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téon. A l'égard des bas-reliefs travaillés frôlement,
on les diftingue par une faillie ou par une
bordure relevée. Les urnes funéraires étoient
pour la plupart fabriquées d'avance, pour être
expofées en vente , ainfî que nous le font juger
les lajets reprélentés fur ces monumens, qui n'ont
aucun rapport ni avec l'infcription ni avec le per-
fonnel du délunt. On trouve dans la ville Albani
une de ces urnes , qui eft endommagée , dont la
face de devant eft divifée entrois champs: fur
celui qui eft à droite on voit Uiyffe attaché au
mat de fon vaiffeau, pour ne pas fuccomber à la
fedu&ion des Syrènes, dont l'une joue de la lyre ,
1 autre de la flûte 8c la troifième chante en tenant
un rouleau dans fa main. Elles ont comme à l'ordinaire
des pieds d'oiféaux y la feule particularité
qu on y remarque , c'eft qu'elles font toutes trois
revêtues de manteaux. Dans le champ du côté
gauche, on voit des philofophes aflis & en con-
verfation. Dans celui du milieu, on lit une inf-
cription qui n'a pas le plus léger rapport avec les
fujets repréfentés ».
SjxRCOPHÂGUS L apis 3 nom qu'on a donné
à la pierre d'affo ou afliehne dont on vient de
parler. C étoit une pierre remplie de pyrites qui
ie vitriolifent. Le Yitriol a la propriété de renier
les chairs.
SARDA , SARD1US, ou SARDION , nom j
fous lequel Wallerius 8c plufîeurs naturaliftes ont
cru que les anci. ns avoient défigné la cornaline
X Carneolus ) ; mais il y a plus d'apparence qu'ils
ont eu en vue la fardoine , qui eft jaune, plutôt
que la cornaline qui eft rouge.
SARDACHATE, nom donné par les anciens
a une agate mêlée de cornaline , ou plutôt de
fardoine. Elle eft blanchâtre & remplie de veines
& de taches jaunes ou rougeâtres.
SARDAIGNE. Voye^ Sàrdes.
SARDANÀPALE. En 1761 on trouva dans
une vigne près de Frefcati, une ftatue vêtue
d'une tunique traînante & enveloppée dans une
vafte draperie, fur le bord antérieur de laquelle
eft gravé ce nom capaanaiiaaaoc. Le bandeau
royal ceint fa tête qui a une longue’barbe
bouclée & de longs cheveux frîfés. Winckelmann
croit que c eft la figure d'un des Sardanapalès rois
d'Affyrie ( Monument! anticki inediti n°. 1A4. ),
SARDES , habitans de la- Sardaigne. Eux &
les ficiliens étoient par le moyen des bleds que
produifoient leurs ifles , les nourriciers de Rome,
félon Valere-Maxime ( L. VIL c. 6.) -• fciliam 6>
Sardzniam beràgnijfunas urbis Romans, nutrices.
Ils poKoient des vêtemens particuliers appelles
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Wiifîruci & faits de peaux de bêtes. Les romains
exigèrent d'eux ces fourrures comme conttibu-
tion, 8c les fardes leur en envoyèrent 12000
fdon Tite-Live. Plaute a fait aufh mention des
maftrucs ( Poen. ali. V. verf 34. ) , de même
qu ifidore ( L. 19. c. 3. ).
« Pour taire connoître , dit Winckelmann
de l'An. I. III. c. 3, ) , l'état de l'art chez les
Jantes, je ferai mention de quelques figures de
bronze, trouvées dans l'ifle de Sardaigne. Elles
méritent quelque attention de notre part, tant
a caufe de leur forme, qu'à caufe de leur antiquité.
Le comte de Caylus a publié deux figures
femblablcs, découvertes dans la même iile ( Recueil
dant. t. 3.)/ Celles dont je parle font dans
le cabinet du collège de S. Ignace à Rome, , où
elles ont été envoyées par le cardinal Albani. Il
v en a quatre de différente grandeur, depuis un
demi-palme (huit pouces environ), jufqu'àdeux
I palmes. La forme & la figure en font tout-à-fait
- barbares, 8c portent en même temps le caràéière
j de la plus haute antiquité dans un pays.ou les arts
I n ont jamais fleuri. Ces-figures ont^ des têtes
allongées, des yeux d’une grandeur déméfurée,
des parties difformes 8c de longs cous de cigogne,
faites dans le goût des Plus vilaines petites figures,
en bronze de fabriqué etrufque ».
S Deux des trois figures les plus pérîtes pa-
roiflent repréfenter des foidats fans calque, armés
d'une courte épée, attachéè à un baudrier
qui pâlie par delfus la tête, defeend fur la poitrine
de droite a gauche. Sur l’épâuie gauche
pend un manteau court, fait d'une étoffe érroitô-
rayée 8c defeendartt jufque versée milkü'de la'
cuiffe. Ce manteau a l'air d'un drap carré qui
peut être plié ; le dedans eft garni d'un fébord
. étroit & relevé. Cette efpèce fingulière d'habillement
eft fans doute celle que portoient les anciens
fardes 8c qui fe nommeit mafirucs ( Plaut,
Poen. act. J. fc. j.v . 34. Ifid. I. 19. ç. 3. ex. Cice-
rene. ). L'une de ces figures tient dans Fa main,
à ce qu'il paroît, une affiette de fruit »;
» L'ajuftemc-nt de cette figure nous fait connoître
un ufage établi chez les; anciens peuples à la
guerre. Le foldat farde étoit. oblige d'avoir avec
lui fa provifion de. bouche > mais il ne la"portait
pas fur le dos comme le foldat romain, il la trai-
noit derrière lui- fur;un train qui portait le panier.
L'expédition finie, le Foldat pfenoit Fon train
léger, le paffoitdans l'anneau attaché Furie dos ,
& charge oit le panier Fur Fa tête par deffus les
deux cornes. Il y a lieu de croire que les troupes,
ayant toujours avec elles leur néceffaire, marr
choient aufii à l'ennemi avec cet attirail ».
.. iix 7u.
cc, La plus remarquable de ces figures, de la
hauteur de près* deux .palmes, eft. celle cL'im
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foldat portant un gilet court 5 cette figure, ainfî
que les deux autres, porté des chauffes 8e .une
armure qui defeend jufqu'aii 'deffous du gras de
la jambe, ce qu i eft le contraire des autres armures
de ce genre j car celles des grecs cou-
vroient l'os de la jambe,. au lieu que celles de ces
peuples font appliquées;. fur le molet 8c laiffent
le devant à découvert. Parmi les pierres gravées!
du cabinet dé Stoch, il y en a une fur laquelle on
voit Caftor 8c Pollux. Dans l'explication de cette
pierre j'ai cité:-la figure que je décris ( Defcript.
des pier. grav. du cab. de Stock , p. 201. ). Ce foldat
tient de fa main gauche un bouclier rond devant
fon corps, mais à une certaine diftance, 8c fous
ce bouclier trois flèches dont on apperç.oit les
bouts empennés qui paffent> de fa main droite
il porte l'arc. 1-1 a la poitrine couverte d'un cor-
celet court, 8c les épaules garnies d'épaulières,
armure qu'on voit aufli fur un vafe de la collection
du comte de Maftrilli, formée à Noie, 8c
fur un autre-morceau de ce genre de la Bibliothèque
du Vatican ( Dempfi. etrufq. tab. 48; ).
Dans un monument que j’ai publié,'on voit encore
un gladiateur avec une pareille, armure fur
les épaules (. Monum. ant. ined. num. 197. ). L’é-
paulierè de cette figure , ainfî que celles des figures
dont je parle fur des vafes eft de forme
carrée > mais:fur la. figure farde elle: a la forme des
épaulettes; qu’on voit fur les uniformes de nos
tambours. J'ai trouvé enfuite que cette pratique
de préferver les épaules avoir, été aufïi en ufage
chez les grecs des: temps les plus reculés. Héfîode.
entre autre armure donne l'épaulière à Hercule
. (Hefiod. font. Herc., v. 128. ),. 8c le, fçholiafte de<
ce poète la nommé S w w , de- préferve.
v La-tête eft coeffée d'un bonnet plat, des
cotés duquel s'élèvent deux longues cornes comme
des dents, dreffées en avant 8c en haut. Sur
ces cornes eft pofé un panier qui a deux bâtons de
traverfe 8c qui peut être détaché. La figure porte.
• fur leidos lé train d'un chariot avec deux petites
roues; dont le timon eft paffé.dans un anneau
fur le dos , de forte que les roues débordent la
•tête ».
« M. Barthélemy a donné dans les mémoires;'
de l’académie des Belles-Lettres ( pour l'année
1758.'), le deffin d'une figure du même goût &
du même pays, dit Caylus ( Rec. d‘Antiquités
tom. I I I , pl. 27. ) , que les deux que je préfente
ici. Elle eft feulement un peu plus grande, 8c
plus • remarquable par les uftenfiks dont elle eft
accompagnée. Je ne crois pas que dans aucun
des- recueils d’Antiquités , qu'on a publiés juT- !
qu'ici ,- on trouve une quatrième figure , fous le
véritablé titre de farde, ni qui ■ foi.t rendue avec
la cruelle exactitude de cette copie. La Angularité,
qui fait le .principal mérite de ces monumens,
m'a déterminé à les faire- deffiner fous
trois points de vue, non pour conferver la beauté /
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de leurs afpects, nuis pour mettre en état de
rendre à la Sardaigne les ouvrages qui lui appartiennent
, & qu'on pourra découvrir à l’avenir ».
■ « La première figure ale bras paffédans un arc
appuyé fur fon épaule, & foutenu par une de
fôs mains-, tandis qu'elle tient l'autre Ouverte, 8c
la préfente à plat, à la hauteur de fon coude,
comme fi elle.foutenoit ou préfentoit quelque
objet v mais cette main eft très-mutilée,. 8c la
correction ne pouvant conduire à fa véritable dif-
pofition, il faut en abandonner la recherche. La
figure eft vêtue d'une efpèce de gilet fort jufte,
,qui defeend fur le devant comme fur le derrière,
à la moitié de fes-cuiffes, Elle porte fur des bretelles
qui fe croifent fÿmmétriqaement fur le dos
8c fur le ventre, des uftënfiles- légers dont il me
paroît impoflible de décrire l'objet & l'utilité.
On diftingue feulement fur le devant une boëte
quarrée. Les bandelettes ou les cordes qui font
le tour des jambes dans toute leur longueur, font
dans le même goût, ou plutôt de la.même efpèce
que celles qui environnent le cou de ce farde. Ces
fortes de vêtemens plus recherchés, 8c principalement
la parure de la tête, m'ont engagé à
débuter par la defeription de cette figure ; il m'a
paru qu'elle repréfentoit le plus avancé en grade.
En effet, indépendamment des autres distinctions,
fa ccëffure placée fur des cheveux Courts,
couvre le front, & pourroit d’autant plus s'enfoncer
quelle eft élevée au-deffus de la tète. Elle
eft ornée d'un crochet, ou peut-être d'une
plume qui pend en avant du côté de la terre, 8t
qui paroît attachée fans beaucoup d'art, avec
une corde qui fait trois tours. Le tout eft établi
fur un cercle qui porte de petites boules raillantes,
qui donnent à cette figure un air de parure
qii'on ne trouvera pas dans le numéro fui-
vant. Au refte, l'un & l'autre ont les pieds nuds ,
pofés fur des traversés de bronze qui les élévent,
mais quipouvoient aufii être deftinées aies arrêter
8c à les fixer, félon l’ufage des étrufques. Cependant
ces derniers ne traitoient ainfî que leurs divinités
j jfîgnore les moeurs & la façon de penfer
des anciens habitans de la Sardaigne j mais il eft
difficile de fe perftuder que cette figure ait jamais
été celle d'une divipité. Il eft vrai néanmoins
qu'elle n'a pas d'épée, que fon arc eft placé
comme un attribut, qu’elle a fût la tête des ornè-
mens fort riches pour accompagner de fi grandes
barbaries. J’ajouterai feulement, que des per-
fonnes dignes de foi, qui ont été en Sardaigne
m'ont affure que les habitans de cette ifle , à la
vérité de l’état le plus groftier, ont encore aujourd'hui
les jambes environnés de cordes, comme
on le voit fur ce monument. La hauteur de cette
ftatue eft de cinq pouces & cinq lignes ».
« Quant à la fécondé figure ici deffmée, voici
tout ce qu'on en peut dire : Sur deux gilets pa