
Après avoir exécuté tous fes projets politiques,
il fe dépouilla de l'autorité fouveraine, comme
il l'avoit promis, & .biffant fa nouvelle république
fous la conduite des Icix qu'il lui avoit données,
il reprit fon premier objet, & fe mit à courir.de
nouvelles aventures ; 11 fe trouva à la guerre des
centaures, à la conquête.de la toifon d'or, à la
chafle de Calydon, & , félon quelques-uns, aux
deiyx guerres de Thèbes. 11 accompagna Hercule
quand ce héros alla combattre les amazones. Antiope'ou
Hyppolyte, leur reine, ayant été faite
prifonnière, Tkéfée l'époufa, & en eut le malheureux
Hyppolite. ( Voye% Antiope , Hyppolite).
Deucalion , fils ainé de Minos , & qui avoit fuc-
cédé à fon père au trône de Crète, fit alliance avec
les athéniens, & donna Phèdre, fa foeur, en mariage
à Tkéfée3 qui en eut deux enfans, Derqophon
& Acamas ( Voyeç ÀCAMAS ). Pirithoiis qui
étoit lié avec Tkéfée, de l'amitié la plus étroite
( Voye% Pirithous ) , vinç à Athènes après la
mort de fa femme Hippodamie, & ayant appris que
Tkéfée étoit auffi veuf par la mort de Pheare, ils
fe 'lièrent pour aller chercher chacun une femme.
Ils jettèrent leurs vues fur Héléne, qu'ils-allèrent
enlever. I]s tirèrent au fort à qui l'auroit 5 mais à
condition que celui à qui elle échoiroit aideroit
l'autre à en trouver une. Le fort fut favorable
à Tkéfée ( Voye^ HELENE ). Pirithoiis, en confé-
quence de la parole qu'ils s'étoient donnée,1e força
à fe joindre a lui pour aller enlever Frofeypine ,
ofa defcendre aux enfers , où il fut retenu jufqu'à
ce qu'Hercule allà-le délivrer. La fable dit que ces
deux héros étant defcendûs aux enfers, & fatigués
de la longue traite qu'ils avoient faite pour y
arriver, s'afiîrent fur une pierre, fur laquelle ils
demeurèrent ccfllés fans pouvoir s'en relever.
11. n'y. eut qu'Hercule qui pût obtenir de Pluton
leur délivrance. C'eft a cette fable que Virgile,
fait illufion, quand il repféfente Thefée dans le
Tartare, éternellement affis fur une pierre , dont
il ne peut fe détacher, èç criant fans celle aux
habîtar.s de ces fombres lieux : Apprenez , par
mon exemple, à ne point être injuites,. & à ne
pas méprifer les dieux.
Le refte de la vie de Tkéfée ne fut qu'un enchaînement
de malheurs. Outre la fin tragique de
l'on fils Hyppolite & de Phèdre fa femme ( Voye%
H yppolite , PhejJre ) , il trouva, à fon retour,
les fujets révoltés contre lui, & le peuple d'Athènes
plein de mépris pour fa perforine. Indigné
amazones, qui fut-mère d'Hvppolite j Péribéè >
mère d'Ajax ; Ariane, fille de Minos, dont il
eut (ffnopion & Staphilus > & Phèdre, qui bifia
,un fils nommé Démaphoon. Outre ces femmes,
auxquelles il s'étoit attaché par le lien du mariage,
on lui impute plufieurs enlevemens. 11 enleva une
certaine Anaxô de Troezène. Après avoir tué
Sinius & Cercion, il fit violence 'à leurs filles.
Il eut encore pour maîtreffes Eglée, fille de Pano-
pée, Phétébée & Ioppe, fille d'Iphicle.Enfin il
ravit Hélène.
de ce procédé , il fit palier fa famille dans FEubée,
chargea Athènes de raalédi&ions, & fe retira dans
l’ile de Scyros pour y achever des jours en paix
dans une vie privée. Mais le roi Licomède, jaloux
de fa réputation, ou corrompu par fes ennemis,
le précipita du haut d'un rocher, où il F avoir
attiré fous prétexte de lui montrer la campagne.
Les athéniens, plufieurs fiècles après, tachèrent
de réparer leur ingratitude envers Tkéfée, par des
honneurs qu'ils rendirent à Tes cendres. Plutarque
rapporte qu'à 1a bataille de Marathon, on crut voir
ce héros en armes, combattant contre les barbares
; que les athéniens ayant confulté là-deffus
l'oracle d'Apollon, il leur fut ordonné de recueillir
les os de Tkéfée enfevelis dans F île de Scyros,
I de fes placer dans le lieu le plus honorable & de
les garder avec beaucoup de foin. L'embarras fut
de trouver Tes os : pendant qu'on cherchoit de
. tous côtés par les ordres de Citnon, il vit heureiv
fement un aigle qui becquetbit un lieu un peu
élevé, & tachoit de l'entrouvrir avec Tes ferres..
Frappé d'abord comme d’une infpiration divine,
dit Fhiftorien, il fit fouiller dans ce même endroit,
8c trouva 1a tombe d'un fort grand homme
avee le fer d’une pique & une épee j Cimon le fit
tranfporter à Athènes , & ces refies du héros
furent reçus par les athéniens avec des procédions
8c des facrifices comme fi c’eût été Tkéfée lui-
même qui fût revenu.
On les dépofa dans un fuperbe tombeau qui fut
élevé au milieu de h ville ; 8c en mémoire du
fecours que ce prince avoit donné aux malheureux
pendant fa vie, & de b fermeté avec laquelle il
s'étoit oppofé aux injuftices, foa tombeau devint
un afyie facré pour les efciavesjenfuite on lui bâtit
un temple, dans lequel il reçut des Sacrifices le
huitième de chaque mois, outre une grande fête
qu’on lui afîigna au huit dJoctobre , parce qu'il
etoit revenu ce jour là de File de Crète. Voila tin
dieu des athéniens, que Virgile met parmi les fbé-
lérats du Tartare, comme condamné à un %>pllce
étemel. C’eft ainfi qu'on trouve fouvent dans la
mythologie, des contradictions manifestes.
Tkéfée ayant vaincu à la lutte Cercion ,
tua ce barbare roi d’Eleufis qui forçok les étranges»
à lutter avec lui, & qui faifoit périr ceux qu’il
N avoir vaincus.
Lorfque Tkéfée entra dans le labyrinthe , il
portoit, félon Higio (Afironom. I. i l c. y ) , une
couronne de pierres précieufes, qui l'éclairèrent
ni ret. antre ©bfcur.
-Il avoir eu quatre femmes, Antiope, reine dej Là vie de Théfée, n’eft qu’une fable aflrcnoanmïe,
félon Rabind de S. Etienne. « Tkéfce, àIgné
imitateur à! Hercule, parcourut les di ver fes régions
delà Grèce, polit’dompter les monftres 8c punir
les brigands : les marais defféchés , les chemins
appîaiais , les rocs percés, les peuples civilifés
four une partie de les travaux far 1a terre.* Dans
le ciel, il dompte un fanglicr à Cremmîon , il combat
un lion,, il va' à la guerre contre dés centaures,
il chaüfe lé fanglier de Calydon , il combat le taureau
de Marathon, il tue le minotaure <s>U le centaure,
il fait la guerre aux Amazones , il affilié à la
conquête de la toifon. Comme Paris il enlève la
belle Hélène y comme Hercule il defcend aux' enfers
» comme Bacckus il épouCe Ariane , cette douce
8c malheure ufe Ariane dont la couronne eft dans le
ciel î comme Pluton il veut enlever Prefcrpine,
mais Pirithoiis fon ami eft dévoré par les deux
chiens qui affiègsnt la porte du Tartare, & Tkéfée
lui-même y efi retenu prifonnier. Voilà donc encore
une hiftoire aflronomique, 8c l'un des demi-dieux
8c -des rois de la Grèce qui n'a régné que dans le
ciel. »
Sa reconnoijTance fait le.fujet d'un bas-relief de
la villa Albani/.( Monum.. antich. nv. pû) & de
plufieurs pierres gravées de la colleétion de
Stofeh.
II feit éprouver au brigand Sinnis le fupplice
qu’il infligeoit aux’ autres fur un va fe peint du
Vatican ( Monum. anticki n°. 9 7 ) . 11 n’a de vêtement
que la chlamyde 8c le chapeau des voyageurs
rejette fur-le dos.. Pirithous qui l’accompagne a ce.
chapeau fur la tête.
mais ori ne toit ici que i epée avec le baudrier*
Tkéfée 11'avoit alors que feke ans, auffi eft-il repré"
fenté jeune dans cette gravure qui eft belle 8c de
Fancieftne manière. Cette pierre a été publiée par
( Collcël. ant. rom. tab._ LH ) l’abbé Henuti. Le
même fujet eft grave fur une(Conf. Gedoyn. not.fur
Pdufanias, l. I.pagsSy. i. ƒ cornaline du cabinet du
duc d’Orléans 3 qui etoit autrefois dans le cabinet»
de I'eleéteur palatin, & qui fut publiée par Beger-
( Thef palat. page 6 1 ).
Sur une pâte antique de trois couleurs, Tkéfée
luttant avec ( Pfutarck. in tksf. page 9 /. 2.8 ed»
fieph. ) Cercion l'arcadien.
Sur une pâte de verre, dont ( Stofeh. Pier. grav,.
pl- $ 1 ) l'original avec le nom du graveur <diakg-
noc, eft dans le cabinet de fa majefté impériale
à Vienne, Tkéfée paroît avec le minotaure, mort
à l'entrée du labyrihthe.
Sur une pâte de verre dont (Mus. flor. t. I I . pi.
XXXIX n. 1 ) l'original eft dans le cabinet du
chev. Vetterï à Rome, combat de Tkéfée avec le
centaure, qui a les jambes de devant formée»
comme celles d'un homme. Le cafque qu'on voit
fous le centaure & le bouclier qui eft aux pieds de
Tkéfée fervent à déterminer le fujet.
Sur une. cornaline, Combat de Tkéfée avec le
centaure. Celui-ci tient une longue pique,. 8c
Tkéfée eft armé d'un bouclier, d'un cafque & d'une
épée.
Tkéfée prifonnier chez Aidonée roi d'Épire
eft fadote fur un fearabée étrufque du baron de
Riedefalpublié dacs les monum. anticki (N ° . 134)
Sur le beau vafe de marbre blanc de la villa
Albani (d'environ huit pieds de.diamètre) , on
voit entre les travaux d'HercuJe, celui ou ce dieu
ramène Tkéfée qu'il a arraché de fa prifon. Tkéfée
porte un chapeau plat, peut-être pour défigner
là fin de fon efclavage, félon l'ufage qui s'établit
depuis à Rome. '
Dans la colledion des pierres gravées de Stofeh
une pâte de verre, la tête de Tkéfée
coiffée d’une peau de lion. Le poffefTeur de cette
pierre, eftReindorp, hollandois, & l’abbé Bracci
Florentin Fa fait graver pour fon ouvrage des
pierres gravées. On y lit le nom tnaiot 5 mais
il eft bon d’avertir le îeéleur que le nom de cet
ancien graveur y a été mis pa r Pichler, tirolois,
habile graveur à Rome. Le travail de cette pierre
ne rappelle pas les véritables ouvrages de ce-
Cneius.
- — , (/.WM 1U1 u n
boucher, levant la grofïe pierre fous laquelle fon
pere avoit caché fon épée avec un de fes fouiiers 3
Le centaure eft repréfenté fur cette' pierre,
comme fur les huit fuivantes, avec toutes les
jambes de cheval 3 & dans la pâte précédente on
a remarqué qu’il avoit les jambes de devant comme
celles d'un homme.
Sur line calcédoine, Tkéfée agenouillé qui tiens
devant lui le corps de ( Plutarch. in thef page 9 l.
IVc. fieph. ) Phaye ouLaye, femme de Crommyon,
qu'il a tuée à coups de maffue. Sujet unique, &
qui Ce diMngue fort bien de Tkéfée qui tient Fafna-
zone ’tuée entre fes bras j car il n’y a ici ni bipenne,
ni bouclier , ni cafque. Winekelmann remarque-,
en pafïànt, que celui qu'on croit ( Beger. lucern.p.
3. n. 7. ) Tkéfée avec 1 amazone tuée, paroit plutôt
être Thermodon, félon Fi'nfcriprion d'une ftatue
qui repréfectoit le même fujet; c'eft Douris, ancien
hiltorien grec, cité par Plutarque dans la ( P. 854.,
d. conf. petit, dijf. de ama^gp. 512. ) vie de Démofe
thène qui là rapporte. Markîanû ( Lésion. L .fiac.
p. 686 ) a cite a ce fujet, par mégarde, la vie de
Tkéfée. Au refte Tkéfée Ce fervit auffi de la maffue
dans la ( Eurip. fupplis. ) guerre contre les tliébains.
Sur une pâte antique, l'enlèvement dTIéièjAf
pai Tkéfée & par fon ami Pirithoiis,