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■ qu’il étoît né en Paphlagonie. Il ne dut Ion élé^a- i
tion qu’à fes crimes & à fa beauté ; il avoit entretenu
un commerce adultéré avec l’impératrice Zoé-,
•femme de -Romain Argire, qu’il fit étouffer dans le !
bain. Zoé délivrée d’un mari qui la dédaignoit, re- ‘
vêtit fon amant desornemens impériaux. Le patriar- 1
<che Alexis féduit par fes préfens & par les offrandes
dont elle enrichit fon ^glife, leur donna la bénédiction
nuptiale. Micheln’avoit d’autre mérite qu’une
taille avantageufe, & une figure gracieufe & intéref-
fante ; mais il étoit fujet à de fréquentes attaques ;
d’épilepfie, qui du plus bel homme de fon fîecle en
faifoient le plus dégoûtant ; Zoé q u i, fur la foi de
fes promeffes, s’étoit flattée de jouir de toute l’autorité
, s’apperçut bientôt qu’elle s’é'toit d'onné un
maître. Michel, fans talent pour la guerre & fans
capacité pour les affaires, confia le foin du gouvernement
à l’eunuque Jean, fon frere , qui, dans uh
■ corps inutile, renfermoittous les refforts de la politique.
Les grands murmurèrent contre Z o é , qui leur
«voit donné un maître fans mérite & fans naiffance.
Les murmurateurs, trop foibles pour ofer être rébelles,
furent punis >165 uns par la prifon & les autres
par l’exil. Leurs biens furent confifqués pour les
priver delà puiffance de nuire. Les Barbares, pleins
de mépris pour un prince qui ne favoit ni combattre,
ni gouverner, portèrent la défolation dans toutes
les provinces de l’empire. Michel, pour détruire
l’idée qu’on avoit de fon incapacité pour la guerre,
fe mit à la tête de fes armées, oit, fécondé de généraux
plus habiles que lu i, il eut quelques fuccès mêlés
de revers ; il porta enfuite la guerre dans l’Egypte
dont il força le roi de lever le fiege d’Edeffe. Ce
prince déchiré de remords d’avoir fait périr fon roi,
fe perfuada que fon épilepfie étoit le châtiment dé
fon crime. H crut l’expier par fes aumônes & par les
prières des moines & des prêtres qu’il enrichit de
fes dons, pour acheter le ciel ; fes remords le rendirent
infenfible aux attraits des grandeurs. Pour fur-
croît de malheur, il apprit que fon médecin avoit
été corrompu pour l’empoifonner. Alors il fe dégoûta
du pouvoir fouverain qui l’expofoit à vivre
au milieu de fes ennemis. Il prit l’habit monaftique,
& mourut après avoir créé céfar un de fes neveux.
Mic h e l V fut furnommé Caluphate, parce que
Etienne , fon pere , avoit été calfateur de navires.
Son onele, avant de mourir, l’avoit créé céfar pour
lui affurer l’empire. Zoé, par complaifance pour
fon mari, l’avoit adopté pour fon fils. Son cara&ere
fouple & délié ploya fous les volontés de l’impératrice
, qui fut charmée d’avoir un collègue qui fe
bornant à la fimple décoration , lui abandonnoit
toute l’autorité. Cette princeffe, malgré fa politique
clairvoyante, s’en laiffa impofer par cet extérieur
fournis. Dès qu’elle eut affermi le pouvoir de Michel,
elle éprouva fon ingratitude. Auffi ambitieux qu’elle,
mais plus habile à voiler fes deffeins, il lui fuppofa
des crimes , & fur le prétexte fpécieux qu’elle avoit
voulu l’empoifonner , elle fut exilée & contrainte
d’embraffer la vie monaftique. Le patriarche de Con-
jftantinople , qui n’avoit d’autre crime que fon attachement
pour elle , fut chaffé de fon fiege & condamné
à l’exil avec toute fa famille. Le peuple indigné
de cette ingratitude, fe fouleva. Michel publia un
manifefte, où il expofoit les motifs de fa conduite.
Cette apologie ne fut point écoutée : pendant que
le préfet du prétoire en faifoit la leélure, il s’éleva
plufieurs voix qui crièrent: « Nous ne voulons point
» de Michel pour empereur ; nous fommes difpofés
» à n’obéir qu’à Zoé, mere de la patrie : c’eft à elle
» feule que le trône appartient ». Théodora, foeur
de Zoé & compagne de fon exil, fut proclamée impératrice
avec elle , mais elle n’eut que lè fécond
rang. Michel marcha contre les rébelles , dont trois
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mille furent paffés au fil de l'épée : ce carnage ttë
fervit qu’à allumer la fureur du peupleI qui l’obligea
de chercher un afyle dans le monaftere de Stude.
Les deux nouvelles fouveraines rentrèrent dans
Confiantinople aux acclamations d’un peuple nombreux.
Z o é , naturellement éloquente ; fe rendit
dans la place publique où elle harangua le peuple
pour le remercier de cé qu’il avoit fait pour elle.
Elle ajouta que ne voulant rien faire que de concert
avec fes fujets, elle les, laiffoit les arbitres de la
deftinee de Michel. Auffi-tôton entend par-tôutcrier
qu’on lui crevé les y e u x , qu’on le pende * qu’il expire
fur la croix. Les plus furieux vont l’arracher de
fon monaftere, il efl traîné dans la place publique'j
& après qu’on.Iui a crevé les yeux , il efl condamné
à l’exil.. . „ . .. ; j
M i c h e l V I , proclamé empereur de Conftanti-
nople en 1056, fut dépofé: l’année fuivantè. Sans
talent pour gouverner, ce fut fon incapacité qui
prépara fon élévation. Les miniftres ambitieux dé
perpétuer leur pouvoir, le propoferent à Théodore,
en lui faifant croire què Michel étant né pour la
guêtre , feroit plus jaloux de paroître à la tête d’une
armée que de fe charger du fardeau d’une adminiftrà-
uon. A peine fut-il placé fur le trône, que Théo-
dofe, coufin-germain de Conflantin Mono ma que,
forma une conjuration pour l’en faire defeendrei
Ses^ complots furent découverts, il fut arrêté &
relegue à Pergame. Michel, gouverné par d’avares
miniftres , fupprima les gratifications que les empo-
coutume de faire aux troupes le jour
de Paque. Catacalon , Ifaac Comnene & Briene ,
qui etoient les principaux de l’empire, lui firent des
remontrances ameres fur ce retranchement, ils en
reçurent une reponfe qui choqua leur fierté. Ces trois
généraux quiavoient une injure commune à venger,
cqnvoquentleursamis dans la grande églife. Les généraux
offrent l’empire à Catacalon qui,refufant de
1 accepter à caufe de fon grand âge , leur confeilla
d elire Ifaac Comnene , à qui tous les conjurés donnèrent
leur fuffrage. Ils fe retirèrent en Afie, où l’armée
qu’ils avoient fous leurs ordres proclama Ifaac
empereur dans la ville de Nicomédie. MichelMrmt
de cette révolte, leur envoya des députés qui pro-
poferent d’affocier Ifaac à l’empire. Cette offre fut
acceptée par les rébelles qui, par Cette feinte modération
, voilèrent mieux leur véritable defléin, Ifaac
marche à Confiantinople pour s’y faire reconnoître :
les patrices & les fénateurs confirment fon élection
dans l’églife de fainte Sophie ; dès qu’il eut connu la
difpofition favorable des efprits, il fit dire à Michel-,
par 1 organe du patriarche, qu’il n’étoit plus que fon
fujet, & qu en cette qualité il devoit fe dépouiller
de la pourpre, & fortir du palais. Michel plus jaloux
de fon repos que des grandeurs, defeendit du trône
avecplus.de joie qu’il n’y étoit monté. Il fe retira
dans fa maifon pour y goûter les douceurs de la vie
privée ; il y mourut peu de tems après. .11 fut fur-
nomme Stratiotique, parce qu’élevé fous la tente ,
il n’eut de pafiîon que pour les armes. Il s’étoit
acquis, pendant fa jeuneffe, la réputation d’un grand
homme de guerre. Mais ce n’eft point avec l’épée
. qu’on gouverne un empire.
. M i c h e l VII , furnommé Parapinace , étoit de
l’illuftre maifon des Ducas. Il fut le fécond de fa
famille qui monta fur le trône de Confiantinople
pour fuccéderà Conflantin fon parent. Eudocie fa
mere, en qualité de tutrice de fes trois fils défignés
empereurs, gouverna fous leur nom pendant leur
minorité. Son mari par fonteflament l’avoit défignée
pour régner conjointement avec eux , à condition
qu’elle ne contraéleroit point un fécond mariage.
Cette princeffe trop ambitieufe pour partagerle pouvoir
, fut bientôt infidelle à fon engagement. Ses fils
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furent exclus du gouvernement, & elle époufa Romain
Diogène qu’elle fit proclamer empereur. Le
peuple fut indigné d’avoir un pareil maître. Les trois
princes intérefferent tous les coeurs. La fédition
avoit déjà étendu fes ravages, lorfqu’elle fut arrêtée
par les fils d’Eudocie, qui facrifierent leurs intérêts
à la tranquillité publique. Mais quelque tems après
ilsadopterent un autre fyftême. Afic/ze/profi.tantd’un
revers effuyé par Romain Diogene, fe fit reconnoître
émpèreur, & condamna fa mere à l’exil. L’ufur-
pateur après avoir fait une guerre incertaine pendant
un an , fut vaincu & fait prifonnier. On lui
creva les yeux , & il fut confiné dans un monaftere.
Michel éloigna fes frères du gouvernement où ils
avoient été appelléS comme lui par le teftament de
leur pere. Ce prince fàris talens & fans courage, vit
d’un oeil indifférent les Turcs ravager les provinces
d’Afie. Un Normand nommé Ourfel, de la maifon
de Bailleul, qui a donné des rois à l’E coffe, & dont
quelques rejetons fubfiftent encore en Normandie,
fe mit à la tête d’une troupe mercénaire d’Italiens ,
& fortifié de l’alliance des Turcs, il fe rendit maître
de la Bithinie & de la Lycaonie. Jean Ducas, oncle
de Michel, entreprit de l’en chaffer, mais il fut vaincu
& fait prifonnier. Ce héros aventurier auroit étendit
plus loin fes conquêtes , fi les Turcs jaloux de fes
profpérités ne l’euffent livré à fes ennemis. Il fut conduit
chargé de chaînes à Confiantinople. On lui
déchirale corps à coups de nerfs de boeuf, & il fur en-
fuite jetté dans la plus affreufe prifon. Michel, délivré
d’un ennemi fi redoutable, s’abandonna aux confeils
de fes avares miniftres qui le firent détefter par fes
exa&ions. Un cri général s’éleva contre la dureté
de fon gouvernement. Il crut en impôfer aux mé-
contens, en fe donnant un collègue. Son choix tomba
fur, Nicephore de Brune , qui étoit véritablement
digne de commander. Les ennemis de fa gloire le
repréfenterent comme un ambitieux qui mécontent
de n’occuper que le fécond rang, fe réndroit bientôt
criminel pour monter au premier. Michel, naturellement
timide &C foupçonneux , l’éloigna de la
cour, fous prétexte qu’il étoit le fsul capable de
s’oppofer aux incurfions des Bulgares. Nicephore
eut de fi brillans fuccès, que tous les yeux de la
nation fe fixèrent fur lui. Importuné de fa propre
gloire, il vit les dangers où elle l’expofoit. Il fut
bientôt inflruit qu’il n’y avoit plus de sûreté pour
lui à la cour. Il aima mieux fe rendre coupable que
d’expirer viélime de la calomnie. Il déploya l’étendard
de la rébellion, & fe fit proclamer empereur
dans Confiantinople. Le Normand Ourfel fut tiré
de fa prifon, comme le fèui capitaine qui pût arrêter
les progrès de la rébellion , il attaqua & .vainquit
Nicephore ; mais il ne put profiter de fa vi&oire
par le refus que firent les foldats de poûrfuivre les
vaincus. Nicephore profita de cette mutinerie pour
réparer fa défaite. II fe rendit maître de Nicée, & il
fut reconnu empereur par toutes les provinces de
l ’Orient. Ses partifans, dont le nombre dominoit
dans la capitale, s’affemblerent dans fainte Sophie,
où le peuple fut convoqué. Michel qui étoit encore
affez puiffarit pour difliper & punir cette troupe
féditieufe , aima mieux abdiquer en faveur de fon
frere qui refufa avec fageffe un préfent auffi dangereux.
Les conjurés l’enleverent du palais de Bla-
quernè -, & le transférèrent avec fon fils dans le
monaftere de Stude où il embraffa l’état monaftique.
lien fut tiré dans la fuite pour être évêque d’Ephefe.
Sa femme fe fit religieufe. Ce prince, plus foibleque
vicieux, étôif enfa’nt jufque dans fès amlifemens. Il
Svoit plus de foi qüe de lumières , plus de moeurs
que de talens. Il eût pu fe faire eftimer dans la vie
privée; mais incapable de gouverner, il ne fut qu’un
prince vil & méprifable, Son régné qui ne fut que
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j de fîx ans , ne fervit qu’à faire connoître fa peti*
teffe.
M i c h e l VIII, d e la famille des Palcologues,
monta fur le trône de Confiantinople en 1259'.
L’empereur Théodofë , féduit par l’extérieur de les
vertus, 1 avoit chargé en mourant de la tutele de
fon fils, Jean Lafcaris. Michel reconnut mal cette
confiance. Il fit mourir fon pupille âgé de quinze
ans , après lui avoir fair crever les yeux. Cette atrocité
qui le rendoit indigne du trône, lui fervit de
degré pour y monter. Ses talens politiques & guerriers
adoucirent l’horreur qu’infpiroit fon crime.
II reprit Confiantinople , qui depuis cinquante-huit
ans, étoit fous la domination des François. 11 regarda
le trône comme un héritage qu’il devoit tranfmettre
a fa poftérité ; c’eft ce qui le rendit plus jaloux d’en
etendre les limites, & de.lui rendre fa première fplen-
deur. Il tourna d’abord fes armes contre Guillaume,
prince d’Achaïe., qu’il dépouilla de fes états. Son
alliance avec les Génois lui fournit les moyens de
réfifter aux Vénitiens, dont la puiffance étoit alors
redoutable aux empereurs d’Orient. La paix qu’il
fit avec eux lui procura un loifir dont il fit ulage
pour régler la police de l’empire. Ses premiers foins
furent d applanir les obflacles qui feparoient l’églife
Grecque d’avec la Latine. Il fe rendit à Lyon où le
concile etoit affemblé pour cette réunion. II remit
fa profeffion de foi au pape Grégoire, à qui il prêta
ferment d obeiffancé. Cette foumiffion le rendit
odieux aux Grecs qui refuferent de fouferire à fon
formulaire. Il fe repentit trop tard de fa complaifance
pour les Latins., & ce qu’il fit pour la réparer
lui attira les anathèmes du pape Nicolas, fans lui
rendre le coeur de fes fujets dont il fut fi fort abhorré
qu’ils lui refuferent les honneurs de la fépulture. Ils
ne purent jamais lui pardonner .d’avoir, voulu les
foumettre aux Latins. Cette haine ne s’étendit point
fur fa famille, qui après lui occupa le trône deCon-
ftantinople pendant 19] ans, jufqu’àla deftruélion de
l’empire d’Orient par Mahomet ÏI , en 1452. (T— jv).
M i c h e l ‘Wiesn owsk i, (Hifl. de Pologne.) roi
de Pologne. Après l’abdication de Jean Cafimir, le
prince de Condé, le duc de Neubourg, le prince
Charles de Lorraine & le grand duc de Mofcovie ,
au nom de fon fils, briguèrent les fuffrageS de la
diète affembléepourTéle&ion d’un roi, l’an 1669,
Aucun de ces concurrent né fut élu , & après des
délibérations tumultueufes,l?affemblée jetta les yeux
fur Michel Koribut Wiefnowski. Ce prince ri’àvoic
point acheté les fuffrages , il languiffoit dans l’indigence,
& c’étoit pour la défenfe de l’état qu’il s’étoit
ruiné. Il étoit de là race des Jagellons , & avoit fait
la guerre aux Cofaques ; ce peuple reprit les armes,
les Turcs le feconderent, Kaminiec fut emporté
d’affaut, la Podôliè fut conquife: c’en etoit fait de
la Pologne, fi elle n’eût trouvé dans fon fein un
Jean Sobieski {Voye^ ce mot) qui vengea fes outrages
, répara fes pertes, & terràffa les forces de-l’empire
Ottoman. Michel Wiefnowski, fimple fpeélateur
de ces expéditions, s’endormoit fur fon trône. Il
mourut l’an 1673 , le 10 novembre , joui- où Jean
Sobieski écrafa les Turcs fous les murs de ChoCzim.
( M. d e S a c y . )
M i c h e l { f ordre de éW/zï-), inftitué par Louis XI
à Ambôife, le premier août 1469.
Suivant là chronique de Sigebert en 709 fous le
régné dé Childebert III, furnommé le jufle , Saine
Michel parut en fongë devant Aubert, évêque d’A-
vranches, homme d’une grande piété, & l’avertit de
lui faire bâtir une chapelle fur un rocher, qui depuis
a été noinmé le Mont-Saint- Michel. La tradition
rapporte que chaque fois que les énriemis de la
France fe font approchés de ce mont, on y a vu
«n archange exciter des otages fur la mer, & de-là
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