
8 4 B G O U
G O U D R O N , ' ( f e z ;Ml- Chym. fi- Ma l. midic.) procédés
par lefquels on retire cette poix. V c y i i Pin. 0 b ‘ “ X “ ” s
fur ion ufage en médecine. O n préféré pour les emplâtres
agglutinatifs les fubflances analogues qui n ont fouffert a“=ï,',c
altération par le feu. Vices du goudron qui eni on 6 « « et
ter l’ufage intérieur. Eau de goudron qu on SUJ
. a quelqt.es années. En quels cas on
p l „> r utilement. V II. 7 ,o . é. Mé.liode pm r ja .r M g
eft chargûcVunc e tc d une limitant*fubflaiice réfmdife r e » » '- - o gommeufe^. . ic , de , quel-v
qu<
1 e r ip fVH jjp i
oleo fpirituofie balfaii___
d G £omMan ieVede le tirer. XII Ç u . a . Prohibition de
fa Cortic en Suède. IV. 130. b. Qualité difeuflive 8c réfolu-
tive qu’on lui attribue. XVII. 744- f , n. .
GOUDRONNER Us cordages y plan d’une étuve dcitmée
à cette opération, vol. VIII des pl. Marine, pl. xo.
G O U D U L I , ( Pierre) poète gafeon. XVI. 452. a.
G O V E A , ( Antoine de) jurifconfultc oç littérateur. 1A.
<73. b. Son hiftoirc des chrétiens de S. Thomas. III. t â o .a ,h .
G O U E L , Uy ( Géogr. ) petite rivière du pays de Kaia-
Rotas dans les Indes. Son cours. Elle produit des diamans.
VII. 75 1 . b. c
G O U EM O N , autrement Varech, vo yez ce mot. io n
ufage pour la culture des terres. X. 4° * / ; , .
GOUFFIER de Bonnivet, ( François de ) trait de généro-
fité de fa part. Suppl. III. 676. b. 677. *\
ernes parties acides i c’cft là le vinaigre de Beikeley. Canlitu-
?cr aimet encore dans cene eau des parues quil appe.lc
o la rom w ob balfamiea. D o u vient i acide dont elle eft
GOUFFRE, ( Phyfiq.) tournoiement d eau caulô par des
courans oppofés. Mouvement des eaux de l’Euripc^ 8c du
G'arybde. Dét ils fur le goufre de Norwtge. Il n elt pas
néccfTairc de fuppofer dans le fond de la mer des trous 8c
des abymes qui cngloutiffcnr continuellement les eaux, pour
rendre raifon de ces gouffres. Ils font produits par le mouvement
de deux ou de pluficurs courans contraires. Caufe
des mouvemens d’abforption 8c de répulfion des gouffres.
Les ouragans ne font aufli que des tournoicmcns d air produits
par des vents contraires. Lieux où ils font le plus communs.
Terrible effet d’un ouragan. VII. 751 . b.
Gouffre y efpcce de gouffres dans la mer, ou les eaux font
violemment agitées, 8c paroiffent s’engloutir dans des cavités
fouterraines qui les rejettent avec la même violence. V IL
85. b. 62 1. a. Différence entre abyme,précipice 8c gouffre.
XIII. 270. b. Gouffre de Maelftron en Norwegc. IX. 843.
b. Des vents qui forcent des gouffres. XVII. 19. b. Sur les
gouffres, voye{ l’article T o u r b il l o n . Gouffre dans l’Atti-
que nommé Bararhre. IL 63. a.
G O U G E y terme de différons arts 8c métiers. Dcfcription
des différons inftrumcns de ce nom. VII. 732. a.
Gouges du graveur en bois. VII. 891. a t b.
G o u g e , ( Maneg. Maréch.) defeription de ce eifeau. Son
nom dans la chirurgie vétérinaire. Autre efpcce de gouge
dont les maréchaux fc fervent très-indifcrctcment pour
abattre les inégalités des dents molaires. V II. 732. a. Autre
pratique fubftituée à cet ufaec groflicr 8c dangereux. Ibid. b.
GOUJON de rivière y ( Icnthyolog. ) defeription de ce
poiffon appelle griffon dans le Lyonnois. Mauvaife qualité
de fa chair. Facilité de le pécher lorfqu’on a jetté dans l’eau
une tète de boeuf ou de cheval. V IL 732. b.
Goujon y terme d'architcéUirc, de mécnaniquc,de doreur,
de fhcnuificr. V II. 732. b.
G o u jo n , ( Jean ) fculptcur. XIV. 830. b.
G O U L À R T , (S im o n ) théologien. X V . 14. b.
G OU LU de mer, (Ichthyol. ) efpcce de Jqualusy l’un des
plus voraces des animaux aquatiques. Sa defeription. VII.
^ f è o U R A , (G éo g r .) ville de Pologne appartenant h l’évê-
que de Pofnanie. Celui qui vivoit du tems de Jean Sobieski
fieupla cette ville de monaftcrcs, éleva des autels dans tous
es Dois des environs, 6rc. Les Polonois appellent gouri tout
côtcau, tous lieux un peu élevés. VII. 733.b .
G O U R D E , voyer C a l e b a s s e .
G O U R G U E , ( Dominique d e ) Suppl. III, 938. b.
G O U R IQ U A S , (Géogr .) v o y e z G a r ig o u r iq u a s .
GOURMANDER un cheval. (M a n eg .) Obfcrvation fur
un article du diétionnairc de T révoux relatif à celui-ci, V IL
75k *•
GOURMANDISE, (M o ra le ) Horace l'appelle ingrata
tngluvies. Paroles de Callimaque 8c de Varron fur ce fujer.
La gourmandifc eft un mérite dans les pays de luxe 8c de
vanité : c eft le fruit de la mollcffc opulente. Les Romains
fuccomborcnt fous le poids de leur grandeur,quand la tempérance
tomba dans le mépris. Gourmandifc des Apicius.
C c ft l’Un deux que rline appelloit nepotum omnium altijji-
musgurges. Dét ails fur cet Apicius, qui finit par s’empoi-
fonner, parce que n ayant plus que 300000 francs de bien, il
le jugea ruine. Excès de déliçateffe des gourmets qui fc trou-
G O U
voient alors dans Rome. Les Sybarites accordoicnt 1’
tion de tout impôt aux pêcheurs d’un poiffoñ líónTils?^^
extrêmement friands. Sobriété qu’Homcrc W rM rS
M r o , C elle d'AMfilas. VII. , , 4 . Celle d 'A l c " X
fes conqueres. La chcre la.plus deliciciife eft celle K
peut fcul fait les frais. L lieurcufe vicillcffc des Pcrfes étoit
1e fruit de leur tempérance. Tout ce qui va au-delà d 7 *
nature eft nuifibjc; il ne faut pas même la fuivr«* îiifiÎ.?»..» .
elle permettroît d'aller. Le goût fc blafc furies mets les olus
délicats, 8c des infirmités fans nombre vengent la natu
outragée. Ibid. b. ®
Gounnandife. Mauvais effet de celle qui confiftc dans la
trop grande quantité d’alimcns. I. 263. a. De la dclicaronv
de la table. IV . 337. b. L’affoupiffcment eft un des c S
de la gourmandifc. X V . 332. b. 333. a. Réflexions fur la
gourmandifc. X V II. 439. a. — Voye^ Sobriét é , F ru g a l
i t é , T em p é r a n c e .
G O U RM E , ( M a r ich .) efpcce d’analogie entre cette maladie
8c la potitc vérole. Les caufes de la gourme font aufli
inconnues que celles de la petite vérole. M. de Garfaut l’attribue
aux herbes humides 8c trop nourriffantes des pays
froids. VII. 73 a . b. Obfcrvations fur ce fentiment. Les chevaine
des pays chauds ne font point exempts de la gourme, 8c ceux
qui ne font point nourris d’herbes humides 8c trop nourriffan-
tes y font également fujets. A ge auquel elle attaque les chevaux.
Comment elle fc manifefte. C ’eft improprement qu’on
a appelle fa u ffe gourme celle qui arrive à l’âge de fept ou
huit ans. Détails fur cette faufle gourme beaucoup plus dan-
gereufe que l’autre. Ibid. 73 3. a. On doit placer féparément
tout cheval qui jette. Cure de la gourme qui attaque les
poulains. Traitement de celle qui fc montre d’une maniéré
plus formidable. Ibid. b. — Voye{ Suppl. III. 418. b.
GOURMER un ch e v a l.( Maneg. ) attentions que demande
¡ ü • ‘ | V II. \ m '
l’aélion de gourmer un cheval.m 753. é.
G O U RM E T T E , (Manege \ partie d d'autant autant p
plus effcntielle
dans une embouchure, que la pcrfeélion lion de l’appui
l’appui dépend
de la jufteffe de fes proportions 8c de fes effets. Defeription
trés-détaillée de toutes les parties de cette chaîne. VII. 7361
a. D e leurs proportions, des variétés pratiquées quelquefois
dans cette partie de l’embouchure, son utilité. Ibid. b.
G o u r m e t t e , fa u ffe , (Manege) on appelle de oc nom
deux petites longes de cuir coufucs aux arcs du banquet, ire.
Autre efpcce de fauffe gourmette Cbmpoféc de quatre bouts
de chaînettes d’une 5 , ou quelquefois d’une petite picce de
fer applatic , ronde ou quarréc, 8c percée de quatre trous.
Détails fur cette fécondé. Ufagcs de l’une 8c de l’autre. V II.
737 . a.
G o u r m e t t e , ( Marine) garde que les marchands mettent
fur un bateau. Valet qu’on emploie dans le navire. V I I^
7 G O U RN A B L E S , ( Mariai ) grandes chevilles de bol»
qu’on emploie quelquefois aii lieu de chevilles de fer,principalement
pour joindre les bordages avec les membres.
Obfcrvations fur la maniéré de les faire, 8c fur leur dimcn-
fion. V IL 737. b. .. n . ,
G O U R N A Y , (G io g r .) ville de Normandie. Patrie do
Gucdicr de Saint-A u b in , dofteur de Sorbonnc. Ouvrage qu il
a donné. V IL 757. b. . . . , . u r-
G O U R N E S , (Dominique de ) principaux événemens do la
vie. X. 136. a.
GOUSSE, ffoyetc S îliq u e . .
GOU SSE T , différentes figmfications de ce mot. v u .
7 ^ G O U T . ( Phyfiotoÿ. ) D u goût tn g ' La bouche , IV»-
fiophage & l'eftomac ne font proprement (pi un organccoi
ti'nii , & n'ont qn'un fcul & mime objet. La
& le goût font trois effets du mime organe. D =ji ™ " ‘l 'e
ces trois effets font prcfque tomours au mimedegri danslea
mûmes homme, Cette réglé crf gûni pot | | B
fations, pour toutes les pallions; les vrais de nu;iranco
dire du pUifir 8e de la puiffanee , parce que la pmffan
elle-même eft la caufe fe la mefure du
celle du defir. Sans cet accord r ic ip r o q u c fondé lu
mûchanifmc des organes,les fcofations détruit-oient 1A o ^
pour le bien tjiiqucl elles font faites. S il arriv i m0;:moins
furcharge la puiflancc, c eft que les homme [
les
les fimplcs mouvemens de leurs organes que ne |
impies niouvviiicii» u». .vu.» -, , m0uau*.
amm:
vement
VII. 7, 8. . . . u .goût en f i,1!* '“ ’ -c( f pourquoi
w...cnt d’un organe qui jouit de fon o b je t ,« c P H
le goût eft de toutes les fcnfations. Par rapport au g Y ,
prement dit, la bouche poffede cette fenfatio * eft le
plus éminent que l’oefophagc 8c l’eftomac- principal
plus cffcmicl de tous après le toucher. L o g nc d'a.
des faveurs, c’eft la langue. Defeription de rr0UVCnt fur la
près Bcllini. Ufage de ces petits cônes qui te ^ dir hérifi
langue des boeufs, 8t qui la rendent, po c|)cs nc font
fée. Glandes qui fc découvrent fui W .% Æ n c e quc le fiege
point l’organe du goût. 11 y a P1“ * j ^ j l u l c s percées de
de cet organe eft dans cette cipece d trous
G O U
trous qu’on y remarque. Ibid. b. C es organes du goût font
en grand nombre fur la langue; mais encore font répandus
çâ 8c là dans la bouche. Exemples de gens fans langue, qui
ne laiffoient pas d avoir du goût Moyen de s’affurer par foi-
même que le palais«fcrt au goût. Cependant la conftruélion
de la langue nous montre qu’elle eft le grand 8c je principal
organe de cette fenfation. L e nerf de la neuvième paiie,
fui van t Bocrhaavc, après s’être ramifié dans les fibres de
L ! ü ni&Ur LA tcr"?inf \ fu r f a c e - Lcs divers mouvemens
dont la fubftance de la langue eft capable , déterminent les
lues favoureux à s y introduire. Ibid. 739. La fenfation
du go ut exiftera plus ou moins dans toutes les parties de la
bouche, fuivant qu’il s’y trouvera des mammefons goûtans
plus ou moins difpcrfés. Trait concernant Philoxcnc, fameux
gourmand de l’antiquité. Nouvelles preuves que la langue
cit le principal organe du goût. Divcrfcs caufes qui concourent
a la fenfation du goût. Matières qui en font l’objet,
comment fe fait le goût. La matière doit être atténuée : elle
doit être échauffée dans la bouche. Ibid. b.
Explications de pluficurs phénomènes du goût. Pourquoi nous
ne pouvons pas connoître le goût des fels dans les autres
parties du corps. Par quel raifon le même objet excite fou-
vent des goûts fi différens félon l’â g e , le tempérament, les
maladies, le fe xe , l’habitude, 8c les chofcs qu’on a goûtées
auparavant. Pourquoi les nerfs nuds 8c la langue excoriée,
lont fi fcnfiblcs à llmprcflion des corps qui ont le plus de
goût, tels que les T els, les aromates, les cfprits. Ibid. 760.
| | Pourquoi les chofcs qui ont du goût fortifient prompte-
ment. C e qui donne tant de goût & de force à ces corps
fi fortifians, c’eft ce que leschymiftes appellent efprit relieur.
oendigovius dit que ce liquide fubtil fait ~ de tout le corps
aromatique. D ’ou vient que l’eau, les huiles douces, la terre
font infipides? C ’eft parce que ce qui eft plus foiblc que ce
qui arrofe continuellement les organes de nos fens ne peut
les frapper. D ’où procédé la liailon particulière qui règne
entre le goût 8c 1 odorat ? Raifons tirées de la ftruélurc des
organes, 8c de l’empire de l’imagination. Ibid. b.
G o u t , (P hy fiol. A n a t.) précis de la ftrufture de l’organe
du goût tel qu’il eft dans l’efpece humaine. Suppl. III,
¿46. a. Defeription des mammclons dont la langue eft
couverte, qui font le véritable fiege de ce fens. Ibid. b.. Le
goût ne peut s’exécuter que par Je moyen de là diffoltition.
Les fels paroiffent être les feuls objets du goût. D e la caufe
des différentes faveurs. Utilité du fens qui nous les fait
connoître. Ibid. »47. a. Organes différemment proportionnés
aux alimens, que les animaux de différentes cfpcccs
paroiffent avoir. Le befoin les a quelquefois forcés a fur-.
, monter leur inftinél. On voit aufli que 1 homme s’eft accoutumé
à des alimens que l’odorat ou le goût devoient lui rendre
infupportablcs. L’odorat 8c le goût de l’homme moins
exquis que dans les animaux. Ibid. b.
Goût y rapport dntre les fcnfations du goût 8c de l’odorat.
XI. 348. a. .336. a. Des caufes du goût dans le corps favoureux.
XIV. 708. b. Senfibilité de l’organe du goût dans
l’homme. X V . 30. a. Nerf de la langue qui eft le fiege du
goût. Suppl. III. 704. b. Affinité entre le goût 8c l’odorat.
Suppl. I v . 103. a. 104. a.
G o u t , (Gram. Liti. Philofoph.) Le fens que nous défi-
gnons par ce nom, a produit dans toutes les langues connues
la métaphore qui exprime par le mot goût le fentiment
des beautés 8c des défauts dans tous les arts. Il nc fuf-
fit pas pour le goût, de voir la beauté d’un ouvrage; il
faut la fcntir, en être touché, démêler les différentes nuances;
rien nc doit échapper à la promptitude du difeernement.
Le mauvais goût au phyfique, confiftc à n’être flatté que
par des aflaifonncmens trop recherchés ; 8c dans les arts, à
nc fe plaire qu’aux ornemens étudiés. Le goût dépravé dans
les alimens, eft de choifir ceux qui dégoûtent les autres
hommes; 8c dans les arts, de fe plaire à des fujets qui
révoltent les efprits bien faits. On fe forme le goût des arts
beaucoup plus que le goût fenfuel ; 8c ce goût demande du
tems pour fc former, v i l . 761. a. Si toute une nation s’eft
réunie à aimer des auteurs pleins do défauts, c’eft: qu’ils
avoieritdes beautés naturelles, que tout le monde fentoit,
8c qu’on n’étoit pas encore à portée de démêler leurs im-
pcrfcélions. Examen de cette maxime, U ne faut pas difpu-
ter des goûts. Le goût eft arbitraire dans pluficurs choies ;
alors il mérite plutôt le nom de fantaifie. Comment il arrive
que le goût fe gâte chez une nation. Il eft de vaftes
pays où le goût n’eft jamais parvenu ; ce font ceux où la fo-
ciété nc s’eft point perfeélionnée, où les hommes 8c les
femmes nc fe raffcmblcnt point, où certains arts font défendus
par la religion. C ’eft par de femblablcs raifons que
les Afiatiques n’ont jamais eu d’ouvrages bien faits, pref-
que en aucun genre. Ibid. b. *
E ffa i fu r le goût dans les chofts de la nature & de l ’art, I
par M. de Montefquicu. Trois fortes de plaifirs qui fôr-
ihcnt. les objets du goût. Ce qu’on entend par chofc bonne
8c chofc belle. Erreur des anciens qui conliftoit à regarder
- Tome I ,
G O U 8 4 9
côînme des qualités pofitives toutes les qualités relatives
de notre amc. Les fourccs du beau, du bon, de l’agréable,
font en nous-memes. Examinons donc notre ame, étudions-
“ ,.s. / cs ,10r s .?c d.ans fes paflions, cherchons-la dans
fes plaifirs, cc ft là où elle fe manifefte davantage. Des
plaifirs de notre amc. Lame , indépendamment des plaifirs
qui lui viennent des fens, en a qu’elle auroit indépendamment
deux , 8c qui lui font propres. Nous nc diftingue-
rons point les plaifirs qui viennent à l’ame de fa nature *
d’avec ceux qui lui viennent de fon union avec le corps :
nous appellerons tout cela plaifirs natureU ; 8c nous diftin -
guerons de même le goût naturel 8c le goût acquis. V IL
762. a. Notre manière d’être eft entièrement arbitraire, Si
nous avions été faits autrement, nous aurions fenti autrement
: un organe de plus ou de moins , auroit fait une autre
éloquence, une autre poéfic, une autre mufiquè, 6>c. Le
goût naturel n’eft pas une connoiffance de théorie’, c’cft une
application prompte 8c exquife des règles même que l’on
ne connoît pas. Àinfi, tous les préceptes que l’on pourroic
donner pour former le goût, nc peuvent regarder direélc-
ment que le goût acquis, 8c indircélcment le goût naturel.
La définition la plus générale du goût, fans confidérer s’il
eft bon ou mauvais, eft ce qui nous attache à une chofts
par le fentiment. Ibid. b. D e lUfprit en général. L’efprit eft
le genre qui a fous lui pluficurs cfpcccs, le génie* le bon
fens , le difeernement, la jufteffe, le talent, le goût. L ’ef-
prît confiftc à avoir les organes bien conftitués, relativement
aux chofcs où il s’applique. D e lacuriofité. Notre amo
eft faite pour penfer; or un tel être doit avoir de la cu-
riofité : c eft le plaifir que nous donne un objet, qui nous
porte vers un autre. On fera toujours sûr de plaire à l’âme,
quand on lui fera voir beaucoup de chofes. Nous aimons
1 art qui s’applique à nous découvrir la nature au-delà des
Bornes dans lesquelles elle fe renferme ordinairement à
nos yeux; mais quand nous trouvons de belles fituations,
nous en fommes bien autrement enchantés, parce que la
nature n.e fc copie pas , au lieu que l’art fe reffemblc toujours.
Ce qui fait ordinairement une grande penféc, c’cft
lorfqu’on nous dit une chofe qui en fait voir un grand
nombre d’autres : exemples. Ibid. 763; a. Des plaifirs de
Tordre. Il ne fuffit pas de montrer à l’ame beaucoup de chofes,
iL faut les lui montrer avec ordre ; alors nous nous
reflouvenons de ce que nous avons v u , 8c nous commençons
à imaginer ce que nous verrons. Des plaifirs de la variété.
Sans la variété l’ame languit; les chofcs femblablcs
t lui paroiffent les mêmes 8c ne lui font aucun plaifir. C ’cft
ainfi que les hiftoircs nous plaifcnt par la variété des récits;
les romans, par la variété des prodiges, ¿rc. Il faut
que, la variété nc nuife point à la fimplicité. Il y a des
cho fcs qui paroiffent variées 6c n c le font point, d’autres 3ni paroiffent uniformes & foht rrés - variées, Application
c ces principes à l’architcéhire grecque 8t gothique. Ibid. b.
Des plaifirs de la fymmitrie. L’ame aime dans les chofcs la
fymmétric 6c la variété. Comment cette apparente contra-
diélion s’explique. La raifon qui fait que la iyinmétrie plaît
à l’amc,'c’eft qu’elle lui épargne de la peine, qu’elle la foulage.
Aufli par-tout où elle peut aider fes fondions, elle
lui eft agréable ; mais par-tout où elle eft inutile, elle eft
fad e, parce qu’elle ôte la variété. L ’objet qu’on voit fuc-
ccflivemcnt, n’a befoin que de variété; celui qu’on voit
d’un coup d’oeil, doit avoir delà fymmétrie, Il faut de plus
qu’il foit unique, 8c que les parties fe rapportent toutes à
1 objet principal. Il faut qu’un tout foit achevé, &. qu’il
n’y ait point de partie imparfaite. C ’eft pour cela qu’on
aime la fymmétrie. D e s contraflts. Si la nature demande des
peintres qu’ils mettent de la iymmétric dans les parties de
leurs figures, elle veut au contraire qu'ils mettent des contractes
dans les attitudes. Ibid. 76 4 . a. Mais il eft lotivcnr arrivé
que la variété que l’on a cherché à mettre par le moyen
des contrafles, eft devenue une vicicufe uniformité. Si
la partie de l’amc qui connoît, aime la variété, celle qui
fent, ne la cherche pas moins : tout nous fatigue à la longue,
;8c fur-tout les grands plaifirs. On remédie à la lafli-
tude de l’amc, en variant fes modification;. Des plaifirs de
la furprifei Cette difpofition de l’amc qui la porte toujours
vers différens objets, fait qu’elle goûte tous les plaifirs qui
viennent de la furprife. Quand une chofe nous furprend,
comme nouvelle ou inattendue, le fentiment principal fe
lie à un fentiment acccffoire, fondé fur ce que la chofc eft
nouvelle ou inattendue. C ’eft par-là que les jeux de hafard
nous niquent, 8c que les jeux de fociété nous plaifent. Ibid,
b. C ’en encore par là que les pièces de théâtre nous intéreffent
8c nous attachent. La furprife peut être produite par Ja
chofe, ou par la maniéré de l'appcrccvoir. Exemple tiré
de Suétone, propre à éclaircir cette maxime. Des diverfes
caufes qui peuvent produire un fentiment. Un fentiment n’a
pas ordinairement dans notre ame une caufe unique. Les écrivains
qui ont plu davantage, font ceux qui ont excité dans
l’amc plus de fcnfations en même tems. Multiplicité de
1 F F F F F f f f f f