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parlé. D’uns corne pleine , il répand fes bien*
faits fur les paupières des mortels fatigués :
- Illos paß vulnera fejfos
Exceptamque hiemem , cornu perfuderat omni
Somnus,
avec fa corne yiiide , il fuit la nuit, qui fe retire
dans fa grotte :
Et Nox , é c o r n a fugiebat Somnus i n a n i .
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prennent toutes fortes de figures , & qui fort#
en auffi gtand nombre,• que les épis dans les plaines
, les feuilles dans les forêts, & les grains de
fable fur le rivage de la mer , demeurent non-
chalament étendus autour du lit de leur fouve-
rain , & en défendent les approches. Entré cette
multitude infinie de fonges , il y en a trois principaux
, qui n'habitent que lçs palais des rois &
des grands : les autres foat pour le peuple,
F'oye^ MO RPH EE , PhANTASI & PHOBETOR.
Et les artiftes le repréfentoient tel que le •
voyoient les poètes. Ni les uns ni les autres , ne
connoift'oient la double corne , dont l’imagination
déréglée de Romeyn de Hooghe l'a fur-
chargée. »
S OMN1ALES D I I ; c'étoient les dieux qui
prc'fiiôient au fommeil, & qui rendoient leurs
oracles par les fonges. Hercule étoit un de ces
dieux : on envoycic. les malades dormir dans
ion temple, pour y avoir en longe l'agréable pré-
fa ge du rëtabliifement dé leur fanté. On trouve
plufîeurs de fes ftatues avec cette infeription,
Deo fomniali. Peut-être ce furnom. fut-il donné
à Hercule , comme à d'autres dieux , par des per-
fonnes , qui crurent avoir reçu de lui en fonge des
avis utiles.
SON. Les anciens fe frottoient de fort dans leurs
cérémonies luftrales -, iis en ufoient aufii dans
leurs cérémonies magiques , principalement quand
ils vouloiest infpirer de l'amour.
Nouslifons dansleprophéte Baruch, Chap. vj,v’
4.1. Gue les femmes de Chaldée , alfifes dans ‘les
* • r |g ' deifein. II eft vrai
a dans le texte r «
pour enflam:
J “ —
gate, ficce. .dentes ojfa oliv arum ,
x d’olives L’auteur de la vulîablement
SONDE, catapirater. Li
fer voient de fondes de p!o
employe encore , témoins <
ici .Tai-Trui^ds 3 exrffet,
fign pie ( Athen, L. JL )
lés 5 mais il eft certain qu'il .y
t qui lignifie au fon.
aharmacie, nous fournit encore
de cet uf ge ; l'enchante reffe
>ir ell’ayé c plufieurs charmes ,
coeur, de fi n amant, dit : je
/*).; , aura ■ xirof.a ;
^ ï;. fin ck Tld lie , qu’elle a
iotes anciens fe
telles- qu'on les
rs de Lucilius.
A i catapirateris epdem déféra uncum
Vlum ’oi pauxillum rdndus , Il àque metaxam.
Pénélope ( Odyjf. liv.. 19. ayrnt raconté un
fonge qu'elle a voit eu , par lequel le prochain
retour d'Ulyfle, & la mort des pourfuivanslui
étoient promis, ajoute ces paroles : « J'ai tou-
» jours oui dire, que les fonges font difficiles à
.*> entendre, qu'on a de la peine à percer leur
» obfcurité, & que l'événement ne répond pas
« toujours à ,ce qu'ils'femblent promettre 5 car ,
» on dit qu'il y à deux portes des fonges j l'une
» eft de corne, & l'autre d'ivoire. .Ceux qui
» viennent par la porte d'ivoire, font les fon-
» ges trompeurs, qui font attendre, des chofes
3» qui n'arrivent jamais s ceux qui ne trom-
>» pent point, & qui font véritables , font les
>3 fonges, qui viennent par h porte de corne,
33 Héias ! je n'ofe me flatter que le mi n foit
33 venu par cette dernière porte. * Virgile a
copié cette idée-d'Homère'. « Il y a aux enfers ,
33 dit-il , ( Ehéid. liv. 6. ) d;ux portes , ' appellées
>* les portes du fommeil 5 l'une de; corne , •&
>3 l’autre d'ivoire : par celle de corne , paffënt les
’ » ombres véritables, qui fortent des enfers , Sfi
33 paroilïent fur la terre. Par celle d'ivoire, for-
33 tent les vaines illufîons, & les fonges trom-
33 peurs. Enée fortit des enfers par la pqrted'i-
; 33 voire» 33 Horace ( Od. 27Vdu liv. troifième ) ,
| a auffi chanté ces deux portes. Lorfqu'Eürope fe
I voit tranfportée dans l’ïle de Crète furie dos d'un
1 taureau ; dans fa furprife , elle s’écrie : « Ne feroit-
ce point un vain fonge, échappé par la porte
d'ivoire ? 33 Tous les commentateurs fe font tourmentés
pour expliquer ces deux portes, dans un
fens pbyfique ou moral. Je ne rapporterai que
l'opinion de Madame Dacier , qui croit que, par
la corne, qui e ft tranfparente, Homère a entendu
l'air , le c ie l, qui eft tranfparent ; & par l'ivoire
qui eft folide , opaque, il a marqué la terre. Les
fonges qui viennent de la terre , c'eft-à-dire -, des
"vapeurs terreftres , font les fonges faux ; & cens;
qui viennent! du ciel , font fes fonges yrais ,
c'eft-à-dire, les fonges envoyés de Dieu. ??:■
Lucien, ( au liv. 2 de fon hift véritable ) ,
nous a donné la defeription d'une ile des fonges %
dans laquelle on entre par le havre du fommeil :
elle eft entourée ~d'une forêt de pavots & de
mandragores, qui eft pl ine de Hiboux & de
chauves-fouris ; ce font les f uis oifeaux de l'ile.
R y a au milieu un fleuve, qui ne coule que d<|
SONGES y ils étaient .les enfans du fommeil,
fclon les poètes. Les fonges, dit Ovide/qui
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nuit ; les murs de la ville font fort hauts, Sc de
couleurs changeantes , comme l'arc - en ciel :
elle a quatre portes > des deux premières , 1 une
eft de fe r , & l'autre de terre, par ou fortent
les fonges affreux & mélancoliques : des deux -autres
, l'une eft de corne & l'autre d'ivoire ; c eft
par.celle-ci qu'on entre dans la ville. Lé fommeil
eft le roi de l'ile , la nuit en eft la divinité ; le
coq. y a auffi un temple : les habitans font les
fonges , qui ont tous une taille & une forme différente
; les uns beaux & de belle taille ; les
autres hideux contrefaits ; ceux-ci riches ,
&- -vêtus d’or & de-pourpre , comme des
rois de théâtres ; ceux là gueux , & couverts
de haillons , &c. »>
Il y avoir des dieux qui rendoient leurs oracles
en fonges , comme Hercule , 'Amphiaraüs , Séra-
pis , Faunùs. Les magiftrats de- Spartes , eou-
choient dans le temple de Pafiphaë, pour être
inftruks en fonges, de ce qui concernoit le'bien
public. Eunapius a écrit que le philofophe
Oédéfius, reçut en fonges un oracle d'une manière
bien jingulière } il le trouva à fon réveil,
écrit dans fa main, gauche1 en vers hexamètres.
Cet oracle lui .promettait une grande renomméè ,
foit qu'il demeurât dans les villes., foit qu'il fe'
retirât à la campagne:. Enfin ôn cherchoit à deviner
l'avenir par les fonges; & cet art s’appelloit
Onéirocritique, Voyég. So r t s .
La terre éteit la mère des fonges ( Euripid. Hecub.
■ verf 70. ).
Sur un bas-rèîief du palais-Mattei qui repréfente
les noces de Thétis & de Pelée, on y.oit
Morphée qui répand les fonges fur Thétis avec
une corne.
Dans la collection dés pierres gravées de Stofchj
on voit fur une pâte antique un trépied orné par
en haut d’ un fphynx pofé far un autel rond ; au- .
• tour fe voyent trois petites figures en bas-relief,
& vis-à-vis une autre figure, qui paroît endormie ;
celle-ci eft une jeune femme drapée aflife fur un
rocher , ou fur un monceau de pierres , appuyant
fa tête fur la main droite , foutenue par le genou
gauche, qu'elle tient élevé , & ayant l'autre bras
dans une attitude fort négligée, fèmblabîe à
celle de la prétendue Pr&fica de Beger. ( Tkcf
Brand. t. i . p . 140..)
On pourroit expliquer ce fujet en prenant c: rte
figure pour la Pythie qui rendoit les oracles à
Dclph, s.
Pytkia que, trepode ex Phcebi lauroque profatur.M
( Lucret. L . I. v . 740 .
Au commencement la Pythie étoit une jeune
fille , & t lle :devoit être habillée avec firnplicité ;
çc qui fe trouve dans noue figure; on ne corn-
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•mença 1 -mettre dans ce facerdoce de:- vieilles
femmes, qù'après qu’un jeune theftaliea ( Diod,
Sic. L .X V I .p , 425. lin. 2 0 .) (Echecrates.) àe+
venu amoureux d’une des Pythies qui étoit fort
belle , l'enleva. La Pythie deyroit à la vérité être
affife fur le trépied.
Winckelmann croit donc que l'explication fera
plus sûre en di&ntque ce peut être la déeife Thémis
(Euripid. Iphigen. v. 1259. ) qui étoit en poffeffiqa
de cet oracle, avant qu'elle en eût été chaffée
par Apollon , & qui alors découvroit les fecrets
des dieux ( Ibid. v. 1271'. ) en fonge. Elle eft affife
fur un rocher , peut-être pour marquer que Thér
mis & la terre ( Æfchyl. Prometh. v. 208. ) étoient
la même déefle.,Selon les anciens ( Euripid. Hecub.
v. 70. ) , la terre étoit la mère des fonges, &
Apollon même préfîdoit ( Sophôcl. Electr. v. 427‘ ^
aux fonges.
Sur. une pâté antique la Pythie, ou Thémis
éveillée:, eft affife fur un rocher devant le trépied
d'Apollon.
SO N IF IUM .y o y e z Tzipud ivm .
SONNETTES, Les guerriers des temps héd
roïques en attachoient à leurs boucliers 5 & Ef-
chyle repréfente dans les fept chefs Tydée agitant
fon bouclier pour effrayer fes ennemis par le bruit
des fonnettes. Euripide donne un femblable bouclier
à un roi de Thrace. Les fonnettes étoient
attachées à la courroie qui feryok à retenir le
bouclier & à le fixer au bras.
Les fonnettes qui pendent à la couronne de certains
feeaux anciens.., fervoiçnt à orner les habits
des romains du Bas-Empirè. Au mcîyen âge, cct
ornement redevint à la mode fur-tout en Allemagne.
.On vit dans les tournois les -caparaçons
chargés àe fonnettes. Les perfonnes les plus illustres
en ornèrent leurs vètemens avant & dr puis
le. commencement du - quinzième fiècle. Voye%
C lochettes. ,
SOPHISTES. Athénée dit que ce nom défignpiji
quelquefois des mufteiens.
. SOPHOS 3 ou fepienter, exclamation d’admiration
en ufage chezjes romains. Martial ( 1. 4. 7 .)
dit :■
Àudisris cum grande fçphos r dum bajia captau,
SOPHROKIS TER.^ Hercule étant tombé dans
un accès de démence , faillit de tuer Amphitryon
fon père putatif. Mais Minerve lui ayant jette una
épievre, il s'e »dormit profondément ; & fe révcilb
avec toute fa raifon.'On appella cette pierre jo-
Phronifer, c'eft-à-dire, qui rappelle la railon.
EOPHRONISÏES. j dii