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fphère éclairé de i'hémifphère obfcut*. Il eft plsce
au-deffus du fécond hémifphère ; dès-lors , en ftile
hiéroglyph'que, Anubis fouloit aux pieds le redoutable
Typhon. Voilà pourquoi dans l’hiitoire
d’Ofiris, on voit Anubis triompher du meurtrier ,
après la vengeance d’O rus , 2c faire avec fes in-
teftins des cordes pour fa lyre ( Plutarchus , de
Jftde & Ofiride , pag. 373- )• Typhon redoutant
cette vengeance , sJéroit métamorphofé en crocodile
; mais ce changement de forme ne put lui
fauver la vie. Cependant, pour en conferver la
mémoire, on lui confacra le crocodile. , qui étoit
l'emblème du coucher du folcil , c'eft à dire, des
ténèbres qui enveloppent le foleil, par confe-
cjuent l'emblème de Typhon , tuant de fa main ce
m.ême Ofiris ( Horus-Apoll. kierogl. lib. A cap.
,) A caufe d'une femblable analogie , l'hippopotame
partagea les honneurs décernes au croco
dile. Le cheval marin étant l'emblème du pôle j
antarélique, vers lequel le foleil fembloit attiré
lors de fa defcente dans I’hémifphère inférieur ,
on dut néceilairemenc » le confacrer à Typhon
( Eufeb. pr&par. evang. lib. III. pug. ll6 . ).
Après avoir parcouru une partie auffi étendue
& auffi difficile de ma carrière, je m'arrête un
moment pour faire obferver plus diftinélément &
les écuiils que j'ai reconnu en les évitant, & la
route fûre que j'ai fuivre. J'ai d abord rapporté
toutes les origines phyfiques , hiftoriques & meta-
phyfiques , que l'on a données à Platon, C'eften
Egypte que j'ai fait efpérer de découvrir fa véritable
origine. Les mônumens & les traditions des
égyptiens , épars dans les écrivains grecs, ont été
•rapprochés & difcutés. De ce foyer de lumière eft
forti un jet brillant & unique qui a éclairé l’univers
fabuleux. Le génie -fol g ire a é*é reconnu pour l'ame
de toutes J es fidions & de Platon en particulier.
Le dieu des Enfers étoit l’emblème de^ce génie ,
lorfque le foleil demeuroit plongé pendant fix mois
dans l’hémifphère inférieur. Plus éex a élément encore
il étoit le foleil d’hyver, que les égyptiens re-
préfentoient par leur Sérapi*-P lùton. Dès-lors on
a apperçu la liaifon entre le Platon des grecs d’un
côté , & Sérapis égyptien de l’autre; enfûite celle
de Typhon égvprièn ou de I’hémifphère inférieur ;
d'Aeionis enfin & d Efcutape , tous deux de ci éa-
tion phénicienne , & représentant 1 un le foleil
éelipfc pendant la moitié de lVnnce.j & l’autre la
faculté curative de ‘Scrapis. Voilà un précis fidèle
de mes recherches -fur P/utvn , je leur joindrai
l’expofijion de fon h ftoire chez les . grecs, Je s
éfrufques Sc les romains , l.'explrcatirn B p
tributs & de fon culte ch.z ces n ême's peuples..
Peur commencer l’h'ftoire de Pluton , rapportons
l’hymne que lui adreffe le prétendu Orphée-;
ce jpoêmt a cerçai n cmcnt eie compofe dans les
premiers fiècles de la Grèce.
Puiffant Jupker'Terreftrè, fouverain des ré-
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w gtons ténébreufes du Tartare ! ô Pluton ! prêtes
33 une oreille attentive à mes chants. Vous êtes
■ »3 maître de la terre qui vous cil échue par le fort.
” C ’ eft-elle qui porte les immortels fc les hom-
.*> mes, & qui enrichit tous les ans les humains
» par de nouvelles productions. Vous avez placé
» votre trône dans les fombres régions, dan* les
*> cavernes profondes & inacceffibles de l'Enfer,
,*> fur les bords du noir Achéron, qui prend fa
o» fource dans les entrailles de la terre. La Mort
1» fatale range tous jës hommes fous vos loix , ge-
» nie adoré fous tant de formes ( U0X0Jct.tg.av ).
» C ’ eft vous q u i, brûlant d’amour pour la fille
» de Cérès , l'en levâtes au travers de l’Océan fur
95 votre quadrige, & l'emmenâtes à Eleufis , où
». font placées les redoutables portes de l’Enfer.
99 Vous feul avez acquis par votre naiffance la
99 glorieufe prérogative de marquer les intervalles
99 du repos & du travail. Tout eft dès-lors ftijet à
» votre empire. Vous êtes en honneur dans tous
» les climats ; par-tout on vous offre des facrifi-
99 ces; par-tout on chante vos louanges ; auffi
« chériffez-vous ceux qui compofent vos hymnes.
« Soyez donc aujourd'hui favorable aux initiés
■’« & à votre poète ».
Platon étoit fils de Saturne & de Rhéa. Sa mère
cacha ( Iliad. X V . Theogon. 4 y y Ô* 768. Sext.
Emp. adv. Math. pag. 339, ) fa naiffance, de peu*
que Saturne ne l’engloutît, comme il avoit fait
de fes premiers enfans. Elle ne put cependant le
fouftraire long-temps à l’avidité de fon père , qui
; fut forcé bientôt après de le rendre à la vie ; car
j Jupiter, aftocié avec Métis ( la Prudence ) , fille
de l’Océan , lui donna un breuvage dont la force
étoit telle , que Platon 3 V eft a , Ceres , Jtinon &
Neptune rèvirent la lumière. Sophocle ( Tracki-
nU. v. 1055. ) l'appelle frère de Jupiter, & Au-
fone frère de Jupiter & de Neptune, Jovi & Conft
germa nus. Ces trois frères font réunis fur un me--
.daillon très-rare publié par Bianchîni {Iftor. uni-
verf. pag. z i 3. ). Les figures y font appellées ©EOI
AKPaIOI,7cj dieux des montagnes.
Le royaume des Enfers échut en partage à Plu-
ton ; c'eft-là qu'affis , félon Albricus ( De deor.
imagin. ) , fur un trône de foufre , avec un regard
effrayant, il tient un feeptre de la main droite,
& étouffe une a me de la gauche. Cerbère eft placé
à fes pieds , ainfi que les harpies1 ( Eumenid. verf.
'273 ). Des quatre angles de fon trône fortoient le
Lé th é , le Cocyte , le Plalégéton & l’Achéron ,
■ qui entourorent les marais du Stvx. S.î tête eft en™
; tourée , félon Claudien, d’un nuage obfcur :
..............Sublime caput mcejlijfima nubes
Afperat, & dira, ri.get inclementia forma..
( Rapt. Proferp. lib. I. ).
Cet air fombre & farouche a fait dire à Hcmè'e
( Iliad.
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( Iliad. X. ) , que de toutesdes.divinités Pluton eft
]a plus, redoutée des m o r te ls& à Sextus.Empi-
rieds ( Âdyi Matkem. p. y .que les immortels
haiffent fon domaine , quoiqu’un mythologue
( Plutoni Axiochus falso attributus ,3 7 1 . ) l’egale
pour la grandeur à celui de Jupiter, otace en fait
lin portrait auffi repouffant ( Thebaid, lib. VUI- ) *
Forte fedens media regni infelicis in arce,
Dax Erebi , populos po/cebat crimina vit a,
Nil kominum miferans} iratufque omnibus umbris.
Stant Furia circîim, vari&que ex ordine mortes,
S&vaque multifonds exercet Pcena catenas.
F ata ferunt animas 3 & eodetn pollice damnant. !
Vincit opus , juxta Minois cum fratre verendo
Jurà bonus meliora monet, regemque cruentum
Temperat. Ajfiftunt-lachrymis atque igné tumentes
Cocytos , Phlegetonque , & Styx perjuria divum ,
Arguit'. . . . . . . . . . .
, Thémiftius ( O rat. ad Val. pag. 98.) fait ob-':
ferver que tous les dieux (e laïfl'ent fléchir par les
prières , mais que Pluton feul eft repréfenté dans
Homère comme une, divinité inexorable & infle-
.xible. Théfée & Pirichoiis en firent la trifte épreuv
e , lorfqu’ ils fe hazardèrent à pénétrer dans fon
empire pour enlever Proferpïne. Cependant Pla-
iton ( Amatorius , pag. 761» ) remarque«- que i ’a-
.mour & l’amitié (de laquelle il traite particulière-:
ment dans ce traité) ont attendri quelquefois, ce
.qoeur de diamant. Il le prouve par l’exemple d’Al-
céfte, d’Orphée , & par celui de Protéfijas qui
fëdévoua à la mort pour affurer, l’entreprife des
argonautes.
. La divinité & la puiffance d e . Pluton ' ne purent
le mettre à l’abri des traits d'Hercule , Iorfquè’ les
dieux combattirent pour le fort dé Troye. Il
éprouva'dans cette journeeTâ mêriiéTatalitë'que
Junon, & fut bleffé à l’épaule par le fils d’Alcmène.
La douleur qu’il reffentit\ lliad. V.') \ lui
arracha'dés cris , & ne fut appaifée que par les
foins d’Efculape. , ^
Aucun dieu , excepté J u p ite r r ie .porta autant
de noms & de furnpips ique le fouveraïn des lom-
bres. En c,ëtte qualité, il fut appelle ( Mur dan.
Çapel. de Nàpc. lib.) funimanus , c’eft-à-dire,
Jummus manium ; & fous cette dénomination , on
lui attribüoit les tonnerres qui çclâtpient pendant
la nuit. Les autres étoient lancés par Jupiter-
Céléflp. plauté joüe fur ce nom dans fon Çur-
■ cutio V
.................... ... Lyçp..’-—- Quisyiihomo es)
Antiquités t Tomé V.
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Curculio. — Liber tus illius quem otnnes Summa-
num vocant.
Lyco. Summahe t falve. Qui fummane ? fac
feiam.
Curculio. —■ Quia vefiintenta ubi obdormivu
ebrius
Summano. Ob eant rem me omnes fummanutn
vocant.
Lyco. ;.— Alibi te melius eft qu&rere hofpitiutn
t ibi ,*
Apud me profettè nihil eft fummano loci.
J’ai donné ci-devant l’interprétation du nom
Adés y & de "fes dérivés Adefius, Aidefiiis, & du
nom Clymenus. L ’épithèfe de rfeporos ■ pennàtus ,
aîlé , que l’on trouve dans PAlcefte d’Euripide
( Verf n è . ) . eft relative à fon cafque , dont il
fera fait mention dans, la fuite. Phi loft rate ( Lib.
II. idon. 28. ) donné auffi des aîfes à Pluton.
Z eus xüôvios , Jup:ter-Terreftre, e'toit fon nom le
plus ordinaire ( Sophocl. (Edip. Colon. 1677. ).
Un parafïte le donne dans Plaute à celui qui lui
donne à dîner , fans doute par analogie à la terre,
ou Pluton, qui fournit la nourriture aux hommes
& aux animaux :
O mi t Jupiter- Terreftris , te coepulonus ccmpcllat
tuus._( In Perfâ. )
<poiTû)*n. p.iyù,Xa>, KyanXuca, pergunt ad magnum
Ageftlaum . dit Callimaque., «wd tS uyuv rSs Xctës ,
quia Plutq populps agit. C ’eft: dans ce fens que les
latins, l'appelloicnt Uragus , quàd omnes ad interi-
tum urgeat. Gori voudroit dériver ( Muf. etrufe.
p. 196. ) ce nom du mot urere , & affure avoir vu
Uregus. Les romains àpp'elloient encore Pluton
Tellumo , Altor, Âltellus & Rufor , a terrâ & ah
alendp , dit Saint-Auguftin ( Civit. Dei , lib. V II,
cap,, 23. ) Il étoit chez eux Vedius ou Vcjovis ,
qiiafi malus Div,us , malus Jupiter,; Quietalis , quia
mors eft quies arumnarum ; Februus ( Mar dan. Ca-
pella , lib. II. cap. 40. ) enfin , de februare, ancien
fy non y me de luftrare. Mais Dis étoit fouvent employé.
On en forma par analogie Difpater, comme
Mars pater, Janus pater, &c. Quintilien donne
avec la -retenue qui le caraéf érife l’étymologie de
ce mot : A contrario interpretatur nomen Plutoni s ,
qui à minime div es eft ; car anciennement, les romains
difoient dis pour div es.
Les noms d'Arimanes & d'Axiocerfes font d’origine
orientale. Ceux qui confondoient Pluton avec
Typhon, ou le mauvais génie , lui donnèrent le
fùrnom à'Arimanes, que por-to't chez les perfes
le génie du mal. Après avoir rapporté; les noms
des quatre cabires , extraits de Mnafeas;( Lib. 1. ).
Le fcholiafte d’Apollonius ajoute : aAxiéros ell
» Cé rè s , Axiokerfa Proferpine , .& Axiokerfos
B