GOTHER , ( Hijloire de Norwege.) roi de Norvège
, regnoit au commencement du premier fiecle de
l’ere chrétienne. On ne connoît de la vie qu’un trait-
digne à peine d’être tranfmis à la poftérité. Proton ,
roideDanemarck, demanda fa fille en mariage ; mais
Gother étant devenu amoureux de la femme de l’am-
baffadeur chargé de ce meflage , il dit à ce minière
que s’il ne vouloit pas lui céder fon époufe , il
réfuferoit à Frothon la main d’Alvide; il ajouta que
s’il vouloit le fervir auprès de fa femme dans fies
projets amoureux, il lui donneroit le gouvernement
d’une province, & le combleroit de biens 6c d?hon-
neurs. Cette propofition eft peu étonnante dans un
tel prince, 6c le refus du miniftre lui fait honneur J e
n’ai rapporté ce fait que pour faire fentir la différence
des moeurs des peuples barbares 6c de eeiles
des peuples policés. (M . d e S a c y . )
* § GOTHS............ Cet article devroit être
apres celui de G o t h a . On cite Grotius dans fie s.Prolégomènes
ad hijioriam Gotkorum & VandaLorum , in-
folio. Cet ouvrage n’eft qu’i/z-8°. Lettres fur CEncyclopédie.
* § GOTLAND , île de la mer Baltique . . . .
Wisbyenen ejl la feule ville; lifiez fFisby en ejlla feule
ville. Lettres fur ü Encyclopédie.
GOTTESBERG , (Géogr.) ville de laSiléfie Pruf-
fienne, dans la principauté & dans le cercle de
Schyeidnitz. Elle eft habitée de Proteftans & de Catholiques
; elle travaille 6c débite une immenfie quantité
de basjde laine ; elle fut pillée parles Suédois* l’an
1645 ; 6c elle a pour fieigneur un comte de Hochberg
Furftenftein. L’on découvrit dans fion voifinage en
1555, une mine d’argent, qui n’eft plus exploitée ;
mais elle en a de charbon de pierre que l’on fait valoir
beaucoup. (D . G. )
GOTTESGABE, ( Géogr. ) ville de Bohême dans
le cercle de Saatz, au territoire d’Elnbogen , 6c dans
les montagnes qui bordent la Saxe : elle n’eft fermée
d’aucuns murs ; mais elle eft munie de privilèges 6c
de franchifes, 6c fie reffent ainfi des premiers avantages
de fa fondation, lefquels confifterent à fervir
de demeure à des artifans & à des ouvriers utiles , 6c
à relever, quant à la domination, de la mai fon électorale
de Saxe , qui s’en deffaifit dans le fieizieme fiecle
, en faveur de Charles-Quint. ( D. G. )
.. GOTTHAAB , ( Géogr. ) nom de l’une des colonies
& miflïons Danoifes, fur la côte occidentale du
Groenland, au 64 dégré de latitude : elle forme la
plus ancienne paroiffe du pays. ( D .G . )
* § GOTTINGEN . . . . . Dans cet article,
au lieu de Çajjel, lifiez Cafelius, Lettres fur VEncyclopédie.
GOTTSCHÉE ou CHOTZSCHEWIE , (Géogr.)
ville d’Allemagne, dans le cercle d’Autriche 6c dans
la Carniole moyenne : c’eftla capitale d’un comté qui
appartient au prince d’Auerfiperg, 6c qui renferme
entr’autres une forterefle appellée Friederichflein
( D . G . ) J '
| § GOUT ’ C ^tyjiobg. Anat. ) Comme Bellini
n a décrit l’organe du goût que dansl’gnimal, 6c principalement
dans celui qui rumine, & que cet organe
eft fort différent dans l’homme , il eft néceflaire de
donner un précis de la ftru&ure de cet organe, tel
qu’il eft dansl’efpece humaine.
Les animaux dont Bellini a parlé, ont un épiderme
très-reconnoiflable. Ils ont enfiuite un corps réticulaire
, femblable à l’épiderme , mais percé de trous
comme un véritable réfieau : les papilles du goût pafi-
fent par ces trous pour entrer dans des cornets de
l’épiderme , qui en font comme les étuis. Ces mêmes
animaux ont la langue hériffée dans fia fiurface par
des*mamelons coniques très-longs 6c très-apparens,
dont nous venons de parler,
11 n’y a qu’une feule enveloppe à la langue humaine
; c’eft l’épiderme , membrane lifte, blanche»
épaifle , vifqueufe, fans aucune apparence de trous»
\ qui pofe Amplement fur les mamelons, fans être per"
cée & fans leur donner de gaine : on la fépare par la
macération. Cet;e membrane tient lieu des deux enveloppes
des animaux.
Les mamelons font de plufieurs efpeces dans l’homme,
fans les confondre avec les nombreux follicules
i qui couvrent la partie poftérieure de la langue. Il y
, a dans la fiurface fupérieure de cet organe un petit
■ nombre de-cônes renverfés, difpôfés en deux rangs
de corps papillaires, quife joignent en forme de V ,
ait devant du vallon , qui eft terminé par l’épiglotte.
Leur nombre eft petit ; j?en ai vu une vingtaine : c’eft
beaucoup , ordinairement il y en a fept ou neuf. Ce
font des cônes tronqués, dont la bafe eft libre , 6c
dont la pointe eft attachée aux chairs de la langue.
La bafe forme une efipece d’entonnoir, 6c la pointe
eft environnée d’un petit fofle.il y en a aufli dans une
efipece danfre , qui fie trouve au milieu de la partie
• poftérieure fupérieure de la langue.
Cette efipece de mamelons ne peut pas être le véritable
organe du goût. Ce fens eft le plus exaél & le
plus fin à la pointe de la langue ; il eft très-obtus à la
place à laquelle ils font attachés.
Sqr toute la fiurface fupérieure, antérieure & poftérieure
de la langue, il y a d’efpace en efipace des
mamelons folitaires cylindriques, mais groflis parle
bout, 6c qui reffemblent à des champignons dont la
tête n’eft pas encore développée. Il y en a une trentaine
, ou davantage.
Ils dégénèrent peu-à-peu, deviennent plus petits,
plus cylindriques, forment comme des lignes,.& font
continués jufqu’à la pointe de la langue. Ils,peuvent
être du nombre de ceux qui conftituent l’organe du
goût:
Mais le gros des mamelons Ju goût eft conique, la
langue en eft toute pavée 6c vers l’épiglotte , & à la
pointe , &aux côtés. Plus ils font antérieurs, & plus
ils font inclinés , 6c plus leur pointe-eft libre & mobile.
Ils defcendent de la pointe à la face’ inférieure
de la langue, & vont jufqu’aii commencement de la
membrane lifte , dont élle eft comme pavée.
Quelques-uns de ces mamelons ne font que des filets
cylindriques ; il y en a beaucoup à la pointe de
la langue 6c à fies côtés.
Il y en a d’autres coniques, mais ronds & bas, &
placés vers la racine de cet organe.
Il eft probable que les mamelonsles plus coniques
font les plus fenfibles; les ébranlemens doivent être
plus forts vers la pointe.
Cette defcription eft faite d’après la langue de
l’homme vivant.
La ftruôure de ces mamelons eft conglomérée. Ils
font compofés de plufieurs petits mamelons réunis.
Ces mamelons , au nombre de fept ou davantage,
font formés par un tiflu cellulaire, dans lequel une
artere fie ramifie, & ainfi jufiques à la pointe. Une liqueur
fine fuinte fans peine , & par la pointe du mamelon
, 6c par toute fia fiurface. Un nerf fie rend à chaque
mamelon : je les ai fuivis depuis le nerf de la cinquième
paire jufiques dans les mamelons de la grofle
efipece.
Ces tubercules, infiniment plus gros que ceux* de
la peau, 6c recouverts de l’enveloppe extérieure
que j’ai décrite , font bien fiûrement l’organe du &oût.
C ’eft la découverte de Bellini. Ce fens eft dans là •
meme proportion quelenombre des mamelons très-
fin à la pointe, 6c plus obtus , plus on approche de
l’épiglotte. 11 y a plus les aphthes ayant détruit
l’enveloppe de la langue & les mamelons, jufiques à
découvrir les fibres charnues de la langue, & cet organe
s’étant recouvert d’un nouvel épiderme , mais
fans les mamelons, le goût ne revint point, & il ne
refta » à cette langue imparfaite, que le toucher. I
Le fucre, ou l’acide de l’épine-vinette, appliqué 1
à toute la bouche , à l’exception de la langue, n’ont
point caufé de fenfation , ni du doux ni de l’acide. Il
eft vrai que des végétaux plus âcres, affeélentd autres
parties de la bouche, 6c même le pharynx : 1 hellébore
, le tragofelinum, l’abfinthe, impriment leur fa veur
à l’oefophage, à la luette , aux levres : màis le goût des
comeftibles, eft réfiervéà la langue; & les mamelons
qp’on a cru, voir dans l’intérieur des joues, ne (e font
pas vérifiés : c’étoient apparemment des vaiffeaux
exhalans.( ..
Le goût ne peut s’exécuter que par le moyen de la
diffolution. Il n’y a que les liquides qui puiflent paffer
par les pores de l’épiderme pour affeôer les nerfs cachés
dans le tiflu cellulaire du mamelon.
M, de Secondât a vu que les cryftaux formés de
l’eau de Barêges, qui paroiffoient infipides, ont développé
leur âcreté, à mefure apparemment qu’ils
fie font fondus. _ ...
C’eft le fel qui paroît être l’objet du goût. L’efprit
de vin bien exalté, l’huile la plus douce n’ont point
de goût. • f
Les fels forment des cryftaux d’une figure déterminée
, du moins l’a-1-on cru; 6c Démocrite a en-
fieignéquela différence des faveurs vient de celle delà
figure des particules de l’objet du goût. Les aiguilles ,
fi communes dans les cryftaux des fiels, paroiffent
très-propres à percer l’épiderme, & à agir fur les
nerfs des mamelons du goût.
Cette hypothefe, très-probable au premier abord,
n’a point de folidité, 6c le myfterede la caufe des différentes
faveurs eft encore caché;
La figure des fiels n’eft pas confiante. Le fel marin,
naturellement cubique , quand il fe forme par la
fimple diflipation de l’eau, devient par la çoftion une
pyramide çreufe , formée par des cadres quarrés ,
pofiés l’un fur l’autre , 6c qui diminuant par degrés,
forment une pyramide. Le fel gemme de Pologne a
fes cryftaux en fufée. De très petites circonftances
changent la figure des fels. Le cara&ere des fels dépend
principalement de l’acidje qui les forme ; mais
la figure dépend de la terre,,avec laquelle cet acide
fe combine. L’efprit de nitre fait des pyramides avec
la terre du nitre, 6c des cubes avec la terre aikaline
du fel marin.
Une partie de la caufe des différentes faveurs eft
dans les objets mêmes , une autre dans nos organes.
Un épiderme plus épais donnera de l’agrément à un
fel& à un acide, qui ay.ec un épiderme plus mince
feroit infupportable. La corruption de nos humeurs
donne aux alimens de l’amertume, 6c quelquefois
une douceur défagréable. .
Pour exciter le goût, l’objet doit agir fur les nerfs ;
mais les nerfs agilfent-ils fur l’objet ? On a cru s’ap-
percevoir que les mamelons de la langue fe redref-
fent pour fe hâter de goûter un objet agréable. Je ne
crois pas à cette éreélion.
Ce fens nous eft donné fans doute pour nous porter
à nous nourrir par l’attrait du plaifir. La fageffe du
Créateur ne s’eft pas contentée de la néceflité que
nous impofie la faim : elle a voulu que le plaifir nous
rendît agréable un devoir inféparabie dé notre confier
vation.
Ce fens fert même à nous faire diftinguer les alimens
qui.conviennent à notre nature. C’eft, avec l’odorat
, le feul confeiller des animaux. Mieux que nous
ils favent trier parmi les plantes celles qui leur font
fialutaires. Il fembieroit cependant, que les animaux
même reçoivent quelques inftruftions de leurs païens
fur le choix des alimens. En Suiffe, les deux efpeces
de napel, viennent par-tout le long des chemins
pierreux des montagnes, & de la pente des Alpes
: il eft inoui qu’un animal y ait touché. En Suède
cette plante eft rare,; elle vient cependant dans quelques
rochers aux environs de Fahlun : le% chevres
qui paiffent dans le voifinage en mangent de tems en
tems, 6c paient leur impéritie de leur vie. On diroit
que cette plante, étant rare , eft inconnue à ces'ani-
maux , 6c qu’ils s’y trompent ; au lieu qu’en Suiffe ,
les cabris imitent la réferye de leurs mer.es, & n’y
touchent point.
Les animaux de differentes efpeces paroiffent avoir
des organes différemment proportionnés aux alimens.
J’ai vu mon mulet baifler la tête 6c dévorer , en paf-
fiant, les feuilles de l’hellebore blanc, qu’aucune var-
che ne touche , & qui, par cette raifion, fe multiplie
à un point d’occuperune bonne partie du terrein dans
les pâturages. On a cru remarquer en Suede, que
cette différence de goût ya jufqu’à un grand détail dans
les animaux domeftiques, 6c que plufieurs plantes
ctoient agréables au cheval, 6c rejettées par le boeuf.
Je ne crois pas ces expériences aflfez exactes ni affez
vérifiées. Généralement nos vaches n’épargnent guère
que nos renoncules, qui feules, fur de vaftes pâturages,
fe confervent en fleur. Nos cochons, au contraire
»qui mangent les racines du prêle en Suede ,
ne les touchent point çhje^ .nous. Il y a d’ailleurs une
grande différence à faire entre les plantes fraîches, 6c
les rçnêmes, quand elles font feches 6c réduites gn
foin. Prefque toutes les herbes, même les plus âcres,
perdent leur caufticité par le defféchement. Les renoncules,
qui peuvent fervir de véficatoire, dans
leur état de vigueur, n’ont plus d’âcreté dans le foin.
T otites les expériences qu’on a faites fur les plantes
vertes , font par conféquent inutiles par rapportait
foin , qÏi , heureufementpour le cultivateur, les animaux
ne rejettent aucune des plantes que l’on nous a
dit leur déplaire. Il y a plus : Iesanimaux les plus certainement
herbivores , apprennent à fe nourrir de
matières animales par la néceflité. Le bétail du Ker-
man 6c du Mogoftan vit de poiffon : la relation de
Néarque a été confirmée par les voyageurs modernes,
Si le befoin force les animaux à furmonter leur
inftinét, il eft moins étonnant que l’homme fe foit
accoutumé à des alimens, que l’odqrat ou le goût de-
vroient lui rendre infupportables. Les nations indigentes
des pays chauds, ont appris à manger des alimens
gâtés par la pourriture. Le Groenlandois boit
avec plaifir l’huile des poiflons. L’habitant moderne de
l’Indoftan fie plaîtà l’odeur empeftée àeVa(fa-foetida.
Le trefle du marais, la calla, les écorces de pin, ne
rebutent pas les habitans de Scandinavie.
L’homme, qui peut jouir de l’inftruttion 6c de
l’exemple, n’a pas le goût aufli fin que Iesanimaux.
Il tombe aifément dans l’erreur, ôts’ernpoifonne par
des plantes inconnues,dont ni le goût, ni l’odorat ne lui
découvrent la force deftruélive. Bien des Européens
fe font tués en mangeant les fruits,du belladonna, lep
racines de la ciguë aquatique, de l’oenanthe à fuc jaune
*.les pommes de mancenille. Une racine douce au
goût, a tué des hommes qui voulurent s’en nourrir j
lûivant Théophrafte. (fifi. D . G. )
Goût , (Mujîqé) 11 y a dans la mélodie des chants
plus agréables que d’autres, quoiqu’également bien
modulés. Il y a dgns l’harmonie/ des chofes d’effet 6c
des chofes fans effet, toutes également régulières^
il y a , dans l’entrelacement des morceaux, un art exquis
de faire valoir les uns par les autres , qui tient a
quelque chofe de plus fin que la loi des contraftes.
Il y a dans l’exécution du même morceau des manier
res différentes de le rendre, fans jamais fortir de fon
caraélere. De ces maniérés, les unes plaifent plus
que les autres; 6c loin de les pouvoir foumettre aux
réglés, on ne peut pas même fies déterminer. Le&eur,
rendez-moi raifon de ces différences, 6c je vous dirai
ce que c’eû que Je gçût.