une petite fource qui a quelque retfemblanée avec
celle d’Epfom ; & dont on tire auffi un fel purgatif.
$ É h IH P thermales. Il y a encore des eaux minérales
qui font chaudes ou thermales, comme celles
de Plombières, d’Aix en Savoie 6c d’Aix en Provence
, de Bade en Suiffe, des bains du Valais, 6c plu*
fieurs autres de différens pays. Cette chaleur a" plu-
fieurs dégrés depuis l’eau bouillante, comme à Aix
en Savoie» ou à peu-près, jufqu’au tempéré, comme
celle d’Yverdon en Suiflé. La chaleur de ces eaux vient
de ce qu’elles coulent fur des bancs de pierre à chaux
ou de craie, comme à Bath en Angleterre, lur des
couches de charbons pyriteux, comme en divers endroits
de l’Allemagne, ou fur des lits de pyrite ful-
fureux comme en Savoie, ou fur des lits de terre
de pyrites tombées en efflorefcence, ou en vitrio-
lifation, ou enfin par le voifinage des volcans, comme
dans le royaume de Naples.
Il y a des eaux thermales qui contiennent peu de
matières hétérogènes, comme celles de Pfeffers en
Suiffe; d’autres font fpiritueufes, comme celles de
Pife ; vitrioliques & martiales, qui teignent en noir
l ’infufion légerè-de noix de galles, comme celles de
Forges: d’autres contiennent du fel neutre martial,
comme celles de Bade en Suiffe; d’autres font.fulfu-
reufes 6c noirciffent l’argent, comme en divers bains ;
d’autres font alkalines 6c fulfureufes, comme celles
d’ Aix-la-Chapelle. Celles de Carlsbad contiennent un
alkali capable de détruire l’acide âcre de l’huile de
vitriol, .& une matière crayeufe & martiale, qui fait
un dépôt confidérable par l’addition de l’huile de
tartre. Celles d’Aix-la-Chapelle ont quelque affinité
avec celles de Carlsbad. On voit celles - là faire ébullition
avec les acides, donner un précipité avec les
alkalis, 6c laiffer un fel neutre par l’évaporation. Les
■ eaux thermales de Wisbad font auffi effervefcence
avec les acides, ce qui indique un alkali ; elles blan-
chiffent avec l’huile de tartre ; elles noirciffent avec
la poudre de galle ,.ce qui décele le fer; on en tire
auffi du fel commun. Celles de Toeplitz ont du rapport
avec celles-là.. .
Auffi l’on voit que les eaux minérales, froides ou
<haudes , contiennent à-peu-près des principes de
même efpece, diverfement modifiés ou combinés.
Mais elles different en ce que les eaux froides renferment
d’ordinaire plus d’efprit que les chaudes. Il y
a communément plus de fel volatil dans les froides,
plus de fel fixe dans les chaudes. Les froides ont plus
de vitriol fubtil que les chaudes ; mais celles-ci contiennent
plus de foufre véritable.
IX. Mélange de tous ces principes avec l 'efprit. Dans
toutes les eaux froides ou chaudes, il y a les parties
du liquide aqueux ; ce font peut-être des globules
très-fubtils, mobiles, capables de pénétrer la plupart
■ descorps: des particules ignées qui confervent fa liquidité,
en tenant cés globules éloignés 6c dans un
-certain mouvement ; enfin il y a un efprit éthéré,
élaftique, qui rend l’eau plus volatile, plus expansible.
A ces trois: principes qui conftitueroient une
eau parfaitement pure, telle qu’il n’y en a point, fe
joignent des parties terreftres ou minérales qui différencient
plus fenfiblement les eaux, 6c l’addition de
la chaleur accidentelle, par le moyen des pyrites 6c
de l’air qui diftingue les thermales. Ces matières terreftres
ou minérales font donc d’ordinaire des terres
calcaires fubtiles, des terres argilleufes ou marneu-
fes, très-déliées,des terres féléniteufes très-fines, des
fels alkalins ou des fels neutres, des partiesffulfureu-
fe s , des ochres ferrugineux, quelquefois des précipités
du cuivre ou du zinc, fort rarement d’autres
corps, 6c plus rarement encore des parties dange-
reuies , capables de faire du mal aux animaux. Plus
les eauxfimples ou compofées, ou thermales, contiennent
de ce que nous nommons l 'efprit des eaux ,
plus ellès font légères & aû iv e s , elles fe chauffent
plus v ite, elles ■ fe refroidiffent plutôt, elles fe corrompent
plus tard ; ces eaux forment des bulles
quand on les verfe; elles pétillent dans leur chute;
ou fi on lés agite dans un flacon de verre , elles font
même fauter un tel flacon * fi on le., bouche 6c l’agite £
dans la machine pneumatique,il s’élève plus de bulles
de cette eau fpiritueufe. Cette même eau..éventée
ne produit plus aucun de ces effets ; puifée au contraire
à la fource, on voit conftamment ces phénor
menes. Il eft de ces eaux fpiritueufes. qu%imêlées
avec le vin du Rhin, ou avec des acides, ou avec le
fucre candi pilé, font ébullition ou une moufle fen-
fible; éventées, elles ne le font plus. Si ces eaux font
minérales 6c que vous les laifliez évaporer un peu»
ces effets n’ont plus lieu ; mais vous retirerez cependant
de cette eau éventée les mêmçs.dépôts, les
mêmes ochres, les mêmes fels qu’auparavanr. Ainfi
cette ébullition n’eft pas l’effet du minerai, mais de
l’efprit. Cet efprit eft fi fubtil, que fi l’on boit ces
eaux à la fource, comme à Pirmont & à Spa, il porte
à la tête. Après l’évaporation de cet efprit, toutes ’
ces eaux deviennent fenfiblement plus pefantes. Le
gel chaffe auffi cet efprit ; de-là vient que les eaux
qui ont été gelées ou qui font de neiges fondues ,
font plus pefantes. Lès eaux croupiffantes font onc-
tueufes 6c privées de cet efprit. Les eaux de pluie ,
recueillies dans un vafe ouvert, après qu’il a plu quelque
tems, font les plus fpiritueufes 6c auffi les plus
falutaires. Mais les eaux des citernes font fou vent
ou altérées ou évaporées. Les fources qui coulent
fous terre fur un fond de gravier , foutenu d’un lit
de glaife, 6c qui fortent des coteaux à une certaine
hauteur, tournés du côté du levant, fources qui ne
gelent jamais.;r ces fources, dis-je , fourniffent les
eaux les plus fpiritueufes, les plus .légères.& les
meilleures. Cet efprit n’eft pas l’air que toutes les
eaux renferment plus ou moins , c’eft quelque chofa
de plus pur, déplus fubtil, de plus léger, de plus
volatil, de plus élaftique ; ou fi vous voulez, un air
plus fubtil.
Un traité d'hydrologie complet 6c détaillé , préfen-
teroit donc l’expofé de tous ces principes propres
des eaux fimples , pures , 6c de tous les principes
étrangers des eaux compofées ou minérales, leur
nature, leurs propriétés, leurs effets. Il montreroit
les divers>mêlanges 6c les différentes combinaifons
dé cès principes hétérogènes, leurs proportions 6c
les effets qui enréfultent. Il donneroit auffi l’hiftoire
naturelle des eaux compofées ou minérales des différens
pays, là maniéré dont on en fait; .ufage, la
méthode d’en tirer les fels ou les au t res .min érau x ,
les analyfes 6c les expériences qui ont été faites en
chaque lieu, 6c les arts que toutes ces expériences
ont produits ou fuppofent.
Une partie effentielle encore d’un traité ^hydrologie
feroit des tables fyftématiques ou raifonnées ,
oit les eaux feroient rapportées à leurs claffes, leurs
genres, leurs efpeces, pour en faifir les affinités 6c
les rapports, comme les différences génériques 6c
fpécifiques.
L’expofé de toutes les épreuves Jufques ici imaginées,
auxquelles on peut foumettre toutes les
eaux , pour découvrir leur nature, déterminer leur
fimplicité ou leur compofuion , 6c en déduire leurs
propriétés , eft une partie toute pratique de Yhydro-
logie, la partie la plus néceffaire 6c à la portée de
tout le monde. Nous allons en donner un petit effai;
on pourroit l’appeller Yhydrodocimajie. Boile, Lifter,
Boerhaave, Margraff, Hoffmann , B e c k e r , Walle-
rius, du Clos , Valmont de Bomare, Monnet, &c.
ont déjà raffemblé beaucoup de faits, d’expériences
6c d’obfervations ; mais un tr.aité complet 6c méthodique
eft encore à defirer. Voyez dans la Bibliothèque
de Gronovius tous les livres indiqués fur cette matière
& fur l’eau en général.
X . Epreuves des eaux par les fens. Pour éprouver
les eaux, on emploie d’abord les fens.
La vue nous fait connoître fi elles font limpides
ou rendues troubles par des parties hétérogènes.
Ce feroit cependant conclure mal de ce qu’une
eau eft limpide, qu’elle n’eft point du tout çompo-
fée ou minérale. Les parties falines diffoutes, ou minérales
décompofées, font fi fubtiles , fi atténuées,
fi divifées, qu’elles font fufpendues dans l’eau d’une
maniéré imperceptible, fans lui rien faire perdre de
fa tranfparence.
Pour concevoir comment les parties métalliques
plus pefantes peuvent flotter dans l’eau, on n’a qu’à
fe rappeller deux propofitions démontrées en mathématique.
L’une, que fi l’on divife un corps pefant en
plufieurs parties, la fuperficie de chaque particule
fera plus grande à l’égard de fon poids que n’étoit
celle du corps entier, comparée avec le poids de fes
parties enfemble ; c’eft-à-dire » que fuppofant un
cube d’or de 280 grains, fi vous le divifez en deux,
quatre, huit parties, &c. les poids de ces parties feront
de 14 0 ,70 ,3 5 grains ; mais les Superficies du
tout 6c de fes parties feront comme 1 2 ,8 ,5 ,3 , &c.
enforte qu’une particule du cube qui ne contient
que le £ de la maffe du tout, aura une furface deux
fois plus grande en proportion de fon poids, que
n’avoit le cube entier, les poids étant comme 8 à 1 ,
& les fuperficies comme 4 à 1. La fécondé propofi-
tion démontrée eft que la réfiftance du fluide eft d’autant
plus grande, que la fuperficie du corps flottant
eft plus large ; d’où il fuit qu’une particule de métal
peut être réduite à une telle petiteffe par la folution
ou la décompofition, qu’elle flottera aifément dans
l’eau. C’eft ce que nous voyons opérer de nos yeux,
par la diffolution de l’or dans l’eau régale, de l’argent
dans l’eau-forte, & des fels dans l’eau commune.
Les molécules, outre cela, des corps opaques
peuvent être fi minces 6c fi petites, qu’elles ne fau-
roient plus intercepter le paffage de la lumière qui
traverfe leurs pores fans obftacle.
La vue d’ailleurs peut nous aider à connoître la
nature de l’eau. Si nous y voyons des bulles s’élever,
nous concluons qu’elle eft fpiritueufe : fi elle paroît
rougeâtre fur la furface, c’eft l’effet de quelque fub-
ftance graffe animale : fi la rougeur occupe toute
l’eau, 6c que l’on y voie un dépôt de même couleur,
elle charrie du bol ou de l’ochre. La couleur verte
indique du cuivre ou du vitriol de mars, ou du pyrite
ferrugineux; la couleur bleue annonce plus ordinairement
du cuivre ; la couleur blanchâtre eft un indice
des parties crayeufés, félétineufes, gypfeufes
ou calcaires, quelquefois un mélange de chaux & de
foufre. Si l’eau eft d’un blanc jaunâtre , c’eft quelquefois
l’effet du charbon foffile ; d’autres fois les eaux
martiales fpiritueufes qui font éventées, prennent
cette nuance. Le jaune noirâtre indique toujours le
fer ; le jaune rougeâtre, les pyrites fulfureufes ; le
verd jaunâtre, le foufre ou le fer mêlé avec le cuivre;
le noir, l’afphalt ou une craie noire.
L’odorat n’offre rien déplus précis que la vue.
Une odeur pénétrante qui prend au nez, lorfqu’on
puife une eau à la fource, annonce l’acide vitrioli-
que,&une vapeur fpiritueufe ouéthérée. Le pétrole
avec le fel alkali donnent à une eau qui les renferme,
une odeur agréable de ftyrax. Une eau qui eft chargée
par les pyrites, a une odeur groffiere de foufre:
fi l’odeur eft plus fubtile, elle indique l’efprit vola-,
til de foufre. Une odeur d’ail marqueroit une eau
arfénicale , comme l’odeur aigre indiquerait l’alun,
6c celle d’oeufs pourris le foufre, uni à un alkali ou
à une matière calcaire.
Le goût de rouille marque lç cuivre ; le goût d'en-
Torne III.
cre, le vitriol martial ; le goût vineux ou aftringent,
l’alkali ou l’efprit de foufre; le goût falin annonce
des fels ; le goût auftere ou acerbe l’alun, ou le
vitriol ; le goût de craie, une terre crétacée.
Après ces épreuves, on peut encore avoir recours
à la balance hydroftatique, en comparant l’eau que
l’on veut effayer à l’eau la plus pure, diftillée avec
foin. Mais ici il faut fe fouvenir d’une obfervation de
Mufchenbroeck, c’eft que dans les différentes faifons
de l’année la même forte d’eau a différens poids. En
janvier 1728, il trouva que la pefanteur de l’eau
étoit à celle de l’air comme 1 à 783.
17 Juin 1728, -à 698.
1 Novembre 1719» à 774.
10 Mai 1730, à 673.
12 Juin 1730, à 6 61.
Orat. de modo inllit. experim. phyf.
Eifenfchmid nous donne dans fon traité de Pon-
derib. & Menfuris vet. les différences fuivantes pour,
l’été & l’hiver. .
1 Pouce- cube mef. de Paris. En été. En hiver.
Drag. gr. C)rag. gr.
De l’eau de mer, 6-. 12. — 6. 18.
— —de riviere, 5. 10. — 5. 13.
— —de puits, 5. ir. — 5. 14.
XI. Epreuves par la chymie. C’eft la chymie qui
nous fournit donc les moyens les plus fûrs pour découvrir
la compofition des eaux 6c là’ nature des
mélanges-. Indiquons ici rapidement les principales
épreuves en ufage.
Epreuves générales. On prend du fucre de faturne
autrement dit f e l de plomb , qui eft une préparation
de ce métal, diffous par un acide végétal; on fait
diffoudre ce fucre de faturne dans de l’eau diftillée
bien pure : on verfe goutte à goutte de cette folution
dans l’eau à éprouver ; fi elle change de couleur
& perd fa tranfparence, c’eft une preuve que
c’eft une eau mixte, impure ou minérale. On emploie
auffi de la même maniéré la diffolution d’argent
dans l’efprit de nitre, étendue avec de l’eau'
pure & l’huile de tartre par défaillance : on en verfe
goutte à goutte dans l’eau que l’on veut effayer, 6c
on examine les effets. Outre ces épreuves générales
il en eft de particulières.
Epreuves particulières. Pour découvrir le cuivre,
dans l’eau, on verfe quelques gouttes d’efprit de fel
ammoniac ou de l’alkali volatil, l’eau deviendra
auffi-tôt verte ou bleuâtre. Une lame d’acier poli y
devient rouge.
Pour découvrir le fer, on verfe dans l’eau de l*ïn-
fufion de noix de galle, ou de thé, ou des feuilles de
chêne, ou de l’écorce de grenade, & elle devient ou
pourpre ou noire. La 'coquille d’un oeuf propre y
jaunit auffi. La diffolution d’argent étendue fait pré-:
cipiter une poudre blanche. Un peu de cette eau trouble
& noircit le vin rouge, & n’altere pas le vin blanc.
Pour.découvrir le zinc dans l’eau, on y verfe de
l’efprit de fel marin, de l’efprit de nitre, ou de l’efprit
dé vitriol, 6c il s’élève une odeur défagréable
6c une vapeur noire. Si l’on jette du vitriol de cuivre
dans cette eau expofée à une chaleur modérée,
le vitriol perd fa couleur bleue, devient blanc, &
le cuivre le précipite de couleur rouge.
Pour découvrir le foufre dans l’eau, on y met
une lame d’argent, qui devient brune; l’or y prend
une plus belle couleur. La diffolution de l’argent
étendue, ou la folution de fucre de faturne , rendent
l’eau foufrée brune, noire, jaunâtre ou rougeâtre.
Souvent ces eaux exhalent un efprit volatil »
qui naît des pyrites décompofées ou tombées en
efflorefcence. Souvent le depot de ces eaux eft inflammable
, & fi l’on fond cette matière avec le fel de
tartre, on obtient du foie de foufre.
Pour découvrir l’acide vitriolique dans l’eau on
Ooo