mille frondeurs, pour les oppofer aux baléares &
aux frondeurs de l’armée d’Annibal. Il ne futpas
moins magnifique envers les Rhodiens , dont 1 île
avoitétébouleverfée par un tremblement de terre:
il leur envoya cent talens, fans en etre follicité.
C ’étoit en prévenant les demandes des infortunés,
qu’il donnoit un nouveau prix à fes bienfaits. Il eut
le bonheur de pofféder le premier ^eometre de 1 u-
nivers, & d’en connoître tout le mérité. C’etoit Archimède
, qui fit fervir fon art a la conftruâion de
pllifieurs machines pour l’attaque 6c la defenfe des
places. Ce fut à ce favant géomètre qu’on fut redevable
de l’invention de cette fameufe galere ,q u on
regarda .comme une des merveilles de lantiquité.
Comme il n’y avoit point de port dans toute la Sicile
affez vafte pour la contenir, Hiéron, à qui elle deve-
noit inutile, en fit préfent à Ptolomée Philadelphe.
L’Egypte venoit d’être frappée du fléau de la ftéri-
lité » il y envoya foixante mille muids de bled, dix
mille grands vafes de terre , pleins de poiflon falé ;
vingt mille quintaux pefantde chair falee. C eft ainfi
qu’en répandant fes bienfaits fur les etrangers, il
trouvoit par-tout des admirateurs 6c des amis. Apres
le carnage de Canne, les Carthaginois victorieux
defcendirent dans la Sicile, oii ils portèrent le fer 6c
la flamme. Hiéron, inébranlable dans fa fidélité pour
les Romains , fut le plus expofé à leurs ravages. Les
alliés de Syracufe murmurèrent de fon attachement
pour un peuple qne les dieux fembloient avoir abandonné.
Son fils Gélon, féduit par les promeffes des
Carthaginois, fe mit à' la tête des mécontens. La
Sicile éfoit fur le point de voir allumer le feu des
diffentions civiles ,lorfque la mort imprévue de ce
fils dénaturé, la délivra de ce fléau. Son pere fut
foupçonné d’avoir abrégé fes jours : il le fuivit de
près au tombeau, où il emporta les regretyle toute
la Sicile. Il mourut âgé de quatre-vingt-dix ans : il
en avoit régné cinquante-quatre , fans avoir jamais
éprouvé l’inconftance d’un peuple indocile , qui ne
vouloit point de maître. ( T—N. )
HILDBOURGHAUSEN , (Géogr.) ville d’Allemagne
, dans le cercle de haute-Saxe, 6c dans la
Thuringe méridionale , fur la riviere de Verra.
Elle exifte à titre de ville dès l’an 1323 ; 6c dès l’an
1685, elle eft le lieu de la réfidence des ducs de
Saxe, de la maifon de Gotha, qui cinq ans auparavant
avoient pris le fur nom de Hildbourghaufm. Il
y a nombre de belles maifons dans cette ville : il y a
plufieurs églifes Luthériennes &Galviniftes; & dans
l ’une decelles-ci, l’on fait alternativement le fervice
en Allemand 6c en François. L’on y fonda, l’an 1714,
un college académique ; 6c l’on y trouve divers éta-
blifîemens louables, deftinésà l’afliftance des pauvres
, & à la correélion des vicieux. D ’ailleurs , en
fa qualité de capitale, cette ville eft le fiege des cours
de police, de juftice 6c de finances, qu’entretient le
prince du pays. Longitude 28 , vi i latitude 5o , gS.
i D - G . ) •
HiLDEBOURGHAUSEN {principauté de) y Géogr.
L ’on donne ce nom à fix bailliages d’Allemagne,
fitués dans la Thuringe, lefquels conjointement
avec d’autres terres 6c feigneuries, compofent les
états de l’un des ducs de Sajre, de la maifon de Gotha.
Ces fix bailliages font ceux de Hildbourghaufm
, de Veilsdorf, d’Eifsfeld, de Heldbourg, de
Koenigsberg, 6c de Sonnenfeld. Ils devinrent, en
1680, le partage féparé de l’un des fept princes, fils
du duc Erneft de Saxé-Gotha, qui les a fait palier à
fa poftérité fous la loi de la primogéniture. Mais ils
ne forment pas une principauté proprement dite de
l’Empire : le duc, prince de Hildbourghaufen, ne
prend place ni dans les dietes générales, ni dans les
particulières d’Allemagne, & il ne paie rien non
plus des charges communes aux membres du corps
Germanique. Son rang 6c fa dignité ne manquent
cependant pas d’élévation & de grandeur, puifqu’il,
eft prince de l’illuftre maifon de Saxe. L’on fait monter
les revenus annuels à la fomme d’environ quatre-
vingts mille rixdallers. ( D. G. )
HILDESHEIM ( évêché de ) , Géogr. état d’Allemagne
, fitué dans le cercle de bafle-Saxe , contre
les principautés de Calemberg , de Volfenbuttel,
de Grubenhagen, de Halberftad,de Lunebourg,&
le comté de w ernigerode. Il peut avoir dix milles
de l’orient à.l’occident, 6c huit du feptentrion au
midi. Les rivières d’Ocker, de Leine, d’Innerfte 6c
de Fufe l’arrofent; & fon fol eft en partie montueux,
6c en partie plat. Il a des forêts très-confidérables,
d’excellentes carrières & quelques mines de fer. Lesi
meilleurs grains croiflent abondamment dans fes plaines
: l’on en exporte de toute èfpece, de même que
du houblon 6c du lin; mais il eft moins riche en
fourrages 6c en pâturages, 6c à peine nourrit-il allez
de bétail pour fubvenir à fes belbins.
L’on compte dans ce pays huit villes, quatre
bourgs, deux cens quarante- huit villages,&foi-
xante-quinze terres feignèuriales. Le clergé, d’un
certain ordre ; la noblefle & lès villes de Hildesheim,
de Peina, d’Elze 6 c d’Alfeld , y tiennent annuellement
des aflemblées fous le nom d’é ta t s , lelquelles
s’ouvrent fous la préfidence du chancelier de l’évêque
, 6c prennent en délibération les matières de
finances qui font propofées.
Tout le pays, à-peu-près, embrafla Iaréforma-
tion de Luther dans le feixieme fiecle ; mais dans le
dix-feptieme elle y fouffrit de la gêne, & aujourd’hui
les catholiques y font en allez grand nombre. L’évêque
d’ailleurs eft refté fuffragant de Mayence ; & les.
quarante-deux membres du chapitre, par lequel il
eft élu, font aufli tous catholiques.
Cet évêché fut fondé par Charlemagne, l’an 798.
Son rang à la diete de l’Empire , le place entre Augs-
bourg 6c Paderborn ; 6c dans les aflemblées du cercle
de bafle-Saxe, il fiege entre Holftein-Gottorp &
Saxe-Lauenbourg. Il eft taxé pour les mois Romains
à 479 florins ; &c pour la chambre impériale, à 72 rixdallers
5 8 cre,utzers & demi. Le prince qui remplit ce
fiege depuis dix ans , eft né baron de W eftphalen : il
n’a de troupes fur pied qu’une centaine de farataflins
& quelques hommes de cavalerie; mais il a un maréchal,
un échanfon 6c un chambellan héréditaires*
( D . G .)
- HILLESHEIM, ( Géogr.) ville & bailliage de
l’éle&orat de Treves , dans le cercle du bas-Rhin en
Allemagne. Cette ville eft fortifiée d’une citadelle »
6c ce bailliage renferme des mines d’argent. (D. G.)
HILLSBOROUGH, (Géogr.) petite ville du.
comté de Down , dans la province d’Ulfter, en Irlande
: elle députe au parlement du royaume, 6c
donne le titre de comte à un lord de la famille de
Hill, baron de Harwich, en Angleterre. ( D . G.)
HINDELOPEN ou HINLOPEN , (Géogr.) petite
ville maritime de la Frife, dans les Provinces-Ùnies,
avec un port fur le Zuiderféè. La plupart de fes ha-
bitans font Menonnites, &fe diftinguent du refte des
•Frifons par l’habillement 6c par le langageÆeur occupation
principale après la pêche , eft la conftruc-
tion dès navires. Ils ont reftreint leur application 6c
leur induftrie à ces deux objets, depuis les funeftes
inondations & même fubmerfions éprouvées par la
ville dans le feizieme fiecle ; car ayant cette époque,
c’étoit une des places les plus floriflantes de la province.
( D . G . )
■ H1PPIATRIQUE, ( Art vétérinaire.) médecine
du cheval, tèrme compofé de deux mots Grecs,
ippos , qui veut dire cheval ; 6c iatrike, médecine.
Quoique Yhippiatrique paroiffe prefque un art
nouveau parmi nous, il eft cependant certain qu’elle
fut cultivée avec foin , avant le commencement de
l’ere Chrétienne. Comment ne l’auroit-elle pas été,
puifque dès les fiecles les plus reculés , on voit que
les Hommes ont été amateurs des chevaux ? Cette
paflion, née du bel'oin qu’on a toujours eu de ces
animaux, & de l’utilité qu’on en retire pour l£S travaux
domeftiques 6c pour la guerre, a dû rendre attentif
à leur confervation. Il paroit même par les
poèmes d’Homere , que de ion tems il y avoit en
Grece des haras, qu’on y nourriffoit quantité de chevaux,
qu’on les drefloit, qu’on les exerçoit, & qu il
y avoit des hommes deftinésà les dompter & à les
rendre fouples 6c dociles : ce dont on trouve encore
la preuve dans Platon, dans Hérodote,
fur-tout dans un traité de Xenophon, capitaine,
philofophe 6c hiftorien , qui a écrit fur l’équitation.
Avant lui cette matière avoit été difcutée, car rf
cite , en commençant, Simon , Athénien , lequel
s’eft moqué d’un certain Micon qui.s’étoit occupé
du même objet. > a
Seroit-il raifonnable de croire qu’on fe fût uniquement
borné à élever des chevaux, à les nourrir , à
les dreflerau combat ou à les monter ? Ne feroit-il
pas étonnant au contraire que la cavalerie, faifant
alors la principale force des armées, perfonne ne
fe fut appliqué à connoître les maladies & les acci-
dens auxquels les chevaux font expofés, & à chercher
les moyens d’y remédier ? Il eft vrai qu’on n’a
point d’ouvragé de cette antiquité qui en faffe la
defcription, qui en donne les fignes, 6c qui indique
le traitement à fuivre. Cependant les Grecs & le.s
Romains s’en font occupés , au rapport de Végece,
qui-ditexpreflement que laVéîérinaire tient le fécond
rang après la Médecine ; 6c qui fe plaint dans un autre
endroit, quedéja.elleétoitnégligée depuis long-
tems.
Quoi qu’il en foit , Yhippiatrique exiftoit très-certainement
avant Jefus-Chrift, puifqu’il. y avoit alors
des médecins dé chevaux. C ’eft feulement lorfqu’un
art a commencé de prendre une efpece de confiftan-
c e , qu’on lui donne un nom, & qu’on convient-
d’un terme qui défigne l’artifte. Or dès le quarantième
fiecle du monde, on vit le mot de medicus ve-
terinariùs ou veterinarius feul, employé par les Latins.
On le trouve dans Varron , mort vingt-huit ans
avant lanaiflànce de Jefus-Chrift. Valere Maxime,
qui écrivoit fous T iberé, 6c avant l’an 37 , parle d’un
HéropHile, médecin de chevaux (equarius medicus),
lequel fe vantoit fauffement d’avoir pour aïeul Ma-
rius, ce fameux Romain , qui fut fept fois conful,
& qui mour-ut quatre-vingt fix ans avant la naiflance
de Jefus-Chrift. Le terme dont s’eft fervi Varron,
fe lit dans Columelle, qui compofa foii ouvrage
versl’an 50. C e dernier paroîtavoïr eu pour contemporain,
un Pélagonius qui a parlé des maladies des
animaux. Galien qui, comme on fait, pratiquoit la
médecine vers l’an 180 , foit mention d’un inftru-'
ment en ufage- chez les médecins de chevaux. Il y a
apparence que'ce fut vers la fin du deuxieme fiecle,
ou au plus tard avant la fin du troifieme, que fut
compofé un ouvrage'latin intitulé : Vegetii artis vete'
rinarice yjivé in ülo-inedi ci rite , libri quatuor. Qui pourrait
nier que l’art exiftât alors bien réellement, après
des preuves aufli fortes aufli concluantes r Mais
quoique'Vegece fe plaignit déjà que Yhippiatrique
fut moins cultivée depuis long-tems, parce qu’on
n’encourageoit point pair des récompenfes ceux qui
la profeflôiént, elle ne fut cependant pas totalement
abandonnée dans les fiecles fuivans, ou, au moins
l’on fongea à la remettre en vigueur dans le dixième
iiecle, par le foin que l’on prit d’extraire lès ouvrages
des Grecs. C ’eft'à'Conftantin Porphÿrogenete
qu’on croit avoir cette obligation; mais il aiiroit
fans doute rendu un plus grand fervice, s’il eut fait
rechercher tous ces livres, qu’il les eût ramaflfés
tels c^ue leurs auteurs les avoient faits, & que fans
en rien retrancher, il en eût donné uné colleélion
complette ; faute de cette attention, ces ouvrages
font perdus: il ne nous en refte que des extraits, frag-
mens précieux,échappés à la fureur du tems & à la
barbarie. Qn faura au moins toujours gré à i’abré-
viateur de nous avoir confervé les noms de plufieurs
médecins vétérinaires ou hippiatres , parmi lefquels
la plupart ont écrit 6c les autres feulement exercé.
Il lerôit peut-être impoflible de réuflir à fixer le tems
où chacun d’eux a vécu ; ce qui au-moins n’eft point
douteux, c’eft que Yhippiatrique exiftoit, puifqu’ils
font tous nommés hippiatres ou médecins vétérinaires.
On a donc fenti de bonne heure l’utilité de la médecine
des chevaux ; on s’y eft donc livré avec zele 6c
même avec fuccès * puifque ceux qui l’ont pratiquée
avoient pris foin d’écrire leurs obfervations
6c d’inftruire leurs contemporains de ce que l’expérience
leur avoit appris. Nous fommes malheu-
reufement privés de ces ouvrages qui auroient pu
favorifer 6c accélérer les progrès de l’hippiaîrique.
Mais puifqu’elle a mérité l’attention 6c les regards
d’un empereur , on peut croire qu’elle jouifloit encore
alors de quelque confidération , qui a dû rejaillir
fur ceux qui la profeflpient : elle n’eft certainement
déchue de fon éclat qu’avec les autres arts 6c
fciences ; leur ruine a entraîné la fienne : on ne voit
pas au moins que jufqu’au quinzième fiecle on1 s'en*
. foit beaucoup occupé en Europe. 11 ne doit pas être
furprenant.qu’ainfiabandonnée, elîèfe foit infenfi-
blement réfugiée entre les mains de ceux qui, voyant
le plus Couvent des chevaux, furent cenlés les plus
capables de les traiter dans leurs maladies , ils làiïî-
rent l’occafion ; & à la faveur d’une opinion qui
flattoit leur amour-propre , 6c pouvoit augmenter
leur fortune, ils s’ingérèrent en médecins de ces
animaux : ils travaillèrent fans principes, recueillirent
ce que la tradition pouvoit avoir confervé ,
profitèrent des.épreuves qu’ils olerent tenter, fuivi--
rent avec avidité ce que l’empirifme leur prelcrivit,
6c y joignirent bientôt ce que la crédulité 6c la lu-
perftition apportèrent de nouveau dans leur code
ignorant. / ’ .
\dhippiatrique refta plongée dans l’oubli 6c comme
avilie dans les atteliers brûlans de ceux qui ferroient’
„les chevaux , jufqu’au quinzième'fiecle. On lentit
dans le feizieme qu’elle avoirbefoin d etçe éclairée;
on fit imprimer les quatre livres de Vegece, en
1518, lefquels parurent en françois, en 1563. François
l chargea Ru el, médecin, de traduire du grec
en latin, la collection faite par les ordres de Conlian-
tin, de laquelle nous avons parlé; cette verfion parut
en »530 : ces fragmens d’auteurs vétérinaires furent
mis en françois par Jean Mafle , aufli médecin, en
1563. Rien ne démontre que ces fecours aient été
d’une grande utilité ; il failoit des efprits préparés-
pour recevoir les inftruâions que renfermoient ces •
livres , il n’y en avoit point parmi cette portion
d’ouvriers qui forgeoient même grofliérement les
fers des chevaux. L’émulation fe répandit cependant
: en Efpagne, en France, en Italie, en Allemagne,
Plufieurs hommes de mérite, fansdoute, crurent
devoir écrire fur cet ohjet, mais leurs ouvrages ne
furent répandus que parmi les amateurs'; & s’ils le
furent parmi les maréchaùx, ceux-ci manquoient de
l’intelligence néceflaire pour en profiter , ou d’ému-
; lation pour aller au-delà ; Yhippiatrique eft demeurée
dans l’enfance durant le leizieme & le dix-feptieme
' fiecles, malgré les nombreux écrits dont on a volilii
l’enrichir : elle eft même reftée dans l’âviliffemént.
Ce qu’avoit dit Vegece, pour prouver que cet art
méritoit de la confidération, & n’étoit point abjeft ,
ne tqucha point ; on ne fit guere plus d’attention à