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claffes de citoyens. C ’étoit auffi ordinairement
dans ces lieux que ceux qui aimoient les plaifîrs
■ tranquilles , paflbient les premières heures ae leur
■ après dîner. Les uns s’entrenoient de chofes graves,
les autres de chofes agréables , félon leurs goûts
& leur caractère. Les poètes profitoient affez fou-
vent de l’oifiveté qui’ régnoit dans ces promenoirs
8c dans ces momens , pour réciter leurs ouvrages
à qui vouloit les entendre j c’eft ce qui a fait dire à
Juvénal que les portiques de Fronton dévoient fa-
voir & repéter comme un écho les fables d’Eole ,
d’Eaque , de Jafon , des cyclopes ,, 8c tous les
autres fujecs des poèmes vulgaires. ( D. J. )
P o r t ic u s A g r ip pæ , devant le Panthéon, pour
fervir de veftibule à ce temple ; il étoit foutenu
par feize colonnes , dont il en refte encore
treize.
P o r t ic u s A n t o n i i . P i i , où eft à prêtent une
maifon d’orphelins. On trouve de l’ancien ouvrage
onze colonnes de marbre très - belles &
cannelées.
P o r t i c u s A p o l l i k i s P a la t i k i tervoit d’ornement
à ce magnifique temple que. fit bâtir Au-
gufte après la bataille d’Aérium, 8c ce prince n’y
avoît épargné ni l’or ni le marbre de Numîdie ,
ni les peintures, ni les fculptures. On y voyoit
d’un coté les cinquante filles de Danaüs, & de
l’autre , autant de fils d’Egyptus ,, en figures
équeftres.
P o r t ic u s A r g o n a u t a r u m étoit voifin de
l’endroit appelle Sept a & c’etoït là que les oififs
de Rome alloïent promener leur inutilité x comme
le dit Martial :
An fpatia lentus carpït argonautarum ?
Son nom venoît de îa figure de Jalon 8c de celle
de Chîron, argonautes,, qui y étoîent repréfentés.
Aux Saturnales , temps auquel on fe faifoît des
prétens , il y avoit une grande quantité de boutiques
dans ce portique, ou l’on vendoit de riches
bagatelles ; ce qui a fait dire à Juvénal r
Menfe quidem brama. 3 ciim jam mercatar Ja fan
Çlaufus.
parce que ces boutiques cachoîent entièrement la
vue de la figure.
P o r t ic u s c ir c i m a x i m i étoîent à trois rangs
de colonnes 8c de forme circulaire > les d-eux
rangs extérieurs fervoîent à. la promenade, &
celui de dedans'étoît garni de boutiques & d’atte-
liers d’ouvriers. Il refte des ruinés du cirque,
mais aucun veftige.de ce portique.
P o r t ic u s Cl a u d i a , ainfi nommé de Claudius-
| Néron qui le fît rétablir, fervoit de frontifpice
I à la maifon dorée de ce prince 8c a entièrement
difparu.
P o r t ic u s Co n c o r d iæ , fous le Capïtolë , vers
le Forum 3 dont il refte encore huit colonnes, étoit
prefqu’entier du temps dePogge.
P o r t ic u s E u r o pæ , aînfî nommé parce qu’on
y vovoît peinte la fable d’Europe, étoit à gauche
du champ de Mars, 8c c’étoït une des retraites des
gens qui n’avoient rien à faire-..
P o r t ic u s F a u s t u iæ . Le portique de Fàuftme,
femme d’Antonîn-le-Pieux, en face de la place
8c du mont Palatin, préfente encore dix colonnes
8c une infcriptîon fur fpn architrave. On a bâti fur
le fol où étoit ce portique, 3 l’égliïe de S.-Laurent
in Miranda.
P o r t ic u s G a l l i e k i , dans le champ de Mars,,
s’êtendoit jufqu’au pont Milvius > il étoit compofé
de cinq rangs , dont le premier étoit de fimples
piliers , 8c les autres de colonnes. On l’appella
auffi Flaminia, à caufe du voiûnage du chemin de
ce nom.
P o r t ic u s . I s id i s , aînfî appellé de la déefle
Ifis, dont les myftères y - etoîent repréfentés,
étoit remarquable par fon pavé de mofaique.
P o r t ic u s L i v iæ x conftruît par Augufte ,.d‘ans:
l’endroit ou étoit auparavant la maifon de Céfar ,
: 8c où Julie avoît fait élever un grand palais que
fon père détruifit pour y placer ce portique, fut
abattu par Néron pour donner, plus d’étendue a la,
maifop. dorée.
P o r t ic u s M a ir g a r it a r ia 3 dans la place Romaine
, reçut fon nom des bijoux qu’on y ven-
doit.
P o r t ic u s M r r c u r it , entre le cirque de Fia-
' minius & le Tibre -, eft aujourd’hui à-demi détruit,
8c fert de marché au. poîuon.
P o r t ic u s M il l ia r e e t s is dans les fameux
jardins de Sallufte , fut embelli par Aurélien, qui
\ fe plaîfoit à s’y retirer fou-vent , ainfi que nous-
l’apprend Vopîfcus : Milliarem porticum in hortis
Sallufiii arnavit ÿ in quâ quotidie & fe & equos fati-
: gabat3 quamvis effet non. bons;. valetudinis. Néron
avoit fait auffi élever dans fon palais, trois portiques
, chacun de trois mille pas de long, qui
: furent appellés pour cela porticus mïllïar'u : Vef-
tibuli tanta fuit Laxitas , dît Suétone ,. ut porticus
triplices miUiarias haberct.
P o r t ic u s O c t a v iæ fut conftruît hors la porte
Carmentale , en l’honneur d’O&avie , foeur
p o R p o R
d* Augufte 5 c’étoit un ouvrage magnifique, d’ordre
ionique, 8c dont on trouve encore des relies entre
l’églife de Saint-Nicolas & celle de Sainte-Marie.
On a même employé dans la nef de cette dernière
églife planeurs belles colonnes de l’ancien
portique.
P o r t ic u s O c t a v i i , appellé auffi Corinthia 3 à
caufe de fes colonnes corinthiennes, étoit l’ouvrage
de Cn. Oétavîus, vainqueur de Perfée , qui
y fit reprétenter fon triomphe. Le feu ayant gâté
cet édifice, Augufte le fit réparer, 8c on voit encore
quelques débris des colonnes, dont les cha-
pitaux font corinthiens.
P o r t ic u s P o m p e i i 3 élevé par Pompée derrière
fon théâtre, étoit une agréable promenade ,
plantée d’arbres & arrofée d’eau. L’édifice étoit à
cent colonnes , 8c orné de peintures & de ftatues.
On âppelloit par excellence ce lieu L'ombre de
Pompée 3 comme fait Ovide :
Tu modb Pompciâ lentus fpatiare fub umbrâ.
P ortique des perfans , çou y ancien
monument de Lacédémone, dont on voit encore
quelques veftiges à Militra. Les grecs modernes
l’appellent le palais du roi Ménélas. Ce fut à la
conftru&ion de ce portique que l’on employa pour
la première fois des colonnes travaillées en ftatues
d’hommes, pour foutenir des voûtes , des orne-
mens d’archite&ure, & faire l ’effet des ftatues de
femmes, qu’on appelle des caryatides.
Il y a plus de 1700 ans que Vitruve a rendu
jaîfon de cet ufage , qui de fon temps n’étoit pas
une nouveauté > ce qu’il rapporte du portique des
perfans^ eft fi glorieux aux lacédémoniens , que ce
feroit être injufte que d’omettre ici le paffage qui
les concerne à cet égard.
Les Lacédémoniens , dit le prince de l’archi-
teéture romaine , après avoir défait avec une poignée
d’hommes la puiffante armée des pertes, à la
bataille de Platée, emmenèrent leurs prifonniers,
8c bâtirent avec le butin des ennemis le portique
qu’ils appelèrent perfique 3 dans lequel la voûte
etoit foutenue par des ftatues repréfentant des
perfes captifs. Ils imaginèrent cet opprobre pour
punir une nation orgueilleüfe , pour laiffer à la
poftente un monument de, leurs vi&oires, pour
rendre leur valeur redoutable . 8c pour exciter le
peuple à la défenfe de fa liberté.
Depuis lors , à l'imitation des lacédémoniens
plufieurs atchiteftes firent foutenir les. architraves
8c autres ômemens fur des ftatues pérfiques, &
enrichirent leurs ouvrages de ces nouveaux fou-
tiens. Ce fameux portique de Sparte étoit d'une figure
quarrée. Le trait fondamental de fès quatre
races fe reconnoît par les ruines. Dans le dernier
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fiècle, on trouvoit encore dans le voifînage des
entre-colonnes de cet édifice avec leurs entable-
mens, les voûtes mêmes étoient bien maintenues ;
8c c’eft un miracle de la fortune que ces triftes
débris fe foient fi long-temps confervés. Je ne
fais s’il en fubfifte aujourd’hui quelque chofe ;
mais je crains fort que quelque vizir n’ ait fait
enlever tout le refte du marbre de ce portique
célèbre , pour l’employer à un imaret ou à une
mofquée. (D . J.)
PORTI$CULUS3 comité ou chef des rameurs.
C’étoit auffi le bâton avec Iequél il donnoit les"
fignaux, lorfque le brüit empêchoit d’entendre fa
voix.
POR TITOR 3 péager , celui qui reçoit les
péages.
Gruter (794. 13.) rapporte une infcriptîon dans
laquelle Cnaron eft appeiié portitor.
PORTORIUM. Voyei PÉAGE.
PORTRAIT. Rien n'éft aufli arbitraire que les
portraits des anciens publiés par Fulvius Urfinus.
On les trouvera difeutés dans ce dictionnaire à
chaque article du perfonnage auquel il les attribue.
Le plus grand nombre des portraits chez les anciens
étoit exécuté en médaillon. Ce que l’on appelle
ici médaillon, étoit nommé clupeum chez les
anciens romains, c’eft-à-dire, un portrait en bronz
e , ou autre métal, qui étoit rond , 8c que l’on
dédioit dans les temples. Ce mot étoit diftingué de
clypeus , le bouclier, dont le portrait qu’elle fi-
gnifioit avoit la forme. C ’eft ainfi que les portraits
des empereurs, qu’on attachoit aux lignes militaires
, depuis leur pointe fupérieure jufque vers
le milieu de l’hafte , étoient de ces fortes de boucliers.
Il eft pourtant vrai que quelquefois on s’eft
fervi indifféremment de l’ün 8c de l’ autre m o t,
pour défigner un portrait en médaillon.
Nous avons quelques portraits en piecUde rois ,
de princes, de généraux anciens ; mais il étoit
réfervé à la folie de Néron de fe faire peindre en
pied fur une toile de cent vingt pieds de haut. C’eft:
Pline qui nous l’apprend ( Lib. XXX . c. 7 .) ; voici
tes termes : Et noflra atatis infaniam ex piéturâ non
omittam ; Nero princeps jujferat eoloffeum fe pingi
. exx pedum in linteo3incognitum ad hoc tempus. Ce fait
extrêmement fingulier, 8c unique dans l’hiftoire,
a fourni à Cayius quelques réflexions trop cu-
rieufes pour les pafler fous filence.
«c Premièrement, dit-il, ce fait nous indique
les grands moyens d’exécution que les artilles
d’alors pouvoient avoir. Si ce çolofle a été bien
exécute & 8c s’il a eu ce qu’on appelle de l'effet,
L ij