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lui a fait donner Je .nom de Samos ,* car félon Conf-
fantin Porphyrogenete, les anciens grecs appel-
loitnt famos les lieux fort élevés. La grande
chaîne de montagne qui traverfe Samos. dans fa
longueur, fe nommoit Ampelos. Sa partie occidentale
qui finit à la mer du côté d’ Icaria, retenoit
Je même nom j elle s’appelloit auffi Camharinus &
Çerecteus, au rapport de S t ra b o n 1. XIV & 1. X }
ç’efhcette roche qui fait le cap de -Samos, & que i
les grecs modernes nomment Kerki.
Du temps que la Grèce florifToit, Pille de Samos
étoit peuplée, cultivée, riche, brillante, &
d'une fertilité que les anciens ne fe laflbient point -
d’admirer. On lui appliqua ce proverbe : les
poules y ont du lait. C ’eft dans, ce charmant fé-
jour qu’Antoine fe rendit d’Ephèfe avec Ci-io-
pâtre pour y prendre part aux divertiffemens de
cette ifle voluptueufe, pendant que leurs armées
as terre & de mer açheveroient de fe former
contre celle d’Oéhve , avant la bataille d’aétium.
Cléopâtre ne pouvoit choilir un lieu plus proore
à diftraire Antoine & à I’amufer. Samos étoit
alors le centre des plaifirsj tout y refpiroit la
raoîie oilîveté ; les richefîes de la nature y fleu-
riHoient deux fois chaque année ries figues & les •
raiiïns, les rofes & les plus belles fleurs y renaif
foi-ent prefque auffi-tôt qu’on les cueiiloit. In eâ
ênfuld , dit^ Athénée, bis anno ficos, uvas, mala ,
r e fit, ni foi narrai Âetklius. Pline parle des grenades
de cette ifle , dont les unes avoient lés
grains rouges & les autres blancs î le gibier étoit
meilleur que dans aucun autre pays. Les routes
publiques & les rues des villes étoient ombragées
de ces faules de POmbrie, auffi agréables par leur j
feuillage que parleur verdure.
Tous les jours fe paffoient à Samos en fêtes
galantes j les infulaires aliojent enfemble au temple
de Junon, & s’y rendoient en habfllemens pompeux
ayant des tuniques blanches comme la
neige , & minantes jufques à terre j leurs cheveux
boucles, & • négligemment épars fur leurs
épaules, noués avec des treflesd’or , Volageoient
au gré des, zéphirs. Couronnés, de fleurs , & parés
de tous les ernemens les mieux affortis, ils for-
moient une marche folemnelie , terminée par une
»piliçe revêtue de boucliers refplendiflans ; utntxi
fuerunt, .cpntsndebqnt in Junonzs templum , fpecïofs
veflibus amiçii, terraque laù niveis tumiçisfolum rar
debam, com4, cincinni infidebant crinibus quos vittès
aurçis nexos , voulus quflùebal j pompam claudebant
J'cuiaii bellatores.
Il feroit difficile d’exprimer quels étoient dans
cette ifle l ’excès du luxe & le déréglement des
moeurs. Plutarque dit qu’il y avoit un lieu nommé
les jardins de Samos, famiorum flores, où les
habitans fe rendoient pour y goûter tous les plai-
flrs que pouvqit imagine r Pohfcénité la plus outrée.
Samios plusquam çredibile eft liixu çorruptos! i
S A M
Les mines de fer ne manquoient pas dans
Samos, car la plupart des terres font d’une cou-<-
leur de rouille. Selon Aulugelle,les famiens furent
les inventeurs de la poterie, 8c celle de
cette ifle étoit recherchée par les romains. Samia
va fa etiamnum in efculentis laudantur-, dit Pline.
Samos fourni {Toit en médecine deux fortes de
terres blanches , outre la pierre famienne, qui-
lervoit encore a polir l’or.
Toutes les montagnes de Pille étoient remplies
de marbre blanc, & ' les tombeaux n’étoient que
de marbre. Une partie-des murailles de la ville,
qui avoient dix pieds d’épailfeur & même 12 en
quelques endroits, étoient. auffi bâties de gros
quartiers de marbre, taillés la plupart à tablettes
ou facettes, comme l’ on taille les diamans. Nous
n avons ^ rien vu de plus fuperbe dans tout le Levant,
dit Tourneforti Pentre-deux étoit de mà-
| Çonnerie ; mais les tours qui les défendoieht
étoient-toutes de marbre, 8c avoient leurs faulfes
portes pour y jetter des foldats dans le befoin.
Enfin Junon, prote&rice de Samos, y avoit
un temple rempli de tant de richeffes , que dan#
peu de temps, il ne s’y trouva plus de place pour
les tableaux & pour les ftatues. Hérodote famien,
cité dans Athénée ( Deipn. I. X V . ) , comme Pau-
teur d’un livre qui traitoit de toutes les curiolités
de Samos, affiire que ce temple étoit l’ouvragé
des cariens 8c des nymphes, car les cariens ont
été poffefîeurs de cette ifle.
Junon eft repréfentée fur quelques médailles
de Sarnos J arec des efpèces de bracelets , ou des
broches, comme l’ a conjeêhiré Spanheim, char-
. un cToiflant. Triftan a donné le type d’ une
médaille des famiens , repréfentant cette déefle
vetue d une tunique qui defeend fur fes pieds,
avec une ceinture ferrée ; le voile prend du haut
de la tête, & tombe jufqu’au bas de la tunique.
Le revers d’ une médaille qui eft dans le cabinet
national,repréfente ce voile tout déployé, formant
des angles fur les mains , un anglé fur la tête , &
un autre angle fur les talons. •
On a d’autres médailles de Samos, où Junon
a les épaules couvertes d’ une efpèce de camail /
fous lequel paroit une tunique, dont la ceinture
eftpoféeen fautoir, comme fi l’on vouloit marquer
quelle eut été déliée. La tête de ces dernières
médailles eft couronnée d’un cerceau qui
s’appuie fur les deux épaules, & qui foutient à
l’extrémité de fon arc un ornement pointu par le
bas, evafe par le haut comme une pyramide ren-
verfée.
Sur d’autres médailles de Samos, on voit une
efpèce de panier qui fert de coèffure à la déeffe.
SAMbs j
S A M
Sam os , ifle,
Les médailles autonomes de cette ifle font :
RRR. en bronze......................... Pellerin.
R. en argent.. . . . . Dutens, Humer. 9
G. en or.
Le paon de Junon leur fert de type.
On a frappé dans cette ifle des médailles
impériales grecques en I honneur de la plupart
(les Auguftes, depuis Néron, jui'qu’à Valérien
jeune.
5AJVI0 SAT.E, Samofate ancienne ville d’Afie
fur l’Euphrate , dans la Commagène dont elle fut
la capitale, aux confins de la grande Arménie, &
peu loin,; de ;la Mélbpotàmie;. Pline (L . V. e.
X X IV . ) dit,c[\ie)Sampfate étoit la capitale de la
Commagene. Ce,tte viiie étoit en ençt la réfi-
dence d’Àntiochus , à qui Pompée avoit accordé
la Commagène, dont fes fuccefleurs jouirent juf-
qu’à Tibère qui la réduifit en province romaine.
Caligula & Claudp la rendirent à fes rois j maiS
elle redevint province fous Vefpafien.
Cette ville a fur quelques médailles le prénom
Tlavia qu’avoient auffi d’autres . villes de l’Orient.
Une médaille d’Hadrien porte , <px«e. cupo.
fitjrpo. KOft J c’efl-à-dire, Flavia Samofata Metropolis
Commagcnes. Une autre de Sevère yfujrp. kop. 8cc.
Ainfieile étoit métropole avant la nouvelle divi-
fion des provinces j car au temps dé cette division
, Hiérapolis - devint nouvelle métropole de
l’Euphrateufe, proviuce qui répondoit à l’ ancienne
Commagène. .
Le temps de la fondation de Samofate eft inconnu
, fuivant Strabon i Artémidore,Eratoflhène
& Polybe pn ont paçlé comme d’une ville qui
fubliftoit de leur temps. Il y a des médailles de
çette ville , qui font très-anciennes, d’un travail
groffier, & dont les légendes fè lifent difficilement
à càufe du renversement des lettres} 611 y
voit d’ un côté le génie de la ville repréfenté par i
une femme couronnée de tours , aflife fur des
rochers , & tenant de la main droite une branche
de palmier ou des épis avec la légende Zap»™.
voûtas, de la ville de Samofate; le type du revers
de ces médailles eft un lion paffant, qui étoit probablement
le fymbole diftin&if de la ville. Ce
type fe voit fur plufieurs médailles du cabinet de 1
Pellerin, dont quelques unes donnent le nom de la
ville } Tufcotranm . & font d’ un travail moins
groffier, que Ls médailles plus anciennes.
Le type des anciennes médailles de Samofate,
le lion pajfdnt, fe voit fur une autre médaille du
cabinet de Pelle rin, au revers de la tête d’ un rei
qui porte Une tiare haute, femblable à celle qu’on
Antiquités , Tome V.
S A M 289
trouve fur quelques médailles de Tigrane, roi
d’Arm:nie : au revers on lit au-deffus du lion
Btia-iMas t au - deffous Avno%ov ^ du roi Antio-
chus. Cette tête ne reflemble à aucune des
têtes des Antiochus qui ont régné en Syrie, ni
des Antiochüs rois de Commagène. Cette mé^
daille ayant été frappée à Samofate, on peut en
inférer que cet Antiochüs étoit prince d’une dynaftie
établi-, en cettê ville , différente de la dynaftie des.
féleucides qui régnèrent dans la Syrie & enfuit®
dans la Commagène.
Belley g donné dans les mémoires de Vdead. des
Itifcrip. , l’ explication d’une médaille frappée à
fimofate, où l’on voit d'un côté la tête du foleil
couronnée de rayons, & au revers une Viètoire
paffant , tenant de la main-droite une couronne
de lauriers , & de l’autre une palme ,
avec cette infeription : ’Zaptou S-wcnZou
fixait v , & à l’éxergüe r ï . Pour l’intelligence
de cette médaille, Belley fuppofe qu’entre les
princes que l’hiftoire nous apprend s’ être foulevés
contre Antiochüs 111, dit le Grand, roi de Syrie,
il y en eut un nommé Samos qui s’établit dans la
Commagène, qui y prit le titre de roi, qui y bâtit
une grande ville, laquelle en devint la capitale,
parce qu’il y fixa fon féjour ; que de fon nom elle
fut appe.ilée famofate, & que la médaille y a été
frappée la trente-troifième année de cette nouvelle
dynaftie.
Mais cette fiippofition qui dément abfolument
ce que l’hiftoire nous apprend de la fucceffion des
rois de Commagène eft entièrement détruite dans
un mémoire que de Boze a fait en conféqüence de
celui de Belley ; 8c cet académicien prouve que
tout concourt a perfuader qùèTe Samosde la médaille
n’eft autre chofeque le roi d’Emèfe,
dont Jofephe & Dion font mention, & qui prêta
la main à Céfenniiis - Pétus, lors de l’expulfion
d’Antiochüs IV du nom, dernier roi de Commagène.
Le nom moderne du lieu qui a pris la place d®
Samofate eft Scempfat; mais il n’y a plus de v ille,
ce ne font que des ruines.
Samosate , dans la Commagène. eamO-
£ AT12SU
Les médailles autonomes de cette ville font)
C. en bronze.
O. en or.
O. en argent.
Leur type ordinaire eft un ?ion paffant, ou la
plante appellée commagene.
Ce.tte ville a fait frapper des médailles impériales
grecques , avec fon époque , en l’honneur
Q o