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fe trompent groflièrement. Cette porte eft néanmoins
très-ancienne, & eft bâtie en brique. On la
trouve encore aujourd'hui prefqu'entière , au pied
du mont Aventin, dans les vignes qui font auprès
des Thermes de Trajan.
P o r t a T r iu m p h a l i s étoit une porte deftinée
à la marche du triomphe. Elle s'appelait Capena.
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PORTE-DRAGON, draconarius. Plufieurs nations
, comme les perfes , les parthes , les fcy-
thes , &c. y portaient des dragons für leurs étendards
y c'eft ce qui fit appeller dragons , dracones,
les étendards eux-mêmes. Les romains empruntèrent
cette coutume des parthes > ou comme dit
Cafaubon 3 des daces > ou félon Codin , des afly-
riens.
P o r t a V im i x a l i s 3 à-préfent Sainte-Agnes 3
à caufe de Téglife de ce nom. Son premier nom
venoit de la même caufé que celui du mont Vi-
minal , quod ibi Viniinum Jylva fuijfe videtur 3 dit
Feftus. Quelques-uns l'appellent ïlomentana, &
Pia y parce que Pie IV la fit conftruire. Voyez
Ca t u l a r t a .
Les dragons romains étoient des figures de dragons
peints en rouge fur leurs drapeaux i ainfi
qu'Ammien - Marcellin nous l'a fait connoître >
mais chez les perfans & les parthes , c'étoient
comme les aigles romaines, des figures en plein
relief j de manière que les romains s 'y trompoient
fréquemment, & les prenoient pour des dragons
réefs.
Portes des camps. Les portes du camp, chez
les romains., étoient au nombre de quatre , de
forme quarrée, & avoient chacune leur nom particulier
: Ad qu.-ùuor portas exercitum infiruxit, dit
Tite-Live , u t fg n o dato , fimul ex omnibus par-
tibus eruptionem facerent. Cet auteur nomme en-
fuite chacune d.s portes ; la première s'appelloit
Prétorienne ou Ordinaire , & étoit prefque toujours
vis-à-vis de l ’ennemi & vers l'Orient, ainfi
que l'apprend Végèce : Porta Pretoria aut Orien-
‘ tem fpeclat, aut illurrt locum qui ad hoftes pertinet ,
aut illam partem ad quam exercitus eft iturus , intra
quam prima, centurie, tendunt3 & dracones ac figna
conftituunt. La porte Decumane étoit à l'oppofite,
& la plus éloignée de la tête de l'armée ennemie :
Decumana porta que., a'pdlatur poft Pr&torium eft 3
per quam delinquentes milites educuntur ad pcenam.
En effet, c'étoit par cette porte que l'on cond
u is it les foldsts au fupplice. On l'appelloit aufli
Quaftoria , à caufe de h proximité du Queftoire ,
comme la Prétorienne tiroit fon nom de la tente
du général, ou Prétoire. Son nom de Decumane
vient de ce qu'elle étoit la plus voifine des dixièmes
cohortes qui avoient leur fortie par cette
porte. Des deux côtés étoient les portes appellées
Principales y l'une à droite , l'autre à gauche , qui
aboutiffoient chacune à une rue de traverfe , ap-
pellée Principia. C'étoit par ces portes que pafloient
les foldats appellés principes 3 ainfi que les cen-,
tarions. On s'en fervoit aufli dans le befoin , pour
faire paffer les cohortes qu'on envoyoit au fecours
de l'armée.
PORTE ( Faufle ). Toutes les maifons des grecs
& des romains avoient des faujfes-portes. Ces peuples
aimoient trop i'aifance pour ne pas fe ré-
ferver une fortie toujours libre , & un moyen
d'éviter les importuns qui les alloient afliéger ;
mais nos littérateurs ont confondu fouvent les
mots latins pojiicum 3 pofticulum & pfeudothyrum ;
le premier fignifie une porte de derrière , le fécond
le derrière de maifon3 .& le troifième une faujfe-
porte. (D. J.)
Les romains appelloient draconarius le foldat qui
portait le dragon ou le drapeau j les grecs l’appel-
loient é'çuxovu.çios & é'fuAx.ovTilotpopos i car les empereurs
en portèrent avec eux l'ufage à Conftan-
tinople.
Pierre Diacre ( Ckron. Cajfin. lib. IV . cap. 39. )
obferve que les bajuli , cercoftarii , ftaurophori,
aquiliferi, leoniferi & draconarii marchoient tous
devant le roi Henri, quand il fit fon entrée dans
Rome.
PORTE-FEUILLE , fcrinium. C'étoit anciennement
un petit coffret où l'on mettoit des livres,
des papiers , des lettres , & qui fe fermoit à clef.
Les anciennes médailles nous en repréfentent plufieurs
avec une ferrure. De-là vinrent ces quatre
charges de la maifon d'Augufte, magifter fcrinii
Libellorum, maître du porte-feuille des placets j magifter
fcrinii memorie 3 maître du porte-feuille du
journal 5 magifter fcrinii epiftolarum 3 maître du
portefeuille des lettres j magifter fcrinii difpofttio-
num 3 maître du portefeuille des commandemens.
Les charges dépendoient d'un furintendant, qui fe
nommoit magifter fcriniorum , maître des porte-
feuilles.
PORTE-LAURIERS. Voye% Daphnéphores.
POR.TE-OR , nom d'un marbre très - eftimé ,
qui eft d'un beau noir, & rempli de veines & de
taches jaunes comme de l'or. Ses veines font ordinairement
aflez fines , & elles fe croifent en tout
fens î quelquefois on y trouve aufli des veines
blanches. Ce marbre étoit connu des anciens qui
l'appelloient marmor tkebaicum. Brunckman dit
qui! s'en trouve en Carniole , & Scheuchzçr af-
fure qu'il y en a en Suiffe,dans le canton de Berne.
PORTES d’Enfer. C'étoient, dît V irgile, deux
portes 3 appellées les portes du Sommeil, l'une de
corne , l'autre d'ivoire. Par celle de corne paflènt
les ombres véritables qui Portent des Enfers , &
qui
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qui paroiflènt fur la terre j par celle d'ivoire Portent
les vaines illufions & les fonges trompeurs.
Enée fortit par la porte d'ivoire.
POR TICATIO y petit portique élevé autour
des fépultures.
PORTICI, maifon de campagne du roi de Naples
, où font dépofées les antiquités trouvées à
Herculanum, à Pompeii, à Stabia, &c. Voyeç
Hercueanum.
PORTIER ( Voye% Portes ) , efclave dont
l'emploi étoit de. garder les portes. Nous les
voyons dans les auteurs tantôt debout, tantôt
aflîs , & quelquefois couchés dans leurs loges qui
étoient auprès de la porte, mais prefque toujours
enchaînés j ce que les auteurs défignent par impedimenta
oftiarii. Quand on les affranchifloit, ils
confacrôient leurs chaînes aux dieux Lares. Leur j
emploi étoit, comme nous l'avons d it, de garder
la porte de la maifon , d'en écarter avec une baguette
tous ceux qui aurdient déplu au maître , &
d'entretenir le feu en l'honneur des dieux Lares ;
les anciens-^ donnoîent aufli quelquefois cette
commiflion à des femmes nommées janitrices.
PORTIÈRE. Voyeç Rideau.
PORTIQUE, galerie jointe aux" édifices publics
ou particuliers.
La magnificence & la beauté des portiques étoit
quelque chofe d'étonnant parmi les romains. Il y
en avoit de publics qui fervoient à l'ornement des
théâtres & des bafiliques , 8c il y en avoit de particuliers
qui fervoient à la. commodité, des palais
qui leur étoient contigus.
Ces portiques étoient couverts ou découverts.
Les portiques couverts étoient de longues galeries
foutenues par un ou plufieurs rangs de colonnes de
marbre , enrichies en-dedans de ftatues, de tableaux
& d'autrés ornemens , avec des plafonds
fuperbes. Les côtés étoient percés de plufieurs fenêtres
garnies de pierres fpéculaires , prefqu'aufli
tranfparentes que notre verre j on ouvroit ces fenêtres
en hiver du côté du Midi, pour y laiffer
entrer le foleil, & l ’été on les ouvroit du côté du
Septentrion. Ces portiques couverts fervoient à fe
çromener & à s'y entretenir agréablement, fans
être expofé aux injures du temps. On les appelloit
ftudiata porticus. Les portiques découverts , qu'on
nommoit fubdiales ambulationes 3 fervoient quelquefois
aux athlètes pour les combats de la lutte.
Un peu avant Caton, les particuliers n'avoiènt
point encore de portiques , qui regardaflent le Septentrion
pour y prendre le frais en été j mais bientôt
^apres, on ne vit plus à Rome de maifon qui
n'eut un lieu propre à fe délaife, & à recevoir le ■
Antiquités, Tome V »
vent du Nord, & les bâtimens y font encore aujourd'hui
tournés de cette manière.
Les romains, ce peuple fi pauvre, fi fimple dans
fon origine, devinrent fi délicats & fi dédaigneux
après les conquêtes de la Grèce & de l'Afie, qu'ils
ne purent plus fe repofer, ni fe promener qu'à
couvert. Ce peuple ne voulant plus que fes diver-
tiflemens dépendiflent de la difpofition du c îè l,
eut recours a l'art, & fe fit des promenoirs couverts
& des portiques, où la propreté difputoit
avec la magnificence. Il n'étoit pas raifonnable,
félon lui , qu'on attendît le beau temps pour
prendre l'a ir , ni qu'on pût être expofé aux injures
du temps.
Balnea fexcentis 3 & pluris porticus in qud
Gefietur dominus 3 quoties pluit3 aut ne ferenum
Expeciet, fpargatve luto jumenta recenti ?
Hic potïus y namque fàc munde, nitet unguia muU.
( JuVEN. Sat. VII. 18 1.)
Cicéron, qui conlervoit encore quelque choie
des moeurs antiques , parle aflez modeftement
d’un portique qu'il vouloit ajouter à fa maifon:
Teâla igitur ambulatiuncula addenda eft. Quelle différence
de cette galerie d celles qu'on vit à la fin
du même fiècle I & qui pour leur longueur furent
appellées milliares ! Vitruve & Columelle pref-
cnvirent la manière dont il falloit les tourner ,
afin qu’elles fuflent de toutes les faifons : Ut &
hieme plurimiLtn folis , & aftate minimum recipiant.
Les grands & les riches avoient ces fortes de
commodités autour de leurs palais , quelques-uns
même dans les fauxbourgs.
Pline , parlant des portiques. ou des galeries
qu'il avoit dans fa maifon de campagne, en fait
une defcription qui excite encore aujourd'hui l'admiration
de tout le monde ; & il eft à croire que
ce n'étoit pas les feules qui fulfent fi belles & fi
Ipâcieulès. Dans les anciens temps de la république
, on n'employoit le marbre qu’à embellir
les temples des dieux, ou les places publiques,
& non-pas à former de vaftes galeries pour un ;
ufage particulier,
......... .. Huila deeempedis
Mctata privatis opacam
Porticus excipiebat Arélon :
JSfec fortuitum fpernere cefpitem
Leges ftnebant , oppida publico
Sumptu. jubentes 3 & deorum
Templa\novo décora fe faxo,
( H orat. lib. II. od. i y . )
EéS portiques publics étoienj utiles à plufieurs
L