Les animaux ont généralement les vaiffeaiix bèa.u-
co u p plus robuftes que les hommes; c’eft un fait
que j’ai vérifié fur un grand nombre d ’efpeces. Auflj
leurs vaifleaux ne s’ouvrent-ils prefque. jamais, ni
/dans les narines, ni dans les brançhes des vaifleaux
Jiémorrhoïdaux. Leur matrice eft beaucoup moins
fpongieufe que dans la femme ; fes veines nede gonflent
pas jufqu’à former des finus, & elles le délivrent
fans perdre du fang dans la même proportion que
dans l’efpece humaine.
Dans les hommes , la pléthore ne fe porte pas au
'baflïn , il n’y a aucune matrice faite pour recevoir
le fang, les arteres de ces parties font moins lâches ,
& le fang fuperflu s’évacue par les narines. L’homme
agit généralement davantage , & une partie de
fes humeurs fe perd par la tranfpiration.
Il n’eft pas difficile d’expliquer la caufe par laquelle
,les évacuations,périodiques ceffent dans les femmes
groffes & après un certain âge. Dans celles-là , les
orifices de l ’humeur exhalante & du fang menftruel,
font bouchés par l’application de la membrane e xterne
duch orion; dans celles -ci, les vaifleaux de la
matrice font rétrécis, & toute fa fubftance eft devenue
dure : le fang ne fe porte plus avec la même
facilité dans un vaifleau devenu calleu x, il ne peut
plus s’ouvrir un paflage à travers des vaifleaux dont
la réfiftance eft trip lé e , fans que les forces du coeur
aient pris des. accroiflëmens.
11 n’eft pas aufli aile de donner la raifon du terme
exaél dans lequel l’évacuation reparoît dans' une
femme bien conftituée ; mais ce féroit trop exiger
d’un ph yfiologifte, que de lui demander la raifon
qui fait éclorre le poulet le 21e jo u r , qui fait accoucher
la femme à n euf mois , & qui rend chaque ef-
pece de femelle fidelle au terme fixe par la natlire
pour fa délivrance. Il fùffit de fa voir en g én éral,
que la pléthore épuifée par l’évacuation , a befoin
d ’un certain tems pour renaître & pour dilater des
vaifleaux qui ne laifferoient échapper qu’une féro-
fité , & qui foitrnifîent du fang après un certain dégré
de dilatation.
C ’eft donc dans la pléthore générale du f e x e , &:
dans la pléthore particulière de la matrice que nous
plaçons la caufe de l’évacuation périodique.
Nous n’ignorons pas les nombreufes objeélions
qu’on a faites contre ce fyftême. En voici les principales.
T outes les filles, toutes les femmes, ne font pas
pléthoriques. Et pourquoi ne le feroient-elles pas
to u te s , comme elles ont certainement toutes les
vaifleaux moins forts & le tiflu cellulaire plus lâche
que les mâles ? Elles font plus ou moins pléthoriqu
e s ; de-là des réglés précoces ou tardives , abondantes
ou de peu d’onces. Si des femmes foibles &
languiflantes ont des réglés , c’ eft que les vaifleaux
de la matrice plus foibles encore , ced&nt à l’impul-
fion du fang avec plus de facilité. L ’évacuation eft
l ’effet de la fupériorité de l’impulfion fur la réfiftanc
e . On a dit que des faignées réitérées ne dimi-
nuoient pas les réglés. L ’affoibliffement qu’elles
pro du ifen t, doit certainement les diminuer , &
l ’expérience le confirme. Mais des faignées médiocres
ne diminuent pas la pléthore, elles l’augmentent
même en diminuant la réfiftance des vaifleaux.
(H .D . G . )
L e refpefl: du aux efforts falutaires de la nature,
porte à ne faire aucun remede a& i f , à ne placer
fur-tout aucun évacuant pendant l’écoulement des
menjlrùes, & il faut avouer que cette in aâion eft
autorifée par l’expérience; mais il n’éft aucune réglé
fans exception, & celle-ci en fouffre de très-importantes
; elles font fondées fur un précepte qu’on ne
méprife jamais impunément & comme femper ur-
gentiori fucçurrendurp, il eft des cirçonftances o iil’on
doit en quelque forte perdre de vue les menjlrùes,'
pour, fuivre la principale indication que prélentent
les maladies ; telles font celles où fe trouvent les '
malades attaquées de fievres aiguës , &c fur-tout de
fievres inflammatoires ou d’inflammations particulières
de quelques parties intéreffantes à la vie.
Quoique les vomitifs & les purgatifs foient capables
de troubler le cours des réglés-, de l’augmenter
ou de le diminuer, foit par l’irritation qui accompagne
leur effet, foit par l’évacuation qu’ils procurent
, on eft parvenu à les moins redouter qu’autre-
fois dans les maladies putrides; & l’on fe permet
fouvent d’y avo ir re co u rs , l'ur-tout aux vomitifs ,
malgré l’écoulement des menjlrùes ; mais il eft un
autre genre d’évacuans ; la faignée, contre lequel
un préjugé puiflant s’élève encore ; & l’on trouve
même des praticiens accrédités qui regarderoient
comme un crime de l ’ordonper ou de la pratiquer
en de pareilles circonftances , & qui feroient lu r-
tout révoltés de faire alors une faignée au bras ;
cependant il eft certain que ce remede eft fouvent
d’une importance fi grande , qu’en fe refufant à
l’em p lo y e r , on fait courir le plus grand rifque aux
malades. Le raifonnement le plus décifif en convaincra
tous Ceux qui voudront fa dépouiller des préjugés
; l’expérience & l’obfervation fe réunifient pour
le démontrer ; & quoique le médecin comme le
phyficien ne doivent point céder à l’au to r ité , il
n’eft pas hors de propos de faire remarquer que ce
moyen vient encore attaquer le préjugé contraire à
l’ufage de la faignée dans le tems même des réglés »
lorfque la maladie exige ce remede.
T u lp iu s , la M o tte , l’ont employée avec fuccès
pendant le cours même des loch ies ; évacuation infiniment
plus confidérable que les réglés , & confé-
quemment qui auroit du rendre plus timides.
Vanfwieten loue leur courage & attelle , pag. gS.
du troifieme v o l. de fes Comm. fu rB o e rh a v e , 5 ,
S 9 0 , qu’il a fait faignér au bra s , avec le plus grand
fu c c è s , des malades attaquées de pleuréfie pendant
l ’écoulement des menjlrùes, & même pendant
celui des lochies. M. Dehaen penfe abfolument de
même ; & dans le cliap. G de la quatrième partie
du ratio medendi, pag. 1 Gy du deuxieme volume ,
recommande à fes éleves de ne jamais héfiter à la
pratiquer en circonftances femblables.
II. y auroit bien de la vanité à prétendre ajouter
à la force de ces autorités en citant mon expérience;
mais j’ofe d ir e , av e c la vérité que tbut médecin
doit au pu b lic, que j’ai plufieurs fois f i i iv i , avec le
plus grand fu c c è s , l’exemple de ces célébrés praticiens
, & que fouvent les faignées du bras pratiquées ,
foit dans le tems des réglés , foit dans le rems des
lo ch ies , fur des malades attaqûées de pleuréfie ou
de dépôts inflammatoires, n’ont pas même dérangé
le cours de ces évacuations. La raifon de cet effet dé
la faignée , en des circonftances aufîi critiques , &
de la néceflité de l’em p lo y e r , fera facilement faifie
par tous ceux qui voudront fuivre le raifonnement
des auteurs, & fur-tout celui de M. D eh a en , à l’endroit
cité.
T outes les fo is , dit ce célébré praticien, que l’état
des filles ou des femmes malades exige une évacuation
fanguine confidérable , il feroit ridicule de
compter fur celle qui fe fait parles parties génitales,
foit dans les lochies ,,foit dans les menjlrùes.
En e ffe t, les menjlrùes les plus abondantes donnent
à peine une demi-livre de fang en plufieurs
jours; il eft beaucoup de filles & de femmes qui n’en
perdent alors que f i x , cinq & même trois onces ;
peut-on croire que cette évacuation fuflira dans une
inflammation , dont la réfolution exige fouvent que
l ’on tire plus de quatre livres de fang ?
Avant de déduire cette conféquence; lunpneufe ;
M . Dehaen s ’- é to i t afliiré, par des expériences déci-
flv e s , de la quantité de fang que perdent les femmes
dans les occafions défignées ; il invite les incrédules
à répéter ces expériences. Je n’aurois pas manqué
de répondre à fes invitations, fi j’euffe eu le moindre
doute fur la bonté du précepte qu’il confirme ; mais
j ’étois déjà perfuadé, & je fouhaite que tous les
médecins puiffent l ’être comme m o i, que dans les
riîaladies inflammatoires on doit ne pas être détourné
de la faignée par la préfence des réglés ou des
lochies ; que fi la nature dé la partie enflammée
exige la faignéè du bra s , on ne doit pas craindre de
la preferire, & que cependant on fera bien de fai-
gner au p ied , fi le choix du vaifleau eft indifférent.
\ m m . )
§ M EN U -V A IR , f. m. ( terme de Blafon. ) fourrure
faite de pièces d’a rg ent, en forme de cloches
renverfées fur un champ d’azur ; elle différé de la
fourrure de vair ; en ce qu’elle eft plus fe rrée , ayant
fix-tires ; les première, troifieme &C cinquième ont
fix cloches ; les d euxieme, quatrième & fix iem e en
ont cinq , & deux demies aux extrémités.
D ’Auvans, à Lille en Flandre ; menu-vair.
§ MENU-VAIRÉ , ( terme de Blafon. ) menu-
v a ir , d’autres émaux que d’argent & d’azur en-
fémble.
• D e Guines de Bonieres, do Sou atre s , en Artois ;
menu-vairé d ’or & d'a^tir. ( G. D . L. T. )
M E R , f. f. mare , is. ( terme de Blafon. ) La mer
dans les armoiries fe repréfente par des traits pu
lignes courbes, qui figurent les ondes ; elle remplit
le quart de la hauteur de l’écu vers le ba s , fon émail
particulier eft l’argent, elle peut néanmoins être d’un
autre émail.
Du ran d , à Paris ; d’azur ait' rocher d ’or , pofé au
milieu d’une mer d ’argent, accompagne en chef de deux
bouquets de trois rofes chacun du fécond émail, les tiges
& les feuilles de même. ( G. D . L. T. )
M e r lumineufcy ( P h y f Météor. ) M . Rigaut, phyficien
de la marine, a préfenté un mémoire à l’académie
des fciences, où il démontre que depuis Breft
jufqu’aux Antilles, la mer ne doit la lumière dont on
v o i t briller fes eaux pendant la nuit, qu’à une im-
menfe quantité de petits polypes à-peu-près fphéri-
q u e s , prefque aufli diaphanes que l’e au , ayant un
quart de ligne de diâmetre. Il a fait remplir à Calais un
cuvier d’eau de mer lumineufe lorfqu’il faifoit obfcur :
il y,a verfé^une chopine de v ina igre, ou un peu d’acide
nitreux ; alors il pouvoit lire une écriture fine
à cette lumière. Les po lype s font plus nombreux
fous la zone torride que fous la tempérée. ( Journ.
des favans , mars ty y o f)
On jouit de ce fpeûacle le long des promenades de
Naples. Les phyficiens, dit M. de Lalande, ont cru
expliquer ce phénomène fingulier, en difant qu’il
provenoit d’un infeéte phofphorique : c’eft le nercis,
phofphoricus de Linnæus : bn le trouve en juin &
juillet principalement : il eft b la n c ,m o u , de la grof-
feur d’un grain de bled. M. Grifenelli l’appelle la
fcolopendre marine. M. l’abbé Nollet qui a vu de ces
animaux, en parle dans les mémoires de l’académie
d.es Sciences , en l’année 1 7 5 0 , page Jy. Il faut bien
diftinguçr la lumière de ces infeétes de celle qui
eft propre à l’eau de la mer, & que l ’on apperçoit-
en tout tems , quand on l’agite av e c fo rce. Il y
a dés tems dans les pays chauds oùT on v o it toute la
furface de la mer briller fans interruption : le fable
même qu’elle a mouillé eft quelquefois lumineux :
cé qui vient d’une huile phofphorique de la m e r , ou
de la màtieré é le ftriq ue , ou de quelqu’autre caufe
femblable. Voyage d'halle , t. V II. p. 11. lyGg. (<?.)
M e r de l ’ouefiy ( Géogr. hiß. des découvertes.') Cette
mer prétendue, que quelques favans géographes ont
placée fur leurs cartes , n’a d’autre fondement de
fon exiftence que certains récits attribués à des
fauvages du Canada, & des relations de v o y a g e s ,
la plupart imaginaires, ainfi que leurs auteurs ; mais
fur-tout celle d’un certain Fu ca , admife pour authentiques
par MM. Delifle &£ Buache qui lui font honneur
de la découverte de cette mer. Foye^ la y* &
la 8e cartes géographiques de ce Supplément.
C e Fuca étoit un Grec de Géphalonie q u i , après
av o ir été fait prifonnier par les Anglois , on ne fait
po u rqu o i, ni comment, ni dans quelle occafion ,
leur é chappa, & alla en 1 5 9 1 , par les ordres du
viceroi du M e x iq u e , découvrir un paflage au nord.
A quarante-fept degrés il trouva un détroit dont
l’entrée étoit d’environ quarante lieues. Il navieea
vingt jo u rs ,fan s aucun tems contraire, & avança
fi loin qu’il crut être dans la mer du nord. Il femble
qu’il avoit achevé la découverte pour laquelle il
avo it été envo yé . Cependant;i l ne put obtenir de
récompenfe du viceroi. Mécontent, il vinr en Ef-
pagne offrir fes fervices au roi même. Il ne reuflït
pas. Il s’en retournoit dans fa patrie par Venife : il
y trouva un A n glo is , nommé Michel Locke, qui
le follicita de fe rendre auprès de la reine Elifa-
b e th , lui faifant envifager une grande fortune s’il
découvroit aux Anglois la route de la mer du fud
par un paffage au nord. Mais ce g r e c , loin d’écouter
un confeil qui flattoit à la fois fon ambition & fa
vengeance contre les Efpagnols, préféra d’aller
mourir de mifere chez lui. Cette hiftoire paroît bien
être une fable allez mal imaginée.
On voit fur la carte v u , Suppl, l’entrée de cette mer
prétendue découverte par Fuca, en 1592. On y voit
aufîi une autre entrée découverte par Martin d’A -
guillard en 1603. Mais celui-ci ne la regarde point
comme l’entrée d’un d é tro it, mais comme l’embouchure
d’une r iv ie r e , dans laquelle il ne put entrer à
caufe de fa rapidité.
Malgré la faufleté prefque évidente de là découverte
de Fuca, quelques géographes , pour en faire
u fa g e ,o n t prétendu unir cette mer de l ’ouejl av e c
le Michinipi, ' ou la grande eau par un d é tro it, Sc
celle-ci avec- la mer du nord par un autre détroit.
Ils n’en font pas moins embarraflës à placer cette
mer de l ’ouefl.
i° . Dans-la carte tirée des manuferits de feu M.
Guillaume Delifle de 1695 , cette mer fe trouve depuis
le 40e dégré jufques vers le 50e de latitude ;
la longitude vers l ’oueft n’ eft pas déterminëe^anais
vers l’eft la mer finit à 281 dégrés. Il y place Q u iv ira,
& tous les autres peuples connus par les relations
des Efpagnols ; les Xumanes, Japies , Xab otaos ;
après ceux-ci les Apaches Vaqueros ; enfin les Apa-
ches de N a v a io , tous vers l’o u e ft , en ajoutant auprès
de ces derniers, « fort étendus vers l’o u e ft,
» & à ce qu’on c r o i t , jufques au détroit d’Anian ».
Il place c e détroit & le cap Mendocin , plutôt fui-
vant les anciennes cartes.que fuivant les nouv elles,
puifqu’il les place au 230e. Le Miffouri ne fe trouve
pas fur cettè carte.
20. Dans celle qu’il a donnée au commencement
de ce fie c le , & dans celle de 1 7 1 7 , la latitude de
là mer de lo u tfl eft conforme à la précédente : par
contre il y a déjà adopté les nouvelles idées, en
marquant fon entrée au - deflus du cap Blanc: à
44 dégrés.. Quoique les longitudes ne s’y trouvent
pa s , on voit par la pofition de la C a lifornie , nord-
nord-oueft, & fud fu d -e ft, qu’il viendra aux environs
de 25o d é g r é s , comme les nouvelles cartes. '
30. M. le profefleur Jofepb-Nicolas Delifle, dans
fa carte de 1 7 5 0 , place la mer de l ’ouejl entre 245
& 270 dégrés.de. longitude : la latitude y eft de 43 à
60 dégrés. Le Miffouri s’y trouve fort en ab ré g é , ne
prenant en longitude que l’efpace d’environ 18 degrés.
Pour la riviere de l’oueft, on fe garde b ien de lui