La huitienie n’eft pas fi dure que la precedente,
elle demande une bonne ferre, elle reflemble beau*
coup à l’efpece n°. / ; feulement les feuilles font
plus larges, d’un verd plus clair, & naiffent par
touffes à chaque joint : les épines font moins robuf-
tes & plus rares ; les fleurs font plus petites, d’un
pourpre plus foncé, & leurs calices plus courts ont
des fegmens aigus : elle fleurit dans le même tems
que la première , mais elle ne fruûifie pas dans nos
climats.
Le n° . c) eft depuis long-tems dand le jardin de
MM. les apothicaires de Londres, à Chelfea ; il y a
été élevé, dit Miller, de graines envoyées de la
Chine : on l’a pris d’abord pour le vrai thé, mais fa
fleur a découvert fon vrai genre ; ce n’eft que depuis
1772 qu’on ale vrai thé en Angleterre. Gordon, Marchand
arborifte & grainetier de Londres, en con-
ferve deux pieds ; ce jafminoïde porte des fleurs
blanches & s’élève fur une tige robufte , à fix ou
fept pieds ; cette tige fe divife en plufieurs branches
défarmées, couvertes d’une écorce brune & polie :
les feuilles d’un verd fombre font figurées en lance
& permanentes ; elles ont trois pouces de long,
près de neuf lignes de large, & font attachées alternativement
par de courts pétioles, il fe multiplie
avec beaucoup de peine ; les marcottes ne s’enracinent
qu’au bout de deux ans, & lés boutures demandent
pour réuflir toutes les précautions indiquées
pour les boutures d’arbres toujours verds ( Voye{
B o u t u r e , Suppl. ) : il ne croît annuellement que
de trois ou quatre pouces ; au refte il réfifte affez
bien au froid extérieur, & peut fubfifter en plein
air, fi on le plante dans un terrein fec à une bonne
expofition.
La dixième efpece n’eft qu’un petit buiflon, dont
les branches partent du pied ; ces branches, dont
l’écorce eft d’un verd-brun, font armées d’épines
courtes & fortes, elles naiffent deux à deux, &
fouvent il s’en trouve deux paires enfemble ; alors
deux regardent le ciel , & les deux autres la terre :
elles font fituées précifément au bas des feuilles ;
celles-ci font cordiformes , un peu plus larges que
celles du buis, mais de la même couleur & de la
même confiftance ; elles fe terminent en pointe,
& font attachées par de très-courts pétioles, oppofés
& aflez proches les uns des autres : les fleurs font
de couleur blanche & naiffent en grappes aux côtés
des bourgeons oît elles font attachées par des pédicules
courts & déliés ; elles ont de petits calices &
d’affez longs tubes, divifés par les bords en cinq
fegmens aigus ; elles exhalent une odeur gracieufe ,
& font remplacées par des baies ovales de couleur
d’écarlate, chacune de ces fleurs contient deux fe-
mences : on multiplie cette efpece par les boutures,
qu’on doit planter en juillet dans une planche de
bonne terre, ombragée avec des paillaffons ; elle fe
conferve très-bien fous une caiffe vitrée & dans les
ferres communes ; on n’a pas encore effayé de la
planter en pleine terre : elle a été apportée du cap
de Bonne-Efpérance, en Hollande, oîi on la cultive
depuis plufieurs années ; les autres efpeces, qui
étoient autrefois comprifes fous ce genre , appartiennent
à celui de celaftrus. ( M. le Baron d e
T s ch o u d i . )
JASON, ( Myth. & Phil. Herm. } félon la fable,
étoit fils d’Efon & de Polymede, fille d’Autolicus. Il
eut Créthée pour aïeul , Eole pour bifaïeul, qui
étoit fils de Jupiter. Efon avoit pour frereun nommé
Pélias, fous la tutelle duquel il mit Jafon ; mais la
mere de celui-ci le mit entre les mains de Chiron
pour y apprendre la médecine. Etant devenu grand
&bien inftruit, il redemanda à Pélias le royaume
que fon pere Efon lui avoit laiffé en mourant. Pélias
ne voulut confentir à cette reftitution, qu’à condition
que Jafon iroit préalablement faire la conquête
de la toifon d’or. Ce que Jafon exécuta, après s’ être
affocié cinquante braves compagnons, prefqtie tous
defcendus des dieux comme lui. Ayant donc préparé
tout ce qu’il crut néceffaire pour cette expédition,
Pallas lui confeillâ la conftru&ion & la forme du
navire, dont le mât fut d’un chêne pris dans la forêt
de Dodone. Il aborda à Lemnos pour fe rendre Vul-
cain propice, puis à Marfias, à Cius, en Ibérie , à
Bébrycie & vers les Syrtes de Lybie, où ne pouvant
paffer, fes compagnons & lui portèrent le navire
Argo fur leurs épaules pendant douze jours, & le
remirent en mer ; & après avoir vaincu tous les
obftacles qui s’oppofoient à leur deffein , ils arrivèrent
enfin à Colchos, où par l’art de Médée, ils
vinrent à bout d’enlever la toifon d’or.
Si peu que l’on veuille faire attention à cette
hiftoire fabuleufe , & que l’on foit inftruit des myf-
teres de l’art chymique ; fi peu même que l’on ait lu
les livres des auteurs qui en traitent, l’on reconnoîtra
aifément que cette prétendue hiftoire n’eft qu’une
allégorie du grand oeuvre * comme on Va le voir par
l’explication fuivante.
Jafon tire fon étymologie du grec, & ne veut
dire autre chofe que l'art de guérir. Jafon ne fut jamais
médecin ou chirurgien , puifqu’il n’a jamais exiftç
en réalité ; mais la fable dit qu’il fut inftruit par Chiron
, le même qui inftruifit aufli Hercule & Achille.
Chiron lui apprit donc l’expérience manuelle, Médée
la théorie néceffaire pour la perfection de l’oeuvre.
Jupiter étoit un de fes ancêtres ; & Médée, femme
de Jafon, étoit petite-fille du Soleil & de l’Océan ,
& fille d’Æéte , dont les foeurs étoient Circé l’en-
chantereffe, & Pafiphaé qui engendra le Minotaure.
La mere de Médée fut Idie , aufli enchantereffe : par
où l’on peut juger que cette parenté ne pouvoit pas
mieux convenir qu’à Jafon, qui devoit être un grand
médecin & un grand fcrutateur des chofes naturelles.
Il fe choifit cinquante compagnons de voyage , tous
iffus des dieux. On en peut voir les noms dans l’hif-
toire de la fable. Le navire Argo fut conftruit des
chênes de Dodone, qui donnoient des oracles. Cette
groffe & grande maffe fut portée par cinquante
hommes dans les déferts de la Lybie pendant douze
jours ; Orphée, fon pilote, ne la gouvernoit que par
fa mufique & fon chant; enfin ce navire périt de
vieilleffe, enfévelit Jafon fous fes débris, & fut mis
au rang des aftres. Que veulent dire tous ces lieux
où aborda le navire ? Pourquoi d’abord à Lemnos
pour fe rendre Vulcain favorable ? Pourquoi Euri-
pyle donna-t-il de la terre en préfent à Jafon? C’eft
qu’Euripyle étoit fils de Neptune, que de l’eau on
fait de la terre , & que de cette terre il faut faire de
l’eau; c’eft aufli de cette terre que Médée augura
bien de l’expédition. Ce n’eft pas aufli fans raifon
que Phinée fut délivre des Harpies par Calaïs &
Zetès, tous deux fils d’Eole ; puifque Bafile Valentin
dit dans fa jixieme clef, que deux vents doivent
fouffler, l’un le vent d’orient, qu’il appelle vulturnusy
& l’autre le vent du midi ou notus. Après que ces
deux vents auront ceffé, les Harpies feront mifes
en fuite, c’eft-à-dire, les parties volatiles deviendront
fixes.
Ils trouvèrent aufli fur leur route les deux rochers
Cyanées, dont il faut éviter l’écueil au moyen d’une
colombe ; cette colombe que fignifie-t-elle autre
chofe que la matière parfaite au blanc ? Ce qui marque
infailliblement que l’oeuvre tend à fa perfeftion,
& n’a prefque plus d’écueils à craindre,
Ceux qui défirent une explication chymique plus
détaillée , trouveront de quoi fe fatisfaire amplement
dans le chap. 1 , du livre I I des Fables Egypt, <S*
Grecques dévoilées, ( -f)
ÎASZ-BERENY, ( Géogr. ) ville de la haute Hongrie
, dans la province des Jazyges, au milieu d’une
plaine vafte, fertile & bien cultivée, qui lui donne
bien des avantages fur la plupart des autres villes de
la contrée. ( D. G. )
JASZSZO, ( Géogr. ) petite ville de la haute
Hongrie, dans le comté d’Abaujuar, au fond d’un
vallon. Elle eft importante par la force du château
qui la couvre , & par les archives dont elle eft le
dépôt : ces archives font celles de toute la province.
{ P . G.}
JAUER , principauté de , {Géogr. mod.) province
de la Siléfie pruflienne, l’une des plus étendues &
des mieux peuplées de tout ce duché : elle adoffe
aux Sudetes ou monts des Géans , & renferme
même dans fon enceinte quelques-uns de ces monts;
fes autres limites font la Baffe-Lu face, avec les principautés
de Sagan, de Glogau, de Lignitz & de Schweid-
nitz. Elle eft arrofée du Bober, de la Queiff, de la
Neifle la furieufe ; de la Zacka, de la Lomnitz & du
Katzbach. Son fo l, prefque tout en monts & en vallons
, ne lui donne pas tous les grains néceffaires à
la fubfiftance de fes habitans ; fon cercle de Buntzlau
eft à-peu-près le feul qui lui en produife ; & les provinces
voifines lui fourniffent le refte. Mais d’autres
bienfaits de la nature abondent dans cette province,
& juftifient fa population : l’on y trouve les plus
belles forêts de la Siléfie , &fes meilleures mines tant
en cuivre qu’en fer : l’on y trouve aufli de la houille,
de belles carrières & d’excellentes eaux minérales ;
l’on y cultivé le lin avec un fuccès étonnant ; & il y a
de la terre de poterie, connue fous le nom de bunt%-
lau, dont les vafes travaillés fur les lieux font du
plus grand débit en Pologne, ôtdans toute la Baffe-
Allemagne.
La divifion de cette province eft en quatre cercles
, & Jauer, Hirfchberg, Leuwenberg & Buntzlau,
fes villes principales , font les chefs-lieux de
chacun de ces cercles : l’on y compte encore huit
autres villes nombre de châteaux & de terres fei-
gneuriales, & une multitude de grands villages : c’eft
dans ces villages , & fur-tput dans ceux du cercle de
Hirfchberg, que fe fabriquent toutes ces toiles &
tous ces tiffus de lin & de chanvre, qui rapportent
tant à la Siléfie.
Dès la fin du xm e fiecle , cette province eut fes
princes particuliers ,defcendans des ducs de Brieg &
de Lignitz : dans le X IV e, elle échut avecSchweidnitz
à l’empereur Charles IV, roi de Bohême * q.ui avoit
époufé l’hëritiere de l’un de ces princes. Sous cet
empereur, les habitans de Jauer & de Schweidnitz,
& finguliérement la nobleffe & les villes de ces deux
principautés, obtinrent des faveurs & des privilèges,
que les révolutions de la contrée n’ont point encore
anéantis, & que le refte de la Siléfie, déclarée à
cette époque fief de Bohême, n’a jamais obtenus : le
commerce & la population de ces deux provinces
n’ont pas peu gagné à cette diftinétion. Depuis.que
Jauer eft à la Pruffe, l’on y reffortit, pour le civil,
du confeil de régence établi dans Breflau, & pour les
finances, de là chambre de guerre & des domaines
établis dans Glogau. {D. G.)
JAUERNICK, (Géogr.) petite ville de la Siléfie
autrichienne, dans la principauté deNeiffe, & fous
la feigneurie de l’évêque de Breflau ; elle eft fans
murailles , mais elle eft flanquée d’un affez bon château
, appellé Johannesberg. {D . G.)
JAUGEAGE, {Géométrie.}Lesdifférentes méthodes
que je vais donner pour le jaugeage des tonneaux
me paroiffent du moins aufli Amples , & beaucoup
plus exattes que les méthodes connues. Je les ai communiquées
à quelques Géomètres, & je les donne ici,
parce que je crois qu’elles pourront être utiles. •
1. Soit m le rapport de la circonférence au dia-
Tome I I I ,
J A U 507
métré, l la longueur du tonneau, a' le grand diamètre
, 6c b' z= a' — x ' le petit, on aura {Mém. acad,
' 74' »P-390 la folidité ou capacité du tonneau =
à très-peu-près à m l ----- + -yg- + " p p )
en fubftituant dans la formule de ces mémoires ,
au lieu de a , & - , au lieu de b,
2. De-là on tire la méthode fuivante pour jauger
les tonneaux. Ayez une réglé A B 0 , {fig. a. PL
de Géom. Suppl.} divifée en pieds, pouces 6c lignes ,
& traverfée perpendiculairement d’une autre réglé
CB, non divifée, laquelle puiffe gliffer librement de
A vers B Sc vers O. Mefurez d’abord avec la réglé le
grand diamètre C D {fig. 10.}, appliquez enfuite la
réglé le long du petit diamètre A E , le point A fur
le p o in té ; faites gliflèr la réglé mobile B Cjufqu’à
ce qu’elle touche le tonneau à l’extrémité Cdu grand
diamètre ; prenez enfuite à vue, ce qui fe peut faire
très-aifémènt, le milieu b de la ligne B E , laquelle
ligne/? Eett évidemment la moitié delà différence x '
des deux diamètres., je disque la folidité du tonneau
fera à très-peu-près égale à - {C D - f A b ) 2.
3. Car on aura évidemment E b = — ; C D q-
A b = a! -f- a1 — x 1 -+ — = 2 a'ïjçè . donc gEBBB5 H quantité dont la différence d’avec la folidité du
tonneau trouvée ci-deffus eft très-petite, puifque
cette différence eft égale à / multiplié p a r -p -----
I0Z2 \ - » x a'x'
x '% X — -,— >------ = à tres-peu-pres 16.16 .-vjo * r —16?.-9-- -----176—.1>6 .iy■ —
16 .9 3• 3 • 4 "
4. Cette différence eft zéro abfolu , i° . quandr
x ’ — o , i° . quand x ' = — , c’eft - à - dire quand
E B — ; & la plus grande qu’il eft poflible,
quand x '= -^ -, c’eft-à-dire quand E . B =3
; ta valeur eft alors — 8 8 , & fon rapport à B fl M - B ) I Ieïi BBde
— à ç’eft-à-dire environ de 1 à J23 ,
d’où l’on voit que l’erreur eft fort petite, même
dans fon maximum.
ç. Si on confidere la douve, du tonneau comme
une parabole dont le fommet foit au bondon, on
trouvera la folidité du tonneau entier = m l ( —-----
— b = à très-peu-près JéL. a> — ~ ^1 —
Y ^ j c p + Àtym
fuppofant E b = — , c’eft-à-dire — E B ; puifque
2 E B eft égale à la différence x ' des diamètres.
6. On pourra donc encore jauger les tonneaux
par la méthode de l’article précédent, en prenant
à l’oeil E b = — E B , ou ce qui eft encore plus
facile B b = — .
7. La quantité dont le jaugeage furpaffe la foliditâ,
---- 5 - ) = * 4 ' X 7 T -
; & par conféquent très-petite , puifq.Ue x 1
eft déjà fort petite elle-même , au moins dans la
plupart des tonneaux. L’erreur fera donc ici toujours
en défaut, mais toujours fort petite.
8. On peut confidérer encore, i° . que — x V x
| y — ne différé que très-peu de (a1 — |||
S s s ij