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royaume de cette quantité. Les agronomes comptent
les lieues de 25 au degré moyen de latitude, ou
de 2283 toifes chacune ; les navigateurs comptent
par lieues marines de 20 au dégré , c’eft-à-dire
d’environ 285,0 toifes. Voye£ le Traité des mefures
itinéraires de M. Danville. ( M. d e l a L a n d e . )
LIEU-DIEU, locus D e i, ( Géogr. eccléf. ) abbaye
de l’ordre de Cîteàux , fille de Pontigny, près de
Vergy en Bourgogne, entre Nuys & Beaune, fondée
au xm . fiecle par Alix de Vergy, mere du duc
Hugues IV. La première abbelfe fat Marguerite,
fille de Jean , feigneur de Fontaines-Iez-Dijon; Alix
de Blaify , la cinquième en 1332; Iolande de Fro-
lois, la feptieme en 1350 ; Marguerite de Villers-
la-Faye , la neuvième en 1391.
Elle a été transférée à Beaune en 1626, fous Louife
d’Aucins; Marie Suyreau, religieufe de Port-Royal
qui avoir établi la réforme à Argenteuil, l’établit
auffi au Lieu-Dieu ; Marie Lietard , an fil éleve de
Port-Royal, lui fuccéda en 1641. (C.)
LIEVRE, f. m . lepus, i , ( terme de Blafon. ) anim
a l r e p r é fen té d e p ro fil & c o u r a n t . Il e ft q u e lq u e fo
is a r r ê té 6c p a ro ît aflis fur fes jam b e s , a lo r s o n le
d it en-forme. Voye{ EN-FORME.
Le lièvre eft le fymbo.le de la timidité 6c de la
fécondité.
D ’Hebrail de Canaft en Lauraguais, proche Ca-
ftelnaudary ; d’aqur à deux lievres courans d'or.
( G. D . L. T. )
§ LIGAMENT , ( Anatomie. ) II y a des ligamens
de plulieurs claffes. Les capfules articulaires font originairement
le périofte même, qui dans le foetus
paffe vifiblement d’un os à l’autre en enfermant l’articulation.
Dans l’adulte, la capfule eft renforcée
par des fibres tenaces d’une grande force, de de différentes
direûions , qui s’attachent à là furface extérieure
, elles naiffent fouvent des tendons.
Les ligamens qui attachent un os à .l’autre font à-
peu-près de la même folidité, 6c formés par des
fibres Ittifantes d’une grande force. Ce luifant ne paroît
pas encore dans le foetus, les ligamens y different
peu des membranes. Les ligamens renfermés dans les
articulations font de la même claffe.
C ’eft de ces deux claffes de ligamens, qu’on a cru
que4eur fentiment étoit très-vit, & la douleur qui
fuit leur bleffure fort violente. C’eft une opinion
affez nouvelle. Galien les a regardés comme abfolu-
ment infenfibles. Aretée a eu lui-même occafion de
fe confirmer dans cette idée par l’expérience , quoi-;
qu’il les crut fenfibles en d’autres occafions. Parmi
les modernes, l’opinion générale les a fait fenfibles,
c’eft elle qu’on a fuivi dans le Dictionnaire raifonné
des Sciences , &c.
Cependant, entré les modernes même, Herman
Van-der Heyde, auteur original, quoiqu’un peu paradoxe,
a foutenu l’ancien fentiment de Galien. M.
de Haller a vérifié par plufieurs expériences, qu’en
effet dans l’animal vivant le fer 6c. le feu*appliqués
aux capfules 6c aux ligamens, n’excitent aucune fen- '
fation, au lieu qu’il fent très-bien les bleffures de la
peau. D ’autres auteurs très-eftimables ont confirmé
cette infenfibilité, tel que M. Hunter, qui eft certainement
un des premiers anatomiftesde notre fiecle,
M. Brocklesby 6c Bordenave, 6c c’eft affez généralement
l’idée des chirurgiens modernes.
Si donc quelquefois on a cru voir dans des malades
, ou même dans des bleflés , que les plaies des
capfules & des ligamens ont été fenfibles, fi même
dans des animaux vivans l’huile de vitriol verfée fur
les capfules des articulations, ont paru caufer de la
douleur, c’eft apparemment à des nerfs, qui paffent
par-deffus les capfules , qu’il faut attribuer ces phénomènes.
Il en pafle très-fouYent fur ces membra-
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nés, fans s’y diftribuer, mais les douleurs que cau-
fe leur léfion peuvent également être regardées ,
par le chirurgien , & même par le malade, comme
un fentiment des capfules, l’ame ne diftinguant pas
avec la plus grande exa&itude le fiege des douleurs
qu’elle reffent.
Une autre efpece de ligament embraffe comme
des braffelets des tendons dans leur paffage autour
des articulations des os , 6c fur-tout quand ces tendons
changent de dire&ion. Leur nature eft la même,
quand on les a préparés à la maniéré ordinaire des
anatomiftes, ils font alors durs, luifans 6c fermes.
Mais dans la nature même ils ne font qu’une partie
des grandes expanfions aponévrotiques, qui enveloppent
par-tout les mufcles ùn peu longs des
extrémités. Ces expanfions font minces , 6c faites
par des fibres luifantes peu ferrées. Ce n’eft que
dans le paffage des tendons par des rainures imprimées
dans les o s , qu’ils acquièrent la folidité des
ligamens ordinaires.
D ’autres ligamens font membraneux & prefque
toujours des portions de quelque grande membrane,
dont une cavité eft tapiffée. Tels font les ligamens
larges de la matrice, les ligamens du foie, de la vef-
fie, du reftum , de la ratte, du poumon.
Il y a d’autres ligamens pleinement 6c Amplement
tendineux , comme celui qui attache le digaftrique
à l’os hyoïde, le ligament de l’oreille, les ligamens
ronds de la matrice , le ligament coronaire du foie.
( H. D. G. )
LIGAMENTEUX , adj. ( A/tat.) c e q u i a p p a r t
ie n t o u c e q u i a r a p p o r t au ligament. Voye[ L i g a m
e n t . ( Anat. ) Encycl. & Suppl.
LIGNE, ( Art militaire. ) On diftingue deux fortes
de lignes : celles de circonvallation que l’on fait
autour d’une place pour en couvrir le fiege. ( Voye£
Diction, raifonné des Sciences, &c. les articles L i g n e ,
C i r c o n v a l l a t i o n , C o n t r e v a l l a t i o n ; & dans
ce Supplément, l’article C a MP - RETRANCHÉ ) , 6c
celles qui font faites pour couvrir un pays: c’eft de
ces dernieres dont il va être queftion.
Les lignes font du reffort de la guerre défenfive.
Les premières dont on ait eu connoiffance, font celles
qui couvroient le pays, depuis l’Efcaut jufqu’à
la mer en 1691 ; mais ce n’a été que dans la guerre
de 1701 que l’on a fait principalement ufage des
lignes.
Ces longs & ruineux retranchetnens, quoique
réprouvés par les plus grands généraux , 6c par les
auteurs militaires les plus célébrés, ayant encore un
grand nombre de partifans , nous examinerons dans
cet article leurs avantages, 6c leurs inconvéhiens,
6c nous finirons par un refultat des uns 6c des autres,
afin de mettre les gens du métier en état de fuivre
l’opinion qui leur paroîtra la mieux fondée.
i° . Les lignes, difent ceux qui les aiment, font
bonnes lorfqu’on veut couvrir un grand pays 6c le
garantir des contributions,
20. Elles donnent le moyen d’envoyer des partis
dans le pays ennemi 6c d’y lever des contributions.
30. Elles facilitent la communication fans ef-
corte d’une place à une autre.
40. Elles affurent les quartiers d’une armée.
50. Elles font très favorables pour faire une guerre
défenfive.
Voilà les principales raifons qu’on a eues pour
mettre les lignes en ufage; nous allons voir celles
qu’on peut y oppofer.
i°. Les lignes ne peuvent empêcher un pays de
contribuer, parce que, comme l’obfejve le marquis
de Feuquieres , il ne faut pour établir des contributions
, qu’avoir trouvé une feule fois le moyen de
les forcer pendant tout le cours d’une guerre pour
que
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que les contributions aient lieu ; attendu que,» quand
même les troupes qui ont pénétré dans lé’.ipays
auroient été preffées de fe.re tirer , les contractions
ayant été demandées, on eft obligé en traitant de
la paix , pour peu qu’elle fe faffe avec égalité , de
tenir compte des fommes impofées , quoiqu’elles
n’aient pas été levées, lefquelles fommes pour l’ordinaire
entrent en compenfation avec celles qui,
lors du traité, fe trouvent dues par le pays ennemi.
20. Ce ne font point les partis qui fortent des
lignes^ qui établiffent les contributions dans, le pays
ennemi ; ce font d’ordinaire ceux qui fortent des
places. Ainfi l’utilité des lignes à cet égard- doit être
de nulle confidératiôn.
• _ 30. La facilité.que donnent les lignes pour communiquer
fans efeorte d’une place à une autre eft -
félon M. de -Feuquieres, affez plaufible pour le
détail de ceux qui veulent aller feuls ; mais dans
le fonds, fi c’eft pour la sûreté des convois , cette
facilité n’eft,qu’apparente. « Au refte,dit cètauteur
»> célébré, fi le prince réfléchiffoit fur la quantité
» de troupes que ces lignes occupent pour leur garde,
» je fuis très-perfuadé qu’il trouverait ces troupes
» plus utilement employées à la garde des places, .
»aux efeortes des convois, & dans les arméesv
» qu’à la garde des lignes ; 6c que s’il fe faifoit infor-
» mer de ce que ces Lignes ont coûté à fon pays pour
» leur conffni&ion&c leur entretien, il-trouverait
» que ces. fommes extraordinaires excéderaient cel-
» les des contributions que le pays aurojt payées
» .volontairement ».
4°; Les lignes n’affurent point les quartiers d’une
armée, qui les aura pris derrière elles, parce qu’elles
ne font pas moins que dans tout autre cas expofées à
être franchies par l’ennemi, qui fe feràfraffemblé
en dérobant fes mouveraens, & qu’alors ces quartiers
né feront pas moins percés & enlevés, fur-tout
s’ils n’ont pas le tems de fe réunir.
50. L’ufage qu’on prétend faire des lignes dans
une guerre défenfive, eft’on ne peut pas' plus mauvais.
L’expérience a luffifamment fait connoître la
fauffeté de ce fyftême, dont on doit être convaincu
par plufteurs.raifons inconteftables. i°. Les lignes em-
braffent ordinairement plus de terrein qu’on n’a de
troupes pour les garder. 20. L’incertitude du lieu de
l’attaqué qui oblige à tenir tous les poftes garnis, les
affoiblit tous ; & les troupes éparpillées fur un front
extrêmement étendu, ne peuvent plus s’entre-fecou-
rir lorfqu’elles font attaquées. 3-?. Si elles font affez
courtes 6c affez bien garnies de troupes pour être
foutenues, l’ennemi donne tant d’attention de côté
& d’autre, qu’il parvient à les'faire dégarnir. Si
l ’on-y^refte, il exécute le projet dont il a fait la dé-
monftration, &c qui n’étpit d’abord que pour donner
le change. 40. Le foldat eft moins brave derrière un
retranchement qu’en rafe campagne , & principalement
le foldat François qui raifonné beaucoup. 50. Il
fuffit que les lignes foient forcées dans un endroit
pour être emportées. « Que dix hommes , dit le ma-
» réchal de Saxe , mettent le pied fur un retran-
» chement, tout fuira; c’eft le coeur humain ».
6°. L’ennemi libre dans fes môuvemens peut former
différentes attaques , 6c les former dans les endroits'
& de la maniéré qu’il lui plaît, avec cette confiance
& cette certitude de réüflïr qu’on doit avoir quand
on attaque des retranchemens d’une auflî grande
étendùe. Repouffé, il peut recommencer l’attaque
autant de fois qu’il juge à propos, &c c’eft un de fes
plus grands avantages;au lieu que ce font prefque toujours
les mêmes troupes qui défendent les différens,
poftes des lignes. Les ennemis, dit un auteur anony-
mes, par des attaques fucCefliyes 6c multipliées,
fe renouvellent fans çeffe; c’eft une hydre qui reproduit
des nouvelles têtes à chaque inftant. A la fin le
Tome 111.
ioiaar retranche lent les forces epuifees ; il ne peut'
plus combattre ; il ne voit plus que le danger, &
il fuit pour l’éviter. 70- Enfin on ne peut pas efpérer
de vaincre entièrement en combattant à couvert des
lignes, parce qu’il n’eft pas poffible de fuivre Benne-
î” 1 î f r .retra*te » qui a toujours le tems de faire
les dilpofitions qui doivent l’affurer. *
Ce font la plupart de ces raifons qui ont fait dire
que, quelle que foit la bravoure des troupes, la vigilance
U 1 habileté du général des lignes attaquées 'font
des lignes forcées : & cette vérité eft appuyée d’un
allez grand nombre d’exemples qui lui donnent un
nouveau poids.
En 1703 rie s lignes qui couvroient le pays de
Vaes oii commandoit le cômte de la Motte, furent
forcées par le baron de Spaart.
En 1705, lé maréchal de Villars força celles de
w eiffembourg.
^ ans 1s meme campagne, celles qu’on avoit con-
ftruites depuis la Mehgjgne jufqu’au Demer,quoique
gardées par toute l’armée du roi, fous les^rdres du
maréchal de Villeroy, furent forcées par le duc de
Malboroug..
Celles de Stolhoffen, à la conftrufrion defquelles
le prince de Bade avoit employé un tems confidé-
rableêcqu’on regardoitcomme imprenables, furent
forcées en 1707 parle maréchal de Villars en très-
peu de tems & fans perdre un feul homme.
Celles'd’Etlingen, en 1 7 3 4 ,quiavoient été faites
avec autant de foin que celles.de Stolhoffen ,
n’arreterent pas l’armée du* maréchal de Berwick,
qui alloit inveftir Philisbourg.
En 1774, celles de ’Weiffembourg furent forcées
par l’armée Françoife fous les ordres du maréchal de
Coigny -, en moins de deux heures.
Si l’on a vu des /igneyqui n’aient pas été forcées
telles que celles de la Lys à Ypres, celles de la
Hayne a la Sambre, 6c plufieurs autres qu’il eft inutile
de citer, c’eft parce qu’elles n’ont pas été attaquées
; ou parce que les généraux chargés de les
defendre, ayant connu tous leurs inconvéniens, ont
pris le parti de fe difpofer comme s’il n’y en eût
point eu. On voit qu’en 1691, le marquis de Villars
foutint les lignes de Courtrai, en poftant & réunif-
fant fes troupes en avant & vers le centre de ces
lignes , fans que l’ennemi osât les paffer par les flancs,
de crainte qu’il ne tombât fur eux par derrière.
S’il y a eu des lignes attaquées 6c qui n’ayent. pas
été torcees, ç’aétépar quelque caufe ou quelqu’éve-
nement imprévu, comme il arriva à l’attaque de celles
de Stolhoffen en 1703 » le corps du marquis de
Blainville, qui de voit attaquer la gauche,s’égara dans
les montagnes , 6c ne puf féconder l’attaque du maréchal
de Villars qui fe faifoit vers le cëntre.
Il r é fu lte d-e to u t Ce q u ’on a d it dans c e t a r t ic le ,
i ° . q u e les lignes fo n t in u tile s p o u r c o u v r i r un p a y s
& le g a ran t ir des co n tr ib u t io n s q u e c e q u ’o n p eu t '
fa ire de m ie u x en p a r e il c a s , e ft d’a v o i r des poin ts
d ’a p p u i q u i fo ien t ret ran ché s 6c fu ffifammen t garnis
d e t ro u p e s , a v e c d e s p a t ro u ille s le lo n g des p o fte s
q u i fe fu c c ed e n t les unes a u x au t res 6c q u i fe c r o i -
fen t c o n t in u e llem en t , afin q u ’on fo i t a v e r t i de l ’in-
ftan t o u 1 ennemi aura p a f le , 6c q u ’o n pu iffe fe m e tt
re en d e v o i r d e le c o u p e r , & de le fa ire rep en t ir d e
fo n en trep rife .
20. Que fans lignes on peut envoyer des partis
dans le pays ennemi pour y établir des contributions
, en lès faifant fortir des places ou de l ’armée
félon que l’on le jugera à propos, ou que les circon-
ftances le permettront.
30. Qu’il n’eft pas néceffaire d’avoir des lignes
pour pouvoir communiquer d’une place à une autre;
qu’il fuffit de donner des efeortes. aux convois pour
affurer leur marche.
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