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phes ; elle fut aîrifî nommée à caufe du ferpent
Python que ce dieu avoit tué près de-là. On ne
cnoifit d'abord que des jeunes filles tirées des '
maifons pauvres. Une aventure arrivée à uni? jeune
pythie qui fut enlevée donna lieu à la loi qui
ordonnoit de n'élire que des femmes au-deflus de
cinquante ans. 11 n'y eut pendant long - temps
qu'une pythie ; mais on en vit quelquefois deux &
jufqu'à trois. La pythie ne rend oit fes oracles
qu'une fois l'année ; c'étoit vers le commencement
du printemps. Elle Ce prépàroità fes fondions
par plu fleurs cérémonies. Elle jeûnoit pendant
trois jours , & avant de monter fur le trépied ,
elle fe baignoit dans la fontaine de Caftalie 5 elle
avaloit aufli une quantité d'eau de cette fontaine ,
parce qu'on croyoit qu'Apollon lui avoit communiqué
une partie de fa vertu- Après cela, on !
lui faifoit mâcher des feuilles de laurier, cueillies
encore près de cette fontaine. Ces préambules
achevés, Apollon avertiflbitlui-même de Ton arrivée-
dans le temple,qui trembloit jufque dans fes fonde- "
mens. Alors les prêtres conduifoient la pythie dans •
le fan&uaire -/ & la plaçoient fur le trépied. Dès ;
que la vapeur divine commençoit à l'agiter ,- on
voyoit Tes cheveux fe drefîèr, fon regard devenir j
'farouche, fa boucheécumer ,;&:'!un tremblement
fubit 8c violent s'emparer de tout fon corps. Dans
cet éta t, elle faifoit des cris 8c des hurlemens qui
rempliffoient les afliftans d'une fainte frayeur. Enfin
, ne pouvant plus réfifter au dièu qui l'agitoit,
elle s'abandonnoit à lui ,.,8c proféroit par intervalles
quelques paroles mal articulées. Les prêtres ■
les recueilfoient avec foin , les arrangeoient en-
fuite , & leur donnoiént avec la forme du vers;
une liai fon qu'elles n'avoientpas en fortant de la-:
bouche de la pythie." L'Oracle prononcé-, on la
retiroit du trépied, pour la conduire dans fa cellule
, où elle etoit plusieurs jours à fe remettre de
' fes fatigues. Souvent , dit Lucain, une mort
prompte étoit le prix pu la peine de Ton enthou-
fiafme.
• Cette vapeur divine qui agitoit la pythie fur le
trépied , n'avôit pas toujours la même vertu-5 elle
fe perdit, infenfibleme.nt î fur quoi Cicéron ( Liv.
I l de la Divination. ) raille agréablement, quand
il dit : ce Cette vapeur qui etoit dans l'exhalâifon
» de la terre, 8c qui infpiroit la pythie , s’eft
93 donc évaporée avéc. le témps. Vous diriez qu'ils
si parlent de quelque vin qui a perdu fa force;
' 93 Quel temps peut confumer ou épüifèr une vertu
-33 toute divine ! O r , qu'y a-t-il de plus divin
-93 qu'une èxhalaifon de la terre qui fait un tel
- 33 effet fur l'ame, qu'elle lui donne la connoif-
7 33 fance'dè l'ayenir & le moyen de s'en expliquer
» en vers ~ ?
PYTHIEN, nom d'un des nomes des anciens ;,
te qui fe trouve décrit affez au long dans Strabon
& dans Pollux*
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Strabon, dans le liv. IX de fa Géographie , article
Phocide , nous apprend que le nome pythién fe
jouoit pendant les jeux pythiques , par les joueurs
de flûtes fans chant. Le nome pythien avoit cinq
parties ; i°. l’anacroufis, 20. l’ampeira, 30. le catakeleufme,
40. les iambes 8c da&yles , 50. les
fyringes. L'air ou nome pythien avoit été cpmpofé
par Thimofthènés , amiral de Ptolémée II , pour
célébrer le combat d'Apollon contre le ferpent
( Python fans doute ). Les cinq parties de cet air
ou nome fignifioient :
L'anacroufis , le prélude.
L'ampeira, le commencement du combat.
Le catakeleufme, le combat mêmè.
Lés iambes 8c da&yles , le péan chanté à l'ec-
cafion de la victoire, & avec les rythmes convenables.
.................. ' J ~ •
Enfin, les fyringes imitoient les fifflemens d'un
fetpent qui expire.
Pollux , à la fin du chap. 10 du liv. IV de Ton
Onomafiicon , divife aufli le nome pythien en cinq
parties , dont quelques-unes portent des noms dif-
férens, & dont-celles-qui ont le même nom lignifient
autre ohofe que ne le dit Strabon. Voici ce
que dit Pollux.
Le nome pythique qui Té chante ou s’exécute fur
des flûtes , a cinq parties.. .
i ° . L'ampeira , dans laquelle Apollon fe prépare
au combat 3 8c cherche fon avantage.
20. Le catakeleufme, dans lequel il provoque*, le
ferpent.
3e*. Le iambe, dans lequel il combat. Le iambe
contient encore deux autres parties > le chant de
la trompette , 8c l’odontifme qui imite le grincement
des dents du ferpent pendant le combat.
L'odontifme s’exécutoit fur la flûte, comme Pollux
le dit un peu plus haut.
40. Le fpondée , qui repréfentoit la vi&oire du
dieu. .
y°. Enfin, le catachoreufis, dans lequel Apollon
célèbre fon triomphe , en-chanfânt au fon des
chants de vidoire. ( F. D . C. )~r
PYTHIEN ( Apollon ).- Voye^ Python.
PYTHIENS ou PYTHIQUES. La- défaite du
ferpent Python donna lieu à Tinftitution des jeux
pythiques à.Delphes, où,on les célébra d'abord
tous les huit ans j mais , dans la fuite, ce fut
tous les quatre ans, en la troifième année de chaque
olympiade, en foi t: qu'ils fervoient d'époque
aux habitans -'de Delphes. Dans les commence-
mens, ces'jeux ne eonfiftoient qu'en des combats
de chant 8éde mufique. Le prix fe donnoit, dit
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Paufaiiias , -à celui qui avoit fait 8c chanté la plus
belle hymne en l'honneur du dieu , pour1 avoir délivré
fa terre d'un monftre qui la defolcit. Dans-là
fuite-, on y admi t les'autres exercices du pancrace,
tels qu’ils, étoient ; aux jeux olympiques. Voyé^
A P O LLINÀSRSS A &>'} • ; t : f< ■ % • ■'
• Les' premiers ]e\xxpythiens furent célébrés la
fécondé apnée de là quarante-huitième olympiade.
On'donnoit aux'vainqueurs une couronne de laurier
& des ''pommes cueillies dans les jardins du
temple d'A'pollô'n.
PYTHÏÔÜE, flûte dont on accompagnoit les
péàns'i Qn râpp'èÛpit encore.' parfaite. > . .8c on s'en
fervoit po’ùt accorh'pâgnerfa chaiifon appelléè pythique.
( Voye[ P ollux , Onomafi. chap. IQ. liy.
I V . ) . Puifque Pollux appelle aufli parfaite h flûte
pythique, elle dèvôit être une des flûtes viriles des
anciéns. Voye-jV irile. (:F. D. C.)
P ythique. Pollux dit éneore ( Onomafi. I. IV .
c. 9. ) « queTiçftrument des plus petits joueurs de
>3 cithare , que les uns appellent pythique, s'ap-
33 pelle auffi dactïliqu'e ■>?-. Quoique jè ne comprenne
pas ce oue lignifie’ces plu? petits joueurs de cithare ,
je crois pourtant, qu'on eft en droit d'inférer de ce
paffage , ou qu'il y avoit une efpèce de cithare ap-
pellée pythique 8c daUilique, ou que la flûte ainfi
furnommée étoit propre à accompagnèr les cithares.
Pollux dit éneore, dans le chapitre 10 du même
livre , qu'il y avoit un nome pythique ou pythien,
dont Sacadas étoit l'inventeur. ( i\ D. C. )
PYTHIUM, en Macédoine. nreîE.
Les médailles autonomes de.cette ville font :
RRRR. en bronze................... Pellerin.
O . en or.
O. en argent.
P Y THON( Serpent). > T .. * ' 9 H
PYTHIEN (Apollon). J Les Poetes & Ies.
mythologues ont chanté à l'envi l'hiftoire de P y f
'thon, dont quelques-uns font un ferpent femelle."
Il eft nommé Typhon dans Homère ( Hymn. in
Apoll.). D’autres auteurs l'appellent AeA^o^. Cal-
limaque (Hymn. in Del. v. 91. ) nous apprend
qu'il avoit fa demeure fur les bords du fleuve
Pliftus, 8c que de fes replis-il environnoit neuf fois
le mont Parnaffe. On lit dans Stace ( Thebaid. Mb.
V. v. 531. ) , qu'il fe replioit fept fois autour de
Delphes , 8c que lorfqu'il eut été tué , il occupoit
cent arpens- de terre en longueur. Callimaque ne
dit rien.de fa naiffançe, 8c s'accorde affez bien
avec Homère ftir l’âge d'Apollon, quand il tua ce
monftre } il ne diffère qu’en ce qu’il femble affurer
que le dieu tua le ferpent, parce qu’il lui difputoit
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la poffeffion de l’oracle de Delphes j 8c en cela
plufieurs auteurs font de l’avis de Callimaque.
D’autres difent qu'Apollon, encore enfant'le
tua pour venger fa mère Latone-, qu’il-.avoit
pourfuivie pendant fa groffeffe, par ordre de
Junon. Cléarque de Soles ( Atheri. '. Deipndf. ) raconte
que Latone étant partie de l'ile d'Eubée avec
fes deux enfans , Apollon &? Diane , elle paffa près
de.l'antre.oùTe retiroit Python; que le monftre
fortit pour les affaiilir j 8c que Latone ayant pris.
Diane entre Tes bras , monta fur une pierre , d'ou
élle encoùrageoit. fon fils , en lui dilarit , ’/« ,
frappe, mon fils- ( Orph. Argon, lib. Il:) On a ajoute’
à ce ré c it, que toutes les nymphes de l’antre Co-
rycion s'affehiblèrent pour être préfentes au combat
d’Apollon contre Python ; qu excitant le dieu
par mille acclamations , elles fe fervirent de l’ex-
preffion de Latone ït vrai, 8c que ces mots u vrai
n vrcuÿm ont été employés pour cette raifon comme
refrain aux chanfons en l'honneur d'Apollon. C ’eft
peut-être de-là auffi qu'eft formé lé mot Poean ,
par lequel on défigne quelquefois cè: dieu.
Ovide (Metam. 1. 1.) raconte la fable du ferpent
Python un peu différemment. La terre, félon cet
auteur, qui, après le déluge, étoit couverte de
limon, produifft des animaux d'une;infinité d’ef-
pèces, 8c parmi tant de monftres différens, elle engendra
cependant le redoutable Python, la terreur
des mortels.
,...................... Te quoque , maxime Python ,
Tum genuit ; populifque novis incognitaferpens
Terror eras.
Antonius^. Liberalis en parle dans les mêmes
.termes , 8c Stace l'appelle Terrigenam Pytkona. Le
fèntiment d’Ovide revient affez à celui-d’Homère,
<jui dit que Junon tira du fein de la terre les vapeurs
qui fervirent à la génération de ce monftre.
Les fentimens des auteurs font aufli partagés £ur
I les-circonftancès de la mort du ferpent, que fur fa ^
çaiffance.; ïl-.fto’us' importe peu d’examiner cette
qdeftion <|ue plufieurs auteurs ont traitée ( Edm.
Dickonfon. Delph. phoenic. c. 1. 7. 8. Heliodorus
Stot. ad Eurip phoenijf. ). Ceci doit fuffire pour expliquer
le furnom de Pythius, que la vi&oire remportée
par Apollon fur Python fit donner à ce
dieu. Homère affure pofitivement que c’éft-là l’origine
de cette épithète (tiymn. in Apoll. v. 371.).
Le furnom nùétos eft quelquefois marqué fur des
médailles où Apollon eft figuré fans les fymboles
de fa vidoire fur le ferpent. Nous en avons ua
exemple dans une d’Egypte de Néron , & fur
une autre de Domitien , frappée à Tralles ( Vaill.
urb. numif p. 292. ) , avec la légende nY©l02
T f AAAlANûN. Le dieu eft figuré avec un habit de
A a ij