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gieufement obfervé dans la prière qui fut faite à
Hercule par les faliens, ajoutant, après avoir
rapporté fes belles actions ( Æneid VIII. ) :
Salve, ver a J avis proies, decus addite divis ,
Et nos & tua dexier adi pede facra fccundo. -
Apulée rend à la déelfe Isis une aétion de grâce
qui eft remarquable. Ces prières fe faifoient debout
, tantôt à voix baffe, & tantôt à voix haute 5
op ne les faifoit affis que dans les facrifices pour
les morts,
Multis dum precibus Jovem falutat ,
Stans fummos refupinus ufque in ungues.
( Mart. L. XII. épigr. 77. )
Virgile dit ( Æneid. L. IX . ) :
............. .. . Luco tum forte pçirentis,
, Pilumni Turnus facrata vallç fedehat. '
Le prêtre récitoit enfuite un formulaire d’.orai-
fon , pour la profpérité des empereurs & de l'état,
comme nous l'apprenons d'Apulée ( livre, I I de
f âr.e d‘or. ) «« après qu'on eut ramené la nrocèf-
fion dans le temple de la déeffe ifis , un des prêtres
appelé Grammqtçus, fe tenant debout devant
la porte du choeur, affémbla tous les p.aftopho-
res , & montant fur un lieu élevé, il prit fon livre ,
lut à haute voix plufieurs prières pour l'empereur,
p.our le fénat, pour les chevaliers romains & pour
le peuple , ajoutant quelque inftru&ion fur la religion,
tune exiit quem ( Grammatëüm ) vocàbant,
pfoforibus ajfifiens, coetu paftophorum ( quod facro-
fijneti collcgii nomen efi') velut in concionem vocato,
ipdidem de fublimi fuggeftu ,. de libro, de litterisfauftâ
•voce pr&facius principi magno, jenatuque, ■ equiti -,
te tique populo , nauticïs , nayibus 3 &c.
Les cérémonies finies , les faerifiçateurs s’ étant
affis 3 & les viélimaires étant debout les magiftrats
ou les perfonnes privées qui offroient les prémices
des fruits avec la viétime , faifoient quelquefois
un petit difeours ou une êfpèce de compliment ;
c'en pour cela que Lucien en fait faire un parles
ambaffadeurs de Phalaris aux prêtres dé Delphes.,
en leur pré Tentant de fa part un taureau d'airain.,
qui était un chef-d’oeuvrè de l’ art.
A mefure que chacun préfphtoit fon offrande,
il falloit fe laver les mains en un lieu du temple,
pour; le préparer plus dignement au facrifice , 8c
pour reraerçjer les dieux d'avoir bien voulu reçe-r'
voir les victimes. L ’ offrande étant faite, le prêtre
officiant ençenfoit les viélimes & les arrofoit d'eau
Juftralej enfuite remontant à l’autel, il prioit à
haute voix le dieu d'avoir agréables les vi&imes
qu'il lui alioit immoler, p.oijr les péçeûités publi-
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ques, 8c pour telles ou telles raifons particulières.
Après cela le prêtre defeendoit au bas des marches
de l'autel, recevoit de la main d'un des
miniftres, la pâte facrée appelée molajalfa , mê**
lange de farine d'orge ou de froment, pétrie avec
le fel 8c l'eau, qu'il jettoit fur la tête de la
viftime > il verfoit auffi deffus un peu de vin.
Cette aétion fe nommoit immolatio, quafi moloe
illatio 3 comme un épanchement de cette pâte ;
mola [alfa , dit Feftus , vocatur far tofium , b fait
fparfum, quo deo molito koft'iA ajpergantur.
Virgile a'exprimé cette cérémonie en plufieurs
endroits de fon poème > par exemple ( Æneid.
L. II. j : '
Jainque dies infanda aderat, mihi facra pararit
Et falf&fruges, & circum tempora vittA.
Le prêtre ayant répandu les miettes de cette
pâte falée fur la tête de la vidime, ce qui en
conilitLioit la première conféçration, il prenoit
du; vin avec le fimpule , 8c en ayant goûté le- premier,
8c fait gputer aux affiftans, yiî" le verfoit
entre les cornes de la vidime, 8c en prononçant
ces paroleSv de confécration , macius hoc vino in?
ferio efio, ç'eft-à-dire, que cette vidime foit ho-
nofée par ce vin pour être plus agréable aux
dieux. Cela fa it, il arraçhoit des poils d'entre
les cornes de la vidime , 8c les jettoit dans le feu,
| allumé.
Et fummds carpens media inter comua fétus
Ignïbus imponiïfacrzs. . . . . . .
Il commandoit enfuite au vidimaire de frapper
la vidime, 8c celui-ci l'afipmmoit d'un grand
: coup de maillet ou de hache fur la tête. Auffi-.
tôt un autre miniftre nommé pop a. -, lui plonge oit?
| un couteau dans la gorge,.pendant qu'un trqi-.
fième recevoit le fang ae l'animal, dont le prêtre
arrofoit l'autel. ( Virgih.;)
Supponunt alii cultros , tepidumque cruorem
i Sufçipiuntpateris. . . . %.
La vidime ayant été égorgée, on l'écorchoit,
excepté dans les holocauftes, où on bniioit lapeau
avec ranimai. On en détachoit la tête qu’on
ornoit de guirlandes 8c de ferons, 8c on l'attachoit
aux piliers des temples avec les peaux, comme
des enfeignes de la religion, qu'on portoit en
proceffion dans quelque calamite publique. Ç'eft
ce que nous apprend un paffage d.e Cicéron contre
'Pifon : et quid recordaris citm omnî totius provincÎA
pecore campulfo, pellium., nopiine ojjinew, quefium
ilium domejlicum paternumque rénova f i ? & encore
par cette autre de Feftus , pellern kabere Hercules
fingltur, ut, korpinss cultûs,, antiqui admoneantitr :
lugeiites qiLOQUg diçbus li0 M in pdlibus, funt.
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Ce n’eft pas que les prêtres ne fe couvrirent
fouvent de peaux des vidimes, ou que d'autres
n'allaffent dormir fur elles dans le temple d'Ef-i;
culapé, 8c dans celui de Fauniis , pour avoir des'
réponfes favorables en fonge, ou pour être fo-u-
lagés dans leurs maladies.
Cappadox , marchand d’efclàves,. fe plaint,
dans la comedie de Plaute intitulée curcutlo , de ce
qu'ayant couché dans le temple d'Efeùlàpe, il
avoit vu en fonge ce dieu s'éloigner de lui ; ce;
qui le fait, réfoudre d'en fortir, ne pouvant el-
pérer de guérifon.
M.igrare certum efi jam nunc e fano foras ,•
Quando Æfculàpï itd fentio fententiam :
Ut qui me nikili faciat ,* nec falvum velit. '
On ouvroit les entrailles de la vidime j 8c après
les avoir confidéréës attentivement pour en tirer
des préfages, félon la fcience des arufpices, on
les faüpoudroit de fariné, on les arrofoit de vin,
8c on les préfentoit aux dieux dans des baffins ; f
après quoi on les jettoit dans le feu par morceaux ,
reddebant ex ta diis; de-là vient que. les entrailles!
étoient nommées porrici&, quod in ara foço pone-\
bantur, diifque porrigebantur : de forte que cette '
ancienne manière de parler 3 potricïas inferre 3 fi-
gnifioit, préfenter les entrailles en facrifiecs.
Souvent on les arrofoit d'huile, comme nous
Voyons au livre IV de l'Enéide :
Et folida imponit taurorum vifeera flammis ,
Pingue fuper oleumfundens ardentibus extis.
Quelquefois on les arrofoit de lait 8c du fang
de la vidime même y particulièrement dans les
facrifices le s morts ; ce que jious apprenons de
Stace , liv. VI de la Thébaïde :
Spumantifque mero patera verguntiir. & a tri
Sanguinis , & rapti gratijjirna cymbia laciis.
Les entrailles étant confumées, 8c toutes les
autres cérémonies accomplies , ils croyoient que
,les dieux étoient fatisfaits, 8e qu'ils ne pouvoient
manquer de voir l'accomplilfement de leurs voeux}
ce qu’ils exprimaient par ce verbè -3 litare , e'eft-à-
dire , tout eft bien fait 3 8c non litare, au contraire
vquloit dire qu'il manquoit quelque chofe à l'in té- |
grité du facrifice, ou que les dieux n'étoient point ,
appaifés. Suétone , parlant de Jules - Céfar, dit
qu'il ne put jamais facrifier une hoftie favorable le
jour qu'il fut tué dans le fénat : C&far victimis cÂfis '
litare non potuit.
Le prêtre, rénvoÿoit les affiftans avec ces pa- \
rôles I licet, dont on fe fervoit pareillement à '
la fin des pompes funèbres é . des céfémomêSjpour -
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t congédier le peuple, comme on lë peut voir dan’s
-Térence 8c dans Plaute j le peuple répohdoit feli-
; citer. Enfin, on dreffoit pour les dieux le banquet
ou le feftin facré, epulum y on plaçoit leurs ftatues
fur un lit de table, 8c on leur fervoit les viandes
des vidimes offertes ; c'étoit la fondion des miniftres
des facrifices , que les latins nommoient
epulones.
Il réfulte du détail qu’ on vient de lire , que les
facrifices avoient quatre parties principales $ la première
fe nommoit lïbatio, la libation, ou ce legër
effai dé vin qu'oiï faifoit avec les effufions fur là
vidime 5 la fécondé , immolatio,; l'immolation ,
quand , après avoir répandu fur la vidime des
miettes d'une pâte falée., on l'égorgeoit ; la troi-
fième étoit appellée redditio, quand on . en ojfroit
les entrailles aux dieux j 8c la quatrième s’appelloit
litatlo , lorfque le facrifice fe trôuvoit accompli ,
fans qu'il y. eût rien à blâmer.
On ne doit pas oublier de -rèmàrquer qu’entre
les facrifices publics, il y en avoir qu'on npmmoit
fiata, c'eft-à-dire , fixes , immobiles , qui fe faifoient
tous les ans à un même jour ; 8c d'antres
extraordinaires , nommés inditia, indiqués , parce
qu’ on les ordonnoit extraordinairement pour qucl-
qu’occafion importante & inopinée. V. Hostie-
8c V ictime.
SAÇRIMA. On appelloit ainfi l’oblation que
l’on faifoit à Bacchus, du raifin 8c du vin nouveau.
Sacrima , dit Feftus , appèllabatur mufium
quod Libero facrificabant pro vineis & vafis , & ipf°
vino/ confervandis.
SACRIPORTUS 5 lieu à Rome , que l’on
croit être l'arc de Janus , où l'on affichoit, les
faftes confulaires fur des tables de cuivre.
SACROS , poids en ufage en Afîe 8c dans l'E gypte.
Voye^ Once.
SACROSANCTUM. Cette épithète ne fe don-
noir qu'aux perfonnes 8c aux chofês qUe le peuple
romain affemblé déclaroit facrées ou inviolables
en décernant là peine de mort pour ceux qui les
offenferoient, ou les profaneroient. Tels etoiehît
les tribuns du peuple » fes édiles , fes décrets,
8cc.
■ SACRUM, facrifice.
SADALIS, dans l'Egypte.
Golfzius feul a attribué des médailles impériales
grecques à cette ville.
SÆTABIS, ville de l’Efpagne Tarragonnoîfe', au pà/s du peuple Cvhuftani, dans les terres. Elle
Mm ij.