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% ce fujet, qui puniffoit de mort, quiconque au-
roit ofé propofer le retranchement de cette gratification
, fut-ce même pour appliquer aux frais
de la guerre le fonds deftiné à défrayer les citoyens
au théâtre.
Sur un marbre , trouvé à Cumes, en Eolie , on
lifoit-ces mots, kaaîhn eixïïeoeapian , « inviter
aux premières places » dans les fpeBacles. Les
villes grecques accordoient cet honneur à leurs
amis & leurs bienfaiteurs 5 on n’ en citera que quelques
exemples. On lie dans le célébré decret des
villes de Byzance 8c de Périnthe ■ , donné en faveur
des athéniens 3 que les deux villes accordèrent
j entre autres diftinéüons, aux athéniens
les premières places aux j'peciaclcs des jeux publics
, n foe Api an en t o is a o î s i ; la ville de
de Delos déféra, par un décret , à Mendicoeus
de Cyrène & à les defeendans , la préféance dans
les fpe&acles 3 k a i üpoeapian en t o is A r a s i.
Perfonne n ignore la dépenfe exceflive des
grees & des romains pour les Jpeéiaclcs , 8c furtout
pour ceux qui tendoient à exciter l’attrait de l'émotion.
La repréfentation des trois tragédies de
Sophocle 3 coûta plus aux athéniens 3 que la guerre
du Péloponèfe. On fait les cjépenfes immenfes
des romains 3. pour élever des théâtres & des cirques
, même dans les villes de province. Quelques
uns de ces bâtimens 3 qui fubfiftent encore
dans leur entier , font les monumens les plus pré-,
cieux de Parchitecture antique. On admire même
les ruines de ceux qui font tombés. LTiiftoire
romaine eft encore remplie de faits qui prouvént
la paflîon démefurée du peuple pour les Jpectacles 3
& que les princes & les particuliers faifoient des
frais immenfes pour la contenter. Nous ne parlerons
, cependant i c i , que du payement des
aCteurs. Æfopus , célébré comédien tragique ,
contemporain de C icéron, laifïa en mourant à fon
fils dont Horace &JPline font mention comme
d’un fameux diflipateur, une fucceflion de cinq
millions" qu’ il avoit amaffés à jouer la comédiè.
Le comédien Rofcius * l’ami de Cicéron , avoit
par an plus de cent mille francs de gages, il faut
même qu’on eût augmenté les appointemens depuis
l’état que -Pline, en avoit vu dreffé, puifque
Macrobe dit 3 que ce comédien touchoit des
deniers publics près de neuf cents francs par.
jour 3 & que cette fomme étoit pour lui feul:
il n en partageoit rien avec fa troupe. .
Voilà comment la république romaine-payoit
les gens de théâtre. L’ hiftoire dit , que Jules-
Céfar, donna vingt mille écus à Labérius, pour
engager ce poète à jouer lui-même dans une pièce,
u’il avoit compofée. Nous trouverions bien'
’autres profufions fous les autres empereurs.
Enfin i Marc-Aurele , qui fouvent eft défigné par
la. dénomination d’Antonin le philofophe , or- :
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donna que les a&eurs qui joueroient dans \esfpcc«
tacUs 3 que certains magiftrats étoient tenus de
donner-au peuple,ne pourroient point exiger plus
de cinq pièces d’or par repréfentation, & que
celui qui en faifoit les frais , ne pourroit pas
leur donner plus du double. Ces pièces d’ or
étoient à-peu-près de la valeur de nos louis, de
trente au marc, & qui ont cours -pour vingt-
quatre francs. Tite-Live,, finit fa .dinertation fur
l’origine & les progrès des repréfentations théâtrales
à Rome, par dire qu’ un divertifiement,
dont les commencemens avoient été peu de cho-
fe , étoit dégénéré en des fpeftacles fi fomptueux,
que les royaumes les plus riches auroienteu peine
à en foutenir la dépenfe.
SPECTATEURS. Chez les grecs, ils fe pla-
çoient de cette manière au théâtre : les magiftrats
avoient une place diftinguée , qui étoit féparée
du peuple 5 les jeunes gens y avoient aufii une place
màrqueé, & les femmes occupoient l’endroit le
plus élevé des portiques > elles y voyoient le
fpeétacle à couvert du foleil & des injures de
l’air. Le peuple fe plaçoit fur les degrés qui
étoient appuyés contre le mur intérieur des arcades
des portiques. Outre, cela ', il. y avoit
des places diftinguées, qu’on n’accordoit qu’à
ceux qui avoient rendu des fervices à l’état j
elles étoient héréditaires daçs les familles 5 les
perfonnes de marque' plaçoient des carreaux fous
elles , 8c c’étoient des efclaves qui les diftri-
buoient.
' Dans les premiers temps des romains} les fpee-
tateurs, étoient debout au théâtre 5 il fut dé--
• fendu par un arrêt- du fénat, d’ être affis à cètte
fforte de fpeftacle j mais dans la fuite , on dreffa
des théâtres , avec des degrés, qui s’élevoient
les uns fur les autres 5 c’eft fur c^s degrés que
le plaçoient les fpeftateurs ÿ ils y étoient expofé?
aux injures de l’ air 5 cependant pour'les en garantir
, il arrivoit quelquefois , du temps de la république,
& aftçz fouvent fous les empereurs , que
l’on couvroit le théâtre d’une toile, foutenue
; par de grandes përehes , & des cordes tendues.
Les romains étoient tellement attachés à ces jeux’,
• qu’ils y pafloient quelquefois les nuits entières,
& fouvent tout le jour, fans foriger à prendre
aucune nourriture. Enfin , l’an 691,. on prit l’habitude
'd’en fortir pour aller dînër , comme nous
l’apprend Dion : (lib. 37.) M. Pifone & M. Mejfàlâ
conjulibus , populus qui ante k&c tempora Laclos gla-
diatorios , nullâ intercedente requit, totos Jpeflaverat,
tum primïim inter aciionem furrexit pranfufque eft.
Le befoin même de fatisfaire aux néceflités naturelles,
n’étoit pas capable de les éloigner d’un
lieu où le'goût les enchaînoit, & fans aucun égard
pour la décence, ni même pour la perfonne des
empereurs, ils ne rougiffoient pas de fe mettre
aux yeux de tout le monde dans la pofture la plus
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irtmodefte , comme le leur reproche TertuUien ,
( de fpefiaç, c. z i . ) ; Sic evénit, ut quiinpubliço
<vix necejfitate vefiu, tunicam levet, idem in circç
aliter non exultet, nifi toium pudorem in faciem omnium
intentet. Cette licence empêcha fouvent quelques
empereurs d’ aflifter au théâtre.
SPECULAIRE, ^
SPECULARIA, > Voyei Fenêtres,
SPE C ULARJ US j )
SPECULATOR 3 efpion que l’on envoie pour
découvrir quelque chofe ce mot fe prend aufii
pour défigner un homme qui fait l’office de bourreau
: Tum Centurio fupplicio pr&pofitus, dit Séne-
que , ( de ir&. I . 16. ) condere gladium fpeculàtorem
jubet. Il fignifie encore un foldât de la garde de
l'empereur : Ipfum Othonem comitabantur, dit Ta-
cite i (Hift. Tacit. II. 2.) fpeCulatorum lecta corpora.
Speculator, en terme de marine , exprimoit celui
qui avertifïoit le pilote' des endroits dangeréux
qü’ il lalloit faire éviter au vaiffeau.
SPE CULA TRIX , furnom de Vénus. Voye^
Hip poly t e.
SPECULUM. Toyei Mir o ir .
SPELARITE, furnom d’Apollon, de Mercure,
& d’Hercule, dont lesNftatue,s fe plaçoient fou-
vent dans les cavernes. Il étoit formé de <r%y-
Xa.10y, caverne.
SPELEUM, caverne en général, mais particuliérement
celle confacrée au foleil, dans laquelle
on initioit aux myftères de -Mithra.
S P E O , une des cinquante Néréides.
SPERCHIUS, fleuve de la Phthyotide en Macédoine.
Homère dit que Péléê voua au Sperchius
la chevelure d’Achille, fon fils , s’ il revenoit heu-
reufemènt dans fa patrie après la guerre de Troye.
C ’étoit la coutume des grecs de vouer ainfi leur
première chevelure à des fleuves. Voye^ Pelée.
SPERNO , fille d’Anius. Voye1 A nius.
- SPES. Voye% E spérance.
SPHÆRARIUS. Ce mot que l’on lit dans une
infeription recueillie par Muratori ( 305. T. C. ) ,
défigne l’ affranchi d’un. Augufte,prépofé à la garde
ou à l’infpeétion de la fpfière de çe prince.
SPHÆRISTERIUM Voye^ Sphéristere.
SPHÆRISTICI ludi. VoyïT^ Balle & Paume.
SPHÆRULÆ, pommes de bois ou de métal
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dont fe fervoiént les empereurs romains pour faire
des préfens au peuple, au théâtre & dans le
cirque. Ces princes prenoient qüèlquefois occa-
fion des fpeéhcles où ils affiftoient, pour faire des
libéralités extraordinaires au peuple, en faisant
jetter de ces pommes marquées chacune d’un lo t ,
qu’on délivroit exactement aux porteurs de ces
pommes. Marc-Aurèle pouffa plus loin l’attention
pour le peuple, en lui faifant ûiftribuer au théâtr#
des mouchoirs pour eftuyer la Tueur du viiage ,
& pour marquer les applaudiffemens. .
SPHECIA, dans l’ île d’Eubée. Goltzius feul
attribue des médailles impériales grecques à cette
ville. |
SPHÉÇISME. C ’étoit un air de flûte qui imitoit
le bourdonnement des guêpes, ( d e ,
guêpe. ). ( Bullengeri de thea.tr. lib. l. cap. 16 .)
sæenaonh , fronde, ornement de tête ainfi
nommé, parce qu’il s’élargiffoit vers le milieu
fur le,front, félon Euftathe, & fe rétrécifloit par
derrière vers les extrémités. Vffconti, l’ éditeur
du Mufeum Pio-Clémentin croit le reconnoitre
fur la tête d’une Junon de cette collection ( PI.
II. ) . Il eft fur ce fujet d’avis différent de fon
maître l’abbé Winckelmann.
s<DHNonür^2N , furnom de Mercure qui fignifie
ayant la barbe pointue, ou faite en coin (Pollue,
Onomafi. I. 4. Segm. 137* *34* )•
On voit Mercure avec cette barbe fur un autel
rond étrufque du Capitole , & fur un autel trian-
, gulaire étrufque de la villa Borghèfe ( Monum.
inediti. n°. 15 & 38. ). Il étoit fans doute ainfi re-
préfenté dans fes plus anciens portraits & dans
les hermès : de-là vient le furnom Epponioi ( Pollux.
loco citato. fegm. 141.) donné aux mafques à barbe
pointue, comme celle de Pantalon.
SPHÈRES. « Lorfque l’art fut r perfectionné ,
dit R.abaud de Saint-Étienne, l’Écriture hiéro-
, glvphique fut en ufage, 8c depuis l’écriture alpha-
''betique inventée , on réduifit les fpheres à un
petit volume. Dans les derniers temps, on les
tenoit, en Egypte, dans des. arches ou coffres
appellés Comafieriafélon, St. Clément d’Alexandrie.
Ces petites machines étoient celles des anciens
temps , réduites à un petit efpaçe. Je ne
crois pas inutile d’en retracer la forme 8c le mé-
canifme, parce qu’on peut y prendre une idée de
la manière d’Qbferver des anciens, 8c que j’y
trouve, en paflant, une occafion de confirmer ce
que j’ai dit de leur ftyle figuré. J’ai d’ ailleurs be-
foin de prouver qu’ ils appliquèrent aufii ce ftyle
à leur aftronomie. »
Je commence par un paffage de Nonnu$ 3 qui.