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C ’eft de-là ,<jue fe comptoient les milles, & -contnje
cès milles etoient dimngués par des pierres , on'
prît l’Habitude' de dire , ad tertium lapident 3 ad-
duodecimum , ad vigejimum , &t. pour dire , a trois
milles 3 a douze miües* à vingt milles , & ç , On
ne voit point que les romains aient compté.au;*delà
de cent V ddcentefimuni , lorfqu’il s’ agiflQÎt de
donner à quelque lieu un nom pris de fa diftance.
Bergier croit qûe c’ eft parce que la juridiction du
vicaire de la ville rîe s’étendoit pas plus loin.
Quoi qu’il en fo it , il y avoit de ces( colonnes
milliaires dans toute l’étenduê dé l’émpiire rb-'t
main ; 8? fans parler d’ un grand nombre d’autres 3
oh èn voit encore une debout à une lieue d é l * ,
Haye , avec lé nom de l’empereur Ântoriîn. Les
côlbnnes fous les empereurs ""portpietfirprài
nient les noms des émperfürs 3 . des;' Cefârs , des ;
villes , ou des particuliers1 qui avoient fait faire ,
ou qui avoieftt fait lès •voué ; quelquefois auffi
l’étendue du travail qu^on ÿ avoit fa itS i/ e iifitL
la diftance du lieu od elie étoit à l’endroit.du départ,
où’au terme'auquel cette rôif mènoit.'
Tout ce que je viens de marquer , ■ ne regarde
que les voies militaires. Lès romains avoient.
encore des voies d’une autre, efpèce : le mot iter 3
qui eft générique, compiènoit 'fous- lui diverfes i
efpèçës, comme le Sentier femita, pour les hommes
à pied ; le fefttier pour un homme à cheval,
callis j. les traverfes , inimités. Les voies particulières
, par exemple , avoient huit pieds de
largeur pour deux charriots venant l’ un contre
l’autre. La voie pour ünfimplé charriot , aftùs ,
que quatre pieds ; là vôzi riomrùée^ûcr pour,
le paffage d’un hommë dé pied pii si cheval^
n’en avoit quë déùx. ’ Lé' fentiér qui n’avoit
qu’ un pied , ''femiid' 4 ' 'fenibkf être nornipé_de
femi iter f le feritiër pour Tésanimaux 3 ’càtlis '3
n’avoît qu’un dëmi-piëd. La largeur des
militaires étoit dé FÔixantepieds romains J, 'favoir
vingt peur le milieu de Ta chauffée > & vingt pour
la pente de chaque c ô t é . 1-’
Toutes les voies militaires &JHéJPé quelques-
unes des voies vicinales ont été confervëes dans
un détail très-précieux dans l’itinéraire d’Àntonin,
ouvrage commencé dès le temps dé là république
romaine , continué fous les empereurs 8c mal-
hëuréüfement altéré en quelqués endroits par
l’ignorance où par la hardieuedes côpiftesi L’autre
eft la table theodofiénne , faite au temps - -dé
l ’empereur Théodofe , plus connue fous lernom
de table dePéùtinger , ou table d’Augsbaurg ,
arce qu’ elle a appartenu aux PeutingerS d’.Augf-
ôu'rg. Vèlfèr a travaillé à l’éclaircir ; mais il à
laiffé une ample, matière à fupplémënt & à cor-
restions.
Les voies militaires etoient; droites 8c uniformes
dans tout l’empire , je veux dire qu’elles étoient
partout méfutees ayec des pas de cinq pieds, romains
; & des milles de mille pas chacun : un®
; colonne ou, une pierre-, portant une infcription ,
imarquoit chaque mille. Les altérations arrivées naturellement
dans, l’efpace de plufieùrs fiècles , d e
Tes réparations modernes que Ton a faites en divers '
^ endroits , n’ont pu émpecher qu’iT ne reftât des
indications propres à noùs faire reconnoître les
voies romaines. Elles font élevées, plus -ordinairement
cpnftr.ujte,s de fable, établi lur des lits de
cailloux , toujours bordées par des foffes. de
chaque, coté , au point même qu’étant coupées-
fur le talus d’une montagné, elles etoient féparées
de cette même montagne pas un foffé deftiné à les
rendre feches , eh donnant aux terres 8c aux
eaux entraînées par la pëntè naturelle ,: un déga-"
gernsht qui n’embarraffoit jamais la voie. Cette
’précaution., la. lèufe- qui pouvoir 'rendre les ou-
jvragê.s Solides 8c durables , eft un des moyens qui
jfertTeplus à reconnoîtrè les voies romaines ; c’eft-
du moins.ee que Ton remarque dans plulïeurs de
çgs voies de la Gaule, qui plus étroites , & n’ayant
pas . la magnificence de celles que cette même
nation avoit conftruites pour traverler Tltalie, ou
:pour aborder les villesprincipales dëfon empire
n’aypièijt ..pour objet que la communication 8c lai
: fureté, de leurs'conquêtës , par la marche facile 8c
commode de leurs troupes 8c des bagages îndif-
penfablement néceffairés.
II. faut a préfent paffer en revue les principales
voies romaines dont les noms font fi fréquens dans.
Thjftpire & dont la connoiffancé répand un
grand jour fur la géographie j cependant, pour
; n’ être pas trop long, je dois en borner le détail à
? une fimple noiiienclatù re des principales ►
V oies de l a v ille de R ome , vis urhïs.
C ’eft -aihfî. qu’ on appelloit les rues de Rome 3 elles
j etoient pavées de grands cailloux durs , qui n’é-
. tpient taillés qu’en deffus} mais dont les cotés
'étioient joints enfemblé par un ciment inaltérable!
Ces rues dans leur origine etoient étroites,
: courbes & tortues 5 mais quand fous Néron Tes
trois quarts de la ville furent ruinés p?r un
incendie , êet ^empereur fit tracer les rues incenï
diées, larges, droites & régulières..
V oie Emilienne. Elle fut conftruite l’an,,de
Rome 567 3 par M. Æmilius Lepidus , lbrfqu’il
étoit conful avec C. Flaminius î elle allbît de
Rimini jufqu’ à Bologne , & deJà tout autour des
marais jufqu’à Aquileia. Elle'commençoit au lieu
où finiffoit la voie flaminia 3 favoir du pont ffe
Rimini , & elle eft encore le chemin ordinaire dé
Rimini par Savîgnano , Céfene, Forli, Imola 8c
Faenza , à Bologne , ce qui peut faire une étendue
1de vingt lieues d’Allemagne, & il faut.qu’elle a.it eu un grand’ nombre de ponts confidérables^
C ’eft- -de. cette voie • que le (pajs f entré Rimmi &
Bologne s’appelloit Æmilia1* il étoit la feptièmë
des onze tégions dans lefquelles Àugufte divifa
Tltalie.
II y avoit une autrë voie emilienne qui alloit dë
Pife jufqu’ à Tortonne ? ce fut M. Æmilius Scau-
rus qui la fit conftruite étant cenfeiir , avec lé
butin qu’il avoit enlevé aux liguriens dans le temps
de fon confülat;
V oie d’ÀEbe , via Atbana. Elle comménçoit
à la oorte Ç&Hmontana , ^.alloit jufqu’à Albe la
longue. M. Mélfala y fit.faire lés réparations np-
c’effail-es du temps d’Augufte j elle riê peut pas
avoir été plus longue que dix-fëpt milles d’Italië ,
parce qu’il n’y a que cette diftance éntre Rome &
Albanp; ■ 5:7rj- H; i
V oie d’À merie , via Amerifia. Elle partoit de
la voie Flamïnienne, & conduifoit jufqu’à Améria,
ville dé TÜmbrie , aujourd’hui: Amélia, petite <
ville du duché de Spolette j mais comme On ne
fait point où cette voie quitto.it la Flaminienne ,
•on n’ ën fauroit déterminer la longueur*
V o te A ppiénne , via Appia. Comme c’étoit
la plus célèbVè voib romaine par la beauté de fori
ouvrage & le premier chemin public qu’ils aient
pavé, il mérité àuffiplus de détail que les autres.
Cette voie fut conftruite par Appius Claudius
Cîecus pendant qu’i l eto.it çenieur , l’ an de
Rome 443 . Elle.commençoit en.fortant de Romé, •
«Te la porte Capenue, aujourd’hui difaji Sebaftianoy
8c elle alloit jufqu’ à Capoue ; ce qui fait environ
vingt-quatre lieuës d’Allemagne. Appiüs né. la
conduifit pas alors plus loin, parce que de fon
temps les provinces plus éloignées n’appàrtenbient
pas encore aux romains. Deux charriots pouvoient
y paffer dë front ; chique pierre du pavé étoit
grande d’ un pied & demi en quarré , épaiffe. de
dix à douze pouces, pôféë fur du fable & d’ autires
grandes pierres , pour qu£ le payé ne .pût s’af-
faiffer fous aucun'poids de charriots; toutes ces
pierres étoient affemblées . aufli . exaétëment que
celles qui forment les naurs de nos maifons ;
la làrgéur de cette voie doit avoir été anciennement
de vingt-cinq pieds ; fes bords étoient
hauts de deux pieds , & corapofés dés tiiemes
pierres plus elevées que les autres, fur leîquellès
ori pouvoit s’ affeoir pour fe repofer , ou pour
monter commodément à cheval ; exemple qui fut
imité fur toutes les autres voies romaines. Les
auberges 8c les cabarets fourmilloient fur cette
routé , comme nous l’apprenons d’Horace.
L’agrandiffemsnt de la République ? 8c fur-
tout la conquête de la-Grèce 8c de TÀfîe , engagèrent
les romains à pouffer cette voie jüf-
qu’aux extrémités de Tltalie , fur Les bords dé
1a mer Ionienne , c’eft-à-dire , à l’étendre' jufqu’à
350 mille. Jules-Céfar ayant été établi comrpif-
faire de cette gtandé voie 3 là prolongea le premier
après Appips, 8c y fit des dëpenfes pro-
digieùles. On 'cïoit que les pierres qu’il y employa
, fùrént tirées de trois carrières de la
! Campanie , dont Tune eft près dé Tanciënnè
ville de.Sinueffe^, l’autre, près de la mer entre
Poùzzple 8c Naples. ^ 8c la dernière près de
Ter racine. Cette voie a aufli été nommée via.
Trajana , après que -Trajan l’eut fait réparer
de nouveau. Gracchus y avoit fait pofer les termes,
& oh l’appella toujours pour fon antiquité
,-fa folidité 8c fa longueur , regina viaruni3
la reine des voies*
Autant cette voie, étoit entière.8c unie.autrefo
is , autant elle èft délabrée aujourd’hui; ce
ne font que morceaux détachés qu’on trouve^e
lieu à autre dans dès vallées perdues. Il eft dif-
fiçile dans plufîeu'.rs endroits de la pratiquer i.
cheval, ni en voiture, tant à caufe du gliffant
des pierres , que pour la profondeur des ornières;
les bords dia pavé qui fubfiftent encore
çà 8c Jà , ont vingf: palmes romaines , pu
quatorze pieds moins quatre pouces , mefure
d’Angleterré.;
V oie A rdé^tvn?. Ceux qui placent Çon origine
dans. Rome même , au-deffous du mont
Ayentin ,près de§ thermes.d’AntO;nin,Caracalla ,
d’où ils U font Jo_rtir;i .par^une poyte du même
nom , 8c la conduisent dans la ville d’Ardéa ,
entre la-voie appàenn.e 8c la - voie oftiencel C ’eft
lê .Sentiment de.Panyini , qui dit hsç { Ardeatina )
intra urbemfub Ayentino, juxta.. T'kerijtas Apitonianas
principium habebat. Cependant le plus grand noir n'
bre des favans fait partir la , voie Ardéatine c e
celle d’Appius, hors de Rome , à travers des
champs i main droite. .Quoi qu U'eaffoit, cette
route n.avoit pas troismiUe.s.8c demie deTongueur,
puifque la ville d’Ardéa étoit fituée à cette diftance
de Rome.
V oie A ùrélienne' , via Aurélia. Elle prit fort
nomd’Aurélius Cotta , an,cien conful ,qui fut fait
ceufeur, l’an de Rome éoz. Cette voie alloit le long
des cô tes ëriTofcane jufqu’à Pife; elle étoit double,;
favoir.,^/a Aurélia vêtus. &,via Aurélia nova , qu’on,
nomma de. fon rëftaurateur, vïa, Trajana. YLMq
touchoit aux endroits Lorium ,. Alfium 3 Pyrgos
Çafirum novjim , centum celle. O11 corijeéture que
lçi voie nouvelle Aurélienne , fut Y ouvrage d’Au-
rélius. Autonin , 8c Ton croit quelle étoit jointe
à l’ancienne.
. V oie C a.ssiçnne , via CaJJia. Elle alloit entre
la voie Flaminienne, 8c la V oie Aurélienne ,
au;tray^i'S dè.Tpturi^. L’on prétend en avoir vu
lès veftigès entre Sutrjo 0M^APflJfcrs0 8c près, de
Vulfinio jufqu’ à Clufium ; 8c l’on conjeâure
qu’elle,fut l ’ouvrage. d^Caffus. Loagius,, qui fut
cenfeur l’ an deRome -éopj avec Valérius Meffala».
V oie C iminienne, Ciminia Wû-V-He traYerfoit
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