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vilège, parce que peu de per formes façhir.ï é c r i r e 1
l’authenticité des aétes ’dépendent proprement de
l’appofition du fceau. « De-là vient que les fimpks ,
» trompettes de la garniibn de la cite de Carcafîon-
» ne donnoient des quittances de leurs gages fous '
» leurs fccaux , comme on voit par le s originaux de
» Tan 1 344,quinousreftentencore «.La propriété
des fceaux n'etoit plus dès-lors une marque de no-
bleffe. De-là vient qu'en Bretagne on trouve plu-
fieurs bourgeois , fur la fin du quinzième fiècle 3
qui a voient des fceaux & des armes. En Allemagne
, les particuliers commencèrent à fe fervir de
fceaux dès le fiècle précédent. En Angleterre ? on
ajoutoit le fceau public, quand le privé n’etoit
pas affez connu.
Les anciennes loix civiles & canoniques autori-
fent les témoins & tous les autres particuliers à fe
fervir de fceaux étrangers dans le befoin. Nos
rois même n’ont pas refufé de faire appofer les
leurs à des chartes privées. Mabillon en a publié
une de Raoul,évêque Laon , que Louis d'Outre-
mer fit fceller de fon anneau, 1 an 945 * b* aéie par
lequel Geoffroi , comte d'Anjou , reftitua à l'abbaye
de Marmoutier la terre du Sentier , dont il
s'étoit emparé, ne fut pas fcellé du fceau du comte
, mais de celui du roi Henri I , qui faifoit alors
( en 1059 ) le fiége du château de Thimer, nouvellement
conftruit dans le pays Chartram. La per-
milfion de bâtir une églife en l'honneur de S. Bar-
thélemi, dans le Bléfois , ayant été accordée à
l'abbaye de Marmoutier , l'an 1060 , par Ago-
b e r t , évêque de Chartres , on en drelfa une
charte , qui fut munie du monogramme & du
fceàu du roi Philippe I. Ces faits & plufieurs
autres femblables prouvent que nos rois n'ont pas
fait difficulté de faire appofer leurs propres fceaux
aux chartes de leurs fujets. Nous voyons même de
fimpks obligations faites en 1347 & en 13JÔ par
un françois à un lombard, fcellees des fceaux du
pape y du roi de France, du duc de Bourgogne &
de l'official de Châlons.
Dans les fiècles où les fceaux étojent effentiels
à la validité des a&es , lorsqu'on n'avoit point de
fceaux 3 on fe fervoit ordinairement de celui d'une
perfonne conftituée en dignité ou de ceux des témoins.
Les pupilles ufoient des fceaux de leurs tuteurs
, & les jeunes feigneurs de ceux de leurs
mères ou de leurs pères. En Angleterre, fi quelqu'un
n'avoit pas ion fceau fous la main., il em-
pruntoit celui d'un autre > ou fi fon propre fceau
n'étoit pas bien connu , pour plus grande fureté ,
H ufoit de fon fceau & de celui d'un autre plus
connu. Un comte de Chefter avertit qu'il a fcellé
des lettres du fceau de fa mère , parce qu'il n'a
pas le fien.
Dans les premiers fiècles , les évêques ne fcel-
loient qu’ayec des anneaux , dont les repréfenta-
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tions étoient arbitraires. « J'ai envoyé , dit S. Au-
» guftin , écrivant à Vidtorin, cette lettre ca-
» chetée d'un anneau, où eft gravée la tête d'un
» homme qui regarde à côté de lui ». La lettre
que Clovis écrivit aux évêques des Gaules i après
fon expédition contre les goths, fait mention de
leurs anneaux. « Nous promettons, dit-il, de de-
» férer aux lettres que vous nous écrivez , pour
» nous demander la liberté des efclaves tant clercs
» que laïcs,dès que ces lettres nous feront remifes,
» &: que nous y aurons reconnu l’impreffion du ca-
». chetde votre anneau». Les évêques y faifoient
quelquefois graver leurs noms ou leurs monogrammes.
S. Avit , évêque de Vienne , dans fa
lettre 78 à Apollinaire , évêque de Valence, qui
lui faifoit faire un cachet en forme d'anneau, demande
qu'on grave au milieu fon monogramme y
& fon nom à l'entour. Si qusras, dit-il, quid
infculpendum figillo y fignum monogrammatis rfiei
per gyrum feripti nominis legatur indicio. Mabillon
ayant pris pour un fceau le fer à marquer des bêtes
, 'caracierium., dont il eft parlé dans le célèbre
teftament que fit Bertrand , évêque du Mans , l'an
61 c , conjedluroit que le nom de ce faint prélat & ”
celui de fon églife étoient gravés fur cet infîrument.
Nous voyons Chrodobert & Turnouald, tous
. deux évêques de Paris , faire ufage de leurs
fceaux, l'un en 658, & l'autre en 6973 mais on
ignore ce qu'ils avoient fait repréfenter. Le chat-
ton de l'anneau d'Ebregifile, évêque de Meaux y
au méme-fiècle , étoit une pierre précieufe fur laquelle
étoit gravée l'image de S. Paul, premier
hermite, à genoux devant un crucifix, avec un
corbeau au-dcffus"de fa tête. Nous dirions que
Vulfran , évêque de Meaux , auroit appofé fon
fceau , l'an 763, au diplôme du roi Pépin , pour la
fondation de l'abbaye de Prom , fi le’ mot figillum
! ne fe prenoit pour un feing dsns le nouveau Gallia
ckrifiiana. Nous ne difons rien de plufieurs évêques
d'Orient & de s patriarches de Conftantînople^
qui eurent des fceaux particuliers pendant ces fiècles.
Dès le neuvième| les évêques eurent des fceaux
différens des anneaux c-u cachets. Le concile de
Châlons de l'an 813 veut qu'un prêtre changeant’
de lieu ait des lettres munies d'un fceau de plomb,
portant les noms de l’évêque & .de Ja ville épff-
copale. Hincmar, archevêque de Rheims , ïuivit
cet ufage'en écrivant au pape Nicolas I : Bullâ
fui nominis figillav.it, dit Flodoard.
Au dixième fiècle, les évêque;, firent mettre
leurs propres images fur leurs fceaux, à l'exemple
des rois. Nous avons parlé plus haut de celui de
faint Dunftan. Ce fceau pendant porte l'image de
cet évêque affis, tenant fa croffe de la droite, &
de la gauche un livre où eft écrit P a x v o b ï S. L e
revers offre une petite image, autour de laquelle
on lit le'hom du faint prélat, Nous ne connoiffons
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point de fceaux en cire plus anciens,; & appartenant
à un évêque, dont les deux cotés aient des
empreintes.
Cependant les éyêques continuèrent au onzième
fiècle à faire graver fut leurs fccaux tantôt les
images des patrons de leurs églifes , tantôt leurs
propres imagés , revêtues d habits pontificaux,
avec leurs noms:
On ne manque pas de fceau du onzième fiècle ,
où les images des éveques meme foient repr- en
tées............ En général, les fceaux des eveques
devinrent communs fur le déclin du onzième lie-
cle. Au fuivant, ils confervèrent la forme ronde;
pendant un temps ; mais ils ne tardèrent pas a devenir
oblongs , ou terminés en ogive pour la plupart.
Les évêques n’y font pas toujours reprê-
fentés en habits pontificaux , la putre en te te.. la
croffe dans la main gauche, & la droite en action
de bénir le peuple.
Le fceaude Thibaut, qui de moine de l’abbaye du
Bec , devint archevêque de Cantorbéry en 1139’
eft un des plus anciens en ogive ou en ovale poin-
tue , qu'on connoiffe. On le trouve dans le lor-
molaire anglican de Madox.
Heineccius ne connoiffoit point de fceaux des-
éveques d’Angleterre antérieurs au concile de
Londres de l’an 1237L Le fceau de Thibaud eft
plus âgé d’environ lin fiècle. On Vvoit la forme
des anciennes mitres, beaucoup plus baltes « plus
fimples que celles des derniers temps. Ln Allemagne
la croffe paftorale étoit fi courte , qu elle
reffembloit à un bâton ordinaire recourbé par
le haut, & fans ornement. Les évêques allemands
font prefque toujours repréfentés affis fur des
fié^es en forme de plians ou de croix de^ o.
André ; dont les bras font terminés par des tetes
de chiens ou d’ oifeaux.-Sur le fceau de Jean I ,
élu archevêque de Trêves 1 an 1190, on voit un
archevêque affis fur un fiegé fort commun j 1a
mitre eft des plus fingulières ; il tient un livre
dans fa main gauche , & une croffe fans ornement
dans fa droite.
EnFrance & en Angleterre depuis le milieu du
douzième fiècle,les évêques, les abbés, les prineqs
&les autres eccléfiaftiques dignitaires., font ordinairement
repréfentés debout avec les marques de
leurs dignités fur leurs fceaux de cire prefque toujours
de figure Ovale & en ogive.
S C E 355
Pierre , archevêque de Narbonne
, eft de deux pouces deux lignes dt_
„ L’archevêque y eft repréfenté un
qu’ à demi-corps avec la chappe &
, mais fans mitre, donnant la béné-
la main droite , & tenant le livre des
delà gauche. Le fceau de plomb
Celui de
de l’an 1 ry 1
diamèttre. ■
», peu plus
» le pallium
u diftion de
» évangiles
d'Albert d’Ufez , évêque de Nîmes de l’ an 1174.
n’a d’ un côté que l’image de la Vierge , P*«01}®
de la cathédrale de cette ville , & de .autre le
fimple nom d'Albert. Vaiffette en conclut qu au
douzième fiècle , les évêques ne mettoient point
leurs armes fur leurs fceaux particuliers : on lait
aujourd'hui le contraire.
Les fccaux de plufieurs évêques , fur-tout de la
haute nobleffe , eurent des contre-fcels comme
ceux des princes. Celui que Hugues d Amiens ,
archevêque de Rouen , employa depuis 1 an
1128 , elt un des plus anciens de cette elpece.
Ce fceau muni d’un con tre - fc ë l, cité deux
fois par D. Mabillon, eft pendant a une charte,
que Hugues d'Amiens accordal’an 1 14; aFretuer,
abbé de S. Ouen.
Heineccius n’avoit pointvu d e fceaux d'évêques,
munis de contre-fcels, avant celui dont Gerar ,
archevêque de Mayence fe fervoit pour authentiquer
des lettres dè l’an 12.99. Mais outre ceux
dont nous avons parlé plus haut, le proreileur
Polycarpe Leyfer,en produit un de Rodolphe, eve-
que d'Halberftadt. Ce fceau portant contre-fee , elt
appliqué & non fufpendu.au bas. d une charte, datee
de l'an de l’incarnation 1148, indiélion onzième. 11
n eft pas rare de voir un même évêque employer un
fceau pendant, après avoir uféd’unÿcetf« en placard.
Au treizième fiècle tous les éveques eurent des
fceaux particuliers , parce qu'on ne pouvoir pas
alors s'en paffer. Le concile d'Arles de 1 an 1260,
ftatua que les a&es d'emprunts, faits pour les
néceffités des églifes , feroient fcelles Au propre
fceau des évêques, & déclara en même temps
que le feing du notaire , fans le fceau épifçopal,
etoit infuffifant pour faire foi. Des 1 an 12.37 , le
concile de Londres avoit ordonne que chaque
prélat auroit fon fceau authentique. On ne tarda
pas à voir fréquemment les armes des eglifes,
des évêques ou de leurs familles au contre-fcei.
Ce ne furent pas les feuîs changemens que le
treizième fiècle introduifit dans les fccaux des prélats.
Heineccius en décrit un qui repréfente un
évêque, portant une .petite croix de la main
droite, & le bâton paftoral de la gauche, avec cette
infeription: 4-S.Fâ/s./ o/Jjst. dj. gra. LETToriEir.
e p s . c'eft-à-dire ,^figillum fratris Joannis dei g ra tid
Lettovienfis epifeopus. La croix eft ici le^ fymbole
de la croifade que cet évêque avoir prêchee l'an
1275 dans toute L’Allemagne, pour procurer des
troupes à l’ordre teutonique.
Non-feulement lés évêques du.quatorzième fié*
c le , continuèrent à fceller leurs aélès avec de
grands fccaux , portant leurs images , mais ils fcel-
lèrent encore en plomb. Paradin dansnfon hifteire
Y y ij