraCturée,
ainfi que la partie du même os qui fe joint aux os-du
nez : il faut alors appliquer deux couronnes de trépan;
l’une fur les pariétaux, 6c l’autre fur les finus, ou
plus inférieurement, fi la f r a C tu r e ne s’étend pas
plus loin.
La fiftule lacrymale s’annonce au grand angle de
l’oe il, par une tumeur phlegmoneufe qui, en s’abcé-
dant, produit du pus qui s’écoule le long de cette
partie; quelquefois il y a tumeur fans pus , avec
une grande abondance de larmes. Les points lacrymaux
font engorgés ; mais pour l’ordinaire il y a
ulcéré entre les paupières , à la caroncule lacrymale,
fouvent même les points lacrymaux font ulcérés
: cette maladie eft très-commune dans les chevaux
, 6c provient de l’âcreté des larmes q u i, en fé-
journant,gâtent & ulcèrent cette partie;le grand froid
en eft fouvent la caufe. Quelquefois la fiftule lacrymale
naît de caufe interne , comme de farcin ou de
morve, ou d’autre caufe de cette nature ; dans les
premiers tems on a recours aux remedes employés
contre l’inflammation ; mais fi le mal eft avancé, 6c
qu’il y ait écoulement de pus, il faut d’abord effayer
de déterger l’ulcere avec des injeCtions ,- faites par
les points lacrymaux 6c par le canal nazal ou lacrymal
, dont l’ouverture eft au bord des narines,
au haut de la levre inférieure. Les points lacrymaux
font fouvent fi fort engorgés, que la liqueur ne fau-
roit y paffer ; dans ce cas il faut injeCter de bas en
en haut : mais fi on eft obligé d’incifer & d’ouvrir le
fac, il faut faire contenir les paupières , fe fervir du
fpeculum oculi, après quoi on introduit la fonde cannelée
, 6c l’on fait une incifion avec le biftouri ; s’il
y a carie à l’os du grand angle, ou même au canal
nazal de cet os , il faut gratter l’os & le ratifier dans
fa partie cariée, & ne pas trop appuyer ; car, comme
cet os eft mince, on pourroit bien le cafter, & le
pus tomberoit dans le finus maxillaire, où il produi-
roit la morve : cette maladie eft prefque toujours
curable, à moins qu’elle ne foit très-ancienne, qu’elle
ne vienne d’une caufe de morve, ou qu’elle ne foit
compliquée avec la morve ; dans ce cas il eft rare
que le canal nazal ne foit pas entièrement détruit.
A la fuite de la fauffe gourme, ou de la gourmé
maligne , ou autre maladie, il furvient quelquefois
une inflammation confidérable au larynx & à toute
l’arriere-bouche ; l’air alors ne fauroit fortir, ni par
les narines, ni par la bouche, ce qui fait périr le
cheval : pour empêcher cette fuffocation, il faut
pratiquer une ouverture à la trachée-artere , 6c y
introduire enfuite une petite canule d’argent ou de
plomb ; cette opération s’appelle bronchotomie : le
cheval lié 6c attaché convenablement, l’opérateur
fait l’ouverture entre le troifieme 6c le quatrième
anneau de la trachée-artere, ou bien entre le cinquième
6c le fixieme ; alors il introduit fa canule
qui doit être courbée d’un huitième de cercle 6c
applatie, à-peu-près auffi large à fa fortie qu’à fon
entrée, car en fe fervant de canulles en forme d’entonnoir,
l’air entre avec trop d’impétuofité, 6c va
heurter les parois de la trachée-artere, 6c y occa-
fionne une inflammation : cette canule porte deux Fetites anfes, auxquelles on attache des rubans, que
on paffe pardeffus le col : on doit obferver qu’il
faut que le cheval refte attaché dans l’écurie, à deux
longes, entre deux piliers.
La càftration qu’on pratique fur les chevaux , a
été jufqu’à préfent faite d’une maniéré hazardeufe ,
6c prefque toujours par des gens qui n’ont aucune
connoiffance des parties; qu’ils coupent ; fans rapporter
leurs mauvaifes manoeuvres, je ne parlerai
que de deux maniérés que je propofe pour faire
cette opération, parce qu’elles m’ont toujours bien
réuffi. Dans la première, après avoir jetté le cheval
par terre, 6c attaché d’une maniéré convenable
, on fait à l’un des deux tefticules une incifion
à la peau, jufqu’au corps du tèfticule ; puis on prend
une aiguille Courbe , dans le chas de laquelle on
pafle une ficelle cirée, que l’on introduit dans le
cordon fpermatique, à un travers de doigt au-def-
fus du teuicule, que l’on coupe enfuite ; il faut avoir
foin que la ficelle entre dans la fubftance du cordon,
pour deux raifons ; la première, afin d’éviter de
prendre dans la ligature le nerf fpermatique, ce qui
occafionnéroit une irritation du genre nerveux, 6c
feroit périr le cheval ; la ieconde, c’eft que par cette
méthode, la ficelle ne fauroit s’échapper,foit dehors,
foit dans le bas-ventre ; il eft effeqtiel de Iâiffer pendre
un bout de cette ficelle qui tombe par la fuppii-
ration. L’autre tefticule fe coupe de la même manière;
cette méthode de couper les chevaux , eft fans
contredit, préférable à toutes les autres, parce qu’il
n’en réfulte jamais d’accidens, qu’il n’y a prefque
pas de douleur, 6c que les chevaux guériffent plus
promptement.
Dans l’autre maniéré, on fait fortir le tefticule ,
6c on le.coupe avec un biftouri ; on prend enfuite
une pointe de feu que l’on applique fur l’orifice du
vaiffeau qui faigne ; on emporte l’autre de même:
cette méthode, qui eft encore préférable à la première
, demande cependant que l’on laiffe le cheval
trois jours à l’écurie, pour être fur que le coagulum
eft formé à l’orifice de l’artere : fans prendre même
tant de précautions, j’ai coupé un grand nombre
de chevaux fans faire de ligature 6c fans appliquer
le feu, & dont la guérifon a été parfaite : il eft vrai
qu’ils perdoient du fang, mais ils ne périfloient pas
pour cela.
L’appareil étant tout difpofé pour la taille, on
jette le cheval par terre, 6c on le renverfe fur le
d o s , en lui élevant le train de derrière : on le maintient
dans cette fituation par deux billots taillés en
forme de prifme, que l’on met de chaque côté des
côtes, puis on affujettit les jambes de derrière ; alors
l ’opérateur fend avec un biftouri ordinaire , de la
longueur de deux pouces environne canal de l’uretre
longitudinalement ^vers le bas de la fymphifedes
os pubis, puis il introduit un cathéter ou fonde
cannelée 6c courbée pour pénétrer dans la veffie :
il prend enfuite un biftouri tranchant des deux côtés
qu’il fait gliffer dans la fonde, 6c coupe le col de la
vefîie, en évitant de toucher le reCtum. La veffie
étant ouverte, il y introduit les tenettes 6c chargé
la pierre : cette opération doit être prompte, car il
faut profiter de la préfence de l’urine dans la veffie;
car étant évacuée, les parois de ce vifeere s’affaif-
fent 6c s’approchent de la pierre, ce qui en rend
l’extraCtion plus difficile , & expofe même l’opérateur
à pincer les rides que forme alors la veffie. Si
le calcul eft trop gros, on peut aifément le caffei*
avec les tenettes, car il eft ordinairement mou 6c
friable dans le cheval ; mais lorfque ce ne font que
de petites pierres ou des graviers, on introduit une
curette en forme de cuiller , avec laquelle on les
emporte : on ne met aucun appareil fur la plaie ;
il n’y a aucun bandage qui pût le contenir.
Les cas les plus ordinaires pour lefquels on def-
foie, font les clous de rue, les bleimes, les fies, les
excenfions des tendons où il y a eu compreffion de
la foie charnue entre la foie de corne & l’os du pied
&c. Il ne faut jamais deffoler pour des enclouures *
comme le pratiquent cependant trop fouvent des
maréchaux, car l’enclouure la plus grave n’attaque
point la foie, mais bien la chair cannelée, ce qui
prouve l’inutilité de., cette opération dans ce cas*
Comme le détail de cette opération eft très-long,'
il ne peut trouver place dans un ouvrage tel que
celui-ci, c’eft pourquoi je renvoie à mon hippia-
trique, pag. 30(5’, édition de Paris , 1772, ceux
qui font curieux de voir la defeription de cette,
opération : ils trouveront là-deffiis des détails fatis-<
faifans.
On nomme fie ou crapaud une tumeur qui furvient
à la partie inférieure du pied, elle eft à-peu-près de
la nature du poireau; c’eft une excroiffanee qui,'
quoique mollaffe, a un certaine confiftance ; elle eft
infenfible 6c fans chaleur. Le fie fe divife par le bout
en plufieitrs filets qu’il eft facile de féparer avec le
doigt. Il y a deux efpeces de fie, l’un bénin & l’autre
grave : le bénin eft celui qui n’attaque que la fourchette;
lé grave attaque la fourchette & la foie charnue.
Les caufes du fie font J’âcreté de la lymphe, la
faleté & les ordures dans lefquelles trempe le pied, un
féjour trop long du pied dans le fumier, la fuite des
eaux des paturons, le féjour trop long du cheval à l’é-;
curie: les chevaux quiy font le plus fujets font ceux qur
ont les talons hauts 6c là fourchette petite ; la four-;
chette fe trouvant alors éloignée de terre n’eft point
comprimée , l’humeur y féjourne 6c y produit les
fies ; au lieu que les talons bas laifl’ent porter la four-;
chette à terre , & par là elle éprouve une compreffion
continuelle. Lorfqu’il n’y a que la fourchette 6c
la foie charnue qui foient affeCtées, le cheval ne boita
pas ; mais il boite lorfque les quartiers commencent;
à fe defloler, ce qui a lieu quand le fer gagne la chair*
cannelée des talons.. Lorfqu’on s’apperçoit que les
racines du fie bénin font profondes, il faut commencer
par deffoler : il eft inutile fle détruire l’extrêmit©
du fie, il reviendra toujours fi on n’emporte pas les
racines. Gomme le fie grave eft une maladie très-;
férieufe,quiparoît en partie caufée par la corruption
des humeurs dont le pied eft abreuvé , il eft à propos
de mettre le cheval au fon 6c à la paille, de lui faire
deux fêtons aux feffes 6c un troifieme au poitrail,
pour détourner de ce côté une partie de i’humeur
qui fe porte au pied ; il faut deffoler deux ou trois
jours après & couper le fie jufqu’à la racine. Si l’os
du pied étoit carié, il faudroit ratifier l’os ; quand on
s’apperçoit que les chairs font baveufes, mollaffes
6c nlamenteufes, 6i qu’ elles fourniffent de la férofitq