Cela paroît bien difficile à admettre : le clitoris tient
avec fes corps caverneux, leurs mufcles 6c fes plexus
veineux, exactement la même place que le pénis avec
fon appareil analogue* Des tefticules , 6c en même
tems des ovaires, demanderoient un double afforti-
ment de vaiffeaux fpermatiques.
Mais les faits l’emportent chez nous fur les rai-
fonnemens. Il paroît qu’il y a eu effectivement des
perfonnesà qui rien ne manquoit d’effentiel de l’un
6c de l’autre lexes. M. Petit,le médecin, a donné la
defcription d’un foldat qui réuniffoit les deux fexes.
Arnauld donne celle de M. Ninzia, dont le vagin
ouvert fous le pénis, paroît bien être un véritable
vagin , puifqu’il fournit l’écoulement périodique
propre au fexe. M. Tabarrani a vu dans la même
perfonnele clitoris, l’uretre, un pénis, un telticule
6c un vagin différent de l’uretre. Il ne paroît donc
pas impoflible que l’effentiel de l’un 6c de l’autre fexes
ne fe réunît dans la même perfonne. Mais il paroît
prefque inévitable que l’un des deux fexes foit imparfait.
Le pénis ne peut pas avoir fes juftes dimen-
fions, 6c celles des corps caverneux 6c de leurs mufcles
, dans le même angle de l’os pubis, où il y auroit
un clitoris: le vagin ne paroît pas pouvoir être d’un
diamètre proportionné à fes ufages, quand il eft
placé fous une uretre mâle & fous des véficules fé-
minales. L’accélérateur, fépàré d’avec le pénis par
le vagin, 6c dont la fonction par conféquent manque
dans des aCtions effentielles, ne permet guere que
les liqueurs qui fortent de l’uretre aient le faut né-
ceffaire pour la fécondation. S’il y a donc de véritables
hermaphrodites, ils ne peuvent qu’être imparfaits.
{H. D . G. )
Marie-Anne Drouart, la même dont parle le Dicl.
raif. des Sciences, &c. 6c dont nous donnons la figure
dans ce Suppl, fig. $ 6* y o , planche d?Hiß. nat. hermaphrodites
, fe préfenta à l’académie de Dijon, en
176 1 ; elle étoit alors âgée de 28 ans; on fentoit
dans les aines deux corps ovoïdes qui avoient l’apparence
de tefticules : les parties qui caraôérifoient
le fexe féminin étoient plus développées que du tems
où cette hermaphrodite avoit été examinée par M.
Morand. Les mamelles fans avoir beaucoup de
volume, étoient plus faillantes que ne le font ordinairement
celles des hommes; les nimphes plus marquées;
& le vagin, toujours étroit, avoit affez de
profondeur pour permettre l’introduôion d’un doigt
entier, on y remarquoit plufieurs rides, une entre
autres affez confidérable pour arrêter le doigt environ
à un pouce d’enfoncement, mais qu’on fran-
chiffoit aifément fi l’on avoit la précaution de recourber
un peu fon doigt en en-haut; c’eft probablement
cette ride qui avoit arrêté le doigt de M. Morand
, & avoit engagé ce célébré chirurgien à comparer
ce vagin à un doigt de gand.
M. Hoin, lieutenant de M. le premier chirurgien,
membre de l’académie, 6c mort en 1772, a laiffé
une defcription très- exade de cet hermaphrodite: il
s’étoit affuré par différentes queftions de cet individu
fingulier, & avoit appris que le fexe féminin domi-
noit fi réellement qu’il étoit fenfible à la vue des
hommes : d’ailleurs la Drouart étoit fujette à un flux
menftruel.
On ne fait fi cet hermaphrodite eft mort, ni fi la
diffe&ion de fon corps a fait connoître plus particuliérement
jufqu’à ,quel point les deux fexes fe trou-
yoient confondus chez lui ; mais on va joindre à ces
nouveaux détails fur la Drouart, la defcription d’un
autre hermaphrodite qu’on n’a reconnu qu’après fa
mort & qui vient à l’appui de l’affertion de Parfons,
fur l’impoflibilité de Pexiftence des hermaphrodites
parfaits; elle a été donnée à l’académie de Dijon par
M. Maret, maître en chirurgie, 6c inférée dans le
tome I I t des Mémoires de cette fociété littéraire.
U hermaphrodite dont il va être queftion fe noiri-
moit Hubert -Jean -Pierre : il étoit natif de Bour-
bonne-les-Bains 6c âgé de dix-fept ans: il mourut
à l’hôpital le 13 o&obre 1767. Des circonftances
particulières avoient donné lieu de fufpeder fon
fexe; 6c voici ce que MM. Maret l’aîné, Hoin 6c
Enaux, tous trois maîtres en chirurgie , reconnurent
à l’infpe&ion de fon cadavre.
Les traits du vifage, quoique flétris parla mort,
étoient plus délicats que ne le font ordinairement
ceux d’un homme ; la peau en paroiffoit fine, 6c l’on
n’appercevoit, ni fous le nez ni aumenton} ce coton
léger qui, dès l’âge de feize ans, eft le précurfeur de la
barbe, & décele le fexe ; l’on ne voyoit pas dans la
partie antérieure du cou cette faillie que le larinx a
coutume-d’y faire dans les hommes : il étoit rond 6c
s’uniffoitpar une pente infenfible à une poitrine très-
élevée 6c large, ornée dans fa partie antérieure de
deux mamelles de moyenne groffeur, bien arrondies
, fermes 6c placées très-avantageufement : cha*
cune d’elles avoit une aréole fort large, d’un rouge
pâle, de laquelle s’élevoit un petit mamelon un peu
rouge 6c dur.
Le bras n’offroit aucun détail qui pût faire croire
qu’il appartenoit à un individu femelle ; mais l’a vant-
bras avoit la rondeur, la délicateffe deS Contours
qu’on remarque dans les femelles bien faites ; la
main détruifoit les idées que l'avant-bras, vu feul,
auroit pu donner; celle-ci étoit large 6c les doigts
courts & gros.
Le bufte de Jean-Pierre annonçoit donc une femme,
& l’on fent par cette defcription qu’il auroit été
difficile de ne,pas s’y méprendre, en ne confidérant
que ce qui vient d’être décrit; cet individu avoit
cependant toujours été pris pour homme ; mais en
continuant la defcription des parties extérieures de
fon corps, on reconnoîtra pourquoi il fut baptifé
comme garçon, pourquoi on lui en donna l’habil*
lement, & pourquoi on lui en fit prendre les occupations.
La jeuneffe 6c l’embonpoint s’oppofent ordinaire*
ment à ce que les mufcles du corps des jeunes gens
foient fortement prononcés , & jufqu’à trente ans
le ventre 6c les reins d’un jeune homme ne different
point de celui d’une fille; mais la hauteur des hanches
& la faillie des feffes, produite par l’évafement du
baflin dans les perfonnes du fexe bien faites, fuffifent
pour les faire reconnoître, indépendamment des parties
fexuélles ; c’eft ce que l’on ne remarquoit pas
dans Jean - Pierre qui, depuis la ceinture, çommen-
çoit à différer d’une fille, la forme prefque quarrée
des cuiffes & des jambes, Iapetiteffé des genoux,
le rendoient encore plus reffemblant à un individu
de l’efpece mafeuline. Jufques-là on auroit pu dire
qu’il étoit femme depuis la ceinture en-haut, 6c
homme pour le refte du corps; les parties fexuelles
auroient, même à la première apparence, favo-
rifé cette conjedure ; mais l’examen faifoit naître
d’autres idées 6c jettoit dans l’incertitude. Un corps
rond, oblong, A {figure 11 & 12 , pl• d'Hifi. nat.
hermaphrodites, dans ce Suppl.), ayant quatre pouces
de longueur, fur une groffeur proportionnée, étoit
attaché à l’endroit qui répond à la fymphyfe des os
pubis, 6c par fa forme avoit toute l’apparence d’une
verge : ce corps oblong étoit de même que cette partie
cara&ériftique du mâle , terminé par un gland
B {fig. 12. ) , qui recouvrôit un prépuce ; on remarquoit
à fon extrémité la foffette C {fig. i z . ') , oh
s’ouvre ordinairement l’uretre, & le frein s’attachoit
au bas de cette foffette comme dans les verges ordinaires.
Quand on relevoit ce corps > on obfervoit qu’il
recouvroit
irecouvroit une grande fente formée par deux replis
de la peau C B {fig. //.) , qui repréfentoient affez
bien les grandes levres de la vulve, & que cette
verge étoit placée dans la commiffure fupérieure de
ces levres, comme l’eft ordinairement le clitoris chez
.les femmes.
Chacun de ces replis de la peau étoit un peu renflé,
mais point ferme ; on remarquoit, fur-tout,
fur celui du côté ghuche C {fig. //. ) , des rides profondes
6c d’une dire&ion oblique : en touchant ces
efpeces de levres on fentoit, dans la gauche C{fig. ;
11.y, un corps ovoïde, mollet 6c fort reffemblant
à un tefticule ; mais la droite B {fig. //. ) , paroiffoit
une poche vuide ; cependant en preffant fur le ventre
on y pouffoit une efpeçe de corps, aufli ovoïde, qui
y defeendoit facilement en paffant par l’anneau, 6c
qu’on repouffoit aufli très-aifément.
Lorfqu’on tenoit relevée la verge qui a été décrite,
6c qu’on écartoit les levres placées au-deffous, on
voyoitnaître de laracine du frein du gland deux petites
crêtes fpongieufes E E {fig. /z.), rouges 6c faillantes,
environ d’une ligne, qui augmentoient de volume
à mefure qu’elles s’éloignoient de leur origine, 6c
imitoient parfaitement les nymphes par leur écartement.
;/
Entre ces nymphes, & à leur partie fupérieure,
s’ouvroit l’uretre I {fig. 2. ) , comme dans les femmes:
au-deffous de ce méat urinaire étoit une autre
ouverture très-étroite G {fig. 12. ) , dont le diamètre
étoit d’environ deux lignes, elle étoit rétrécie à
ce point par une membrane fémi-lunaire, qui pre-
noit naiffance dans la partie inférieure, 6c reffem-
bloit à la membrane à laquelle on a donné le nom
d'hymen, H {fig. 12. ) , une petite excroiffance placée
latéralement & fupérieurement, 6c qui avoit la
figure d’une caroncule mirtiforme, contribuoit encore
à donner à cette ouverture l’apparence de
l’orifice d’un vagin.
On doit fentir par cette defcription la jufteffe de
la remarque que j’ai faite fur la difficulté qu’il y avoit
à prononcer fur le fexe dominant de cet individu
monftrueux. La longueur & le volume de la verge
pouvoient, ap premier coup d’oe il, en impofer affez
pour que l?on crût pouvoir affurer que le fexe maf-
culin dominoit ; le corps ovoïde trouvé dans la levre
gauche, un autre corps que l’on pouffoit dans la
droite en preffant le ventre, donnoient l’idée de deux
tefticules, 6c fembloient autorifer cette conféquen-
ce ; mais l’afped des nymphes, du méat urinaire,
de l’orifice du vagin, de l’hymen 6c de la caroncule
mirtiforme, la détruifoient : on peut conclure que
cet individu appartenoit également à l’un & à l’autre
jfexes, que la nature étoit enfin parvenue à réunir les
deux dans le même fujet. La diffeâion vient à l’appui
de cette préfomption, puifqu’elle a démontré
que fi Jean-Pierre étoit femme de la ceinture en-
haut, homme de la ceinturé en-bas, il étoit dans
le point central, femme à droite, 6c homme à gauche,
fans être précifément ni l’un ni l’autre.
Le corps oblong que l’on avoit regardé comme
une verge, fut le premier objet des recherches anatomiques;
on reconnut en effet qu’il étoit compofé
de deux corps caverneux qui prenoient leur naiffance
des branches de l’ifchium, s’adoffoient enferéunif-
fant, & fe terminoient au gland qui, ainfi qu’on l’ob-
ferye toujours dans le membre v ir il, étoit formé
par le corps fpongieux qui, dans l’état naturel, auroit
contribué à former l’uretre. La ftru&ure de cette
partie confirma l’idée que l’on en avoit prife, 6c
prouva qu’elle étoit réellement une verge, mais im-
perforee, dans laquelle l’uretre étoit remplacé par
une efpeçe de ligament qui s’étendoit julqu’au méat
urinaire décrit ci-deffus. Les crêtes qufe l’on avoit
regardées comme des nymphes, parurent dès-lors
Tome I I I ,
pouvoir être les débris d’un uretre puvertdans toute
fa longueur.
_Une incifion faite fur la levre gauche y fit découvrir
un véritable tefticule , auquel s’étendoit le cordon
des vaiffeaux fpermatiques, & d’où partoit un
canal déférent, qui paffant par l’anneau, alloit gagner
une véficule féminaire dont on fera mention
dans peu.
La diffe&ion de l ’autre levre ne fit appercevoir
qu’un fac membraneux dans lequel on fentoit un liquide
, 6c o ù , comme on l’a dit plus haut, fe préci-
pitoit un corps ovoïde , lorfqu’avec la main on pref-
fôit le ventre dans la région iliaque droite. On borna
d’abord là les recherches pour venir à la diffec-
tion des autres parties externes, fe réfervant de les
pouffer plus loin quand on travailleroit à celle des
internes.
Le vagin apparent fixa enfuite l’attention ; une
incifion faite à la membrane fémi-lunaire , à laquelle
on a donné le nom 6'hymen, permit de re-,
connoître que c’étoit un canal borgne, une efpeçe
de fac ayant plus d’un pouce de profondeur, fur un
demi-pouce de diamètre, 6c placé entre le re&um 6c
la veffie ; fituation bien conforme à celle où eft ordinairement
le vagin. Ce fac étoit membraneux, &
fa furface étoit lifle , tandis qu’on obferve toujours
des rides plus ou moins fenfibles dans le vagin;
mais ce qui détruiroit encore davantage les inductions
qu’on auroit pu tirer de la fituation de ce canal
6c des apparences extérieures, c’eft qu’à fa partie
inférieure on remarquoit le vérumontanum 6c les
orifices des véficules féminaires, d’o ù , par la pref-
fion, on faifoit fortir une liqueur gluante & blanchâtre
abfolument femblable à de la lemence prolifique.
Cette découverte porta à détacher ce prétendu
vagin , 6c à emporter avec lui la veffie 6c le tefticule.
Guidés alors par le canal déférent,,on fut conduit
à de véritables véficules féminaires placés à l’endroit
ordinaire , 6c l’on fe convainquit que fexcroiffance
qui avoit été obfervée dans le canal borgne ,
décrit plus haut, étoit véritablement le vérumontanum.
La véficule féminaire gauche à laquelle aboutiffoit
le canal déférent, étoit pleine d’une femence qu’on
fit fortir aifément par le conduit qui s’ouvroit près
du vérumontanum ; la droite paroifloit un peu flétrie ,
6c communiquoit avec la gauche ; on voyoit5 auflï
partir de cette véficule un canal déférent qui fe per-
doit dans les graiffes, on ne put le conduire à aucune
partie qui eût quelqu’apparence glanduleufe, il s’a-
mincifloit à mefure qü’il s’éloignoit de cette véficule :
on commença alors à douter du corps ovoïde qui
fe gliffoit dans la levre droite, 6c qu’on avoit pris
jufques-là pour un tefticule, mais l’on étoit bien
éloigné de foupçonner ce qu’il étoit.
Ce corps dont la fituation naturelle étoit dans la
foffe iliaque droite JD {fig. / / .) , parut dès que les
tégumenseurent été ouverts, une tumeur oblongue
placée dans le tiffu cellulaire, qui recouvre la partie
large "du mufcle iliaque : la diffeûion de ce tiffu démontra
bientôt que ce corps étoit renfermé dans une
poche qui lui étoit particulière, 6c dont un prolongement
s’étendoit dans la levre droite , prolongement
que l’on avoit déjà reconnu par l’ouverture
de cette levre: on ouvrit cette poche qui contenoit
environ une verrée d’un liquide allez limpide, de
couleur de lie de vin rouge ; après l’avoir épuifée , on
apperçut un corps très,- ferme ayant la figure & la
couleur d’un gros marron un peu applati, fon grand
diamètre étant d’environ un pouce & demi, & le
petit d’un pouce ; il étoit place de façon que dans le
tems où cet hermaphrodite étoit debout, la direction
du petit diamètre de ce corps approchoit de la perpendiculaire
à l’horizon, 6c le grand diamètre y étoit