
aufli le premier par l’époque de fa- fondation
».
« Ne prêtons donc pas aux égyptiens des vues
qu’ ils n ont point eues > car s-’ ils a voient eu de
telles vues, il faudroit avouer auflique le fens-com-
mun leur a manqué , puifqu’ un fimple ftyie donne
fur toutes ces chofes des indications mille fois
plus précifes qu’une maffe qui s’obfcürçit elle-
même ».
cc Les pyramides ont été , tout comme les' obé-
lifques , des monumens érigés en l’honneur de
l’être qui éclaire cat univers j & voilà ce qui a
déterminé les prêtres a ies orientor. Il eût été
très-aifé de pratiquer dans la capacité de ces édifices
un grand nombre de falles fépulchraies, pour
y dépofer les corps de toutes lés perfonnes de la
famille royale $ 8c c’eft ce qu’on n’a néanmoins
pas fait , puifqu’on n’y a découvert que deux
appartenons & une feule caiffe , que ., malgré
l’autorité de Strabon , beaucoup de voyageurs
éclairés , comme M. Shaw , ne prennent pas pour
un farcophage où il y ait jamais eu un cadavre
humain ; & en effet cela n’eft pas même probable.
On a hazardé à l’occaflon de cette caiffe mille
conjectures j cependant je ne connôis point d’écrivain
, qui ait devine que ce pourroit être-là
ce qu’on nommoit parmi les égyptiens le tombeau
d'O fin s, comme il y en avoit beaucoup dans leur
pays ; & la fuperftition confiftoit à faire tomber
tout autour de ces monumens les rayons du fo-
le ili de façon qu’ il n’ y .eût pas d’ombre fur la
terre à midi pendant une moitié de l’année tout
au moins j car ce phénomène duroit plus longtemps
par rapport aux pyramides méridionales
d’illahon 8c Hauara vers lîextrémité de là plaine
connue fous le nom de Cochome, 8c que je regarde
comme les plus anciennes, puifqu’ elles font
fans ccmparaifon plus endommagées que celles de
Memphis j qu’on croit pouvoir fubufter encore
pendant cinq mille ans , à en juger par la dégradation
qui v eft arrivée depuis le fièele d’Hérodote
jufqu’a nos jours.; cet hiftorien affure que
de fon temps on y voyoit beaucoup de figures &
de caractères fur les faces extérieures , qu’on n’y
retrouve plus. C ’eft faiite d’y avoir réfléchi, què
M. Norden dit , dans fon voyage de Nubie , que
ces édifices doivent avoir été conftruits avant
l’invention des carâétères hiéroglyphiques y ce ■
qui choque toutes les notions de l’ hiftoire. Et
il ferait a fouhaiter que la plupart des voyageurs
fiftent „ avant leur départ ou tout au moins après
leur retour , de meilleures études *». ; ■
50 Une obligation réelle qu’on a aux prêtres de
l ’ancl.nne Egypte, c’eft d’avoir orienté les pyramides
avec Beaucoup d’exactitude j car par-là
nous lavons que les pôles du monde n’ont point
changé 3 8c inutilement chercheroit-on fut toute
la fùrface de notre globe quelqu*autre moyen
pour s’en affurer ».
« Diodore dit, à la vérité, que les Pharaons
qui ont, fuivant lu i, bâti les deux grandes pyramides,
n’avoient ofé y faire dépofer leurs corps, de
peur que les égyptiens ne vinflent l ’en arracher }
mais c’eft-là un bruit populaire dont Hérodote
n’a voit pas même ouï parler. Et il fuffit d’y réfléchir
pour concevoir l’abfurdité où ces 'princes
feraient tombés en élevant des pyramides qui dévoient
leur fervir de fépukure > tandis que d’un
autre coté ils é raient certains d’avance qu’on ne
les y enterrerait jamais. Les grées s’étant une fois
mis dans l’efprit que les pyramides font les tombeaux
des Pharaons , n’ont jamais voulu fe biffer
defabufer à cet égard , quoique les égyptiens
aient hautement déclaré que iamais aucun de
leurs rois n’avoit. été enfeveli dans l’intérieur
d’une pyramide, 8c que c’étoient des monumens
elevés par la nation en corps , & non par dès
princes particuliers. On trouve dans Phiftoire un
fait décifif, par lequel i f eft démontré que les
égyptiens ne pensèrent pas même à refufer la fé-
pulture aux mauvais rois. Ils haïifoient mortellement
un des Pharaons defpotiqües, nommé Apries, '
qu’ on foupçonnoit d’avoir commis dèserimes atroces,
dont quelques-uns étoieflt réèîs j or le peuple
fe fit livrer ce prince dès qu’il fut vaincu par Àma-
fis ; on l’étrangla, & on le porta enfuite dans lé
tombeau de fes pères, qu’on voyoit à l’entrée du
temple de Minerve de Sais, où rèpofoient tous
les Pharaons de la tribu faïtique. Ce fait e ft,
comme on vo it, décifif ».
Le baron de Tott ( IV., pag. j<y 6? fuiv.,) a
publié fur l’ufage des pyramides de Gifà une opinion
bizarre. La voici :
« Chaque pyramide a fes catacombes ; le banc
de rocher taillé au cifeau fur une largeur de cinquante
toiles , perpendiculairement au fommet'de
la première pyramide., & parallèlement à fa facé
horizontale, nréfentë plufieurs ouvertures , dont
une partie eft encore fermée par de longues
pierres chargées d’hiéroglpyhes 8c de figurés en
bas-relief.: Une de ces ouvertures offre un large
fouterrain où l’oeil fë perd dans l’obfcurité , mais
dont la direction répond à, la bafe dé fa pyramide.
Les: pyramides font inconteftablement du même
roc que les catacombes , & on ne craint pas d’ aft
furer que les catacombes en ont été la carrière.
D’après ces obfervations, M. Tott regarde comme
probable, qu’à chaque nouveau règne lej habitans
de Memphis fermoient les dernières catacombes
pour en ouvrir de nouvelles ; que les pierres tirées
de cette excavation étoient réfervées au mo-
folée du fouverain aCtuel, & que la durée de fon
règne en déterminoit les proportions- Ces pierres
de même échantillon, tranfportées à mefure fur
le plateau qui fert de bafe à chaque pyramide , n’a-
voient plus befoin, pour former le monument ,
que d’être placées en retraite, lorfque le calcul de
leur nombre avoit donné l’étendue de,la première
affife. On peut encore conjecturer que le puits qui
eft placé dans l’intérieur de la grande pyramide,
aboutiiToit dans les tombeaux inférieurs ,• & fem-
•bloit ménager au fouverain le moyen de communiquer
avec tous fes fujets morts fous fon règne..,..*
Sous ce point de vue, toute idée d’oppreflion,
d’efclavage, de tyrannie, difparoît à l’afpeCt de
ces mafTes énormes ».
Pyramide (La grande). M. Pauéton dit de
Celle-là dans fa Métrologie :
« Les hiftoriens ne font point d’ accord fur l’ancienneté
de cette pyramide , ni des autres que l’on"
voit en E gypte, 8c principalement dans les environs
du Caire & de l’ancienne Memphis. Hérodote
en attribue la conftru&ion à C h é o p s ,&
Diodore de Sicile à Chemmis. Ce dernier écrivain,
qui voyagea en Egypte foixanté ans avant
l’ère vulgaire , dit que la bafe eft quarrée ; ce qui
eft attefté par tous, ceux qui l’ont vu depuis. 11
ajoute qu’elle eft conftruite toute entière de pierres
- très-difficiles à travailler , mais aufli d’une durée
éternelle. 'C a r, dit-il, bien que la tradition porte
qu’il y a aujourd’hui mille ans que la pyramide fub-
fifte , que d’autres même afliirent qu’ il y a trois
mille quatre cents ans j elle s’eft eonfervée juf-
qu’à nos jours fans être endommagée en aucun
.endroit ».
» Ces témoignages, qui font remonter le temps
'de la conftruêtion de la pyramide au moins à trois
•mille ans de celui où nous vivons , font ce qu’il
■ eft plus raifonnable de croire de fori antiquité.
Car ce font des fables que ce que rapportent quelques
écrivains de l’ancienneté des pyramides de
l’Egypte, Joféph Ben Aliphafi qui en a décrit deux,
•dit que l’une fut bâtie par Schur, fils de Schah-
valva.c , avant le déluge ; l’autre par Hermès, qui
eft , ajoute-t-il , l’Hénoc des hébreux , lequel
ayant prévu cette inondation univerfelle, mit
dans cette pyramide fes livres avec "ce qu’il avoit
de plus précieux 8c de plus rare. Les peuples de
Sabée croient aufli qu’Agathémou , qui eft Seth,
fut enfevefi dans une de ces pyramides, & Hermès
dans une autre 5 ç’eft à-peu^près ce qu’en rapporte
Iürcher *>,
» Selon les voyageurs modernes , la grande pyramide
eft fituée fur le haut d’une ïoche dans le
défert de fable, à un quart dé lieue de diftance
vers l’oueft des plaines d’Egypte. La roche s’élève
d’environ cent pieds aü-deflus du niveau de ces
plaines, mais avec une rampe aifée ,& facile à monter
5 elle contribue en quelque chofe à la beauté &
à ia majefté. de l’ouvragé , & fa dureté fait un
Antiquités , Tome P|
fondement proportionné à la maffe de ce grand
édifice ».
» Pour vifîter la pyramide en-dehors, on monte
eh reprenant haleine de temps en temps ; ca r , au
rapport de Thevenot, elle a deux cents huit degrés
de groffes pierres. Quand on eft parvenu au
haut,' on fe trouve fur une plate-forme d’où l’on
découvre d’autres pyramides, le Caire , une parti©'
de l’Egypte, le défêrt fabloneux du pays de Bah-
rein fur la côte occidentale du golfe perfique en
Arabie, lés déferts de la Thébaïde & la mer. La
plate-forme , qui , à la regarder d’en-bas, fembîe
faite en pointe , eft de dix ou douze groffes
pierres > elle eft quarrée comme la bâte de la
pyramide »•;
».La porte de la pyramide placée au feizième
degré en montant, ,n’eft pas tout-à-fait au milieu}
le ,Caire eft au No?d à' fon égard. Pour arriver à
cette porte -, il eft néceffaire de monter une colline
jointe de ce côté à la pyramide y & il y a beaucoup
d’apparence que-le fable dont élle eft compofée ,
-y a été pouffe par le vent. La pierre qui eft eu
travers fur cette porte 3 ajonze pas de longueur
fur huit de largeur, 8c l’entrée qui eft quarrée à-
peu-pres, a de hauteur trois pieds fîx pouces 8c
trois pieds trois pouces de largeur. Cet-te entrée,
qu’on peut riommér une coulifle, parce qu<étant
.fort inclinée, 8c que continuant de la même forte
en fa hauteur & en fa largeur, elle defeend parla
pente d’un angle de foixanté degrés , eft de la
longueur de foixanté & feize pieds cinq pouces
& fix lignes. Après çette defçente, on trouve une
autre montée de même largeur , qui eft penchante
comme la première. Par-là on monte la longueur
de cent onze pieds, & l’on trouve deux allées au
. b out, l’ une baffe qui eft parallèle à l’horizon ,
l’autre haute qui monte, & qui a le même penchant
que les précédentes. A l’entrée de la première
, on rencontre un puits. Cette allée bafîe,
qui a trois pieds 8c trois pouces en quarré, mène
à une chambre qui n’en eft pas beaucoup éloignée-j
& l’on monte la longueur de cent foixante-deux
pieds par l’autre allée qui eft de la largeur de fix
pieds quatre pouces. Des deux côtés,font deux eft
pècês de banquettes de deux pieds & demi de
hauteur , qui fervent d’appui. On voit au bout de
l’allée une falle longue de trente-deux pieds,
haute de dix-neuf, large de feize, dont le haut
eft p lat, & fait de neuf pierres qui ont de
longueur feize pieds' chacune. Au bout de la
falle eft un tombeau vuide. Il a été fait d’une
feule pierre, qui a de largeur trois pieds 8c un
pouce , d’épaiffeur cinq j 8c cette pierre , qui eft
une efpèce de porphyre, fonne comme une cloche
quand elle eft frappée ».
» On aurait affez de peine à deviner quelle a été
l’inte-ntion des rois d’Egypte, en faifant conftuuire