commun : on juge par la force que prend la greffe
qu’il doit devenir plus grand & plus fort que le pavia ;
cependant comme.il fleurit dès la fécondé année, il
ne paroit pas qu’il doive jamais former un grand arbre.
( M. U Baron DE Tsch o u d i . )
* M a r r o n s ou N o y a u x , (terme de Chaufournier.)
On appelle ainfi le centre ou coeur d’une pierre for-,
tant du four à chaux, fans avoir été calciné, quoique
le pourtour de la pierre l’ait été.
§ MAROTIQUE , ad|» ( Belles-Lettres» Poéfie. )
Depuis que Pafchal 6c Corneille, Racine 6c Boileau
ont épuré & appauvri la langue de Marot & de
Montagne, quelques-uns de nos poètes regrettant
la grâce naïve des anciens tours qu’elle avoit perdus,
l’heureufe liberté de fupprimer l’article, une
/ouïe de mots injuttement bannis par le caprice de
Biffage* & quelques inverfions faciles qui'fans troubler
le fens rendoient l’expreflion plus vive 6c plus
piquante , effayerent en écrivant dans le genre de
Marot d’imiter jufqu’à fon langage ; mais comme
pour manier avec grâce un ftyle naïf, il faut être
naïf foi-même, & que rien n'eft plus rare que la naïveté,
la Fontaine ell le feul poète qui ait excellé
dans cette imitation. Boileau n’accordoit guere que
ce mérite à la Fontaine. Boileau n’avoit pas reçu
de la nature l’organe avec lequel on fent les beautés
fimples 6c touchantes de notre divin fabulïfte. Rouf-
feau dans Tépigramme.a très-bien réuflï à imiter le
ftyle de Marot ; mais dans Pépître familière il a
fait de ce ftyle un jargon bifarre Se pénible très-
éloigné du naturel.
Il eft à fouhaiter qu’on n’abandonne pas ce langage
du bon vieux tems : il perpétue le fou venir
& il peut»ramener l’ufage des anciens tours qui
a voient de la grâce, & des anciens mots qui doux
à l’oreille avoient un fens clair & précis : la Brnyere
en a réclamé quelques-uns, il y en a un bien plus
grand nombre 6c l’on feroit un joli di&ionnaire de
ceux qu’on a eu tort d’abandonner 6c de biffer
vieillir,, tel que félon,félonne , félonnie ; courtoific&
courtois ; loyal, déloyal, loyautéÿftrvage , alléger,
allégeance, difeors, per durable, anime ux ,>tromper effe ,
esmoi, ckarmereffe, oblivieux j brandir, concéder, dévaler
, pâlir ; dolent, douloir, blême ,, blêmir &c.
L’ancienne langue françoife étoir un arbre qu’il
falloir émonder, mais qu’on a mutilé peht-être, 6c
il n’eft perfonne, qui en lifant Montagne , ne reproche
à la délicateffe du goût d’avoir été trop-
loin, d’autant moins excufable dans cet excès de
févérité, qffelle n’a pas été fort éclairée, & qu’en
retranchant des rameaux utiles, elle en a laiffé un
grand nombre d’infruftueux. ( M. Ma r m o n t e l . )
* MARQUE, ( Lingerie. ) On appelle ainfi les
lettres & les chiffres que l’on coût fur le linge , 6c
qui font deftinées à faire connoître aux blanchif-
leufes à qui il appartient. Ces marques ne fe font
qu’au moyen d’un feul point nommé le point croifé.
I f oyes^t article L in g e r e dans ce Supplément. L a feule
réglé fo u r faire ce point régulier eft de compter les
fils ; or , comme la toile eft compofée de fils qui fe
croifent quarrément, on doit compter pour chaque
point deux fils d’un fens 6c autant de l’autre., c’eft-à-
dire,.deux fils de droite à gauche 6c deux de haut en
bas; alors après avoir arrêté le noeud on mene l’aiguille
en diagonale, traverfant les quatre fils du bas
en haut, & on croife la fécondé diagonale par-deffus
la première, ce qui forme une croix de Saint-André
qu’on apelle le point-croîfé. On voit au bas de la pl.
I P , de la lingere, dans ce Suppl, un alphabet complet
pour la. marque du linge, avec les chiffres.
M a r q u e , (Orfév, Monn. ) On entend par marque
fur la monnoie l’image ou l’effigie du prince; c’eft
cette marque qui lui donne cours dans le commerce.
Les directeurs & graveurs des monnoies mettent
fur les monnoies chacun une marque particulière
qu’ils choififl'ent à leur gré. Quand ces officiers font
reçus, ils font obligés de déclarer, par im â â e ’ en
bonne forme , de quelle marque ils prétendent fê
fervir ; il s’ën tient regiftre , 6c ils ne peuvent la
changer fans permiflîoti.
On met* une marque fur les ouvrages d’or & d’ar*
gent, qui fe fait tant avec le poinçon du maître qui
a fabriqué les ouvrages, qu’avec le poinçon de
la communauté, pour faire connoître la bonté du
titre. (+ ) I
§ MARQUÉ , adj. ( terme de Blafon. ) .fe dit des
points qui le trouvent fur diverfes pièces de Pécu;
6c particuliérement de ceux qui paroiffenÊ fur les
dés à jouer.
De Morant de la Relie de Bordes eh Bourgogne ;
de gueules à l'aigle d'argent, accompagnée en-pointé de
deux'dés à jouer de même, marqués de fable, celui à
dextre de quatre points, celui à férié (Ire de cinq points.
Le Peinteür fieur des Rufflets en Normandie;
d'a7ur a l'ancre d'argent, le trabs d'or, accotée dé detioà
des a jouer du J'econd-email, marqué de fable, le premier
de cinq points, l'autre de fix . ( G. D . L. T .)
g MARQUER,(Monn. Orfév.) Marquerlathonnoie,
c’eft y mettre la marque oü empreinte du prince,
foit fon effigie ou telle autre marque qui lui donne
cours dans le commerce. Manquer la vaiffelle oit
autres ouvrages d’or 6c d’argent, c’eft y mettre le
poinçon du maître qui les a travaillés, avec le poinçon
qui indique le titrer
On marque attfli les èfpeces fur la tranche, & l’on
a inventé pour cette opération une machine aufli
fimple qu’ingénieufe , qui confifte en deux liâmes
d’acier faites en forme de réglés épaiffes environ
d’une ligne , fur lefquelles font gravées ou les .légendes,
ou les ccjrdonnets, moitié fur l ’une & moitié
fur l’autre. Une de ces lames eft immobile 6C
fortement attachée avec des vis fut une plaque de
cuivre, qui l’eft elle-même à- ünè table ou établi de
bois fort épais : l’aUtre lame eft mobile, & coule fur
la plaque de cuivre par le moyen d’une manivelle 6c
d’une roue , ou de pignon de fer dont les dents s’engrainent
dans d’autres efpeces de dents qui font fur
la fuperficie de la lame coulante.
Le flaon placé horizontalement entre ces deux
lames, eft entraîné par le mouvement de celle qui’
eft mobile, enforte que lorfqu’il a fait un demi-tourj
il fe trouve entièrement marqué. Cette machine eft
fi facile , qu’un feul homme peut marquer vingt
mille fiaons errun |our. L’invention de marquer fur
la tranche-vient d’Angleterre. (-{-)
* § MAROQUIN , MAROQUINIER. {A n s
wécA.)Quoique lé texte du D i cl. raif. des Sciences, 6ca
n’annnonce-aucune figure pour l’art du maroquinier,
cependant le tome VI I I des planches en contient c inq.
où les uftenliles 6c les opérations de cet art font
exactement détaillées. Il faut les confulter en lifant
le texte. Cet art a été décrit par M. de la Lande
dans la collection des arts & des métiers publiée par
l’académie royale des fciences de Paris.
Ma RSTRAND, ( Géogr.) petite mais ancienne
ville d’étape du royaume de Suede, dans la Gothie
occidentale , au fief de Bahus, fur la mer du Nord*
Elle eft pourvue d’un excellent port, où l’on entre
par le feptentrion 6c par le midi, & où l’on eft protégé
par- l’importante fortereffe de Karlftein. Cette
ville eft dans les dietes*la vingt-unieme de fon
ordre. (D . G .)
MARTELLEMENT, f. m. {Mufîq.) forte'd’agrément
du chant François. Lorfque defeendant diatoniquement
d’une note fur une autre par un trill, on
appuie avec force le fon de la première note flir la
fécondé , tombant enfuite fur cette feConde note par
un feul çoup de gofier; on appelle cela faire un
ïnamllement. Voyez fig. 4 ,p l. VU. de Mufiq. dans
le Dicl. raif des Sç. ($) '
L o u lie dans fe s ELémens de Mufique, a p p e lle mar-
tellement un au tre a g r ém en t , ,6c il e n d iftin gu e
t ro is fo r tes -: le fim p le q u ’i l m a rqu e V ,\ t d o u b le
q u ’i l ma rqu e W , enfin le t r ip lé q u ’i l m a rqu e W F .
V o y e z les effets d e ceS t ro is d iffé ren s martellemens,
fig. 7 , pl. X I I . de Mufiq. Suppl.
On appelle aufli martèlement un balancement continuel
du doigt fur la corde d’un violon, fans ôter le
doigt de deffus cette corde, ce qui produit un effet
affezfemblable au tremblant de l’orgue. Pour les inf-
trumensà vent,, on balance le doigt fur le trou qui
forme le ton , mais fans jamais le fermer ; au réfte le
martellement n’eft bon que fur des ténues. ( F. D. C. )
MARTINIERE ( la ) Géogr. Hiß. Litt. Nous
avons trop d’obligâtion au favànt géographe Bru-
zen de la Martinierc, pour ne pas dire un mot d’un
village dont il a rendu le nom célébré.
La Martiniere eft un hameau de la paroiffe de S.
'Arnoui fur Caudebec en haute-Normandie, du bailliage
de Caux & vicomté de Caudebec, érigé en fief
relevant du roi :1a Roquette fur la même paroiffe
fut érigée en huitième de fief de Haubert, relevant
du comté de Maulevrier ; l’un & l ’autre par lettres-
patentes de février 1613 , eh faveur de Louis de la
Martiniere, maître des comptes à Rouen , un des
ancêtres de notre illuftre géographe, né à Dieppe,
mort à la Haie en 1746, âgéée 8 3 ans. On a publié à
Paris en 1768 la quatrième édition de fon grand
JD ici. Géogr. en '6 vol. in-fol. (C.)
MASCROKITHA, ( Mufiq. infir. des Héb.) Dom
Calmet & Bartolocçius prennent ce mot pour le nom
flûte en général. Kircher en fait une efpece d’orgue,
& ajoute que ce pourroit bien être la fyringe ou
flûte de Pan ; mais comme, contre fon ordinaire, il
ne cite aucune autorité en fa faveur, nous ne mettrons
ici ni fa defeription, ni fa figure. (F.D.C.)
MÀSOLACUM , MANSOLACUM , { Géogr.
Hîfi. du moyen âge. ) ancienne maifon royale de la
première race de nos rois , dans le Senonois. Don
Michel Germain avoue dans le Catalogue des palais
de nos rois, qu’il n’a pu découvrir quel eft ce lieu.
Don Ruinart ; én publiant Frédégaire, déclare 'qu’il
ne le connôît pas davantage : l’auteur de IVe livre de
la Diplomatique , dit ignotus mihi Manfolati fitus:
, Cette terre diftinguée par un palais royal, mérite
bien qu’on la tire de l’obfcurité, c'èux d’entre les
curieux dui aiment à fuivre dans l’hiftoire la marche
des princes , ne peuvent regarder comme indifférens
dans la géographie les lieux où ils fe retiroient quelquefois
, foit, pour y chaffer, fôit pour y tenir leurs
états ou parlement, ou y faire quelque a&ion éclatante.
Maffblacum eft dans ce cas. Ce fut là que Clotaire
II. fit comparoître l’an 613 devant Jui le pa-
trice Alethée, lequel n’ayant pu fe purger des crimes
dont il étoit accufé, fut condamné à périr par
le glaive.
Dagobert I. étant mort, ce fut aufli à Maffolac
que les feigneurs de Neuftria & de Bourgogne en
637, s’affemblerent pour proclamer roi fon fils Clovis.
Ces faits forit atteftés par Frédégaire, auteur
du tems, & depuis par Aimoin. Mais où étoit fitué
le Maffolac ? Le favant M . le Beuf qui a vu les lieux,
croit que c’eft Maflayà une lieue de Sens, fur les
limites de la Bourgogne de la Neuftrie. Æ min on,
archevêque de Sens, fe fervant de la rencontre d’un
grand nombre d’évêques affemblés en ce lieu en 657,
leur fit ligner un privilège concernant l'abbaye de
faint Pierre-le-vif, il eft daté Manfolaco ante domi-
nicâ. piotaire III. y étoit la troifieme année de fon regne.
Il y vint encore la huitième, & c’eft de-là que
fut daté un diplôme de confirmation delà, terre de
Larrey à l’abbaye de S. Benigne de Dijon , qu’on
Tome III,
MA S m
trouve' dans Perard à l’an 627, mais qui dôit être à
1 an 660, comme D. Mahillon l’a fait remarquer :
datum Majolago in palatio nofiro.
Si depuis ce tems on ne trouve plus aucune mention
du palais de Maflay, c’eft qu’il fut peut-être détruit
par les guerres des Sarrafins au fieçle fuiyant;
mais le nom de fa première deftination eft toujours
reftéa.u village où il étoit fitué; puifque des deux
Maflay qui font contigus, il y en a un qui eft appelle
Mafley-le-Roi. Ces deux endroits font à l'orient
de Sens fur la Vanne, & peu éloignés de la
forêt d’Othe qui étoit alors très-vafte. Dans un Martyrologe
de la cathédrale de Sens , on voit en 95 c
une Hermengarde, dame de Maflay, de Mafliaco:
le grand Maflay eft nommé dans un hiftorien de Sens,
contemporain du roi Robert, villa cui nomen Mas- ’
liacus major. Le moine Clarius rapporte que Henri L
voulant obliger les Senonois de recevoir Gelduin
qu’il leur avoit donné pour évêque, vint en 1032
afliéger Sens, 6c fit camper fon armée au grand Mas-
lay , in villa quez Mafiliacus major dïcitur cafira pofuitJ.
Ces témoignages prouvent qu’au x 6c x i c üecle, on
difoit Mafliacus, qui étoit une expreifion moins
éloi gnée de Mafolacus; mais dans les fiecles fuivans ,
on commença à altérer ce mot de, plus en plus. Un.
titre d u xu ie fiecle fait mention du mairède Maflay-
le-Vicomte, 6c de l’églife de Maflay-le-Roi': majori
de Mafieio vice-cqmitis, & ecclefice de Mafleio regis«
Au x i v fiecle', on écrivoit Maalay, comme de
Braiàçum on a fait Bra y , de Loriacum, Loray, &
Seignelai de Seligniacum.
. La châtellenie .-de Mâlay - Ie-Roi fut échangée
par Philippe-le-Bel, avec Marie, comteffe de San-
cerre, 6c l’échange ratifié par Philippede-Long en
1318 , en faveur de Thibaud 6c Louis de Sancerre r
cette châtellenie eft compofée de fept villages, 6c
„releve des comtes de Joigny, depuis que Philippe
V. céda cette mouvance à Jean, comte de Joigny„
en 13 17 , pour avoir celle de Château-Raynard qui
étoit à ce comte. Je ne fais, dit M. le Reuf, fi ce
que Nicole Gilles, Belieferet 6c Chappuis , prennent
pour un retranchement fait à Maflay par les
Anglpis au x i v e fiecle , ne feroit pas un veftige de
l’enceinte du château de nos rois de la première race
. ou du terrein qui fut occupé par les troupes du roi
Henri I. lorfqu’elles campèrent à Mâlay. Mâlay-le-
Vicomte a été de la commune de Sens jufqu’à Louis-
le-Gros ; c’eft aujourd’hui une prévôté royale. Foy*
1 .1, Differt. de M. le Beuf. {C .)
MASSACRE , f. m. ( terme de Blafon. ) ramure
d’un cerf avec une partie du crâne décharnée.
La plupart des auteurs nomment mafiacre, un ren-i
contre de cerf, ce qu’il ne faut pas confondre.
De Mefchatain de la F a y e , en Bourbonnois ;
d'azur au maffacre d'or, au chef dJargent.
De Villemor de Crané, de la Denilîere, proche
Troyesen Champagne \ d'azur au maffacre d'or, accompagné
en chef d'une molette d'éperon de même~
{ G. D. L. T. )
MASSE , f. f. virga, te, { terme de Blafon. ) figure
d’un bâton orné en haut ; garni d’or ou d’argent
qu’on porte devant le roi en quelques cérémonies
6c devant le chancelier.
On porte aufli des maffes devant le refteur de l’u-i
niverfité de Paris, quand il va avec les quatre facul-'
tés aux procefîions 6c autres cérémonies.
De Nay de Richecoürt , en Lorraine ; d'azur i.
deux maffes cl argent, emmanchées d'or , paffées en fau-
toir. ( G. D. L. T.)
MASSINISSA , {Hifi. qnc.) fils de G*ela, roi des
Maffiliens , parvint au trône qu’avoit ufurpé le meurtrier
de prefque toute fa famille. Les Numides fe
rangèrent en foule fous fes drapeaux, & il remporta