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mais ce flot brillant & écum^ux ayant pris, en
Ce. refroidi «Tant, une forme Jolidé & diaphane ,
indiqua déjà, mille ans avant l*ère vulgaire,1a ma-
Ilier‘‘ >gr°ft*ère de faire le verre , qu'on a depuis'fi
fingulièrement perfectionnée.
Jofephe, l. II. c. y. (le la guerre, des juifs, raconte
des chofès merveilleufes du fable de ce fleuve de
Pélus dont parle Pline. Il dit que dans le vôifinâgè
de cette rivière, il fe trouve* une efpèee. de vallée
de figure ronde ,' d'où l'on tire , pour fàire du '
verre, du-fable qui eft inépuifable , & que fi l’on
met du métal dans, cet endroit, le métal fe changé
fur. le champ en verre. Tacite f l . V de fon Hif-
toire, rapporte là chofe plus Amplement. « Le
» Eélus â a it-il, fe jette dans la mer de Judéè j
3> i'on fo lert du fable^qui fe trOUve à fon embou-
« chtLre.pnur faire du verre , parce qu'il eft* rnêlé
:ï de nitre , & l ’endroit d’où on le . tire , quciqu.
« petit, en Fournit toujours »; Apparemment que
le venir, report oiç fans céffe dans cette vallée le S
fable qui fe trouvoit fur les hauteurs voifines.
- Selon d’ auttes fayans , Ariftophane a dëfigné le^
Verre. par le mot grec iïtch«& (^Acie II. fcë. i défis,-
Tuihj. ) lfintrqduit;fur la fcène-Strepfiade> quïfé
moque de Socrate, & enfeigne une méthode nouvelle
de payer dévieilles dettes y c'éft de mettre
entre le- foleik.&' le billet çle créance -une belle'
pierre tranfparente que vendaient les dro'guifies ,
& d'effacer.: ‘par ., ce moyen les lettres' du
billet. Le .goëte appelle cette pierre' vctxas., que
nous avons traduit par le mot'verre j mais ce mot
n’efTpas pris dans -ce fens par Héfychius. On en-
tendoit jadis par ce terme le cryftalj & c’éft en cëf
fens que lé fcholiàfte d'Ariftophane le prcnoit ; le
même mot défigrîoit aufïi une ëfpére d ’ambres
jaune & trartfp.arent. I
Àriftote * propofe deux problèmes à réfoudre
fur hver/e. Dans le premier, il demande quelle
eft la caufe dé-la transparence'' du verre , & dans
le fécond , pourquoi on ne peut pas .le plier. Ces,
deux problèmes d’Ariftofé > s’ils font-de lu i , fe-
roient. les moniimens-<les" plus, anciens, de R’exif-
tencé'dü^verre, ; car., il cette fubftàSce eut,été*
connue.ayant léleînps d’Ariftote , elle ei.lt dônné-
trop de ^matière à rimagination*desj>oëtes .ou
des or.treursgrecs , ' ppur qu’ils euuefft néglige
d'en faireufage.^ '
Lucrèce eft le premiel des poètes latins qui nit-
parlé du verre & de fa tranfparence,. Il dit, /. IV .
y. 6o£: A?
. . . . . . . . . . Ni f i •‘relia fô ramina.tranant, f
Qualzafunt vitri. . ( Et hb. iPT^v. 5)851. j
Atquëaliudper ligna , aliiid trûnfre ppr àurum , \
Argen toque forats ., dliud yitroque. me are.
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Pline, ( l. X X X V I , c. 16. ) prétend que Sidon
eft la première ville qui ait été farmtife par- fa
verrerie , que c’eft-fous Tibère qu’on commença
à faire du verre à Rom#y & qu’un homme fut
mis'à mort pour a/ôir trouvé le feçret de rendre
1 q verre malléable $ mais ce dernier fait eft- une
chimère que la faine phyfiquè- dément afifolu-
mcnt. Qu’on ne m’oppofe point en faveur d elà
malléabiljtésdu verre les témoignages dé Pétrone ,
de Dion Caffius, & d’ Ifidore de Séville j car ils
n’ont fait que copier l ’hiftotien romain, en ajoutant
même à fon récit des circonfiancès de dêur
invention. . Il - ne faut donc les regarder que
comme les échos de Pline’ , qui plus fage qu’eux ,
avoue lui-mèmè que l’hiftoire qu’ il rapporte av-oit
; plus de cours que de fondement. Peut-être que
fon verre flexible & malléable étoit de la lune
cornée , qui quelquefois prend, l’oeil d’un beau
verrs jaunâtre , 8c devientcapable d’être travaillée
.au marteau.
De tous les ouvrages de verre i nous, n’en con-
• noiflfons que trois dont l'antiquité faflé mention^
■- je parle d’ouvrages publics , & d'ouvrages fi con-
' fideralles , qu'on a de la peine à y ajouter foi.
Seriurus,'dit Pline , fit faire pendant fon édilité
! un théâtre dont la fcène étoit compofée de trois
f ordres. Le premier étoit- de marbre j celui du mi-
; lit u étoit de^erre, efpècë de luxe que l'on n’a pas
renouvelle depuis 5, & l’ordré plus élevé.étoit de
bois doré.
/Le fécond monument public de Pierre eft tiré
■ du livre V I I des Récognitions< de Clément d'Ale-
rxàndrîè , pu on lit que S. Pierre ayant été prié
de fé' tranfporter dahs un temple de l'île d'Aradus
pour y voir un ouvrage'digne d'admiration ( c'ér
toïent des colonnes^ âë .verre* d'une, grandeur &
d'une groffeur 'extraordinaires ) , ce- prince des
apAtres y alla Raccompagné ,vde fes di (ci-ples., &
. admira la beauté de ces colonnes ^ préférablement
à d'excellentes ftatues de Phidias, dont le temple
■ étoit; orné. ■ • .
£p| Le troifième ouvrage de verre célèbre .dans î’«n-
| tiquité, étoit l'admirable fphère ou globe célefte
; inventé par;Archimède, & dont; Clàùdiën a fait
i ’élog'è dans l'épîgramme fuivante;
» * Jupiter in parvo cum cemeret Athera vitro
Rijit% & ad fuperos talia dicta dédit ;
Hucczne m o r t a l i s p r o g r e f f a poteniia cure. ?
Jam meîis in fragili luditur orbe 'labor. ,
Jura poli, rerumque fdem , legemqp.e virofum s
Ecce Syrdêufius tranfiulïïkkrte fenex.
Inclufus variés famulatur fpiritus afiris s • '
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Et vivum ccrtis motibiis jirgct opus.
Perctfrrit propriufn mentitus Jignifèr-anhum ,
Et fmu lata tiovd Cynthia menfe redit.
Jamqné.fuufn volvens auiax induftria mundum
Gaudet & humanâ fidera mente; régit.
Qidd'fdifo in fontem ïonitru Salnionea mirorf
* ‘Mmula nàLiirsi 'pàrva reperta maiius. _/■ -
La -ville île Sidon inventa Part de-faite deS verres
noirs àd'imitation du jayet ; les romains en incruf
toient'les murs de leurs chambres, afin, dit Pline,
dé tromper ceux qui venoient’pour s1y mirer, &
qui étoient fout étonnés de ;#y voir qu'une
ombre..
Le même hiftorien nous 'apprend que fous I em-1
pire. de Néron on commença à faire des vafes ^&
des^çoiipes de verre blanc tranfparent, imitant
parfaicément le cryftal de rp.chi? j; ^ s fvâfqs^ fe
liroient de la ville d’Alèxandrie , ,&-étqie^t dRun |
prix immenfé. i -,
Enfin nous apprenons du même PHrié que les
anciens ^ont eu fe fecret de peindre le w/re'Me
différentes couleurs, & de l'employer à imiter les :
pierres précieufes.
.... « Les -égyptiens font de,tous les anciens peuples
connus , 'dit Paw ( JReckerch.es lJ!fU._ p. 304 ) ,
ceux qni^bnt lë mieux travaillé Tè" vftre., &
les ouvriers, de ce pays dirent à - Strabpn *qug
l’Egypte’ produit une certaine fubftadcè'V^fahs,?
laquelle, pn -ne»faürôit . Taire de bèaii verre. Or
cette fiibftance li'eft-, fuiyànthnoi j? autre cho.fe
que, la fouds* que les vénitiens voilt --acheter à
Alexàbdrie[V.cc fans.-v l’impardpnnàble ftapidité
des .turcs jJamaisTës verreries de.Venife'n'aurôient
acquis' la : réputation dont elles ont qqûi. Cette
foudè*, dont il eft ici quèftion,. dcht^êfüe f-ègar-
dée comme la meilleure , & il n y/a perfdnne qui '
ne fiche que; c’eftja cendre d'une plante nommée
par les botirnii^mefëmbryahtkemum. ço-ptûatpf #
« On voit par ceci qu’aii tems1 ce-Strabon drr"
n'étoit;;pas?du tout permad!é,*êh Egypte qüe fes
verreries deR Tÿr $£ de Sidon euftënt jam|is^|p|
un aÿantdge fi décidé qu^on' le croit de np;s j our s-!
par la feule qualité du fabl^ que fourbit le 'piÿtjt
fleuve B.é!ùs?> Quelques "auteurs mpdernes ..difèn.t
à la- vérité^que les égyptiéns n'ëfojent pas, en*
état de cduîer des glaces de, ^ii-oks', -tandis
qu’on en couloit chez les fidôniehs. je doute*
extrêmement que dans l’antiquité*;pn-;-.'ait/Æqhnü
lès grands, miroirs de verre étamé j ; & le terme
de jfpecula , qu’on trouvé " dans Piinë ,s lorfqu'il
parle de la verre'ri^ de Sidon j pardk un terme
placé pour celui à^ffeeculqna ;^de forte qiiê c e .
naturalifte n'a vôù,lu„ âéfigner .^;uè^de peti^e^
pièces de verre fôft épaifîes: ordinairement
-V IL JtV. OW)
rondes qu*on ehefeaffe dans du plâtre pour, qn
faire des fenêtres, telles qi'ûoh en trofive enc'prë
de nos jours en plufieursendroits du- Levant & de
i f Turquie. Cette prâtique qui femblé en quelque
façon etre'l’briëjné dés vrais carreaux de-vitre,
He fuppofe aucune habileté - daris - les ouvriers ,
& >les»régyptiens n'euflent point èïé embarraffés
pour furpaffer æ cet égard les tVfiens' & fedHîJo-
niens','qui ont fou vent tâché de. s'attribuer de.s
découvertes quils,,n'ont pas faites. »’
11 . faut avoin-à-larfois. un jugement * foible
'8s une’ grande crédulité .pour adopter la fable*
de césymmchands, qui,' ayant .alMmé un feu.fur
le;, rivage de-la Phénicie virent que 1^. fable efi-
trôit 'en fufiOp', ,& trouvèrent ainfi fajp’Ty penfer
la méthoçle*de faire du verre. Les homme.s ^voient
/allumé dés feu^ fur. Je fabl| ^ien ^es'dîècbs avanp
qui I f ut qurfiion dé Ta villê" de Tvr , &. ei^. de
çeiîtâins;oas l,i cendre du. bois^Sc ^lledosjrèrbes
sèches- peuvent - ell-s feules farine r la fufîon.
Ainfi il étoit fuperflu de fuppOfer que les
:-':-av'aqt^r-^rs''dpn^A.9dlûus ’parle aboient hi ureulè-
s^entdveé .eux de f^fdudê oi^un- ftl âl-kali à bord
raideur navire : çètte çirç.onftandé^idicure a été
f ajqtnëe. après cqup' pour é;cayer un cçute mal
; ittfegin^ - Le. concoius dé's- caMes.Tort^ites m'a
' pas dans» toutes- ces çhofes autaht :de , pouvoir
qu’.on le croit communément j /les -procédés "
'Rdpjvent^fe développer les uns Sé jes-autres. Enfin
■ Je hifiifd a^eu peu d e «part àT'irivSi?tioif. du. verre
; qui ne peut avoir été découvert qu'à la fuite de
fart du jîotiex^Qn a' eu .une pâfe âfîez appra'^"'
, çhante de la porcelaine a-vani que d'ayqir . du
f verre j pliïfieurs natior^mémelTé^lfont-'arrêfées à
la découverte de la porcelaine,’ fans’pourvoir aller
ru-delà : d’initres n'ont connu qu'une Torte d'é-
l mail. Par exemple>,.pn ne fâyOit pa| faire du verre
/ dans .toute Tétefidue de l' Amérique ën ii4^:±| &
dçependàh'tSde béi'tajns Tauvages y* poiTédoïent la
' méthode defcvérrfir d’émaiPIes pors^‘de verre , au
,rapport de,. Narbôuïoi^h5 »hem^e- judicieux ,
■ aflez écla:iré*4 ’& dp ut j i a meme ’été^ parle avec
i quelque^/éloges dans ^îés^ recherches philofo-
|i phicûcs fur lès américains. |ÿ ---;
s .» La -yéiit^ble^àigille’ eft: rare, en Ethiopie;
rpreïqtie, fç.utef^les. fqb^ance^.Aterrèftre&, y gmt
‘/plust eu retins dë.Tabfe-.JjèS'. fubftaqces y
contiennent plusj.de TeEâikali qu’ ailleurs on
( y brûle* jfes plantes «dides ali défàùt du bois qui y
eft auffi rare 'qu’ en, Egvpïe , ou bien .il eft. trop
précieux, comme.eelifide palmier à l'égard de ceux
’ qui vivent vde dattes. Amfi il •■ eftpôfïible qu’en
voubT't y 1 cuire des 'vafes. dë terrej on y aura
• objjèmï plutôt qu'aill^urs tous les, développe mens
ciê' Ta vitrification. Les âncien's hiftoriens con-
4 Viennent prefquè ünaniihement que les étliiopiens
ont coiîrtn le verre, &efi Hérodot^gvoit prétendu
parler de grands morceaux de fc-llgemme, qu'on
|réxC2 voit en Ethiopie pour y faire .des cercueils ,