les premières , les.feuilles ne font pas moitié aufti
larges que celles du «° z , elles font entières. On la
multiplie en partageant fès rapines au printems, un
peu avant la végétation de la plante. Il faut la planter
dans un fol léger & chaud; dans un terrein humide
fes racines fe pourriffent l’h iver. ( M. le Baron DE
T s CHOU D I . )
§ M EN STRU ES , f. ni. pî. (M é d .) O n donne ce
nom à une évacuation périodique de fang qui fe fait
dans le fexe , depuis l ’âge de puberté jufqu’à celui
auquel elles ceffent de faire des enfans. Cette évacuation
eft effentielle & commune à toutes les nations.
L e ry en a excepté celle des Topinambours;
mais les voyageurs modernes confirment unanimement,
que dans les régions les plus chaudes & dans
les pays lés plus froids , en Groenlande & entre les
Samojedes, le fexe eft affujetti à cette commune
loi.L
es animaux ont une évacuation utérine muqueu-
fe & quelquefois fanglante ; elle eft en quelque maniéré
périodique , puifqu’ellé eft liée à de certaines
faifons de l’année. Mais ces évacuations different ef-
fentiellement de celle de la femme , parce qu’elles
font liées à la chaleur qui les force à admettre le
mâle , au lieu que dans là vierge les réglés font accompagnées
de bien des incommodités qui la rendent
très-indifférente, & que d’ailleurs elles font attachées
naturellement au mois folaire.
On a dit que les linges- femelles font fujets aux
mêmes évacuations périodiques naturelles à la femme.
On a reftreint enfuite cette loi aux linges, dont
les felfes font fans poil. Je ne fais pas li ces obferva-
tions font bien conftatées ; il me paroîtroit alors
vraifemblable que les linges qui marchent d r o it ,
euffent dans cette évacuation une analogie av e c l’ef-
pece humaine, dont fans doute cetteclaffe de linges
ïe rapproche le plus.
Il y a des individus dans notre efpece que la nature
paroît avo ir 'privilégiés , qui ne font point fujets à
l’empire des mois , & qui cependant ne font pas
ftériles.
Naturellement ces évacuations ne paroiffent qu’av
e c la puberté , marquée par le gonflement du l'ein.
C e tte époque eft différente fuivant le climat: elle eft
plus précoce vers le Gange & dans le Coromandel :
elle fe rapproche de la douzième année dans les climats
méridionaux de l ’Europe, en Suiffe même ; elle
eft un peu plus reculée vers le Nord.
Il y a des exceptions ici comme prefque par-tout.
On a vu des filles de deux ou trois ans réglées comme
leurs meres. Nous avons v u dans un village du
voifina ge , une fille de neuf ans accoucher heureu-
fement.
Mais les faits de cette efpece fortent des réglés.
L e tems ordinaire de ces évacuations précédé de
peu d’années la fin de l’accroiffement.
Elles n’accompagnent pas les femmes jufqu’au
terme naturel de leur v ie : fouvent un écoulement
laiteux commence à paroître dès la trente-fixieme
année de leur âge : la régularité périodique fe dérange
après la quarantième, & même beaucoup plutôt
, dans les pays oit ces évacuations ont été plus
précoces. On a des exemples cependant, que des
femmes ont été réglées & fécondes long-tems après
ce terme. On en a oii les évacuations périodiques
font revenues dans une vieilleffe extrême. II m’a
paru que ce retour a été fouvent funefte ; peut-être
étoit-ce plutôt une hémorrhagie qu’une évacuation
naturelle.
C es mêmes évacuations ceffent de paroître ordinairement
dans la groffeffe , prefque toujours dès la
première p é riode , & c’eft la marque la plus ordinaire
par laquelle les femmes reconnoiffent qu’elles
font enceintes. Il y a cependant des femmes chez
lefquelles les évacuations périodiques fe font foute-
nues pendant toute la groffeffe.
Les nourrices ne font pas également difpenfées
de ce tribut. J’en a i v u , & très -fou vent, qui ont
nourri fans déroger à leurs réglés.
La première fois qu’ urte fille eft affujettie à cette
é va cua tion , elle eft annoncée par plufieurs incommodités.
Avant la parfaite puberté , elles fentent
un poids 6c une diftenfion dans les rein s , des coliques
, des chaleurs, des douleurs de t ê t e , un pouls
plus animé, quelques puftules cutanées. Le premier
écoulement eft laiteu x, le fang s’y mêle, & bientôt
il paroît feul.
La durée des réglés eft de trois jours à fept ; la
période exaflement d’un mois folaire , lorfqu’elle
eft dans fa régularité ; la quantité de t ro is , quatre
ou cinq onces & au-delà dans lëSvtempéramens fan-
gu ins, & dans des femmes paffionnées & qui fe
nourriffent abondamment.
Les incommodités qui précèdent l’écoulement pé riodique
, ceffent av e c lu i , 6c ne reviennent que
quelques jours avant la nouvelle période.
Le fang que perd le fe x e , eft pur & fans corruption
; s’il s’en m ê le , c’eft à la mal-propreté , ou bien
à la mauvaife fanté de la femme qu’on doit attribuer
ce v ice. C ’eft un ancien préjugé q u i , depuis les
premiers tems du monde & chez tous les peuples, a
fait regarder ce fang comme un poifon.
La fource de ce fang eft bien certainement la matrice.
Il n’eft pas impoflible que dans quelques cas
particuliers, elle ait été dans le vagin même ; mais
on a v u dans la matrice le fang épanché & les orifices
o u v e r t s , par lefquels on pouvoit l’exprimer. On l’a
v u fortir de l ’orifice de la matrice renverfée.
Il n’eft pas également fur fi ce font les arteres qui
verfent ce fang , ou fi ce font les veines. On a vu
dans une perfonne morte pendant les réglés , les fi-
nus veineux ouv er ts , comme ils le font après la délivrance
, & le fang en eft forti quand on a prefîe
la matrice.
D ’un autre cô té , les arteres exhalent certainement
une fé ro fité , & l’in jeâ ion artérielle fuit la même
route & pénétré dans la cavité de la matrice.
Peut-être l’une & l’autre de ces routes eft-elle
ouverte au fang des réglés : je croirois cependant
que la plus conforme à la nature eft c elle'des arteres.
La caufe de cet écoulement périodique a occupé
de tout tems les phyfiologiftes. Ariftote l’a attribué
à l ’influence de la lune ; il a cru que fa période ré-
pondoit au décroiffement de cette planete. Cette
hypothefe a dominé dans les é co le s , elle a même été
renouvellée par un habile homme ; c’eft M. Mead.
Il étoit cependant bien aifé de fe convaincre que
la lune eft innocente de cette perte de fang. Comme
fa période naturelle répond aux mois fo lâtres, elle
différé entièrement des mois lunaires, & l’écoulement
ne peut que tomber fuccefîivement fur toutes
les phafes imaginables de la lune.
Un médecin ne peut ignorer que chaque jour de
l’année un nombre de femmes eft fujet à cette é va cuation.
Il feroit contradictoire que l ’apogée & le
pé rigé e , la lune nouvelle & la pleine lune, & toutes
les phafes intermédiaires , eufl’ent le même effet fur
le fang.
On fait d’ailleurs, par l’ufage général du baromètre
, qu’aucune phafe de la lune n’influe fur la
pefanteur de l’a i r , & que des vaiffeaux infiniment
plus fins que n’eft un tuyau de baromètre, n’en peuvent
pas être affeCtés. On a reconnu dans toiite l’Europe
, que la lune n’a aucune influence fur la végétation.
M E N
Une autre hypothefe a été renouvellée par M. le
C a t , av e c un léger changement dans le nom. On
a attribué l’écoulement périodique à un ferment
q u i , accumulé dans la matrice , irrite 6c retarde le
mouvement du fang. On a cherché dans ce ferment
la caufe du defir naturel qui porte l’un des fexes à
defirer l ’autre. '
Les évacuations périodiques font certainement
indépendantes de la fermentation voluptueufe : elles
font amenées par des douleurs infupportables dans
bien'des femmes , 6c par des coliques qui certainement
excluent ces defirs. Elles régnent également
dans les filles fages 6c dans des vierges qui ne con-
noiffent pas de defirs.
Si le fang fe répandoit par l’effet d’un ferment
quelconque , dont le fiege feroit dans la ma trice,
c e feroit cet organe qui feul fouffriroit de l’aétion
d ’un fe rmen t, & qu’aucun écoulement ne foulage-
roit. Mais ce n’ eft pas la matrice feule qui fouffre
de la rétention ; le fang fait un effet général fur toutes
les parties du corps animal. Il rompt les vaiffeaux
de la t ê t e , de la p e a u , des g en c iv e s , de la mamelle
; en un mo t, fon aCtion n’eft pas bornée à la
matrice , eile s’étend fur tout le fyftême des vaiffeaux.
Pour découvrir la caufe des réglés , il faut en détailler
les phénomènes , les cau fe s , les obftacles ,
les fuites.
On trouve dans la matrice même des marques de
pléthore particulière : elle g ro flit, fes vaiffeaux fe
gonflent.
Les caufes qui accélèrent les évacuations périodiques
, fe réduifent à la pléthore générale, à la pléthore
particulière de la matrice 6c à l’accélération
du fang.
Les paflions v io lente s , des plantes âcres , l ’ufage
du fer qui augmente les forces de la circula tion,
la .chaleur du clima t, précipitent cet écoulement
& le ramènent.
La pléthore, les alimens fucculens & recherchés,
la v ie voluptueufe , le rappellent fouvent avant le
térme Sc au bout de quinze jours.
Les caufes qui déterminent le fang à la matrice ,
accélèrent de même 6c rappellent les réglés : la vapeur
de l’eau chaude, les lave-pieds , la faignée
aux malléoles. On a fait là-deffus une expérience en
Ecoffe , qui fe lie à nos vues. On a expofé la perfonne
à la vapeur de l’eau chaude; on a ferré les
deux cniffes ; le fang de l’artere iliaqu e , repouffé
par cette ligature , s’eft porté à la matrice : la doule
u r , le fentiment de plénitude s’eft fait apperce-
v o ir dans la région de la ma trice , 6c l’écoulement
s ’eft rétabli,
Les réglés font retardées ou fupprimées par le
fro id du clima t, par des paillons défagréables 6c de
longue durée , par la mauvaife nourriture , l’ufage
des rafraîchiffans, les maladies dedangueur , les fai-
gnées réitéré es, les évacuations (de toute efpece,,
la tranfpiration pouffée à l’excès , les abcès. Le,s
caufes qui détournent le fang de la matrice , font le
même effet , & le fro id , fur-tout des pied s , qui
renvoie le lang aux parties fupérieures.
Les effets des réglés fupprimées fe manifeftent
dans la matrice même ; ils corrompent la maffe du
fa n g , détruifent l’appétit, & donnent les pâles couleurs.
Le fang , retenu dans les vaiffeaux , caufe des
doulèurs de tête v io lentes, des con vu lfio n s , des
maux de dents : dans ceux de la poitrine il caufe un
échauffement dans les poumons, le crachement de
fang , Péthifie même. 11 force les vaiffeaux dans
toute l’étendue du corp s , fe fait jour par lés chemins
les plus extraordinaires, par les pores de la pe au ,
les larmes j lès gencives ■; il rompt même les y e in e s ,
Tome I I I «
M E N
celles du pied fu r - to u t, mais quelquefois celles du
vifage.
T ou s ces fymptômes que je viens de nommer,
s’evanouiffent quand on rappelle la nature à fes canaux
naturels ; l e crachement de fang, les convulfion
s, l’épilepfie même , cedent à la décharge
rétablie.
T ou s ces faits réunis paroiffent prouver que les
évacuations périodiques du fe x e , dépendent d’une
pléthore générale q u i, déterminée à la matrice , y
fait fes principaux efforts pour (e décharger. I! nous
refte à découvrir ce que cet organe a de particulier,
qui détermine la pléthore à fe faire jour plutôt par
fes vaiffeaux que par toute autre ouverture.
En’ général, des expériences faites dans le plus
grand détail, ont fait v oir que dans les animaux femelles
, les arteres iliaques font plus lâches & plus
diftenfibles que dans les mâles. Que les veines au
con tra ire, qui font liées à la matrice , ont plus de
folidité que dans le mâle.
M. le Cat a nié que l’aorte inférieure ait à la veine-
cave une plus grande proportion dans le fexe. C e t
auteur aimoit fes hypothefes &c y facrifioit. Il eft
impoflible que la femme n’ait les arteres inférieures
plus grandes, elle qui a un vifeere de plus dans le
baflin , & dont le corps eft beaucoup plus large d’un
ifehion à l’autre que ne l’eft celui du mâle. Mais cette
remarque même doit nous empêcher de faire fervir
à l’explication de la caufe des réglés , ce diamètre
fupérieur de l’aorte abdominale du fexe : ayant plus
de parties à nourrir , elle doit être plus large ; 6c il
ne fuit pas de la fupériorité de fon calibre, que les
parties qu’elle arrofe foient plus furchargées de fan g ,
qu’elles ne le font dans l’homme.
C ’eft fur la différente proportion de la folidité des
arteres 6c des veines, qu’il faut fixer fon attention.
Plus molles , les arteres cedent au courant, du fang,,
&c en reçoivent davanta ge, en fuppofant les forces
impulfivea les mêmes. Plus dures y.îesvvçines fe re-
fulent davantage au retour du fang de la matrice.
Elle reçoit donc plus de fang & en renvoie moins.
La pléthore particulière de la matrice a donc une
caufe manifefte dans la ftruélure des vaiffeaux qui
y amènent le fang 6c qui l’en rapportent. Les veines
de la matrice fe gonflent plus que celles de toute
autre partie du corps humain, &c dans le tems des
réglés Sc dans la groffeffe. C ’eft un fait avéré.
La pléthore générale du fexe paroît dépendre de
la molleffe générale du tiffu cellulaire $c des arteres.
Elle fe détermine à la matrice au rems de la
puberté par la dilatation fucceflive du baflin, qui
n’eft parfaite qu’à cette époque. On lait que le baflin
du foetus n’a prefque aucune profondeur, 6c qu’il eft
très-petit. Le fang repouffé par la ligature des arteres
ombilicales, fe je tte dans les autres branches du
tronc qui produit ces arteres ; il fait épanouir peu à
peu les vaiffeaux extrêmement petits des vifeeres du
baflin ; ce n’eft que .vers la douzième- année que les
arteres exhalantes de la matrice ont acquis le diame- ■'
tre néceffaire pour admettre des globules de fang.
Les climats chauds, en ajoutant à la vîteffe du poids,
accélèrent auffi cette dilatation, 6c rendent l’évar-
çuation précoce. .■
Vers la même année, l’accroiffement eft prefqife
fin i, lés épiphyfes à-peu-près endurcies, 6c les vaiffeaux
des extrémités bornés par les os y ne croif-
fent plus en longueuï. Le fang , dont l’abondance fe
côn'fumoit à produire l’alongement des vaiffeaux ,
eft invité par la molleffe des arteres du baflîn à fe
jetter dans la matrice ; il y eft retenu par la réfiftance
des v ein es , il fait effort contre les orifices , il parvient
peu-à-peu à les ouvrir & à fe faire jour dans
la cavité.
X X x x x i j
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