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fenté dans le zodiaque des indiens, qu’on peut coft-
je&urer avoir une origine commune avec celui
d’Egypte , par la grande reflemblance des animaux
fymboliques tracés dans le zodiaque de ces deux
peuples. Ce zodiaque eft imprimé dans les transactions
philofopkiques de 1772 (p. 3 $ 3 •) , & dans le
premier volume de l’hiftoire de 1 aftronomie de
M. Bailly. Les indiens le placent, comme dans
nos fphères , fous le ventre du capricorne ; car ,
quoique le poijfon auftral femble tenir a la conftel-
lation du verfeau ,' cependant il fe replie fous le
capricorne , & fait partie de cette divilion. Ce
monument des indieps remonte à la plus haute: antiquité
, puifque le point équinoxial y eft fixé aux
gemeaux. Ain fi , il paroît qu’ à cette époque 1 oxy- .
rinque étoit l’efpèce particulière du poifton, qu on
avoir peinte à l’extrémité de l’eau du verfeau.
( Kirher , (ïïdip. , r. I I , p. 201.) ».
« Le' culte rendu au lépidote fe rapportoit également
à l’étoile du Nil & au génie avant-coureur
des eaux. Hérodote, parlant de ce p.oijfon refpeéfé
des égyptiens , nous dit qu’ il étoit confacré au
Nil : Arbitrantur etiam factum ejfe ex omnibus pif-
çibus lepidotum & anguillam. Jîos pifees aiuntfacros
Nili ejfe. On vo it, par ce que nous avons dit du
poijfon auftral, pourquoi le culte du lépidote étoit
relatif au N i l , plutôt qu’au foleil ou a la terre.
Quant a l’autre poijfon 3 anguilla, en grecEy^u?, :
c’dtoit yraifemblablement le fymbole de la conftel- ;
lation de l’hydre, dont le lever heliaqqe annonçoit ;
aufli le commencement du débordement, Le nom •
d’Ey^eAw eft encore donné aujourd’hui au ferpent j
célefte ; & la confteilation de l’hydre a voit un rap- j
port fi direét au N i l , quelle en portoit même le ;
nom chez les égyptiens , fuivant le témoignage de
Théon. L’image de l’oxyrinque & du Nil étoient
réunies dans la fphère égyptienne dans la café
du verfeau. ( Kirker , (OEdip. , t. I I , pure. 2 ,
p r 201, J Ainfi , on peut croire que la diverfité
des noms d’oxyrinque , de lépidote & de phagre ,
donnes aux poijfons honorés en Egypte , ne vient .
que de la diverfité de l’efpèce àw.poijfon confacré
au génie unique , au poijfon célefte.Plutarque meme
confirme ce foupçon , en les réun-flfant tous trois
dans une même fable, & leur attribuant indifiinc-
tement la même fonction du génie qui avoir
dévoré les tefticuies d'Ôfiris. Effeétivement, on
difoit que les parties génitales d Ofiris ayoient ete
jettées dans le N i l , & qu’un de ces poijfons les avoir.
englouties. Voici quel me femble être le fens de
cette fable- La force végétative en Egypte femblojt
fu(pendre fon aétion au folftice d’été. La terre înon-
- dée par Iss eaux du Nil ceffoit de produire ; mais.
îe-germé de la fertilitéreftoit dans les eaux quiçou-
yroient les campagnes. Ofiris mort, avoit^donc j
laifTé dans le N il le germe de la fécondité : c’eft la ;
même idée qui fe retrouve dans .les fables grecques ;
nuis appliquée à un climat ou la nature fu.t un
prdre différent de celui de l’Egypte,On y oit Urgnqs,
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ou le ciel, qui ceffe de contribuer aux produftions
de la terre en automne, mais dont la vertu productive
fe conferve dans les pluies d’hiver, & fe développant
au printemps# fait fortir du fc:n des eaux
la déefiTe de la génération, Vénus, Néoménie de
l’équinoxe alors au taureau : peut-être aufli eft-ce
fon coucher d’automne ».
» Porphyre ( De antro nympkarum , pag. 1 18. )
donne à-peu-près la même explication que nous
fur la caftration de Saturne & la naiffarice de
Vénus : C&lum coeundidefiderio in terram defeendenttm
Saturnus exfecat.........Saturnus enim , ejufque
orbîs primus eft eerum, qui contra C&lum moventur.
Defcendunt autem tam a C&lo quant a ftellis erranti-
bus virtutes qu&dam i fed C&li virtutes Saturnus 9
Saturnï Jupiter excepit. . . . . Concurrit autem aqua
ad gçneratiçnem........ Lunam quoque generationis
pr&fidem apcm Vocant, quam & alio nominc taurunz
dixerunt ; & cxaltado lun&eft taurus. Et plus bas ,
il dit de ce taureau, où arrive la néoménie , qu’il
eft l’auteur & le chef de la production & de la
génération, C ’eft ainfi que Virgile fuppofe qu’ au
printemps l’æther , ou le ciel, Conjugis in gtemium
dcfçendit. Lucien , de dea Syriâ , appelle aufli
Vénus: Caufam illam atque naturam principia &
femina omnium ex humidç pr&bentem. On dut donc
regarder le poijfon célefte comme le dépofitaire du
principe de ia fécondité, puifqu’il annonçoit en
Egypte deux époques importantes, le folftice d’été,
commencement du débordement, & enfuite par
fon coucher héliaque le commencement de la
reproduction du bled fur la fin de l’automne, lorf-
que le foleil parçouroit les derniers degrés du
fagttaire »,
» Ælien rapporte que lés égyptiens , qui habi-
toiént la préfecture d’Oxyrinque, avoient tant de
vénération pour \t poijfon oxyrinque , qu’ils n’o-
foient pêcher aucuns poijfons , de crainte de nuire
à celui-là , & de l’envelopper dans leurs filets. Ils
prétendoient qu’il étoit né des bleflures & du farq*
d’Ofiris. Ælien place l’hiftoire de ce poijfonfacré
à la fuite de celle du chien , qu’il dit avoir été confacré
à Sirius,,ou à l’étoile qui annonçoit à l’Egypte
le débordement de fon fleuve. Le même motif dut
établir le culte des poijfons en l’honneur du poijfon
auftral, q u i, peu de temps après fit la même
fonction d’étoile du N i l , que ne pouvoir plus faire
Sirius. Strabon nous dit qu’il étoit , ainfi que le
lépidote , en vénération dans toute l’Egypte ; mais
qu’ il recevoit un culte fpécial dans ta dynaftie à
laquelle il avoit donné fon nom , & qu’il avoit un
temple dans ta ville d’Oxyrinque ».
» Nous retfouvons aufli le poijfon confacré dans
le temple de Minerve à Sais. On y avoit trace cinq
figures hiéroglyphiques , un enfant & un vieillard »
un épervier , un hippopotame & un poijfon. Ces
'fymboles étoient vraifemblabiement relatifs a
rannée folftitiale » qui conimençoit autrefois au
lever
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lever de Sirius ; ce qui: fit dire à l’Ifis égyptienne,
celle qui, fuivant Hor-Xpollo, défignoit rannée^.
Ego fuTn qu& in ftdere canis exorior. Sirius ne fût
pis long-temps uhè annoncé exaCte dirfolftice i
le coucher de l’aigle ( c’étpit en Egypte un vépe-r-
vier), celui du Fomalhaut, & le^içver du Pégafe,
cheval fluviatilë', fer virent fticcëftWérnërit'â-déterminer
le folftice'd’une manière plus précife. Dans:
le planifph'ere de Biànchini , c’ eftJ un cheval ,-fort
'«emplable à l’hippopotame , qui répond- âü figne
du Iton, IV^ais .parmi cé^-couftpitations^ J^,.unes
paroiffoient. àu ; levant, les autres au couchant,
1 une le matin , 3!’autre lé foir. L’enfant & ' le vieillard
, fymboles ûfîtes chez lès anciens pour peindre
le levant ( Nè-que putant folem infantethreçens natitm
e loto, emerftjfe, fed fie ôïtumfolis ping'unï. ) ( Plut,
de iftde, p. $<y.) & le couchânt, detehnifioient le
lieu des cdnftdlations , & fixoient le'féns dés trois
emblèmes aftronomiques. Le poiffon{ célefte avoit
fur les autres cara&ères de l ’écriture facrée , l’avantage
de déterminer le folftice par fon leyer du foir,
8d: fon coucher du matin , le même jour. La durée
de forrapparition mefuroit celle de la- plus courte
nuit de l’année, ; il (e levoit au moment où le cré-
pufcule affoibli permettoit aux étoiles de paroîtie,
6c defeendoit fous l’horifon aux premiers^ rayons ,
du jour. La plupart des autres génies ne marquoient,
une époque aft.rpnôniiq.u.e. que par ^ua- lever ou un
coucher^ Le poijfon auftral 1a fixoît par ce double
phénomène. Ii'parciflbit en quelque forte fait pour
annoncer yu.pçuple. égyptien. le débordement
Nih Si l’aftre du jour l’avoit vu difparoîtr.e le
matin , 'le foir il fortoit le premier des flots de ta
mer Rouge.j ,& çette cirçonftapçe fing.ulière de'-la
retraite & du retour du génie qui guidoit la marche ,
déjà, nuit, donpa lieu à la fable du MerGjUre.Qançès, :
animal amphibie qui avoit. des .pieds,;8c, une, voix
d homme , une.-queue depoiffoq. Il yenoit,. npus '
dit la fable , pendant 1a nuit à.,Memphis, & le (oir
fe rètrouvoit èncore à ta mer Rouge., & tépetpit
tous les jours la memecourfe. Il avoit inftrùiÉ les
égyptiens, & ils tenoient de lui leur aftr-pnomie'&
plulieurs autres fçiences. D ’après I9. fonaidn de
genie de l’année, d’étoile du N i l , & d’ aftreavant-
coureur des eaux que fitOannés, il n’eftjpas étonnant
que le^ égyptiens, lui ayent fait Hpnneur de
leurs conhpiffahcès, comlfie'iFs--!en ,faifoîent'ho‘n-
neur à Sirius , le Mercure Anubis , au Mercure
Pçrfée), génies de l’équinôxe’ d.u.printemps». :
• ” Son retour à la mer Rouge, versjaqiïelléiî
venoit chaquë ' foir , ^’explique* fort finvplemënt
par (bp'retour a l’Orient de l’Egypte 8?-à; Fa mer
Erythrée , d’où il fembloit fortir. fur Je.foir aprjès
avoir difparu le matin au couchant. Le fomalhaut
fe levoft air fnd-éft i t fEgypte avec' envirPri yo
degrés djamplitude-j & par conféqiient'àti 'mêiiié-
point de l’horizon.'>^-où i’habitaîit de Memphis
plaçait la mer Rouge. 11 feroitîd.’iaupnt .plus di-MJ-,
donner j de -Ja; .réalité 4 .jjradiuon,
Antiquités , Tome V,
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qu’il,n’y. a pas de fleuve qui forme une communi-
[ cation entre M em p h is t a mer Rouge ».
î ’ Y», Qn ppfervéra que l’Oxyrinque dont nous
| avons montré l ’identité avec, le poijfon auftral, &
i par conséquent avec l'Oannês- ou le Mercure du
I îoiftice é t o i t a u rapport d’Ælien, un poijfon
de ta mer Rouge, ou fe lève Fom'alhaut. On a vu
; ci-deflus.què,Dâgon étoE aufli ce poijfon o r ,
n ’ideijti|ë;dé T.Qariiiès & ci h .fameux_ Dagon , ou
, (fàu-ppijjpnfàzs phéniciensqui refaite de mon
j fyft|i4e'>;ëft.'atcèKée .par.'Syncèllê lui-même. Il dit
j quç {’(Jannès s’appèlloit Odacon ; c’eft une union
[ eje, .l’article grec ô & dè’'<îWy<»», prononcé* fax»**
l C ’eft donc ,q htym, nôj) pas p , qu’il faut
î lire ÿ ma fs rien dé plus ordinaire que- ces altérations
j de mots étrangers. J’ignore fi le nom d’Oen 5c
' d’Oanncs qu’on Jui. a dqpné , étoit Je nom, d’un
,pojjfàn y ou une dénomination générale appliquée
aux,génies des quatre faifons, 11 eft certain qu’on
parle des quatre Oannès , auxquels on donnoit le
, nom. di Anne dotés', & quj paroiffoient in conver-
f&culi, difoiènt les. anciens. O r ', on. fait que
' ce mot cànverjfe'ftculi où anni , défignoit les tropiques,
5c meme lés equinoxes ; & que les chah-
; gemenSjqui s’opéroien.t.dans la nature à ces quatre
; points,. les firent appelfer' tropiques::
Qua tropical appèlldnt -, quodi in illis, quatuor,
! " ■ '■ 'anni' S
Tdmdpr-a venuniur Jignis f nodofque refolvunt,
; Inducurttquei nov.ùs operum- rerumque. Jigùras.
(îvianil. j liv. I I I , v e r f .^ ii.)
| » Cette tradition, fur les quatre génies éqüi-
jn.oxiaùxr & Tolftitiaux j; ,fê trouve par-tout. San-
■ chomatoh, da;nf la théologie phénicienne , donne
j à Ufanuaôu âü ci,el quatre ënfans, ou quatre génies
{étoiles , fuivant.'.notre fyftêfne. Chez les chinois,
j Jao. enfeigne à fes afifondiues les moyens de déter-
! miner les,folftices & les équinoxes ; & pour cela,
' i! dëfigne' quatre étoiles, une defquelles eft l’allie
\no, que je Soupçonne être notre poijfon auftra1.
Les arabes l’appêllent encore haut, nom du poijfon
j dans cette langue.'En Perfe, ce font quatre étoiles
| qui préfîdgnç aux,, quatre points cardinaux dé j à
i fphère,: .Tâfqhëtëç à f efi;’Satevis à'I’oueft, Venant
I au midi, Haftorang au nord. Ces quatre points
(cardînàux h ’ étpiejit .qüe les tropiques & les folfti-
j ces , 'Comme l’a très-bien obfervé M. Bailly.
: Ces aires, étoient lés génies dès quatre faifons.
En Egyptç 3-au lieu de quatre étoiles^ on nomme
, quatre animaux fymboliques, qui font encore dans
j nos cqnftella tions& qui fîxoient alors les quatre
j points eardinaux.de. la .courfe annuelle du foleil.
. G et pi e u t, d it^Sqin t: Cl éme n t } ; quatre caraélères
1 de ,i’içritpie°(ac^éÿ ,jls défigndient les folftices
■ & les. équirjpxes. fl eùdyt être de m'ême des quatre
! Oannès des Chaldéepè, qui patoifloient in converk'
' • "• ' E