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ne font point par conféquent de véritables réclames.
En termes d’imprimerie , la lîgnature eft une
lettre qu’on met fur la première page de chaque
feuille, pour marquer l’ordre qu’on doit fuivre en
reliant les cayers. 11 n’en eft pas de même des fï-
gnatures des manufcrits. El'es font prefque toujours
placées fur la dernière page de chaque
cahiertantôt au fond du livre , tantôt à droite ,
à gauche, au milieu. Ici elles font en chiffres romains
, là elles font en lettres, & fouvent en lettres
& en chiffres tout-à-la-fois. On en trouve en
onciale , en minufcule, & en curfive avec orne-
mens 8c fans omemens. Si elles manquent dans
plufienrs manufcrits, c’eft fouvent qu’on les a
coupées dans les dernières relieures. On n’en fai—
foit peu ou point d’ ufage au neuvième fiècle. On
vérifie promptement fi un manuicnt eft complet,
ou fi l’on y a ajouté ou retranché quelques cayers,
par le moyen des figna.tures. Ce fut par cette marque
que l’on découvrit la falfifieation des aétes du
cinquième concile, dans la troifième feftion du fi-
xième. Mais il faut faire attention aux variations
dans le nombre des feuilles dont les cayers font
compofés. Ceux qui ont plus ou moins de feuilles
qu’à l’ordinaire, marquent quelquefois une tranf-
pofition. Souvent on diftingue les cayers ajoutés,
par la nature du parchemin, dont la fineffe eft
ordinaisement une marque d'antiqujté. Nous ne
connoiifons que deux manufcrits du feptième fiècle
, dont le parchemin foit groffier. H y a des
cayers de douze feuillets ; les plus ordinaires font
de deux, de trois, de quatre & de cinq feuilles,
On les appelle Binio, Ternio , Quaternio t vtv-
*j*ê'iov. On marque quelquefois le nombre des
cayers à la fin des manufcrits«
La plupart des notes ou marques dont nous venons
de parler., font bannies des plus anciens diplômes.
Quelques favans d’Allemagne n’en exceptent
pas même les points ^ les virgules & les ac-
cens. Leur méprife fera raife en évidence, après
que nous aurons examiné les commencqmèns &
les progrès de la diftinéiion des mpts dans les écritures
diplomatiques*
Les intervalles en blanc font très-rares d-aqs le
texte des chartes de Ravennes du iixième. l^cle ,
& ceux qu’on y rencontre font peu lenfibfes. Nos
diplômes mérovingiens laiffent ordinairement un
efpaçe blanc entré Iqs. mots ou. les, fyllapçs de la
première ligne-, des dates, & de. la, fqufcrjptiqn
du roi. Il y a plusf;c e s efpaces, y paroiffent. quelquefois
dan$ les endroits,.où, la phrafe. finit,&;
après les abréviations, L’ ufage.de lajffcr.desvujdes.,
pour teoirv lieu de points,, duroit encore en. 814,
comme npus,l’ayon,s obCrrv.é danf la^. date d’uq.di-.
plôme de, Lqqis-le-Débonnaire. Hprs ces cas , 1$
texte dqs,diplpJPÇ,s. mérovingiens, eft écrit tquç 4$
fuite' & pçpfquq^ fans- nu|le/di(linélioa de mots«
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Mais, dans les chartes de Pépin-le-Bref, le plus
fouvent ils font féparés par des vuides confidéra-
bles. C ’eft donc par pure inadvertence que Mabil-1
Ion a dit qu’il n’y a prefqu’aucune diftm&ion de I
mots dans l’écriture des notaires jufqu’ à Charlemagne.
Il 11e faut pas pourtant croire que depuis I
cette époque tous les mots aient été diftingués.
Dans les diplômes de Pépin, roi d’Aquitaine, de
Charles-le-fimple & du roi Eudes , ils le ne font
pas encore tous j mais plufieurs font coupés a
contre temps. En 931 , on ne voit encore qu’une
demi-diftinélion de mots dans l’écriture allongée
des chartes j mais alors la diftinélion parfaite fe I
montre dans la minufcule. Elle devient confiante
par-tout en 940. Ces obfervarions font appuyées |
fur un grand nombre de pièces originales,que nous |
avons examinées.
Mabillon prétend que la ponctuation des diplômes
a été plus tardive que celle des manufcrits. En |
effet, nous n’appercevons aucun point dans les
chartes mérovingiennes , fi ce n’eft quelquefois
après les chiffres. Dans les plus anciennes, on
voit de temps en temps des points noiis entre
chaque mot ; mais la couleur de l’encre prouve
qu’ils ont été ajoutés poftérieurement, pour faciliter
la leéture du texte. Les points qui fuivent
les mots dans deux pièces originales, l’une de
Pépin-le-Bref, accordée à l’abbaye de Saint-Denis ;
en 76 7 , & l’autre de Carloman , en faveur de
l’abbaye d* Argenteuil, font de la première main ; j
on voit un gros point après une croix formée dé la
main de Pépin , dans un.a]ut,re diplôqae? Dans celui
qu’il accorda, en-7é>8;au mqnaftère de Saint-Hilaire
de Poitiers,, Iç point eft mis une, feule fois à la fin
d’une phra/ea mais le point & la virgule font marqués
à la; fin de la lignât ure du.roi.
Or> n’apperçoit que fort peu de points dans les
: djplôjnes de^Chariemagne & de Louis-le-Débon-
nair.e. Celui de Çhjries;le-Chaqye de la bibliothèque
du roi K n°. 8 ».prouve qu’on ne; les mai-
quoir pas encore tous en 843^ Au neuvième fiècle,
les alinea; font-, quelquefois, marqués par trois ou
quatre points, pofés perpendiculairement., les
nombres,font fuiyis d’up point. Sur la fin dmmême
fiècle, on qomniença, à terminer parmi point les
phrafes dont, le fenp étqit fini. Nous, voyons le
point fur l’Y dans deux chartes*, l’une de Louis-
: lè-Débonn^ire-, & l’autre dq Gharles-le* Chauve.
Pans ceilftr.ci,, on termine le texte, par un point en
: rofetie. Dans upe autre donnée., pat Lquis-le*
. Débonnaire en, 833J, & gardée à;la bibliothèque
, dq roi., entre, de: la.première ligne-& Ie
\ c^mmepcerpenç du.préambule, il,y; a;un efpaceàt
| deux tiers , de* pouce*,, donc la. moitié eft remplie
paf des, trpiçs, entrelaçé.s,_, quj fpnt accompagnés
t ap points , &. qujQ.n, prendrpit; pour dûs.; lettres >
j îpais- ce. nçjfppt, que£ des, qruçmens. Ou y^voitifinon
1 Kqfage.des traitSi furabondans
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compliqués dans certaines liaifons de lettres, fi
ïréquenres dans plufieurs chartes des onzième &
Sdouiième hècles. Les mots d’un diplôme de Pé-
foin , roi d’Aquitaine, daté de l’an 827 , font le
folus fouvent diftingués ; mais par de très petits
fefpaces, fi ce n’eft où il faut des po nts & des virgules.
Là fe trouvent des efpaces de deux ou de
Érois lettres. Mais il n’y a ni points ni virgules marqués,
excepté à la fin, après les chiffres & les
àbréviat ons, après la date de l’empire & la date
totale. Dans le dip ome de Charles-le-Chauve de
l’an 8 J9, confervé au dépôt de la bibliothèque
royâle , les mots font prefque tous diftingués ; les
points & les virgules font marqués par de fimpies
points qui font au haut, au milieu 6c au bas de la
dernière lettre d’un mot. Mais la diftin&ion du
point, de la virgule , des deux points, n’eft pas re-
préfentée d’une manière uniforme. Cependant,
pour i’ordinaire , le point eft au haut pour terminer
la phrafe. Dans une autre charte du même empereur
, de l’an 870, & du même dépôt, on voit
la plupart des mots bien féparés & peu de points.
Les uns font placés au haut pour le fens fini, & au
milieu pour la virgule ou petite diftinétion. Quelques
mors ne font pas encore diftingués par des
kfpaces ; mais les points & les virgules font exprimés
confufément par des points placés au haut dans
un diplôme du roi Eudes >de l’an 887. Dans un
autre du même prince, la plupart des mots font
efpacés ; mais l’on en fépare plufieurs qu’on n’au--
roit pas dû partager. On y trouve de vrais points
au bas des mots pour terminer le fehs. On met le
point au haut pour nos deux points ; on exprime
notre virgule par un point, mais pas toujours
exaâ-ement. Les points & les virgules ne font pas
a-Utremeht marqués que par des points dans un diplome
de Charlesde-Simplej de l’an $99. On y re-
marque des mots coupés eh deux , avec des points
npirs d’une encre plus récente » placés au corrv-
-mencemenc & à la fin des lignes. C ’eft apparemment
quelque leéteur ou cop.fte qui aura marqué
ces points.
II y a encore beaucoup de mots qui ne font pas
*jîpares dans un diplôme autographe donné par
fiugues Capet en 988► Le point & les Virgules y
font exprimés par des points feulem:nt. Les premiers
lont en haut , les autres au milieu. On met
le point au bas pour marquer lé pôirit aVec là virgule
; mais on le fait peu exactement. Il ferbit
ennuyeux de faire paffer en revue tous les diplômes
des neuvième & dixième fiècles, oit tes virgules
empruntent la figure des points. Dès le neuvième
fiècle, on en met quelquefois aux quatre coins dés
chartes eecléfia-ftiques. Le point fe montre après les
chiffres romains & les alinea. On en matqtia d’abord
4 ou S perpendiculairement j enfuite, au lièu d’un
©u de deux points inférieurs, on met une Virgfile.
Dans le même cas > on fe borna fouvent à deux
points, ou à un ou deux points’ avec mre virgule.
p o N «j
Ce fut aux approches du dixième fiècles & après
fes commencemcns , que la ponctuation régna
dans le corps des pièces. Dans une charte d’Ef-
pagne de l’an 931, qu’on peut voir dans la bibliothèque
universelle de la polygraphie efpagnole, le
fens eft diltingué par un, deux ou trois points
placés indifféremment pour un point, deux points,
un point une virgule. On met feulement des points
aux endroits où nous mettons des virgules , pour
féparer les phrafes.& marquer la fin des périodes,
dans un dip'ôme original du roi Robert , daté de
l’an 102 ƒ. Il n’y a que des points dans une bulle
de Pafcal I I , datée de l’àn 11O4. Mais ce qui
diftingue le poinr parfait des points qui marquent
les fufpènfions j ce font dés lettres majufcules»
On ne connoiffoit donc pas encore à la chancellerie
romaine notre ufage de deux points,. de la.
virgule, ou du point & de la virgule. Le point
feu! fervoit à tous lés ufages auxquels nous appliquons
notre ponctuation. Si dès le treizième fiècle ,
on trouve quelquefois des points fur les i dans
quelcues pièces des archives de l’églife d’Orléans,
ce n’eft que le pur hazard qui les a fait naître fous
la plume de l’écrivain. Les accens fur les deux le.
font bien plus furs dans les diplômes de Louis le-
Jeune & de Philippe Augufte, confervés dans les.
mêmes archives.. On y lit ces mots avec deux accens,
camerarll, conflabulai U, cancellarll; ce qui
prouve de nouveau qu’on n’auroit pis dix faire
defc^ndre au treizième fiècle le commencement
des accens fur les i.
S’il eft queftion dé la ponSbuàtïàn des diplômes-
impériaux & des autres chattes d’Allemagne t
voici le réfultat des obfervafcions que nous avons
faitès fûr les modèles publiés dans la chronique de
Godwic. Au dixième fiècle, on voit des points
dans les diplômes , tant pour marquer que lé féns
eft fini,que pour avertir qü’ il eft plus ou moins
fufpendu. L’ufage des deux points,. dix point 8c
de la virgule feiile étoit alors inconnu , & continua
de l’être pendant plufieurs fidcles. Celui de placer
lé point en haut > au milieu & au bas de la ligne»
n’étoit plus obfervé 5, mais on employoit quelquefois
trois points perpendiculaires > lorÉque lé fens
étoit abfolùmént fini. Enfiiité > au lieu du troifième
point, olr mit une virgule furmontée de
deux points placés l’un fur l’ autre j oi* bien ,,
an lieu du poitlt du milieu , on marqua une figuré
fémblable à l’accent circonflexe des grecs. Du
réfté, la ponctuation étoit peu éxa&emerit obfer-
véè fût la fin de ce fiècle ; mais l’ ufage de trois
points perpendiculaires fût bierr plus fréquent.
Il fembloit répondre à celui de nps alinéa. On fît
aùfii qûelqu’ufege des deux points, & du point
au-deffous de la virgule, quoique rarement. Leur
appplicatiOn he quadroit nullement avec celle
que nous en fkiforïs.
Pendant le onzième fiècle, au lieu de trots