
qui forment autant d’ordres particuliers. On eft fur-
pris de trouver dans cette clafle des terres, quoique
fous différens ordres, le diamant, le grenat, l’amiante
, &c. Plufieurs genres de fojjiles font exclus de ce
fyftême, comme le fchifte, le tuf, les ftalaélites , les
étites, &c. Plufieurs genres fe' retrouvent fous différentes
divifions , comme les diverfes fortes de
terres argilleufes, &c.
Vogel, adoptant quelques-unes de ces idees, donna,
en 176 1 , à Leipfic, fon Syjléme minéralogique,
in - 8°. divifé en fix claffes. i°. Les terres argilleufes,
calcaires, de cailloux, marneufes, félénitiques,^tal-
queufes, micacées, inflammables, falines, métalliques,
& le terreau. On ne comprend point pourquoi
on diftingue les terres calcaires des marneufes,
ni pourquoi on fait un ordre à part des terres inflammables
, qui devroient être rangées dans la clafle des
foufres de des bitumes , comme les ochres doivent
être dans celle des minéraux, 2°. Les pierres font argilleufes,
calcaires, marneufes, feléniteufes, faifant
fe u , ou pyromaques, fchifteufes, en feuillets, en
plumes, falines, métalliques, fufibles, en roches,
& nouvelles. Ces diftinâions préfentent encore une
foule de difficultés. Pourquoi diftinguer les calcaires
des marneufes ? Pourquoi la pierre d’Armenie eft-
elle entre les calcaires, & le tuf entre les marneufes ?
Pourquoi les gypfes fe trouvent- ils entre les marneufes
de les féléniteufes ? Pourquoi y a-t-il des pierres
calcaires entre les fchiftes? Pourquoi les pierres
métalliques ne font - elles pas renvoyées dans la clafle
des minéraux? Les autres claffes des pétrifications,
des fels, des inflammables de des métaux , offrent
aufli bien des difficultés.
Pott, dans fa Litkogéognojie, ne confultant que
l’examen chymique des terres & des pierres, & rapportant
toutes les pierres aux quatre claffes des terres
qu’il forme, préfente unfyflême fimple en apparence,
mais qui laifferoit une extrême confufion dans le détail
des claffifications de tous les fojjiles. La première
clafle eft celle des terres de des pierres alkalines ou
calcaires, qui feréduifent en chaux par le feu , de qui
font folubles avec lesmenftrues acides, avec plus ou
moinsd’effervefcence.Lafeconde, celle des terres de
des pierres gypfeufes,quife changent au feu en plâtre,
mais qui ne fe diffolvent par aucun acide, dont elles
paroiffent déjà faturées de qui réfiftent plus long-tems
à la vitrification que les autres terres ou pierres. La
troifieme Clafle eft celle des argilleufes, qui ont un
gluten, qui fe durciffentau feu , de qui ne peuvent
etre diffoutes par les acides. La quatrième clafle enfin
eft celle des terres de pierres vitrifiables, quife changent
plus ou moins facilement en verre au feu , avec
quelqu’addition alkaline, qui y prennent aifément
plus ou moins de tranfparence. Dans les calcinations
elles font moins altérées que les autres terres ou
pierres. Dans leur état naturel elles donnent du feu
quand elles font en maffe de qu’on les frappe avec
l’acier, & dans cet état elles font inattaquables par
les acides. L’ouvrage de Pott a été traduit en fran-
çois de a paru à Paris, en 1753, en deux volumes.
Nous le croyons très - propre à inftruire un homme
qui a déjà un fyftême fur les fojjiles, mais peu propre
à aider à en former un.
Il y a un grand nombre d’autres auteurs qui ont
écrit dans la vue de tracer une méthode pour ranger
les fojjiles, mais tels font les principaux que nous
avons cru devoir comparer. C’eft à deffein que noüs
ne parlons point de la Minéralogie de Henckel qui a
paru à Paris, eh deux volumes, 1756 , parce que cet
ouvrage ne renferme point un fyftême complet fur
♦ les foffiles : il eft plus exa& fur les minéraux. Les ouvrages
importans de Cramer, de Schwedenborg, de
Schlutter, de Hellot, &c. regardent plus particuliérement
la métallurgie, cette partie importante de
l’ory&ologie. On peut confulter d’ailleurs le catalogue
des divers: livres fur ces matières dans la Biblio-,
theque de Gronovius, Leÿde, in -4^. 1760; .
Le même Henckel dont nous venons de parler,’
dans fon traité de l'origine des pierres, prétend que la
matière hypoftatique ou fubftantielle des pierres Ou
des fojjiles eft, i° . ou une marne, comme dans le talc,
le fmeôis, la ferpentine, les fruits pétrifiés, quelques
amiantes, le caillou, le cryftal, Pamétifte.d’Europe ,
la fauffe topàfe, qui fe vitrifient aifément, & ne font
aucune effervefcence avec les acides; cependant la
marne eft calcaire, comment fe peut-il qu’elle forme
des fojjiles vitrifiables ? ou i° . une craie, comme dan»
la pierre calcaire, l’albâtre , le fpath, la ftalaâite ,
quelques micas, le verre de Mofcovie, la felenite , la
turquoife, les coraux, &c. qui fe vitrifient difficilement,
jamais fans addition ; ou, 3°.uneterremoyen-
ne, qui naît de la combinaifon des deux ; comme dans
le diamant, le rubi, l’émeraude, le faphir, la topafe,
la cornaline, l’opale ; o u , 40. une fubftance métallique
, comme dans l’hématite, l’hyacinte, le grenat p
la pyrite, qui contiennent du fer; la malachite, le
lapis - lazuli, qui tiennent du cuivre , &c. <
A ces matières fojjiles hypoftatiques, félon lui, fe
font jointes des matières moins effentielles, qui font
i° . ou falines, comme dans les coraux, plufieurs
ftala&ites, la bélemnite, la pierre de porc, la. pierre
ponce, &c. ou , huileufes, comme dans les charbons
de terre, la pierre alumineufe, l’ardoife graffe,
&c. 30. ou métalliques, comme dans les ftala&ites
bleues teinreîs par le tfttivre, dans le jafpe, la cornalin
e ,^ . 40. ou fulfureufes , comme dans la pierre de
Bologne, les pyrites, &c.
Les principales maniérés dont on peut concevoir
félon lui, que fe forment les pierres, font, i°. la
congélation, comme la pierre cornée,les pierres à
fufil. Il fuppofe une matière fojjile vifqueufe, gélati-
neufe, qui s’unit, fe coagule, fe deffeche d’une maniéré
fimultanée. D e - là vient que dans ces pierre»
on trouve des corps étrangers, des corps marins
renfermés ; ainfi que les infeâes fe trouvent enfermés
dans le fuccin. Mais c’eft dans la craie, qui eft
calcaire, de qui eft unie à la pierre à fufil, que fe
trouvent d’ordinaire ces corps étrangers. 2°. La fécondé
maniéré eft la concrétion. Des particules ter-
reftres flottantes dans l’eau, divifées & foutenues
fans la troubler, s’affaiffent, fe filtrent ou fe féparent
de l’eau, s’attirent, & fe réunifiant forment enfin tin
corps folide. Ainfi naiffentles pierres calcaires, les
ftalaâites, les tufs, les marnes pétrifiées, les ardoifes.
S’il fe joint dans la concrétion ou la coalefcence,
d’autres matières, comme du fable, de petites pierres,
il en naît des pierres de grès, &c. que la partie
graffe de l’eau lie fortement ; c’eft donc une coalefcence
lente ; de s’il fe joint encore quelques parties de
fer, qui donnent de la liaifon & plus de dureté, il
en réfulte les pierres les plus dures. 30. Une forte
de végétation eft la troifieme maniéré dont fe forment
quelques pierres. Tels font tous les lytophytes.’
On y voit un tronc, des branches, dont l’extrémité
eft molle, lorfqu’ils font récemment tirés de la mer.
Il eft démontre aujourd’hui que ce font les habitations
de petits vers marins, à qui ces litophytes fervent
de loges. Il y a quelqu’analogie entre la formation
des litophytes & celle des oftéocolles, qui croifi-
fent dans les terres fablonneufes ; mais on ne peut
fuppofer dans ceux - ci ni femences ni infeéles. 40.
La cryftallifation eft une quatrième maniéré dont fe
forment une multitude de fojjiles. Des particules fo-
lides,fort petites, régulières,uniformes, fe trouvant
étendues & foutenues dans un fluide, fe réu-
niffent, adhèrent de forment un corps dur, continu
, plus ou moins tranfparent, qui affeéle une
figure géométrique, qui naît de la, forme de de U
réunion des molécules primitives uniformes, ç6. Èrt-
fin, la pétrification proprement,dite eft la cinquième
maniéré dont fe forment grand nombre de foJJUcs.
Telle eft l’origine de tous les végétaux de de tous les
animaux qui fe trouvent pétrifiés dans le fein de la
te r ïe , en fi grande quantité & par-tout, changés en
pierre. D ’abord., tous les végétaux de tous lés, animaux
renferment une quantité de parties terreftres,
falines& minérales, quientrent.effentiellementdans
leur compofifion. Tous les régnés font donc déjà liés
par une affinité de une chaîne indiffoluble. Ainfi comme
tous les corps ont commencépar être de la terre,
ils fe réduifentde même en terre. Ainfi encore quand
des végétaux où des animaux, ou leurs parties font
affez folides pour être garanties de la putréfaôion dans
le fein de la terre , de qu’il fe trouve des fucs propres
à former les pierres, ces corps étrangers qui en font
pénétrés » deviennent de vraies pierres»
On comprend fans peine qu'en ne confultant,
comme Pott, que l’analife des fojjiles y ou comme
Henckel, que leur compofition ou leur origine,, on ne
fàuroit bâtir un fyftême commdde pour ranger les
fojjiles, un fyftême qui réponde à leurs apparences,
à leurs qualitésfenfibles, à leurs ca’ra&eres extérieurs.
Il eft donc bien plus difficile d’imaginer pour lesfof-
Jiles une méthode qui fatisfaffe à toutes les conditions
que pour les plantes de les animaux, qui venant de
femences, d’oeufs ou d’un être femblable, font aufli
dans chaque clafle, genre ou efpeces, toujours effen-
tiellement femblables ; âu lieu que le mélange des
principes desfojjiles forme unefiprodigieufe quantité
de combinaifons diverfes, qu’il n’eft pas aifé de trouver
feulement deux individus qui foient effentiellé-
’ ment pareils Ou,femblables. Il faut donc ici s’en tenir
îaux genres,fansdefeendre tropminutieufementdans
le détail des efpeces.
Quelqu’imparfaites cependant que puiffent être les
diftributions méthodiques des fojjiles, aufli bien que
celles des plantes de des animaux, il vaut mieux les
avoir de s’en fervir que de n’en avoir point du tout.
C’eft le défaut de méthode qui a borné fi long-tems
l ’hiftoire naturelle des anciens. Tout étoit confondu
de reftoit dans l’obfcurité. Les méthodes foulagent la
mémoire, aident les commençans, mettent de l’ordre
dans les collerions de les cabinets, inftruifent en annonçant
les propriétés générales, de les qualités communes
; & quoique nous ne puiflions pas nous flatter
d’avoir faifi le fil de la nature, ces fyftêmes peuvent
un jour ou un autre nous Conduire à le découvrir.
Comment fans méthode reconnoître, par exemple,
vingt mille plantes diverfes, que l*On a diftinguées,
en y comprenant des variétés confiantes , Ou feulement
huit mille, auxquelles les ont réduites ceux qui
ne comptent pas ces variétés ? L’obfervation diftingue
les caraftefes ; le raifonnement fixe les rapports ; la
méthode rapproche les objets femblables, ou fépâre
ceux qui different: de-là naiffent des divifions, des
fubdivifions, quel’efprit faifit, & qui fe gravent aifé*
ment dans là mémoire. Des rapports multipliés, per-
manens, fenfibles, Ont formé des divifions naturelles,
tirées de la progfeflion même de la nature» Mais les
chaînons n’en étant pas toujours connus, fur-tout
dans les fojjiles, On a eu recours à des méthodes artificielles
, fondées fur des qualités moins fenfibles ,
mais plus générales, plus fimples, de tirées de l’expérience,
par les diffolutions, les menftrues, le feu,
les analyfes & les décompofitions. La méthode la
plus fûre eft de réunir, autant qu’il eft poffible, ces
deux voies. Mais, malgré tous ces efforts, la diftrihu-
tion méthodique des fojjiles fera toujours plus varia-'
ble, moins précife que celle des plantes ou des animaux.
Chaque jou r, chaque pays, chaque expérience
y apportera fans ceffe des variations, à caufe
.de la variété des combinaifons, Mettra-1-on, par
èXempïe, les ardoifes dans la clafle des pierres argiî-
: leufes qui fe durciffentau feu? Bien-tôt des expériences
feront connoître des ardoifes calcaires, dé
d’autres vitrefcibles. Placera-1-on les( fpaths dans
l ’ordre des pierres calcaires? Bien- tôt On en trouvera
qui font fufibles , de d’autres qui font gypfeuxr
c eft la matiete principale qui doit donc fixer la place
dzs fojjiles, & les autres qualités doivent,être, regar*
dées comme des accidens. LorfqueTournefbrtima*
ginâ de coniidérer la corolle & le fruit des plantes,
-pour les claffer, il avoit déjà des points fixes. Mai»
lorfqite le chevalier de Linné » plus heureux, inventa
fon fyftême fexuel, tiré de la confidération des parties
mâles & femelles des plantes, favoir les étamines
parties, mâles, & les piftils parties femelles, il fixa
d’une maniéré plus fûre les claffes, les genres, les
efpeces. On n’a rien pu faifir jufqu’ici de pareil dans
les fojfües, ni rien d’invariable, de confiant, d’effen-
t iel, qui en puiffe tenir la place» Mais en attendant
quelque découverte heureufe, qui fixe mieux le ca-
rafteres fes fojjilesàjXyïne maniéré irrévocable > ferions
nous des méthodes les plus fimples & le s plus
fûres qui font établies.
Le célébré Linné eft dans des idées différentes qittt
celles de Pott & de Henckel fur l’origine Aes fojjiles*. '
M. de Buffon fuppofe que notre globe a effuÿé une
conflagration, dont les corps terreftres offrent encore
les traces» Au contraire le philofophe Suédois
prétend que notre globe eft fortides eaux» que la
mer eft la mere de la terre ,.que l’eau a été le commencement
de toutes chofes. Moïfe, Thaïes, Sene-
que» ont eu , félon lui, la même idée fur l’origine dit
monde» qui, couvert d’abord & enveloppé d’eau,
s’eft infenfiblement defféché» d’où font fortis peu-à-
peulescontinens. Ce favant naturalifte n’a pu,dit-il,
découvrir dans la croûte de la terre les effets d’utl
déluge univerfel, mais feulement que la terré eft for*
tie à la longue & peu-à-peu de l’Océam L’eau, les
terres & les fels, voilà les principes de tous les corps
fojjiles, Végétaux & animaux, qui à leur tour font
décompofés & réduits en terre par un cercle perpétuel
»
Les fels folubles dans i’eàu » & capables, de fe cryf*
tallifer, unis aux terres & dans les terres» ont for»
mé, par la cryftallifation, les pierres» Le nitre, qur
eft répandu dans l’air accroît le fable ; le fel, qui eft
dans la mer» attire l’argille ; le natre* qui eft dans les
animaux, coagule la chaux; l’alun, qui eft ramifié
dans les végétaux, endurcit les terres, de voilà le»
peres de toutes les pierres.
Ce favant regarde les argilles comme l’effet de la
précipitation des eaux marines grades; le fable corn*
me la cryftallifation des eaux pluviales troubles ; le
terreau comme là réfolution des végétaux acidu*
laires ; la chaux comme la réfolution des animaux
putréfiés. Des argillesfiaiffent les talcs, les asbeftes»
les micas » &c. Des fables viennent le fablon, le gravier,
le grès, les roches, le quartz, fre» Du terreau
fe forment les fchiftes, les charbons de pierre, les
ochres, le tuf, &c. De la Chaux forteht les marbres *
les gypfës, les craies, les fpa.ths, &c. de Voilà les
meres de toutes les pierres*
Les pierres ainfi nées d’une concrétion terrêrtrêfo
réfolvent par diverfes décompofitions, pour fe for*
mer de nouveau ; d’où réfulte un cercle perpétuel de
des différences innombrables. L’argille, par exempte,
fe lie pour former le talc, fe réfout en marne pier*
reufe, de fe régénéré en amiante. Le fable s’unit pour
faire le grès, & la pierre à aiguifer fe réfôut en fa*
blon, & fe régénéré en roche* Le terreau s’endurcif
en fchifte, fe réfout en ochre de fe régénéré en tuf»
La chaux fe coagule en marbre, fe rélout en craie,
de fe régénéré en gypfe. Telle eft la marche perpétuelle
de U nature., toujours agiflante 7 dans là