
bre par te plus court chemin- A cette caufe frivole
j nous en fubftituerôns une plus vraifëmblable.
La chèvre étoit confacrée au foleil , ainfî qu’a
Bacchus & a Pluton, fymbole du génie folaire 5
elle étoit donc analogue au capricorne , un des
lignes d’hyvef. Quant à l’ éléphant ( Cuper. de
elepk. exerc. I :> c. I I 3 p- 23 j 24* ) j qui » félon
Arte'midore , étoit confacré à Pluton 3 nous ne
pouvons découvrir la raifon qui le fai foi t mettre
fous la protection de Jupiter-Stygien ;. àmoins
que fa longue vie prétendue l’ayant défîgné pour
un fymbole de l’éternité, ne le fit dévouer à la
divinité qui en ouvroit les portes.
Le cyprès , le narciffe & le capillaire , étoient
réfervés pour les facrifices de Pluton & pour fes
folemnités. Feftus affure que fi l’on étête le cyprès 3
cet arbre meurt par-tout, excepté dans là contrée
d’Ænaria. Cette trifte propriété étoit 3 félon les
anciens, l’emblème de la vie humaine , dont Catulle
a dit ï Cïim femel occidit brevis lux 3 nox eft
perpétuel Una dormiehda. Aulli etoit il devenu 1 arbre
de Pluton 3 Diti facra 3 félon Pline ( Lib. X V I ,
cap. 26. ) : Et ideo funebri Jîgno ad domos poftta.
C ’étoit un ufage généralement répandu dans la
Grèce d’orner la porte des maifons qui renfer-
moient un cadavre de branches de cyprès ,. parce
que cet arbre y étoit commun. Mais il étoit très-
rare en Italie , & n’ y avoit pas même été^ connu
avant Caton. Son ufage étoit par-là reftreint aux
riches & aux grands, qui en faifoient même des
enceintes autour des bûchers ( Varron.) , afin de
corriger l’odeur des chairs brûlées. C ’eft pourquoi
Lucain dit du cyprès :
E l non plebeios luElus teftata cuprejfus.
( Pharfal.-, lib. I I I , 442. )
le fécond ( Lib. X I I I , p.619.) près d’Hiérapol’s |
vis-à-vis de Laodicée j & le troifième (Lib. X I V ,
t p 649.) entre Tralle & N fa dans le bourg <PAcha-
| raca, où étoit un bois & un temple confacré a
Pluton. Dans la Campanie, les environs du lac
Averne avoient aufliunPlutonium 3 auprès duquel
Ulyffe aborda, & évoqua l’ombre de Tiréfias.
Mais le plus célèbre étoit fans contredit celui que
décrit Elien (De animal, lib. X V I , c. 16 ) dans
le paffage fuivant. Nous le rapportons en entier ,
parce qu’il nous apprendra la caufe naturelle des
fenfations douloureufes qu’ on éprouvoit dans ces
autres.
Et Horace affure que de tous les biens, aucun
ne le fuîvra au tombeau, excepté les noirs cyprès :
Prêter invifa cuprejfus. ( Od. 14. , lib. II.') Les
raifons qui ont fait joindre à cet arbre dans les
facrifices de Pluton 3 le capillaire & le bonis , ne,
fe trouvent dans, aucun écrivain. On peut foupçon-
ner cependant que la prédile&ion du premier pour
les endroits frais & fouterrains , & la propriété
dont jouit le fécond de ne perdre jamais entièrement
fes feuilles , ont fixé le choix des prêtres de
Pluton. Quant au narciffe , nous remettons à en
parler à l’article des furies , auxquelles il étoit
fpécialement confacré.
Lés fecours que toutes les feienees reçoivent
aujourd’hui de la chimie & de l’etudede l'hif-
toire naturelle, nous mettent à même de parler
pertinemment des endroits appellés par les grecs
li\xT<0vua , 'X.cwovuot, & par les latins Plutonium ,
Charonium J ou plus généralement Oftia Ditis.
Strabon fait mention de trois* (Lib. XIP>p-6$ 6.)
I.e preiùiej étpit auprès de Thymbria en Carie ;
« On trouve chez les indiens d’Aria un arpre
» qui eft très-profond, & partagé en plufieurs
« cavernes fpacieufes & inacceffibles aux humains.
» Les indiens ne favent pas expliquer comment il
» s’ eft formé. & je ne m’amuferai pas 3 dit tou-
» jours Elien, à chercher cette explication. Ces
» peuples y amènent tous les ans plus de trente
» mille animaux, tels que brebis, chèvres, boeufs
« chevaux; car fi Euh d’eux a été frappé en dor-
« mant d’une terreur panique, s’il a apperçu un
» oifeau de mauvais augure , ou quelque autre
» préfagé funefte , il cherche , félon Tes facultés,
» à détourner, le malheur dont il eft menacé ,
» en précipitant des animaux dans ce gouffre.
» Ceux-ci s’y laiffent conduire fans être liés, &
» femblent entraînés par un attrait irivifible.
“ Arrivés fur le bord de la caverne , ils s’y prë-
» cipitent fans aucune re’pugnance. On ne faurpit
» les appercevoir après ce faut ; mais on entend
» des bêlemens, des cris de chèvres, & des herinjf-
» feméns. En quelque temps que l’on approche
» l’oreille de l’ intérieur de l’antre , le bruit confits
*> fe fait toujours entendre j car l’on ne ceffe
m aucun jour d’y jetter des animaux. Mais je ne
» fais s’il eft produit par ceux qui y ont étérécem-
» ment précipités , ou par d’autres ».
On reconnoît facilement dans ce récit les exha-
laifons méphitiques qui fortoient des Plutonium ,
comme elles fortent encore aujourd’hui de la grotte
du chien en Italie. Les indiens regardoient la torpeur
qu’elles produifoient fur les animaux, comme
un attrait particulier qui les entraînoit vers la
caverne. Strabon dit qù’auprès d’Hiérapole, il
y avoit des eaux thermales , caractère qui accompagne
ordinairement ces ouvertures meurtrières.
D ’àillëurs , les hommes qui avoient fubi la même
opération que les prêtres de Cybele , pou voient
feuls, félon ce géographe, en approcher fans
crainte , 8c regarder au-dedans avec la précaution
de retenir leur haleine. C ’étoit une charlataherie
des prêtres de Pluton ; cas tous'ceux qui en s’abstenant
de refpirer v auroient fermé l’entrée de
leurs poumons à l’air méphitique , ponvoient cer^
tainement jouir de ce même privilège; Pline avoit
entrevu cette propriété phyfîqus des Plutohium,3
puifqu’Û
43uifqu*il s’en explique ainfî : In fînucffano agro 0 *
P uteolano Jpiracula vacant, a LU Char ont a s j crabes
moruferum fpiritum exhalantes. ( Lib. 27, c. 95.’)
Et Cictroh (De divin. 1. -36.) avoit dit avant lui :
Quid enim ? non videmus quant fint varia terrarum
■ genera ? ex quibus mortifera qu&dam pars eft ;
ut & Ampunffo & in Afiâ P lut onia que. videmus«
Lucrèce nous apprend la raifon pour laquelle on
appelloit ces endroits méphitifés . îanua Ditis.
.-(Lib. V I 3 v. 761. )
Janua ne his Or ci potiits région!bus ejfe
■ Credatur poft. Hinc animas Acheruntis in oras
' Ducere forte deos maneis inferne reamur.
' On fe fervoit fans doute de ces vapeurs pour
étourdir & échauffer la Pvthi'e de Delphes. On
plaçoit fon fiège félon le feholiafte de Lyco-
phron , fur une fente de rocher d’où s’exhaloient
des moffetes que l’on croyoit fortir du Tattare.
C ’eft poùrquoi le poëte appelle l’oracle de Del-
çhes vrXxreivos } Tefclave de Pluton. Peut-
être aufli Lycophron le qualifie-t il de la forte , à
caufe deft infl-uence que le dieu des richeffes avoit
fur fes réponfes.
Le culte de Pluton_ fut apporté de Grèce en
Italie, par les pélafgès. Màcrobe .(Satura., lib .,
cap. j . ) nous raconte ce qu!il avoit puifé. dans
Varron. Cette colonie dés grecs aborda dans
1 Etrurie & le Latium. Elle y bâtit un périt temple
•commun à Saturne & à Pluton , & lëur immola
long-temps des viétimes humaines, trompée par
-ces vers de l ’oracle de Del os : 1
Kaw xtÇuhci? *«é; va Trecrjn Trc^.Tn'Jt (f>ava.
Mais Hercule paffant dans leur contrée en
emmenant les troupeaux de Gçryori , leur fit
■ entendre le vrai fens de l’oracle. Ils offrirent
depuis , par fon confeil, à ces dieux de petites
figures humaines ( Arnob. , lib. I V 3 p. y 1 . ) , &
allumèrent en leur honneur des lampes qui étoient
exprimées par le mot çüru. De-là vint Pufage
des romains de s’envoyer en préfent pendant les
faturnales des flambeaux de cire.
_ Un iConierva dans 1 Etrurie la vénération pour
Pluton (Muf. Etrufc. Gori , pag. 77.) que les grecs
y avoient apportée. Le mont Summano , appehé
alors de fon nom Mons Summanus, fitué à vingt-
cinq milles de Florence , près du village de Firen-
zuola , lui étoit fpécialement confacré. Il paroît
'<h*e les malades fe rèndoient aux pieds .de cette
montagne pour.invoquer Pluton & en obtenir leur
guerifon, amfi que le pratiquoierit les grecs auprès
du temple fitué dans le bourg d’Ac-h.araça, ;cité
plus haut. Nous en trouvons une preuve frappante
dans deux inferiptions rapportées par Mu-
Antiquitis, Tome V.
ratori, & trouvées dans les environs de Mon-,
fuïinnario.
1 Q. M utez, uxor. sum. (Summanum.) P luton.
! VISITURA. îlUC. PERVENIT. HIC. MORTUA. EST.
, Et plus loin : Met e l l î. argentilla. uxor.
| SUMMANUM. VI SUM. P ERG EN S. AD. S ERG I AM.
ARC EM, JANI. DECLIN AVI.. UT. IBI. JANUM.
PRIMUM. CONSULS REM. S ED. LATERU M.DOLORE.
CONFOSSAPER1I. F AT O. PORTASSE. UT, NEU-
TROM. VIDEREM. SED. ARCEIANUM. ME. OBR.UEret.
solum. Ce furent fans doute les étrufques,
ce peuple fi habile dans l’art des augures , qui afli-
gnèrent à Jupiter les tonnerres du jour, & à
Summanus ceux de la nuit. On facrifioit à lune ou
à l’autre de ces divinités félon le tonnerre que
l’on avoit entendu, & à toutes deux enfemble
lorfqu’on en ignoroit l'époque précife. Il portoit
alors le nom de proyorfum fulgur. (Muf. Etrufc.
Gori 3 p. 300. ) Une urne cinéraire confervée dans
Dempfter, repréfente un facrifice au Janus inféras
des étrufques, c ’eft-à-direà Pluton. On y apperçoit
deux viétimes, un bélier & un mouton, 8c les
inftrumens de mufique que cés peuples admet-
toient dans les cérémonies religieufes.
Les romains imitèrent les étrufques jufque dans
les monumens de .Summanus. Voici , en effe t,
comment le dépeint Sénèque ie tragique (Hercul.
fuiens. verf. 722. ) :
' 1 * . Dira majeftas Deoc
Frons torya , fratrum que, tamen fpecimen gérai
Gentifqàe tante Vultus eft illi jovis•
Sedfulminantis. / . ... .. , . , . ...
N*a-t-on pas lieu, d’ après cela, de s’étonner
en voyant Ovide douter de l’efpèce de divinité à
laquelle on .avoit donné le nomade Summanus«
(Faft-. , lib, V I , v. 7 3 1 .)
Reddita „ quifqüis is eft , Summano templa fut-
runt,
Tune cum Romanis , Pyrrhe , timendus eras.
Cette époque remonte à l’an 276 avant Têre
vulgaire. Pyrrhus étant entré dans la Sicile pour
vtngér les tarentins, ennemis de Rome, plufîeùrs
prodiges'àllarmèrent cette ville. On fut fur-tout
effrayé de la mutilation de la ftat'ue de Jupiter,
placée au Capitole. La foudre en ayant abattu la
tête , on né put jamais la retrouver fans le fecours
des arufptces, qui ordonnèrent d’elever un temple
à Jupiter Summanus pour âppaifer le ciel irrité;
ce qui fut exécuté le 13 des calendes de juillet ,
auprès du temple de la Jeuhefle. On pendoit tous
les ans entre ces deux édifices des chiefis vîvans
en punition de ce que ces animaux n’avoient pas
aboyé pendant la nuit, où les gaulois Voulurent