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rapport à la religion. On leur rendoit un refpefl i
proportionné à cette autorité. Le facerdoce avo'it '
été de tout temps rérervé prefqu'exclufivement
a une famille, qui fe vantoit d'avoir Dieu même
pour auteur , & qui l'avoit perfuadé au peuple.
Souvent ils réuniffoient le facerdoce à l'empire i
& ce fut par une fuite de cette coutume que ,
dans des temps plus recens , les rois faifoient en-
core quelquefois les fondions de pontifes, ou
qu ils deftmoient leurs enfans à un état fi révéré.
La déeffe Frigga , dont on a parlé au mot Odin ,
etoit ordinairement fervie par des filles de rois,
qu’on nommoit prophéties & déefes. Elles ren-
"doient des oracles , fe dévouoient à une éternelle
virginité , & entretenoieht le feu facré dans
le temple de Frigga. Ces prêtres avoient tellement
lubjugué la crédulité du peuple ; ils avoient
pouffé la fourberie & l’audace fi loin, que l’on
vit fouvent des prétendus interprètes de la volonté
sdn ciel , demander j au.nom des dieux, le
fang des rois eux-mêmes, & l’obtenir ; & pendant
que le prince étoit égorgé fur un autel,
les autres étoient couverts des offrandes que l’on
portoit de tous côtés à leurs miniftres.
P r ê t r e s fouverains de quelque état. Voyez
O m a n e & O bi.a . J 1
PRÊTRESSE É g y p t ien n e .
-1 “ J’ai dit ( Caylus Rec. 7. 3a. ) que cette figure
etoit une prêtrejfe. Mon fentiment fur plufieurs
monumens de cette efpèce paroit fouffrir quelques
difficultés, & je dois m’expliquer à cet
egard
“ Je fens qu'on ne peut contredire un auteur
auffi refpeétable qu’Hérodote, fans avoir de fortes
raifons. Celles qui m’ont engagé à prendre ce
parti fe trouvent déjà dans le troifième volume
( Pûg€ 17 , Plane. V I I I , n°. 11. ) , & je prie le
leéteur d’avoir la complaifance de les relire ; il
s’agit de l’exclufion du fervice des autels qu’Hérodote
donne formellement aux femmes égyptiennes.
Cependant la quantité des monumens que
j’ai fcrupuleufement examinés, & dont j’ai toujours
rendu compte en les rapportant, m’a fait
regarder comme d es prêtre f i s les figures qui m’ont
paru ne pouvoir repréfenter que des Ifis , foit par
leur attitude, foit par le genre de leur coëffiire, &
la privation non-feulement de tous les attributs de
cette déeffe, mais celle des hyéroglyphes queje re-
gardequeiquefois comme des formules de prières
que l’on faifoit à la divinité dans tel ou tel inf-
tant. Pour concilier, en quelque façon, le paf-
fage de l’auteur avec l’indication des monumens,
je me fuis perfuadé que les femmes étoient exclues
du facerdoce -, mais qu’il étoit confié aux
filles. Cette raifon paroît une défaite, & comme
teHe, elle ferort affez mauvaife : cependant le
rapport des repréfeatations de ces fauffes Ifis
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avec les monumens que l’on regarde, avec raifon,
comme la repréfentation des prêtres d’Ofiris , ou
d’autres divinités de l’Egypte, me paroît toujours
une preuve fuffifante du moins pour excufer la
licence dont on pourroit me foupçonner. J’ajou- I
terai même comme, une nouvelle preuve, que les
autres cultes que nous voyons émanés de celui des I
égrotiens, ont toujours admis les femmes dans I
le (erviee de leurs temples , je donnerai pour I
exemple certain les étrufques & les grecs, mais I
principalement les premiers. La raifoii s’oppofe à I
croire qu une nation puiffe admettre une pratique I
fi fenfiblement oppofée dès le premier emprunt I
qu’elle fait d’une religion. On fait que ces com- I
mencemens font toujours accompagnes de la fer- I
veur & de la pureté de l'imitation, comment encore I
deux nations fe feroient-elles accordées fur une I
pareille fingularité ? D'ailleurs on ne me perfiiadera I
• Jamais que dans les nomes qui révéroient particu- I
| fièrement Ifis 5 à Bubafte, par exemple, le tem- I
I ple de cette déeffe fût deffervi par des hommes , I
pendant que la table Iliaque préfente deux fem- I
| mes debout & en fonction devant fa repréfenta- I
! fion. Je croirois donc qu Hérodote , ou plutôt I
fes copiftes , ont oublié ^indication qui détruifoit I
la généralité : car je crois encore , & les mo- I
numens femblent le défigner, qu'il y avoit plu- I
fieurs nomes qui n'admettoient que des hommes I
dans le facerdoce de la divinité qu ils adoroient ; I
tels pouvoient être ceux qui étoient confacrés à
Ofiris , au taureau Apis , à rEpervier, au Cynocc- I
phale , &c. ».
« Je fens très-bien que je ferai toujours dans I
mon tort aux yeux des favans qui s'attachent au I
texte des bons auteurs 5 je fuis de leur fentiment , I
& c'eft un principe dont je ne dois pas rnécar- I
ter ».
Caylus (3.p. 37.) ditencore : «Ce monument luf- I
firoit pour confirmer la conjecture qu'on vient de I
propofer. C'eft la figure d'une femme coèffee I
Amplement. Elle eft aflife , & tient un rouleau [
développé , fur lequel on peut fuppofer des ca- E
raéteres : particularité commune a tant d'autres I
figures., qu'on regarde conftamment comme des I
prêtres occupés de la prière. Je n’ignore pas I
qu'Hérôdote ( Lib. II. ) dit pofitivement, qu en I
Egypte la femme ne fauroit etre la prêtrejfe d'au- I
cun dieu , ni d'aucune déeffe. Mais foit que I
Pufage ait changé depuis cet hiftorieij', ou que I
cette règle ait eu fes exceptions , ou enfin que I
l'expreffion ne comporte pas un fens général > &c I
ne s'étende pas aux filles , je vois des différences I
trop marquées dans les monumens pour adopter I
fans reftnCtion le témoignage d'Hérodote. Je I
remarque du moins dans celui dont il s’agit, tous I
les Caradères d'une prêtrejfe, dont une des plus I
grandes Angularités, à mon avis , eft d'avoir les I
jambes croifées, à la mode des orientaux , cir- I
confiance que je n'avois encore, jamais rencontrée I
-fur aucun monument égyptien. 'On voit ici une
preuve de l'attachement uniforme & conftant des
peuples orientaux à leurs ufages & à leurs pratiques
». - ■ ; '"u ' ,
« Les égyptiens ,.quoiqu'opprimés par des con-
quérans qui vouloient tout changer., tout ren-
verfer dans le pays conquis, n'en confervèrent
pas moins, dit M. Paw, un attachement invincible
pour leurs anciennes loix , & les reffufci-
toient dès que l'occafion leur étoit favorable, ou
les maintenaient contre toute la fureur de la
tyrannie'} de forte qu'ils ne renoncèrent pas même
après l'invafion dé Gambyfe , qui ne fut qu'une
bête féroce, à l’ufage immémorial de ne jamais
conférer à aucune femme les premières fonctions
facerdotales , qui n'étoient ni de vains emplois, ni
de vains titres } il falloit pour cela être verfé dans
le dialeCte facré, dans les dix premiers livres
hermétiques ,' dans l’aftronomie , dans la phyfique
& dans^tout ce qui é toit, ou dans tout ce qu'on
appelloit la fageffe des égyptiens ( Clemen. Alexandrin.
Strom. VJI. ). Ce font-là des chofes que les
femmes n'ont pu apprendre , & quand elles au-
roient pu. les apprendre,. les prêtres ne les leur
euffent jamais erifeignées 5 car leurs fuperftitions
fe foutenoient principalement par le fecret} c’èft
un coloffe immenfe, dont on cachoit toujours les
pieds».
l'extrême confufion des rits perfans / grecs & romains
, avec la liturgie égyptienne, que quelques
dévotes d'Ifis fe font fait paffer pour des prêtrejfes
d'Ifis dans des pays étrangers } mais elles n'avôient
reçu aucune cpnfécration , & étoient intrufes dans
ce miniftère à la faveur de cette confufion dont je
viens de parler. Tout cela a pu donner lieu aux
monumens cités par Martin , Montfaucon , le
co.mte de Çaylus de plufieurs autres , qui pa-
roiflent avoir voulu oppofer au témoignage po-
fitif de l'hiftoire ancienne , des monumens auffi
modernes que la table Ifiaque, fabriquée en Italie
( La table Ifiaque n'a été faite que dans le- deuxième
ou le troifième fiècle. C'eft un calendrier où quelques
figures , qu'on a prifes pour des prêtrejfes .
vrr » ^ • Vdyez les Mifcel. Bérolinenfia, tom.
* J ôi v R- j- Mais ce ferme inutilement qu’on èn-
treprendroit de prouver que les égyptiens, auffi
long-temps que leurs inftitutions ont été en vigueur
, aient conféré les premières' dignités facer-
dottles aux. femmes ,' qui n’ont pu’ tout .au plus
clans 1 ordre-fecondàirè ',-'s’acquitter que de quelques.
emplois fans conféquence ; comme de nourrir
des icarabees, des mufaraignes d’autres petits
anmiaux facrés. (O n peut conltilter: Jà-delUis 'la
alflertatlon de facerdotiÿtis-fs facrificiis sgyptiornm
pag.<)} & 94, deM .Schmidt, qui à'rèmpbrté 1e'
prix de 1 academie des Infcriptlon's 'dfe Paris fur
cette,queftion.). Car pour le grand boeuf Apis,
ü nedeur etoit pas ineme-permis de le- voir, linon
Antiquités , Tome
dans les premiers jours de fon inftallation au temple
de Memphis. O r , comme le boeuf Apis pouvoit,
fuivant le calcul de Plutarque & de M. Jablonski,
vivre vingt-cinq ans avant que a-être noyé ('Ja-
blonski Panthéon Ægypt. lib. IV._cap. 1. de iauro
Apide. ) , il s'écouloit fouvent un fiècle , pendant
lequel les femmes d'Egypte ne le voyoiént que quatre
fois,& encore n'étoient-ce que les perfonnes de
la lie du peuple , qui le chargeoient, comme l'on
s'en apperçevra dans l'inftant, de cette cérémonie
finguhère ».
» Quant au temple de Jupiter- Ammon de la
Thébaïde, je fuis perfuadé qu'aucune femme ne
pouyoit y entrer, non plus que dans celui de Ju-
piter-Ammon de la Libie (Silius Italicus dit en
parlant du temple de- Jupiter-Ammon de la Libie ,
lib. III. v, 22. :
Tum queis fas & honos adyti penetrafia -nojfe
Foemineos prohibent grêjfus. ) y
mais , par une de ces bizarreries dont les fages
gémiffent, on confacroit de temps en temps au
Jupiter de Thèbes une petite fille, à laquelle on
impofoit le nom égyptien de Ncith , & qui , fous
pretexte d'être la concubine du dieu , pouvoit
s'abandonner atout le monde , jufqu’à ce qu'elle
parvînt à. un certain âge. Il‘y a bien de l'apparence
que c'eft dans cette inftitution qu'il faut chercher
l'origine des amours mythologiques du père des
dieux, & encore l'origine d'un abus beaucoup
plus criant, qui fe commit enfuite à Thmuis au
Nome Mendétique ».
Pr ê t r e s s e g r e c q u e .
La difeipline que les grecs obfervoient dans le
choix des ‘prêtrejfes , n'étoit pas uniforme } en
certains endroits, on prenoit de jeunes perfonnes
qui n'avôient contrarié aucun engagement. Tels
etoient entr'autres la prêtrejfe du temple de Neptune
, dans l'île Calauria } celle du temple de
Diane, âEgireen Achaïe , & celle de Minerve ,
à Tégée en Arcadie. Ailleurs , comme dans le
temple de Junonen Meffénie, on revêtoit du face
rao ce des femmes mariées. Dans un temple de
Lucine , fitué auprès du mont Cronius en Elidé ,
outre la prêtrejfe principale , on vôyoit des femmes
& des filles attachées au fervice du temple, & oc^
cupées tantôt à chanter le génie tutélaire de l’E-
lide, & tantôt à brûlèr les parfums en fon hon-
neùr. Denis d'Hâlicarnaffe obférve auffi que les
temples de Junon, dans la ville de Phalère eit
Italie , & dans le térritoire d'Argos , étoient def-f
fervis par une prêtrejfe viergenommée Kavypapct ?
CiftopHojç-3 qui faifoit .les'premières céréniôniéÿ
■ ^esTacrifices-, &: par des choeurs de femmes qui
chantoient des hymnes en l’honneur de cette
déeffe. L'ordre des prêtrejfes d'Apollon-Amyçléea
étoit vràiferribldblèment formé fur le même pian
P