
Juvénat & d’Ariftophane, mais il fait Anftophane &
Juvénal. L’érudit peut être ou n’être pas un bon littérateur,
car un difeernement exquis, une mémoire
heureufe U meublée avec choix fuppofent plus que
de l’étude : de même le littérateur peut manquer d’érudition.
Mais fi ces deux qualités le réunifient, il en
réfulte un favant 8c un homme très-cultive. Lun
& l’autre cependant ne feront pas un homme de
lettres ; le don de produire cara-ôerife celui-ci ; 8c
avec de l’efprit, du talent & du goût, il peut produire
des ouvrages ingénieux,fans aucune érudition
& avec peu de littérature. Freret fut un érudit profond,
Malefieux un grand littérateur, & Marivaux
un homme de lettres. ( M. Ma rm o n te l . )
§ LITUUS, ( Mufiq. infi. desanc.) Voye{ d’a b o rd
L n v u s & T r o m p e t t e , ( Litiérat.) dans le Dict.
raif. des Sciences, &c. & la fig u r e d e c e t in f in im e n t ,
fig. 18, pi. I l de luth. Suppl.
Quelques critiques appellent Utnm le cor des anciens
, qù’on trouve fig. 2 , pl. II de Luth. Suppl.
Caufeus de la Chauffé, de qui j’ai tiré cette dernière
figure, veut auffi que ce foit le lituus ,* mais
d’abord la fig. /<?, refiemble plus au lituus augurai,
que la fécondé, 8c d’ailleurs Bartholin, c. j , l. IH»
de fon traité de Tibiis veter. parle d’une bas- relief,
dont il donne la figure 8c qui porte pour infcription :
M. Julius Victor ex collegio l'ttieinum cornicinum ; dans
ce bas- relief fe trouvent deux inftrumens, l’un comme
celui de la fig. /£;& l’autre comme celui de h fig. 2
de la pl. I l de Intk. Suppl, d’o iril me femble que l’on
peut conclure naturellement que la fig. 2 eft un cor,
& la fig. 18 un lituus, car cette derniere ne peut pas
être pril'e pour un cor. ÇF.D.C.')
LIUBA ou L i u v a I , roi des Vifigoths, ( Hifloire
d'Efpagne.') Il y avoit cinq mois que le trône des
Vifigoths étoit vacant ; les grandes qualités d’Athana-
gilde qui enavoit été le dernier poffeffeur, rendoient
li difficile le choix d’un nouveau fouverain, que les
grands prétendirent qu’il feroit beaucoup plus avantageux
de ne point faire d’éleâion que de placer la
couronne fur la tête d’un prince qui n’auroit ni les vertus
ni la capacité d’Athanagilde. Toutefois, fous ce
prétexte, fort refpe&able en apparence, les grands
ne cherchoient qu’à profiter de l’inrerregne pouracca-
blerle peuple par les plus dures vexations ; mais tandis
qu’ils opprimoient & fouloient à leur gré leurs vaf-
faux ; tandis qu’au lieu d’un roi,l’état reftoiten proie
à l’ambition dévaftatrice d’une foule de tyrans, les
Impériaux profitant du défordre de cette efpece d’anarchie,
faifoient dans ce royaume les plus cruelles
incurfions. Les Vifigoths, fur-tout ceux qiti habi-
toient dans.les villes, fe plaignoient hautement, 8c
ils étoient prêts à fe foulever contre les grands, lorf-
que ceux-ci voyant eux-mêmes combien il impor-
toit à la nation d’avoir un chef, s’affemblerent 6c la
plupart d’entr’eux donnèrent leur fuffrage kLiuvagou.-
verneur delà Gaule gothique: Liuva mérltoità tous
égards l’honneur du choix: il étoit aufli diftingué par
fâ modération, fà valeur, fa prudence, que par Ion
généreux défintéreflement, par fon patriotifme, &
fon zele héroïque pour le bien public, dont il avoit,
en plus d’une occafion, donné des preuves fîgnalées..
Le fafte de la royauté n’éblou-it point le fage Liuva
qui ne fentit, en recevant le fceptre, que le poids
des devoirs que fon rang lui prefcrivoit. La crainte
que les Gaules ne fouffriffent de fon abfence Tem-
pêcha de s’en éloignef; mais craignant auffi pour les
Vifigoths, qui ne pouvoient guère tenir en Efpagne,
entourés , comme ils l’étoient , d’ennemis redoutables
, contre lefquels ils ne poürroient lutter cpTau-
tant qu’ils, feroient gouvernés & -conduits par un
chef habile & vigilant, il demanda aux grands que
par intérêt pour eux - mêmes, ils lui afîqciafïént Léo-
vigilde fon frere, dont on connoiffoit la valeur 8c
la rare capacité. Les grands admirèrent la généro-
fité de ce bon fouverain, allez défïntéreffé pour fa-
crifier une portion de la grandeur à la tranquillité
publique, & ils confentirent à fa propofition. Liuva
continua de fixer fa réfidence dans les Gaules, où
il ne s’occupa qu’à rendre fes fujets heureux 8c fes
états floriffans, jufqu’à fa mort qui arriva en 572.
M . , .
Liuba ou Lhjva I ! , roi des Vifigoths, ( Hifloire
d’Efpàgne. ) Recarede, pere de Liuva I I , s’étoit fait
adorer de fes peuples ; fon fils avoit hérité de fa
couronne, 8c, cè qui vaut encore mieux, de fes
talens, de fes vertus, & fur-tout de fa bienfaifance;
auffi fut-il aimé de fes fujets autant que Recarede l’a-
voit été ; mais cet attachement, qu’il mérita par fa
douceur & fa juftice, ne le mit pourtant point à l’abri
des fureurs de l’ingrat qui Tui-arracha la v ie, dès la
troifieme année de fort régné. Bien des hiftoriens
affurent que Liuva I I n’étoit que le fils naturel de
Recarede qui l’avoit eu d’une femme de très-baffe
naiffance, & qui biffa deux filslégitimesde fa femme
Bada. Mais lorfque ce fouverain mourut, fes deux
fils étoient encore enfans ; 8c Liuva, qui atteignoit
fa vingtième année , avoit donné tant dé preuves
de fagacité, de fageffe, de valeur & de bienfaifance,
que tes grands, fermant les yeux fur l’illégitimité de
fa naiffance,-ne firent aucune difficulté de l’élever
au trône, tant ils étoient perfuadés qu’il marcheroit
fur ies traces de fon pere : ils ne fe trompèrent point,
& la générofité, la douceur & lè cara&ere bienfai-
fant de Liuva lui concilièrent l’eftime & TafFeéhon
de fes fujets, dont il fe propofoit de faire le bonheur,
lorfqu’ùn monfire d’ingratitude, Witeric, qui s’étoit
déjà fait connoître par fa fcélérateffe, 8c auquel
Recarede avoit pardonné une confpiration tramée
contre fes jours, n’ayant pu détrôner & faire mourir
le pere, détrôna & fit périr le fils. Afin de réuffir dans
fon attenrat, le comte Witeric perfuada à Liuva de
déclarer la guerre aux Impériaux, & de le nommer
généraliffime des Vifigoths. Le jeune roi adopta ce
plan de guerre, lui donna le commandement de l’armée
: mais le perfide Witeric, au lieu d’aller combat*
tre les ennemis de l’état, corrompit les principaux
officiers de l’armée, les engagea dans une conjuration,
fe mit à leur tête, alla fe faifir du malheureux
Liuva, commença par lui couper la main droite, &
finit par le faire mourir dans les toùrmens. Ainfi
périt Liuva I I , digne d’un meilleur fort. ( L. C. )
LIVONIE (^Cordre de') dit des freres de Ckrifi, de
l'épée ou freres porte-glàives.
Engilbert 8c Thierry de Tiffench, nés à Brefine,
en furent les inftituteurs en 1203, dans le deffein de
combattre contre les infidèles de Livonie.
Il fut approuvé & confirmé en Tannée 123 3 , par
le pape Innocent III. Cet ordre fut aboli en 124t.
Les freres de Chrift , de l’épée ou porte - glaives,
avoient pour marque de leur ordre deux épées d’or
pafféesen fautoir les pointes en bas, attachées à une
chaînes d’o r, en forme de chevron ,‘par leurs pommeaux.
Voyc^ planche X X V , fig. 6€>, de V Art Héraldique
, dans le Dictionnaire raif. des Sciences, &c.
( G .D .L .T . )
§ LIVRE, (' Relieur. ) Qbfervations fu t les infectes
qui rongent les livres. J’ai va tant de perfonnes accufer
les teignes de manger- les livres, q«e je crois devoir ,
à ce fùjet publier ce que j’ai apptis par mes obfer*
vations & mes expériences. Ces infeâes ne font en
aucune façon coupables'des ravages qn’efluient nos
bibliothèques; mais oh doit s’en prendre à un très»*
petit efcarbot qui. dans le mois d’août feit fes oeufS
dans les livres , & principalement du côté de la ré-
lkire; il en fortune mitte qui reffemble à' celle qui
s’engendre dans le fromage: c’eô elle qui ronge les
livres & non pas Tefearbot ; cependant il fomble
qu’elle ne mange le papieî- qùë parce qu’elle y éfl
forcée; car, lorfque le teins de fa transformation
s’approche, elle cherche à fe donner de l’a ir, fur-
tout lorfqu’elle eft bien avant dans le livre : alors
elle ronge à droite & à gauche, jufqu’à ce qu’elle ait
atteint l’extrémité du livre, &c qu’elle en foit fortie.
L’efcarbot, quife forme de cette mitte ne peut point
mordre comme elle, 8c n’eft pas capable de percer
un livre de part en part. Toutes les ntittes de bois
travaillent de la même maniéré, avant de fe transformer
en efcarbots. Je connois auffi une feule efpece
de chenille, qui mange le bois de la faille, & le perce
d’une écorce à l’autre, avant de fe transformer en
papillon.
J’ai fait plufieurs effais pour ôter à cette efpece de
mittes le goût fatal qu’elles ont pour nos livres, &
fur-tout pour les herbiers dont elles mangent auffi
les plantes ; ce qu’aucun autre infecte ne fait ordinairement.
On doit en attribuer la caufe aux cartons
& à la colle dont les relieurs fe fervent pour coller le
papier & le parchemin ou le cuir des reliures ; ils
font cette colle avec de la farine noire ou autre, que
la mitte aime beaucoup, & qui attire pareillement
Tefearbot; j’ai effayé de mêler dans cette colle des
chofesameres comme l’abfinthe, de làcoloquinte, &e.
mais fans aucun fuccès. Le feul remede que j’aie
trouvé a été dans les fels minéraux, qui réfiftent à
tous les infe&es ; le fel appellé arcanum duplication,
Talun, le vitriol font propres à cet effet ; mais les
fels végétaux, comme la potalfe, le fel de tartre, &c.
lie le font point. Ces derniers fe diffolvent aîfément
dans un air humide , & font des taches dans les
livres. Lorfqu’on mêlera un peu de ces premiers fels
dans la colle, les vers ne toucheront jamais aux livres,
qui feront préfervés des attaques de toutes fortes
d’infe&es.
M. Prédiger, dans fes Injlruclions pour les relieurs,
imprimées à Leipfick en allemand, en 174 1 , a confirmé
d’avance ce que je donne ici comme une chofe
que j’ai éprouvée. Il prétend que les vers ne tou-
cheroient pas aîfément aux livres fi les relieurs pour
faire leur co lle , fe fervoient d’amidon au lieu de
farine ; il dit encore que, pour préferver les livres
eontre les vers, il faut mettre entre le livre & la
©ouverture , de Talun pulvérifé, mêlé d’un peu de
poivre fin , & qu’il convient même d’en répandre un
peu fur les tablettes de la bibliothèque. Il ajoute,
que pour garantir une bibliothèque des vers, il faut
frotter les livres fortement dans les mois de mars,
juillet & feptembre, avec un morceau de laine fau-
poudré d’alun pulvérifé.
Lejfive pour nettoyer les livres. L?invention de l’imprimerie
nous a procuré la facilité de multiplier à
l’infini les exemplaires d’un ouvrage ; mais elle ne
les garantit pas des injures des tems 8c des incon»
véniens qui réfultent de leur ufage. Les livres, ainfi
que les eftampes, font continuellement expoies par
accident, ou par la négligence de ceux qui s’en feh-
vent, à être tachés, falis ou noircis. Plus les éditions
font belles 8c dignes de pafter à la poftérité,
plus nous regrettons de les voir ainfi fe défigurer
&c périr. C’eft donc pour leur rendre leur premier
Juftre q.u’on propofe le moyen fuivant , qui eft
fimple , facile dans l’exécution, & dont le fuccès
eft certain.
Il confifte dans une petite leffive faite ayee des
cendres, .de ferment de vigne ; ces. cendres font les
meilleures, &n e doivent pas être mêlées avec d’autres.
Il faut obferver néanmoins que la leffive ne foit
pas trop forte., Un boiffeau de cendres fuffira pour
quatre féaux d’eau de rivière ; on fera bouillir Iè
tout dans une chaudièrefept à huit heures, après
quoi onlàiffera repofer cette leffive, & ojyçouvrira
la chaudière avec un linge , pour éviter que Ta pôuffiere
ni aucune ordure nky tombe ; quând CetteTeffivè
aura repofé dans cet état l ’efpaee de fept à huit
jours, on la tirera à clair par iftelinaifon; c’eft avec
cetre leffive qu’on pourra décraffer, dégraiffer &
blanchir toutes fortes de livres 8c d’eftampes ; mais
elle ne peut fervir pour d’autres papiers qui feroient
écrits ou peints avec encre ou couleur gommée. U
nV a que l’encre d’impreffion qui réfifteàce blan-
chiffage.
Lorfqu’on voudra nettoyer un livre avec cette leffive
, on commencera par en ôter la couverture ;
il en faut faire le facrifice, parce que l’apprêt qui fé
trouve dans les peaux des couvertures cauferoit en
fe délayant dans la leffive, une couleur qui fe com-
mupiqueroit au papier du livre, & qui ne feroit pas
facile à enlever. Ces couvertures d’ailleurs feroient
tout-à-fait gâtées, en bouillant avec le livre dans
la leffive ; il eft donc plus à propos de les Ôter, & fi
elles font eficore propres, on pourra les faire fervir
de nouveau au livre, ou les employer à d’autres
ufagesN.
Après ceite opération, on liera enfemble tous les
feuillets du livre avec une ficelle entre deux cartons^
de maniéré cependant à n’être pas abfolument trop
ferres, afin que la leffive puiffe les pénétrer tous*
Dans cet état on mettra le livre bouillir un quart-
d’heure dans cette leffive. On le retirera enfuite , &
après en avoir détaché la ficelle, onlemettra fous-unê
prelfe, avec laquelle on le comprimera bien fort,
pour en faire forrir la leffive qui fe fera imprégnée
de fa craffe. On le biffera fous la preffe pendant un
quart-d’heure, en le renouant avec une ficelle comme
auparavant, de façon que la leffive puiffe tou*
jours 1&pénétrer. Quand il y aura ainfi bouilli pour
la fécondé fois, on le remettra fous la preffe pour en
exprimer encore la leffive fale.
On doit mettre le livre au fortir de la preffe, & tout
chaud encôre, dans un autre chauderon plein d’eau
bouillante & propre. Il faudra toujours, autant que
l’on pourra , fe fervir d’eau de riviere, parce qu’étant
plus légère, plus remplie d’air 8c de fels que
Peau de puits ou de certaines .fontaines, elle délaye
mieux les matières ondueufes, & par conféquent a
plus de qualité pour enlever toutes les tachesde craffe
& de graiffe. Il faudra pareillement lier toujours le
livre avec une ficelle entre deux cartons, pour empêcher
que fes feuillets ne ,s’ouvrent, parce qu’ils pour-
roient fe gâter dans cet état.
11 faut avoir attention de ne laifiêr jamais bouillir
le livre dans la leffive, ni dans l’eau plus d’un quart-
d’heure à la fois ; car cela pourroit nuire à l’impref-
fion. Au fortir de l ’eau, on le mettra fous la preffé
pour l’exprimer ; on le remettra après cela bouillir
une fécondé fois dans la même eau, 8c on l’en retirera
pour le preffer de même. Enfuite on examinera
les endroits les.plus tachés, pour voir s’ils font devenus
bien nets ; s’ils ne Tétoient pas encore, on lé
feroit ; bouillir enfin une troifieme fois dans l’eau
claire , tontes les taches fe diffiperont fans qué
le papier ni Timpreffion en fouffrent.
Cependant, comme cette, lefiîve & l’eau bouillante
auront détaché une bonne partie de b 'co lle ,
ce papier n’auroit plus le même corps, &feroit fujet
à fe déchirer plus facilement;,.ft Ton n’y remédioit en
remettant le livre par deux fois dans de l’eau d’alun.:
Çette eau rendra le corps au papier , & lui
donnera même la qualité de pouvoir fouffrir l’écriture
fans boire l’encre. Enfin on feraféciier le livre
fur- des ficelles en éparpillant un peu les feuillets dans
un lieu propre, point humide où là fumée.ne puiffe
entrer, 8c qui ne foit-ni expofé au foleil, ni au trop
grand air 5 car il faut, autant que ceia fe peut, que le
papier feche lentement & d’une maniéré égale. (-F)
L IV R E O U V E R T , à llyrt ou v e rt, o u a Fouverture
i l , I